Utilisateur:JJJICP/Brouillon

Innovation pédagogique

modifier

Selon le Conseil national de l'innovation pour la réussite éducative, une pratique pédagogique innovante est une action pédagogique caractérisée par l’attention portée à l’enfant et à son cadre éducationnel (bien-être, conditions et qualité des apprentissages). L’innovation pédagogique est un effet combiné de méthodologie de conduite au changement et de créativité des membres du personnel d’un établissement et des élèves.[1]

Définition

modifier

Le terme « innovation » désigne le fait d’introduire quelque chose de nouveau dans un domaine particulier. Ainsi le terme « innovation pédagogique » doit être perçu comme une nouveauté proposée, un changement, une création, une transformation ou encore une invention dans les domaines de la pédagogie et de l’enseignement. L’innovation concerne non seulement l’accompagnement des élèves mais également leur apprentissage. L’innovation concerne l’ensemble des disciplines scolaires, appelé sans cesse à se renouveler et à s’améliorer. A cet effet, nous considérons que l’innovation est une démarche transversale. Elle interroge les contenus et les représentations puisqu’elle naît le plus souvent d’une volonté de travailler différemment afin de répondre efficacement et avec pertinence aux besoins et difficultés des élèves. Elle est donc au cœur du système éducatif et bénéficie d’un cadre officiel depuis 2005 grâce à la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École[2] qui reconnaît aux établissements le droit de mettre en place des expérimentations pédagogiques. Ces dernières années, de nombreux projets ont fleuri sur les sites du Ministère de l’éducation nationale avec pour ambition commune d’Innover pour une école des réussites[3]. Tous les secteurs de la pédagogie peuvent s’y retrouver, que ce soit dans le domaine des nouvelles technologies (par l’enseignement des TICE par exemple) ou des architectures de classe, dans la façon d’enseigner ou dans la création de classes spécifiques avec des aménagements adaptés… Toutes les propositions et démarches contribuant à dynamiser l’acte même d’enseigner peuvent relever de l’ « innovation pédagogique ».

Etymologie et histoire du terme

modifier

Le terme d’innovation provient du latin innovare. Ce mot, formé du préfixe in qui signifie dans ou représente l’idée de mouvement vers l’intérieur et du mot novare qui veut dire « nouveau » ou « changer ». On peut le traduire par apporter du nouveau à quelque chose, le changer, le rendre nouveau, le renouveler. Le terme se retrouve ensuite au Moyen-Âge, où sa définition évolue légèrement pour signifier « apporter une nouveauté à un objet déjà établi », qui axe son acception autour de l’idée de renouvellement. Au XVIe siècle, sa connotation évolue vers l’idée de surprise et de nouveauté ainsi que de création. Ce sens se rapproche de l’idée d’inventivité que le mot porte encore aujourd’hui pour certains. Le terme devient particulièrement usité à partir du XXe siècle, selon Benoît Godin[4]. Il est alors appliqué à de très nombreux champs parmi lesquels figure la pédagogie. Cependant, les premières innovations pédagogiques, au sens qu’elles ont aujourd’hui et que l’on a défini précédemment, se manifestent plus tôt. Agnès Lahalle et Marcel Grandière font ainsi état dès le XVIIe siècle de nouvelles approches dans la façon d’enseigner certaines disciplines, en rupture avec le fonctionnement de l’ancien régime. Ces premiers mouvements qui ne sont pas encore associés au terme d’innovation, témoignent d’un mouvement de rupture qui conserve cependant certains traits du fonctionnement passé. Ce principe se retrouve dans de nombreux autres mouvements d’innovation par la suite, montrant que le processus d’innovation dans l’histoire est trop complexe pour faire simplement référence à un moment précis qui se caractériserait par la volonté de faire table rase du passé. C’est au contraire un mouvement progressif et irrégulier qui a fait évoluer progressivement l’école. Il faut en effet que ces innovations rejoignent les préoccupations de l’ensemble du public qu’elles touchent et qu’elles fassent écho aux tensions en cours dans l’école, au moment où elles sont proposées. C’est ainsi que certaines innovations ont pu échouer car inadaptées à l’époque où elles ont été expérimentées, avant de devenir des normes ultérieurement, lorsqu’elles ont rejoint un contexte dans lequel elles faisaient sens. Il est donc crucial de les considérer à travers leur historicité et de voir l’ensemble du chemin qu’elles ont parcouru pour arriver à s’imposer, y compris les échecs rencontrés, les négociations et les évolutions subies tout au long du processus.[5]

Si ces processus sont probablement inhérents à l’histoire de la pédagogie, les sources dont nous disposons actuellement nous permettent de retracer avec précision les mouvements d’innovation pédagogiques survenus à partir du XIXe siècle. A cette époque, les travaux de Jean Itard et Edouard Séguin autour de l’enfant sauvage, Victor de l’Aveyron, ainsi que ceux de Ferrus, Falret ou Bourneville autour de l’éducation à apporter aux enfants considérés comme «arriérés» sont les principaux témoins des dynamiques d’innovation alors à l’œuvre. Ces travaux qui ont accompagné le développement de l’école républicaine traditionnelle de la première moitié du XXe siècle, préfiguraient alors les recherches actuelles sur l’inclusion. L’innovation pédagogique a ensuite connu une accélération forte à partir des années 1960. Les travaux de Bourdieu et Passeron, reprochant au modèle scolaire français de perpétuer les inégalités sociales, aux antipodes de l’un de ses principes fondateurs, ainsi que la révolution culturelle qui a accompagné mai 68, ont contribué à accélérer la dynamique d’innovation, et à mettre en lumière et encourager les différents acteurs qui la supportait, par l’intermédiaire notamment de différents groupes ou instituts, qui défendaient les travaux de pédagogues novateurs tels que Célestin Freinet ou Maria Montessori dont les idées pédagogiques commençaient à se faire connaître. A partir des années 60, le travail de ces différentes entités va se voir relayé par l’Education Nationale, qui va commencer à penser l’innovation pédagogique et à la soutenir, donnant un véritable essor aux différents processus innovants, au prix de ratés parfois spectaculaires, comme la réforme des « maths modernes ». Apparaissent ainsi les baccalauréats techniques, les IUT et d’autres institutions qui modifient le paysage scolaire français. Ce mouvement, qui conduit à la mise en place du collège unique en 1978 pose certaines des bases qui structurent encore notre école, matériellement comme pédagogiquement. L’innovation acquit une véritable reconnaissance qui lui permit d’élargir son champ de compétences à l’ensemble des disciplines. Cette reconnaissance, jointe à une politique de décentralisation favorisa le développement d’initiatives locales et plus personnelles. Ce développement foudroyant favorise cependant le risque de dérives face auxquelles l’Etat tente de se prémunir aujourd’hui afin de garder le contrôle de ces innovations. Ce risque est accru par la révolution numérique qu’a connu la planète ces dernières années et qui représente l’un des principaux foyers d’innovation pédagogique en France, mis particulièrement en exergue par la période de confinement vécue en mars 2020, en raison de la pandémie de Covid-19.

Les bienfaits des innovations pédagogiques

modifier

Une pédagogie innovante ou pratique innovante en éducation n’utilise pas forcément les outils numériques et doit répondre à plusieurs critères :

  • être nouvelle au regard des pratiques existantes ;
  • s’appliquer à un produit identifié, un dispositif, une technologie, une méthode, un processus nouveau ;
  • apporter un changement et une amélioration au regard des pratiques existantes dans l’apprentissage du savoir ;
  • passer par un processus, de remise en cause et de mise en danger des savoirs et des techniques maîtrisées ;
  • être durable et transférable et donc ne doit pas être éphémère ou isolée.

Une telle pédagogie comporte de nombreux avantages selon le type d’outil utilisé.

La classe inversée consiste à fournir aux étudiants, en amont du cours, des documents afin qu’ils travaillent par eux-mêmes la théorie et qu’une fois en cours, ils appliquent leurs connaissances ainsi acquises à des situations concrètes qui leur sont proposées. Le Professeur n’assure plus la présentation des règles mais, en encadrant les étudiants, il aura néanmoins l’occasion d’expliquer ces règles et d’en donner des exemples d’application. Ses avantages sont :

  • Permettre à l’enseignant de remplir son rôle de guide, avant tout.
  • Augmenter la disponibilité de l’enseignant pour ses élèves.
  • Permettre aux élèves de progresser à leur rythme et de développer leur autonomie.
  • Les élèves sont plus engagés dans leur apprentissage et semblent plus motivés.
  • Ils peuvent apprendre n’importe où, n’importe quand (l’accès à Internet aidant, bien sûr!)

La classe renversée[6]

modifier

La classe renversée consiste à inverser totalement les rôles entre enseignant et apprenant. Ainsi les apprenants construisent le cours, les contrôles de connaissances en prenant ainsi la place de l’enseignant alors que c’est l’enseignant qui va être noté, contrôlé par les apprenants. Pendant le temps des cours, les apprenants construisent ensemble les cours par groupe, les partagent, les confrontent et l’enseignant joue le rôle de coach, les oriente, les guide, les interpelle. Les apprenants sont notés au regard de leurs compétences, à s’organiser, à réfléchir, à construire dans un temps imparti, comme au sein d’une entreprise. Ses avantages sont :

  • une redoutable efficacité pour assimiler des connaissances.
  • une excellente méthode d’apprentissage et d’enseigner soi-même.
  • les apprenants engagés deviennent acteurs à part entière de leur formation.
  • la classe renversée permet en outre de sortir de sa zone de confort et de gagner en assurance.

Le travail collaboratif

modifier

Par travail collaboratif, il faut entendre d’une part, la coopération entre les membres d’une équipe et, d’autre part, la réalisation d’un produit fini. Ses avantages sont :

  • Il fait apparaître une dynamique de groupe qui peut faire émerger une véritable "culture" collaborative.
  • Cette dynamique permet notamment le partage et la mise en commun des compétences et des connaissances, ainsi que leur transfert vers les apprenants initialement plus faibles.
  • Elle favorise de ce fait l’apprentissage informel et participe à la capitalisation des connaissances.
  • Cette dynamique collective donne la possibilité à chacun d’endosser un rôle de "leader" ; ce rôle peut donc sans cesse être réattribué au sein du groupe.
  • Le travail collaboratif permet de valoriser les compétences de chaque apprenant et offre au groupe la possibilité de mobiliser l’intelligence collective en vue de réaliser un projet commun, d’atteindre un objectif et de choisir les solutions adaptées aux problèmes posés.

Les MOOC / COOC / SOOC / SPOC

modifier

Ce sont des types ouverts de formation à distance. Les plus importants sont : MOOC : Multiple Open Online Course. Il s’agit d’un cours chapitré ouvert gratuitement à n’importe quel internaute. Souvent étalé sur plusieurs semaines, agrémenté de travaux de groupes à distance, de tchat en ligne, de quiz, il permet à chacun de se former sur un sujet et de bénéficier de connaissances sur une thématique. Il peut parfois donner lieu à une certification (qui elle est payante) COOC : Corporate Open Online Course : C’est un MOOC utilisé au sein de l’entreprise pour former les salariés. SOOC : Social Open Online Course : Il s’agit d’un MOOC dont l’objectif est d’augmenter les interactions entre les participants aux cours. Pour ce faire, les SOOC sont agrémentés d’outils collaboratifs (ex : forum, outils de création de contenus comme wiki, blog, etc.) (Voir Travail collaboratif) SPOC : Small Private Online Course : Cours chapitré en ligne, étalé souvent sur plusieurs sessions, sur le même principe que les MOOC. En revanche, l’audience est limitée à un groupe d’utilisateurs défini en amont (une trentaine par exemple) Leurs avantages sont :

  • Un accès à la formation pour tous à tout moment
  • Un format concis et plus impactant
  • L’interaction : l’un des nombreux atouts des MOOC en entreprise
  • Le respect du rythme de chaque salarié
  • Un coût moindre pour l’utilisateur

Les réseaux sociaux

modifier

L’utilisation des réseaux sociaux peut permettre de favoriser l’interactivité en classe par la mise à disposition de ressources complémentaires issues par exemple de l’actualité. Les étudiants peuvent ainsi réagir en ligne ou en classe mais aussi poster eux-mêmes des contenus qu’ils pensent être en relation avec le cours dispensé. Les avantages des réseaux sociaux sont :

  • d’entrer et de rester en contact avec les amis et la famille
  • de développer leur capital social (= l’ensemble des avantages que l’on tire des relations et des interactions avec autrui)
  • de se forger une identité propre.
  • le développement d’aptitudes créatives sous l’impulsion de la réalisation et du partage d’images
  • le développement d’un esprit critique et d’une ouverture d’esprit si le réseau en ligne du jeune est suffisamment diversifié pour entrer en contact avec plusieurs opinions et perspectives différentes.

Les supports de présentations en cours

modifier

De nombreux outils permettent de moderniser un cours. Ils se présentent sous la forme de : d’outils de présentation comme le powerpoint, les schémas, les vidéos. Ils ont de nombreux avantages au nombre desquels :

  • Leur attractivité
  • Permettent de mobiliser l’émotion
  • Permettre la transmission du témoignage
  • Permet d’attendre un large public
  • Support souvent peu encombrant
  • Utilisation collective

La classe virtuelle est un dispositif pédagogique permettant de rassembler à un instant T des étudiants et un ou plusieurs enseignants via un outil (ex : Adobe connect). Une classe virtuelle peut prendre différents formats (sessions unique, multiples, blended, etc.). Ses avantages sont : - la simplicité de mise en oeuvre par des non-techniciens, - la possibilité de combiner cette modalité en alternance avec d'autres approches pédagogiques telles que des réunions en présentiel, des ateliers pratiques, ou des séminaires.


La pédagogie de projet

modifier

La pédagogie en mode projet incite à mettre en pratique les savoirs par un travail collectif sur une problématique donnée. Ses avantages sont : - Stimuler l'intelligence collective - Provoquer le décloisonnement des compétences - Mettre en œuvre la fusion des talents et promouvoir la relation d’équipe.

L’apprentissage par problème

modifier

L’APP ou Apprentissage par problème adopte une approche plus intuitive et socio constructiviste de l’apprentissage. Il s’agit de plonger l’apprenant dans le sujet au travers d’un problème à résoudre en quelques heures (ou d’un projet à mener sur plusieurs jours, voire plusieurs mois). Ce qui l’amène à rechercher des informations pour élaborer une solution, sachant que les concepts ne sont pas préalablement enseignés aux étudiants. Ses avantages sont :

  • La pédagogie de l'erreur favorise le développement personnel des apprenants qui prennent plus de risques.
  • La pédagogie de l'erreur favorise la résolution des problèmes et la pensée critique.
  • La pédagogie de l’erreur renforce la rétention et la compréhension des connaissances.
  • La pédagogie de l’erreur permet de connaître les conséquences tangibles de leurs décisions.
  • La pédagogie de l'erreur supprime les limites créées par la peur de l'échec.
  • La pédagogie de l'erreur permet aux apprenants d'être plus confiants en général dans tous les aspects de leur vie.
  • La pédagogie de l'erreur aide les apprenants à faire des connexions entre les idées et les concepts.

Les quizz

modifier

Les quiz permettent de connaître le degré de connaissances des étudiants avant de commencer un cours ou après la lecture d’un article recommandé par l’enseignant Ses avantages sont :

  • le quiz permet d’apprendre par l’erreur ou de servir de fil conducteur au déroulé d’un cours
  • il peut également servir à re-dynamiser un cours
  • il peut servir également à contrôler l’acquisition des apprentissages mais aussi à questionner les étudiants sur leur degré d’adhésion aux réflexions issues du cours

Les jeux

modifier

Ce sont des outils pédagogiques qui utilisent le jeu comme ressort mais qui conduisent à un apprentissage sérieux. Ses avantages sont :

  • Permet de rendre l'élève actif.
  • Motive les élèves
  • Facilite la compréhension.
  • Facilite la concentration.

La tablette numérique

modifier

C’est un appareil au design soigné avec un écran, sans clavier, ni souris. L’écran tactile répond au toucher avec votre doigt ou à l’aide d’un stylet. Il combine les fonctionnalités d’affichage d’un écran et celle d’un dispositif de pointage habituellement la souris. Ses avantages sont :

  • Facilité de portabilité
  • Accès facile à l’Espace Numérique de Travail (ENT)
  • Possibilité d’accès personnel à internet
  • Consulter un manuel numérique
  • Diffuser du contenu
  • Possibilités d’utiliser des applications spécifiques pour des travaux en classe (annales,dictionnaires en ligne, arts visuels, exercices interactifs)
  • Consulter un document
  • Lire des livres (numériques, multimédias, audio), la presse
  • Parler à l’aide de podcasts
  • Écrire (aide à l’écriture, production d’écrits)
  • Communiquer et échanger (mails, interaction en classe, mutualisation des productions écrites)
  • Participer et prendre les cours
  • Faire des travaux de groupe
  • Créer des supports ( journaux, vidéos, etc…)
  • Faire des évaluations
  • Mise en œuvre facilitée du travail collaboratif entre les élèves
  • Mutualisation rapide des données (Élèves et enseignant peuvent être connectés ensemble dès que cela est souhaité et mutualiser leurs productions et permettre ainsi à tous de participer de manière active)
  • Une meilleure qualité des présentations des élèves
  • Un moyen pour différencier sa pédagogie
  • Une meilleure appropriation du cours par l'élève.
  • Un suivi des élèves plus efficace.
  • Acquisition de compétences informatiques en maniant l’outil, en transférant des données.
  • Augmenter les compétences informatiques et celles liées à l’usage d’Internet.

Problématiques et limites

modifier

Après avoir présenté les bénéfices de l'innovation, il convient d'en évoquer certaines limites à considérer.

L’aspect financier et matériel

modifier

Comme l’innovation pédagogique participe à l’effet établissement[8], la tentation pourrait être de rapprocher le fait d’enseigner à une seule manière de faire, sans tenir compte des nécessaires adaptations contextuelles qu’elle sous-tend. Par exemple, la bascule vers le « tout numérique » ne doit pas faire oublier l’obsolescence et le coût de certains outils ainsi que le coût des formations qu’ils peuvent impliquer au sein des établissements.

Les élèves

modifier

L’innovation pédagogique ne doit pas occulter la charge cognitive de la nouveauté pour l’élève. Pour certains, appréhender la tâche par un nouveau biais pourrait complexifier le processus d’apprentissage, sans dénier que pour d’autres, elle peut être source de stimulation et de motivation.

L’éducateur

modifier

L’innovation pédagogique naît d’une personne et de sa créativité. Oser l’innovation pédagogique est un pari et comme tous les paris, il comprend des risques qu’il faudra surmonter. La détermination, l’investissement personnel, l’énergie et le temps que l’innovation emploie, peuvent être des limites à la mise en œuvre de cette dernière. Le regard de ses pairs peut être aussi un frein, sortir du chemin interroge, soulève des doutes et des remises en question parfois difficiles à assumer. L’innovation pédagogique par le biais de l’utilisation du numérique peut faire peur à l’éducateur, celle d’être remplacée par la machine, jeter à la poubelle par des robots sans âme. Or, l’outil numérique semble apparaître comme une aide, un soutien qui en rien ne pourra prendre le rôle de guide de l’éducateur, cette crainte est un frein qu’il est temps de déconstruire.

L’innovation à tout prix ?

modifier

L’innovation peut naître sans cesse, de la part de chacun, dans le domaine pédagogique mais, dans chacun des moments de vie. Innover, c’est proposer quelque chose de nouveau mais ce n’est pas créer. Cela implique que les innovations viennent apporter des déclinaisons de choses existantes, parfois elles-mêmes des innovations. En ce sens, il devient nécessaire pour celui qui veut innover de s’interroger sur la valeur ajoutée de son projet innovant, sur son utilité et sur sa différence. Innover pour innover finit par ne plus servir à grand-chose si les utilisateurs n’en trouvent pas l’intérêt, ni le besoin. S’il faut laisser l’ingéniosité et l’inventivité s’exprimer, il reste primordial de savoir observer ce qui fonctionne déjà, sans avoir à renouveler une méthodologie, un procédé.


Perspectives d’avenir

modifier

La pédagogie de demain sera innovante ou ne sera pas

modifier

L’innovation pédagogique, visant le mieux enseigner pour les enseignants et le mieux apprendre pour les élèves dans un contexte social touché par des mutations diverses, reste un défi lancé au monde de l’éducation et de la pédagogie. L’innovation pédagogique semble être une réponse conséquente face aux profondes mutations que connaît la société et qui ne laissent pas l’école en reste.

Vers une mentalité innovante ?

modifier

L’exigence d’une école autrement étant une question de tous les temps, l’innovation pédagogique gagnerait à devenir une manière de faire générale et à aller au-delà d’une « intention spontanée de transformation du monde, une initiative des enseignants motivée par des convictions idéologiques, comme la volonté de transmettre de nouveaux savoirs à destination d’étudiants vus par exemple comme les futurs acteurs de progrès sociaux ou politique »[9] pour devenir une compétence, une caractéristique de tout enseignant. On peut envisager à l’avenir non seulement d’adapter l’école à la situation du moment, mais aussi et surtout mettre l’innovation pédagogique au cœur du système éducatif ; et donc construire des projets éducatifs conséquents, former les enseignants à cette sensibilité et les accompagner dans la démarche innovante afin qu’ils s’approprient les outils tout en se posant les bonnes questions comme : comment les mettre au service de l’éducation et non l’inverse. L’avenir est aussi d’envisager de donner aux jeunes les moyens de devenir maîtres de ces outils au lieu d’en devenir des esclaves. Au demeurant, l’avenir se construira avec l’innovation pédagogique. Innover ne signifiant pas nécessairement renier l'existant, mais permettre de faire, de découvrir autrement; si l'on se rattache à cette définition, on voit bien que l'innovation aura toujours sa place dans les années à venir tant que les acteurs éducatifs se retrouvent autour d’une cause commune: ressusciter chez tous les élèves la curiosité et le bonheur d’apprendre. [10]

Et le numérique dans tout ça ?

modifier

Les progrès de communication et de la technologie sont tels que de jour en jour de nouveaux outils apparaissent. Certains sont merveilleux et rendent bien service, notamment à un bon nombre d'élèves. La crise du Covid 19 et l’instauration d’un confinement a contraint les professeurs à accomplir des prouesses informatiques en un temps record pour continuer à accompagner leurs élèves le mieux qu'ils le pouvaient dans un contexte particulièrement difficile. Du jour au lendemain, leur façon d'enseigner a changé. Par la force des choses, ils se sont lancés dans des défis de l'innovation informatique : enseigner à distance avec des outils plus ou moins apprivoisés du jour au lendemain. Toutes ces adaptations sont bien la preuve qu'il est toujours possible de faire autrement dans un autre contexte et que les nouvelles technologies facilitent bien des échanges. Mais attention, ce qui se met en place en temps de crise a certes prouvé son utilité mais a également fait apparaître certaines failles dans le système. Les innovations technologiques sont une véritable aubaine tant qu'elles sont profitables à tous et qu'elles sont bien maîtrisées. Cependant, l’enseignement à distance fait aussi apparaître certaines disparités, voire inégalités entre les élèves : équipements informatiques des familles, localisation géographique et les compatibilités ou incompatibilités de réception numérique, disponibilité des parents pour l’aide aux devoirs, aide à la compréhension, .... Ces inégalités découvertes ne doivent en aucun cas être un obstacle dans la scolarité des élèves. Il serait judicieux de réfléchir en amont pour voir comment prendre en compte la diversité des publics afin que tous puissent s’épanouir dans de telles conditions. Il faut donc continuer à concilier vigilance et éducabilité.[11]

	Enfin, de façon générale, le forum des enseignants innovants qui a célébré sa 11ème édition au mois de novembre 2019 et auquel de nombreux chercheurs et hommes politiques comme Philippe Meirieu ou Jean-Michel Blanquer ont participé laissent présager de belles perspectives d'avenir pour les projets innovants. 

Quelques exemples concrets

modifier

Nouvelle méthode d’enseignement : la pédagogie 3.0

modifier

La « pédagogie 3.0 » est un concept développé par Stéphane Coté [12], un enseignant canadien. Son objectif est de faire un équilibre entre la pratique enseignante et le besoin d’appliquer des méthodes probantes éprouvées en classe. Cette pédagogie innovante va reposer sur 3 notions principales : l’autonomie, la permanence et la créativité.

L’autonomie – Afin d’aider l’élève à comprendre les conséquences et les impacts de ses actions, un système monétaire et politique est mis en place. Chaque décision est prise de façon démocratique de manière que les élèves sont directement impliqués. Ils sont dotés d’une responsabilité en classe, prenant ainsi position dans la hiérarchie scolaire.

La permanence de l’apprentissage – En se basant dans une étude de Edgar Dale qui prouve que l’élève apprend mieux lorsqu’il agit, les élèves font les corrections de ses exercices, créent des leçons et réalisent à la fin un bilan global.

La créativité – Les élèves peuvent choisir les outils qu’il souhaite pour apprendre et transmettre le contenu du cours, favorisant le partage des connaissances avec ses camarades de manière ludique.

L’aspect novateur de la « pédagogie 3.0 » a amené Stéphane Côté à se déplacer en France pour y présenter son modèle dans le cadre de Sydospeech, un événement rassemblant des congressistes du monde de l’éducation francophone et mettant l’accent sur l’aspect novateur de l’éducation et de la pédagogie. Sa méthode d’enseignement avec des articles et des outils est facilement consultable à partir de sa page internet.

Le concept d’innovation pédagogique, et particulièrement en France, est souvent assimilé à l’utilisation des nouvelles technologies dans l’établissement, dans la classe. Quelques exemples du numérique au service de l’innovation :

  • Le Tableau Numérique Interactif

de plus en plus courant dans les écoles élémentaires car reposant sur des schèmes intégrés par tous depuis longtemps, celui de l’usage du tableau noir standard. Le TNI permet la projection et l’utilisation rapide et facile de différents types de contenus à destination des élèves : vidéos, sons, images… Par ailleurs, sa connexion à Internet permet un choix étendu de contenus à proposer.

  • Les jeux vidéos

auxquels les adolescents sont bien habitués, peuvent être utilisés à des fins pédagogiques : Assassin’s Creed Origins pour étudier l’Egypte Antique ou sa version Odyssey pour partir à la découverte de la Grèce Antique ou bien encore Battlefield 1 pour traiter de la première guerre mondiale. Encore peu développée et utilisée, cette méthode est pourtant bien réelle ! Confronter les élèves aux jeux vidéos et à leur univers parfois très immersif et les faire réfléchir à la vraisemblance et aux potentielles incohérences historiques au regard de documents distribués. Le but premier serait de “stimuler la motivation des élèves”. Par ailleurs, peuvent également être cités les sérious game, les jeux vidéo sérieux, comme outil numérique à l’innovation, qui sont eux plus répandus.

Par ailleurs, pour citer une innovation appelant des “outils” différents du numérique, nous pouvons faire référence aux mobiliers pédagogiques innovants (tables et chaises sur roulettes notamment) qui permettent la disposition et redisposition de l’espace classe aux envies et besoins de l’enseignant ou des apprenants.

Bien sûr, ces exemples ne constituent en rien une liste exhaustive des pratiques et outils de l’innovation pédagogique.



                                                       Bibliographie 

- Heïd Marie-Caroline, Marty Stéphanie, Méliani Valérie, « Points de vue d’étudiants sur deux dispositifs d’apprentissage innovants », Communication & management, 2018/2 (Vol. 15), p. 55-69. DOI : 10.3917/comma.152.0055; https://www.cairn.info/revue-communication-et-management-2018-2-page-55.htm - Gréselle-Zaïbet Olfa, Kleber Aurélie, Dejoux Cécile, « Le hackathon en mode Design Thinking ou quelles modalités pour former à des compétences méthodologiques et comportementales ? », Management & Avenir, 2018/6 (N° 104), p. 149-171. DOI : 10.3917/mav.104.0149. URL : https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2018-6-page-149.htm - Goigoux Roland, « Associer chercheurs et praticiens à la conception d’outils didactiques ou de dispositifs innovants pour améliorer l’enseignement », Education & didactique, 2017/3 (Vol. 11), p. 135-142. URL : https://www.cairn.info/revue-education-et-didactique-2017-3-page-135.htm - Rapport Villani : Donner un sens à l’intelligence artificielle Pour une stratégie nationale et européenne (2018) : https://fichiers.acteurspublics.com/redac/pdf/2018/2018-03-28_Rapport-Villani.pdf - Ten Facts About Artificial Intelligence in Teaching and Learning, https://teachonline.ca/sites/default/files/tools-trends/downloads/ten_facts_about_artificial_intelligence_0.pdf - Olivier Rollot (2018), Digital et intelligence artificielle: l’enseignement supérieur en mutation, A la suite de la publication du rapport sur l’intelligence artificielle (IA) de Cédric Villani, http://orientation.blog.lemonde.fr/2018/04/09/digital-et-ia-lenseignement-superieur-en-mutation/ - Karsenti, T. (2018). Intelligence artificielle en éducation : L’urgence de préparer les futurs enseignants aujourd’hui pour l’école de demain ?. Formation et profession, 26(3), 112-119, http://formationprofession.org/files/numeros/21/v26_n03_a159.pdf - Serge-Henri Saint-Michel (2018), De l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur privé ?, http://www.marketing-professionnel.fr/parole-expert/intelligence-artificielle-ia-enseignement-superieur-prive-201810.html

  1. http://observatoire-reussite-educative.fr/ressources/ministere-delegue-a-la-reussite-educative/conseil-national-de-linnovation-pour-la-reussite-educative-cnire
  2. Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École du 23 avril 2005 (article L. 401-1 du code de l’éducation)
  3. Innover pour une école des réussites, publication de la Direction générale de l’enseignement scolaire Département de la recherche et du développement de l’innovation et de l’expérimentation (DRDIE), novembre 2011 - ISBN : 978-2-11-128223-3
  4. Benoît Godin, Innovation Studies : The Invention of a Specialty, Minerva, volume 50, numéro 4, 397-421, 2012
  5. GRANDIÈRE (Marcel), LAHALLE (Agnès) (dir.). – L’Innovation dans l’enseignement français (XVIe-XXe siècle). – Nantes, Lyon : SCEREN CRDP Pays de la Loire/INRP, 2004. – 172 p.
  6. https://theconversation.com/classe-renversee-pourquoi-laisser-les-cles-de-la-classe-aux-etudiants-110446
  7. https://www.cned.fr/maclassealamaison/
  8. http://alain-leger.lescigales.org/textes/effet-etablissement.pdf
  9. Denis Lemaître, « L’innovation pédagogique en question : analyse des discours de praticiens », Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur [En ligne], 34(1) | 2018, mis en ligne le 26 mars 2018, consulté le 08 avril 2020. URL : http://journals.openedition.org/ripes/1262
  10. DEHAENE, Stanislas. Apprendre! les talents du cerveau, le défi des machines. Paris : Odile Jacob, 2018.
  11. VANNESSON, Marc et VERS LE HAUT (MONTROUGE, Hauts-de-Seine). Tous éducateurs ! Et vous ?: pour une société éducatrice. Montrouge : Bayard, 2017.
  12. https://www.stephanecote.org/