Michel Genko Dubois (gauche) et Dennis Genpo Merzel réalisant la transmission d'esprit à esprit durant la cérémonie du shihō.

Le terme shihō (嗣法?) désigne une série de cérémonies de l'école Sōtō du bouddhisme zen au cours desquelles l'unsui (雲水?) reçoit la transmission du dharma (伝法 (denpō?)) de la part de son maître et rejoint ainsi sa lignée de succession dans le dharma.

Cérémonie modifier

Le shihō est réalisé "seul à seul dans les quartiers de l'abbé(e) (方丈 (hōjō?))"[1].

Le shihō désigne la cérémonie de transmission par laquelle le disciple reçoit le dharma de son maître et devient habilité à le transmettre à son tour. Au cours de la cérémonie, le disciple rejoint la lignée des patriarches de l'école et reçoit en symboles de la transmission notamment un kesa et un bol à aumône.

Pendant la cérémonie de transmission du dharma, le disciple reçoit également un document certifiant son rang de "maître authentique" (正師家, shōshike?), ce qui l'autorise à transmettre les préceptes (授戒, jukai?) aux disciples laïques. Il reçoit également trois documents appelés sanmotsu (三物?), à savoir :

« a) Shisho (la preuve écrite de la transmission, les noms des patriarches disposés en cercle - le dharma t'es transmis depuis Shakyamuni jusqu'à toi, et c'est à ton tour de le rendre à Shakyamuni aujourd'hui. Il y a une petite note, probablement écrite de la main de Sawaki Roshi, contenant quelques commentaires. Au Antai-ji, ce papier doit également être recopié par le disciple lors de la transmission du dharma).
b) Daiji (la grande affaire, le contenu de l'enseignement sous forme cryptique et symbolique. Encore une fois, le document est accompagné d'un papier expliquant le sens de ces symboles)
c) Kechimyaku (la lignée par le sangthe, ressemble peu ou prou à la lignée des transmissions que tu as déjà dû recopier au moment de l'ordination).
d) Aussi, dans la lignée de Sawaki Roshi (et peut-être également dans d'autres lignées), le disciple a pour instructions de composer un quatrième document sur un autre papier, appelé Hisho (le document secret, il est crypté, mais le code pour le déchiffrer se trouve sur le même papier, donc une fois en mains, il n'est plus aussi "secret" que cela.)[web 1] »

L'école Sōtō transmet également un "sceau certificatif" (印可証明, inka shōmei?) [certifiant] la réalisation de l'éveil par le disciple"[2].« [C'est un] aspect religieux idéalisé du processus de transmission du dharma. Le maître zen et son disciple peuvent évoquer la mysticité de ce paradigme lors de la cérémonie rituelle dans les quartiers du maître ("shitsunai"), mais d'autres soucis de nature plus mondaines et institutionnelles peuvent décider de la sélection et de la promotion des "héritiers" du dharma par le maître.[2] »Dans la sangha américaine White Plum Asanga, la cérémonie du shihō peut durer entre une et trois semaines. Avant la transmission du dharma a lieu la transmission des préceptes (伝戒, denkai?), durant laquelle le maître doit confirmer la bonne mise en pratique des préceptes dans la vie quotidienne de son disciple. Durant la cérémonie du shihō, le disciple "... intègre la lignée du Bouddha".

Statut modifier

En Occident, une fois les cérémonies terminées, le nouvel enseignant devient indépendant.

Cela constitue une différence assez saillante avec la pratique de l'école Sōtō au Japon :

« [La] transmission du dharma donne uniquement accès à un grade relativement bas. Elle fait partie des devoirs pour obtenir le plus bas des statuts ecclésiastiques, à savoir celui d'un enseignant de troisième classe(santō kyōshi). Dès lors, dans le zen sōtō tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, la transmission du dharma constitue seulement une étape préliminaire marquant le début du véritable développement d'un individu [...]. Aujourd'hui, la transmission du dharma confère principalement l'habilitation à un moine ou une nonne de diriger un temple local ordinaire ("jun-hōchi). Ces temples ne donnent pas d'enseignement ascétique, mais réalisent des cérémonies pour leurs mécènes laïques.[3] »

L'encadrement de la formation des moines nécessite de plus amples qualifications :

« Le statut relativement bas octroyé par la transmission du dharma signifie qu'elle ne suffit pas à habiliter un moine à accepter des disciples ou à les former. Selon les règles en vigueur dans l'école Sōtō, les disciples ne peuvent être formés que par un enseignant ayant reçu la certification de superviseur (le statut de sanzen dōjō shike), c'est-à-dire, une personne qui pourrait être appelée dans la littérature populaire un maître zen. Afin de recevoir cette certification, il est non seulement nécessaire de posséder un haut grade ecclésiastique et une longue expérience dans le dharma, mais également au moins trois ans d'expérience en tant qu'assistant du superviseur au sein d'un lieu de pratique spécialement désigné pour cela (tokubetsu sōdō), période durant laquelle un apprentissage est obligatoire.[3] »

Cependant, dans certains centres zen occidentaux, comme au San Francisco Zen Center, le moine désireux de réaliser le processus de transmission du dharma passe en effet un certain nombre d'années au sein d'un lieu de formation monastique pour y suivre un apprentissage. Dès lors, sous de nombreux aspects, le San Francisco Zen Center a combiné le shihō avec la certification de superviseur (sanzen dōjō shike) en un seul processus de transmission du dharma.

Voir également modifier

Références modifier

  1. Bodiford 2008, p. 264-265.
  2. a et b Bodiford 1991, p. 423.
  3. a et b Bodiford et 2008 276.

Références en ligne modifier

Sources modifier

Liens externes modifier