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{Infobox Biographie2 | charte = chef d'entreprise |lieu de décès=13e arrondissement de Paris}} Ferdinand René Laederich, né le à Épinal et mort le à Paris[1], est un industriel du textile dans les Vosges, régent de la Banque de France et président du syndicat général de l'industrie cotonnière.

Biographie

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Patron d'une entreprise familiale

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Héritier d'une dynastie

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Georges René Laederich est issu d'une famille alsacienne protestante installée dans les Vosges après 1870. Il est l'arrière-petit-fils de Charles Laederich, fondateur de l'entreprise Charles Laederich et Cie à Mulhouse, et le fils de Ferdinand René Laederich, fondateur des Établissements Laederich.


Filature Laederich à Moussey
Carte postale Adolphe Weick.

La famille Laederich, originaire de Ried, dans le canton de Berne en Suisse, s'est installée en Alsace à Mulhouse au XVIIe siècle[2]. Charles Laederich (1800-1870) a fondé en 1830 dans cette ville la Maison Charles Laederich et Cie, une firme de négoce et de commission en tissus. Il est aussi administrateur de la Banque de France de Mulhouse, du à 1870, président du tribunal de commerce et premier adjoint au maire sous le Second Empire[3]. Son fils, Charles Laederich (, à Mulhouse - , à Épinal)[4] en fait une entreprise du textile (filatures et tissages), créant en 1865 Charles Laederich fils et Cie, en s'associant avec un négociant mulhousien, Jules Favre. Après l'annexion de l'Alsace par l’Empire allemand, il installe sa société à Épinal. Il devient administrateur de la Banque de France d'Épinal de à sa mort en 1899. Avec son associé Jean Jules Favre (1828-1897), il est à l'origine de la Blanchisserie et teinturerie de Thaon, en 1872[Note 1]. En 1897, avec d'autres industriels, il entre en possession des filatures et tissages de La Petite-Raon et de Moussey et crée l'entreprise « Filatures et Tissages de Moussey », tout en louant et en exploitant une dizaine d’autres usines au Val d’Ajol, à Bussang, et à La Bresse. Il est membre de la Société industrielle de Mulhouse à partir de 1865 et de la Chambre de commerce d'Epinal à partir de 1893[3].

Son fils Ferdinand René, né à Mulhouse le , entre comme associé dans la société en nom collectif Charles Laederich et Cie en 1891, avec un apport de 50 000 francs, ce qui porte le capital à 450 000 francs[5]. Depuis la mort de Jules Favre en 1897, la société est seulement administrée par des membres de la famille Laederich[3].

Industriel du textile dans les Vosges

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À la mort de Charles, Ferdinand René Laederich[6], prend la succession de la Maison de filature et tissage de coton Charles Laederich Fils et Cie. René Laederich investit principalement dans les usines qu’il possède (à Moussey notamment) et ne reprend pas les usines que son père louait. Il est le fondateur des « Établissements Laederich » en 1924[7]. Le capital de cette société s'élève à 11 400 000 francs en 1929[8].

René Laederich est administrateur de la Banque de France d'Épinal à la suite de son père, du à 1913, puis régent de la Banque de France (XVe siège) du jusqu'à son décès le .

Il siège au conseil de la Blanchisserie et teinturerie de Thaon (BTT), à la suite de son père, avant la Première Guerre mondiale. Il s'oppose à son directeur, Armand Lederlin, protestant également, dénonçant son « autoritarisme farouche et jaloux » et l’accusant de népotisme, de faire de Thaon « un fief, une chose de famille ». Il s’oppose aussi à « l’aventure et la mégalomanie » de la direction, surtout depuis « l’adjonction de Paul Lederlin à son père comme codirecteur » en 1904. De ce fait, en octobre 1907, lors de l’assemblée générale des actionnaires, Lederlin le présente comme un « opposant irréductible » et demande aux actionnaires de lui retirer son mandat d’administrateur, ce qui est voté. Cela indigne Laederich : « Un directeur demandant la tête d’un administrateur, c’est presque un employé demandant la tête de son patron ». Il n’hésite pas à assigner le président du conseil d’administration de la BTT, Georges Juillard-Hartmann, devant le tribunal de commerce d’Epinal. Une procédure de conciliation lui donne raison ; il redevient administrateur en décembre mais démissionne peu de temps après. En 1910, il tente de fonder une entreprise concurrente de la BTT, avec Victor Peters de Nomexy, d’autres industriels de Cornimont, et Paul Cuny. Mais le directeur pressenti se rétracte, sous la pression de la BTT, et Lederlin sut détacher d’eux Cuny, en le faisant nommer administrateur de la BTT en 1910. Laederich et ses alliés doivent abandonner leurs projets. Le conflit entre Armand et Paul Lederlin, devenu seul directeur en 1909, et Laederich se prolonge par la suite, lorsque ce dernier soutient les projets de Marcel Boussac de développer le blanchiment et la teinture dans ses usines des Manufactures de Senones. Cela donne lieu à un procès entre Boussac et Paul Lederlin, de 1926 à 1929[9].

Il est vice-président du Syndicat cotonnier de l'Est et membre à partir de 1904 de la Société industrielle de Mulhouse[10]. Il préside le Syndicat général de l'industrie cotonnière, de 1920 à son décès, est secrétaire général puis vice-président en 1925 de l'Association de l'industrie et de l'agriculture françaises, premier vice-président du Comité général des assurances (le lobby des compagnies d'assurances)[11].

Il siège au conseil d'administration de plusieurs sociétés dans l'entre-deux-guerres: la Compagnie des chemins de fer de l'Est à partir de 1917, la Compagnie des Docks et entrepôts du Havre, à partir de 1921[12] - il finit par présider son conseil d'administration[13] - , la société Pâtes, papiers et textiloses (fondée en 1918 au capital de 15 millions de francs et présidée par Eugène Touron[Note 2], les compagnies d’assurances Le Phénix (Phénix-vie, Phénix-incendie) ; il est vice-président depuis au moins 1916. Il est aussi membre du conseil de surveillance de la Banque de Mulhouse[14]. Dans les Vosges, il siège au conseil d’administration de deux sociétés de Marcel Boussac, la filature de coton de Rambervillers et surtout les Manufactures de Senones – société anonyme depuis [15].

Régent de la Banque de France

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La Première Guerre mondiale et la reconstruction

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Durant la « Grande Guerre », il préside l’Association des sinistrés des Vosges et devient l’un des dix vice-présidents de la Fédération des associations départementales des sinistrés, présidée par Louis Nicolle, industriel textile du Nord, aux côtés notamment du député de Nancy Louis Marin et de Maurice de Wendel[16]. Il est en outre trésorier de l’Association centrale pour la reprise de l’activité industrielle dans les régions envahies, fondée en par les industriels du Nord et de l’Est du textile, du sucre, de la métallurgie, des houillères, et président du Consortium (ou comptoir) cotonnier français, fondé en décembre 1917 à l'initiative de l'État pour « traiter toutes les opérations d’importation de cotons, revendre les cotons aux négociants ou les consigner chez les négociants ou banquiers en attendant leur réalisation »[Note 3]. Il préside aussi le Comptoir central d’achats industriels pour les régions envahies, de 1920 à sa dissolution en 1928, et l’Union industrielle de Crédit pour la reconstitution, fondée au début de l’année 1921 sous les auspices de l’Association centrale pour la reprise de l’activité industrielle et du ministère des régions libérées, à la suite de la loi du [Note 4]. Il est aussi administrateur du Crédit national dès sa fondation en 1919.

Un protestant de droite aux engagements politiques discrets

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C'est un protestant de droite, antidreyfusard, alors que les protestants antidreyfusards étaient « aussi peu nombreux que ne l’étaient symétriquement les catholiques dreyfusards »[17]. Il s’est vu refuser la Légion d’honneur en 1911 à la demande du préfet des Vosges, de parlementaires vosgiens et de patrons de gauche comme Armand Lederlin car ils le jugeaient « réactionnaire »[18]. Il n'a brigué aucun siège électoral. Il est hostile au Cartel des gauches dans les années 1920. Lorsque Édouard Herriot, président du conseil, tente de convaincre les compagnies de chemin de fer de réintégrer les grévistes de 1920-21 et engage publiquement son cabinet sur cette question, et alors qu’un administrateur de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) propose d’aider le gouvernement à « sauver la face », Laederich, administrateur de la Compagnie de l’Est, affirme lui que les compagnies n’ont « aucun motif de sauver la face du gouvernement »[19]. En outre, avec ses collègues du conseil de régence de la Banque de France Édouard de Rothschild et François de Wendel, il a œuvré pour que ce conseil refuse de suivre les projets financiers du ministre des finances Anatole de Monzie à propos de la consolidation des bons de la défense nationale, ce qui provoque la chute du cabinet Herriot en avril 1926. Le conseil de régence exigeait alors la fin des dépassements des avances au gouvernement Herriot, autorisées jusqu’alors aux gouvernements précédents, et le remboursement d’un milliard de francs[20].

Fratrie

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René Laederich a épousé Anna Maria Favre, fille d'Alfred Favre, de Mulhouse[21]. Le couple a trois enfants, deux filles et un garçon, Georges Laederich.

Son unique frère, administrateur de, meurt en 1914.

Bibliographie

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  • Albert Ronsin (dir.), Dictionnaire biographique illustré : les Vosgiens célèbres, Vagney, Éd. Gérard Louis, 1990.
  • Pierre Durupt, Hommes et femmes du textile dans les Hautes-Vosges : influences sociales et culturelles de l'industrie textile sur la vie des vallées vosgiennes aux XIXe et XXe siècles, Société d'histoire locale de Remiremont et de sa région, 1990.
  • Georges Poull, L'industrie textile vosgienne 1765-1981, Rupt-sur-Moselle, chez l'auteur, 1982.
    L'auteur (1923-2011), ingénieur textile, a été un directeur des Ets Laederich à Rupt-sur-Moselle.
  • Georges Poull, « Les Usines textiles de Rupt-sur-Moselle », dans Dialogues transvosgiens : Colloques d'histoire des Hautes-Vosges, 2000, no 15, p. 31-40.

Liens externes

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  1. Archives départementales des Vosges, État civil numérisé.
  2. alsace-histoire.org, Notice sur la famille Laederich
  3. a b et c Eric Tisserand, « Charles Laederich », in Patrick Cabanel et André Ecrévé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 3, p. 558-559.
  4. « Charles LAEDERICH », sur www.ecrivosges.com (consulté le ), Biographie et photographie sur le site de l'Université Haute-Alsace.
  5. « Archives commerciales de la France : journal hebdomadaire... », sur Gallica, (consulté le ).
  6. « Biographie de F.R. Laederich dans le Dictionnaire des Vosgiens célèbres », sur www.ecrivosges.com (consulté le ).
  7. L'Est républicain, 8 mars 1924, p. 6.
  8. « Archives commerciales de la France : journal hebdomadaire... », sur Gallica, (consulté le ).
  9. Claude Ferry, La Blanchisserie et teinturerie de Thaon: 1872-1914, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992, Gilles Grivel, « Les industriels vosgiens du textile et la vie politique, de la monarchie de juillet à 1940 », in Jean-Paul Rothiot, Jean-Pierre Husson, Pierre Heili (dir.), Le Thillot. Les mines et le textile. 2 000 ans d’histoire en Haute-Moselle, Société d’émulation des Vosges, 2008
  10. L'Express de Mulhouse, 14 mai 1932.
  11. "Revue générale des assurances", janvier 1933.
  12. La Journée industrielle, 6 avril 1921.
  13. Bulletin des annonces légales, 9 juin 1930.
  14. Les Assemblées générales, 1922.
  15. L'Est républicain, 29 janvier 1927.
  16. BNF/gallica : Le Petit parisien, 12-3-1915, Le Temps, 11-3-1915, Le Matin, 4-4-1917.
  17. La citation est de Patrick Cabanel, Les protestants et la République : de 1870 à nos jours, Ed. Complexe, 2000, p. 80
  18. Jean-François Colas, « Laederich, Georges René », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. 3 H-L, Paris, Les Éditions de Paris Max Chaleil, 2022 p. 559-560
  19. Annie Kriegel, Aux origines du communisme français 1914-1920, Tome I, Mouton et Co, 1964, p. 511
  20. Jean Garrigues, Les patrons et la politique, Perrin, , p. 179.
  21. L'Express de Mulhouse, 26 février 1927.


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