Utilisateur:Ireilly/Brouillon/Gaza

Le blocus de la bande de Gaza désigne le blocus imposé par Israël et par l'Égypte à la bande de Gaza depuis sa prise de contrôle par le Hamas en juin 2007. Ce blocus s'inscrit dans la perspective de mesures de restrictions d'accès et de mouvement imposées par Israël aux territoires palestiniens depuis 1967, celle plus récente des première et seconde intifada, et dans le contexte général du conflit israélo-palestinien et des tensions interpalestiniennes.

À la suite de la Guerre des six jours, le commandement militaire israélien déclare la Cisjordanie (jusque-là occupée par la Jordanie) et Gaza (jusque-là annexée par l'Égypte) « zones militaires fermées ». À partir de 1972, des permis de sortie sont distribués, qui permettent aux habitants des territoires occupés de se déplacer librement. En 1989, dans le contexte de la première intifada, les premières mesures de restriction interviennent, Israël imposant notamment à Gaza un système de cartes magnétiques dont les seuls porteurs sont autorisés à quitter Gaza[1]. En 1991, dans le contexte de la guerre du Golfe, les autorités israéliennes suspendent les permis de sortie généralisés ; chaque résident des territoires occupés qui veut entrer en Israël doit demander et obtenir un permis personnel. La révocation des permis de sortie généralisés marque le début de la politique de « bouclage » des territoires, dont la bande de Gaza. En 1993, à la suite de l'assassinat de 9 civils et 6 militaires israéliens, Israël impose un bouclage total des territoires « jusqu'à nouvel ordre ». C'est à ce moment que sont mis en place les « checkpoints » (points de contrôle). Les territoires sont rouverts, mais les permis de sortie accordés beaucoup plus parcimonieusement[1].

Quand éclate la Seconde Intifada, Israël décide le bouclage total des territoires. Pendant quelques mois, il est impossible pour les Palestiniens de se rendre en Israël, ou de circuler entre Gaza et la Cisjordanie[1]. En 1997, un premier tunnel souterrain (en) est découvert reliant Gaza à l'Égypte[1].

Depuis 2001, les Palestiniens sont autorisés à se rendre en Israël, pour travailler, pour raisons médicales, pour le commerce, ou d'autres raisons, mais en nombre restreint. Les territoires sont, depuis, régulièrement bouclés, suite à des actes de violence de la part de Palestiniens, où à l'occasion de fêtes juives[1].

Les années 2002 et 2003 sont marquées par un paroxysme de violence entre Israéliens et Palestiniens : les attentats-suicides et les assassinats se multiplient sur le sol israélien, causant plus de 340 morts ces deux années[2], actes auxquels les autorités israéliennes répondent par des « assassinats ciblés » et autre opérations militaires qui font de nombreuses victimes civiles Palestiniennes, comme l'Opération Rempart (qui fait près de 500 morts côté palestinien selon l'ONU[3]).

En 2004, le nombre d'attentats-suicides diminue. Certains observateurs voient dans cette diminution les conséquences d'actions politiques et diplomatiques[4], alors que d'autre l'attribue au pourvoir dissuasif des « attentats ciblés » menés par les israéliens contre les dirigeants du Hamas[5]. À Gaza, le nombre des tunnels souterrains (en) reliant Gaza à l'Égypte se multiplient, utilisés pour la contrebande, le ravitaillement ou la circulation des personnes. Relativement sophistiqués et très coûteux à construire, ces tunnels donnent progressivement lieu à l'émergence d'une forme d'activité économique parallèle, voire une « industrie »[6]. Du point de vue palestinien, ces tunnels représentent un fil qui les relie au reste du monde, duquel il se sentent coupés, et leur permet de s'approvisionner[7]. Du point de vue israélien, ils sont essentiellement destinés à la contrebande d'arme, et constituent une menace à ce titre. En mai 2004, l'opération militaire israélienne « Arc-en-ciel » a pour objectif officiel de détruire les tunnels. Le point de vue égyptien sur ce sujet — comme sur d'autres — est plus ambivalent, devant composer entre d'une part une ligne officielle qui craint tant la propagation des idées du Hamas en Égypte que la perspective d'une Bande de Gaza sous administration égyptienne, et d'autre part une opinion publique favorable à la cause palestinienne[8].

À l'été 2005, le désengagement unilatéral décidé par Ariel Sharon est appliqué : plus de 7 000 personnes sont évacuées, et l'armée israélienne quitte Gaza après 38 ans d'occupation[9], ce qui provoque de forte dissensions au sein du Likoud, que quitte Sharon pour former le parti Kadima, avec l'appui du travailliste Shimon Peres. En novembre de la même année, Israël et l'Autorité palestinienne parviennent à un « accord sur la circulation et l'accès » à Gaza (“Agreement on Movement and Access (AMA)”), sous l'égide des États-Unis. L'accord prévoit notamment la réouverture du point de passage de Rafah, sécurisé conjointement par l'Autorité palestinienne et l'Union Européenne[10], mais les événements qui interviennent dans les mois suivants empêcheront l'accord d'être appliqué.

En janvier 2006, le Hamas devance le Fatah aux élections législatives palestiniennes. Ces résultats constituent un choc, tant pour les gouvernements israéliens et occidentaux, que pour les partisans du Fatah de Mahmoud Abbas. L'annonce des résultats donne lieu à des protestations, et de violentes altercations entre partisans du Hamas et du Fatah[11]. Le gouvernement israélien ainsi que le Quartet pour le Moyen-Orient soumettent alors la reconnaissance du futur gouvernement palestinien (donc les aides et les ressources financières) à trois conditions : 1/ renoncer à la violence, 2/ reconnaître l'État d'Israël, 3/ accepter les précédents accords israélo-palestiniens ; conditions refusées par le Hamas qui les considère comme des pressions du gouvernement israélien[12], et une négation des droits de Palestiniens[13]. En mars 2006, les sanctions économiques sont prononcées, privant l'Autorité Palestinienne de ressources financières indispensables à l'économie des territoires.

Au cour de l'année 2006, les tensions entre le Fatah et le Hamas s'accentuent, faisant de nombreux morts[14]. Au mois de juin, suite à la capture du soldat Gilad Shalit, Israël lance l'opération Pluies d'été destinée à libérer le soldat capturé, et affaiblir le Hamas à Gaza. En mars 2007, le Hamas et le Fatah forment un gouvernement d'unité nationale. Mais le 14 juin 2007, le Hamas évince totalement le Fatah du territoire de Gaza à l'occasion de la Prise de Gaza, qui fait 116 morts et 550 blessés selon la Croix Rouge. Le désaccord entre Hamas et Fatah porte notamment sur la question israélienne : le Fatah reconnait l'état d'Israël et prône un accord négocié dans la lignée de la Feuille de route pour la paix, deux points que le Hamas n'est pas prêt à accepter, proposant pour sa part une trêve de longue durée avec l'état hébreu en échange du règlement de la question palestinienne.

À la suite de la prise de Gaza par le Hamas, les sanctions économiques internationales imposées par le Quartet à l'Autorité Palestinienne sont levées, mais Israël et l'Égypte bouclent leurs frontières, et imposent à Gaza un blocus qui empêche la circulation des personnes et des marchandises, à l'exception d'une liste de marchandises et de produits humanitaires autorisées par Israël.

Le territoire de Gaza est alors pris dans une spirale de représailles entre les tirs de roquettes par des activistes palestiniens sur Israël[15], et les tirs d'obus israéliens[16] ou opérations militaires sur Gaza (comme l'Opération Plomb durci), ainsi que les « assassinats ciblés », qui font de nombreuses victimes civiles palestiniennes.

En janvier 2008, répondant à une recrudescence des attaques à la roquette, Israël impose la fermeture totale de tous les points de passage vers Gaza, aggravant la pénurie. Des heurts éclatent entre des militants du Hamas et l'armée égyptienne au point de passage de Rafah. Une explosion crée une brèche dans la barrière séparant Gaza de l'Égypte, et le Hamas ordonne de d'élargir la brèche au bulldozer sur plusieurs kilomètres[17]. Les autorités israéliennes déclarent craindre que la brèche permette aux activistes palestiniens de renforcer leur stocks d'armes[18], et la brèche est progressivement refermée. Pendant ces quelques jours, l'ONU estime que la moitié de la population de Gaza a traversé la frontière égyptienne en quête approvisionnements divers[17].

En 2008, plusieurs flottilles de navires affrétés par des ONG ont pu parvenir jusqu'au port de Gaza, mais en 2010 une flottille de militants pro-palestiniens — contenant de l'aide humanitaire et des matériaux de construction — tente de briser le blocus maritime avant d'être arrêtée par la marine israélienne. Un des bateaux est arraisonné uu cours d'un assaut tragique qui fait 9 morts parmi les passagers. En 2011, une nouvelle « Flottille de la Liberté » est empêchée de débarquer à Gaza par les autorités israéliennes.

À la suite de l'assaut de 2010 qui donne lieu à une importante vague de protestation, Israël et l'Égypte font face à de fortes pressions internationales, et le blocus terrestre est en partie allégé. Un des effets secondaires de cet allégement est la diminution du nombre de tunnels, dont plus de 150 ont fermé selon Al-Jazeera. La barrière souterraine (en) construite par l'Égypte en 2009 (avec le soutien notable de Mahmoud Abbas) est un autre cause de cette diminution.

En mars 2011, après la révolution égyptienne, le point de passage de Rafah (entre Gaza et l'Égypte) est partiellement rouvert à la circulation.

Du point de vue des autorités israéliennes, le blocus est à la fois légal et nécessaire pour empêcher les attaques à la roquette sur le territoire israélien, empêcher le Hamas et les organisations paramilitaires palestiniennes de se ravitailler en armes, et pour affaiblir une organisation ennemie qui ne reconnaît pas l'existence d'Israël. Pour les autorités égyptiennes d'alors, l'ouverture de la frontière avec Gaza — que les forces de Mahmoud Abbas ne pouvaient plus contrôler — aurait signifié une reconnaissance du Hamas au détriment de l'Autorité palestinienne, et un risque de voir l'activisme de l'organisation islamiste se propager en Égypte, deux points jugés inacceptables.

Du point de vue palestinien en général, il s'agit de mesures illégales, inhumaines et inacceptables de punition collective infligée à toute la population de Gaza. Le Hamas dénonce ces mesures destinées à l'affaiblir, malgré le vote démocratique qui l'a initialement porté au pouvoir en 2006.

La communauté internationale dans son ensemble — ainsi qu'une partie de la gauche israélienne — juge le blocus immoral et inefficace, donc inacceptable, et de nombreux observateurs récusent la thèse officielle de l'objectif défensif des mesures, affirmant que leur objectif principal est d'asphyxier l'économie de Gaza, ce qui a notamment pour conséquence d'entraver la création d'un État palestinien.

Concernant la question de la légalité du blocus, le professeur Richard Falk (expert en droit international) affirme qu'il existe un « consensus écrasant » qui conclue à l'illégalité parmi les experts en droit international. Cette position est contestée, notamment par le professeur Alan Dershowitz. Rendu en septembre 2011, le Rapport Palmer (commandé par l'ONU à la suite de l'abordage de la flottille pour Gaza) conclut — sur ce point précis — à la légalité du blocus maritime, tout en appelant Israël à l'allégement des restrictions.

De nombreux appels ont été lancés à la levée du blocus, par l'ONU, par des ONG et de nombreux représentants de gouvernements. Les État-Unis, quoique soutenant Israël, jugent la situation à Gaza inacceptable et intenable, et appellent Israël à l'allégement du blocus.

Les conséquences économiques et humanitaires du blocus sur la population sont jugées très sévères, voire dramatiques par les ONG dans leur ensemble, ainsi que par de nombreux observateurs, notamment liés à des missions d'observation gouvernementales ou parlementaires.

  1. a b c d et e (en) « Closure », Restriction of movement, sur http://www.btselem.org/, B'Tselem (consulté le )
  2. (en) « Victims of Palestinian Violence and Terrorism since September 2000 », Ministère des Affaires étrangères (Israël) (consulté le )
  3. (en) « Report of the Secretary-General prepared pursuant to General Assembly resolution ES-10/10 », Organisation des Nations unies (consulté le )
  4. (en) Sherifa Zuhur (en), « Second Intifada », dans Spencer Tucker, Priscilla Mary Roberts et al., The encyclopedia of the Arab-Israeli conflict: a political, social, and military history, ABC-CLIO, , 1553 p. (ISBN 1851098410, lire en ligne), p. 565-567
  5. (en) Avi Kober, « Targeted Killing during the Second Intifada:The Quest for Effectiveness », The Journal of Conflict Studies, The Gregg Centre for the Study of War and Society, New Brunswick University, vol. 27, no 1,‎ (ISSN 1715-5673, lire en ligne, consulté le )
  6. « Dans le secret des tunnels de Gaza », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Fierce Focus on Tunnels, a Lifeline for Gazans », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Hamas: Background and Issues for Congres », Congressional Reasearch Service (consulté le )
  9. « Après 38 ans d'occupation, l'armée israélienne à évacué la bande de Gaza », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Mme Rice confirme un accord entre Palestiniens et Israéliens sur Rafah », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Protesters urge Abbas to resign », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) « Hams leader faults Israeli sanction plan », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « Despite pressure, Hamas leader says Israel has 'no right to exist' », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. (en) « Hamas agrees to withdraw militia », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) « Mofaz: No quiet in Gaza strip until there is quiet in Israel », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) « Death on the beach as Israeli shell hit family picnic », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. a et b « Gazans make new border war hole », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) « Egypt arressts militants from Gaza », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )