La chronologie des actions altermondialistes montre que l'histoire de l'altermondialisme a été riche en protestations et de contestations de toutes sortes de la mondialisation, accompagnées souvent de perturbations de l'ordre public, et parfois de violences. Cependant, son insistance à se démarquer sémantiquement de l' antimondialisation montre que cette doctrine entendait également apporter des idées positives et surtout des réalisations concrètes.

Réalisations

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Les réalisations concrètes que l'on peut citer depuis les manifestations de Seattle en 1999 :

  • Le thème de l'annulation de la dette des pays pauvres a été repris par les chefs d'États et partiellement mis en œuvre (dans le cadre du Club de Paris des pays créanciers qui accorde des allégements de dette depuis 1956)
  • En revanche, la revendication historique d'une taxation des capitaux patine ; la plus grande avancée a consisté en une initiative législative du Parlement européen, repoussée dès avant la première lecture grâce aux pressions de Tony Blair sur les députés travaillistes anglais, mais aussi et paradoxalement aux abstentions ou votes contre des députés de LO/LCR. Voir [1]
  • L'échec du référendum sur la Constitution européenne en France est en partie du aux critiques altermondialistes. Ce succès lui vaut en revanche l'hostilité d'une partie des partis de gauche social-démocrates français (PS) et européens (SPD en Allemagne, Parti Travailliste au Royaume-Uni notamment), ainsi que de la droite européenne modérée, ce que les altermondialistes interprètent comme une pensée unique pro-Union Européenne, nonobstant que leur courant de pensée soit loin d'etre le seul à s'y opposer (conservateurs britanniques, souverainistes en France et ailleurs, droite religieuse en Espagne, en Bavière ou en Pologne, libéraux notamment anglais, parti populiste et xénophobe de Geert Wilders aux Pays-Bas, l'autre pays du NON, ...)
  • à compléter

À noter aussi que le mouvement altermondialiste a essayé de s'approprier, pour se donner une image plus positive, la paternité de certaines intiatives de terrain dans lesquelles elle n'est objectivement pour rien : commerce équitable, microcrédit, logiciels libres... Le mouvement des logiciels libres (et ses applications dans d'autres domaines telles que Creative Commons ou Wikipédia) remonte par exemple à 1984 (voire rescucite l'état d'esprit qui régnait aux origines de l'informatique) et peut être considéré comme un pur produit tant de la mondialisation que du libéralisme : produit de facon décentralisée par delà les nations et les frontières, il est la conjonction du libéralisme politique d'un Richard Stallman et du libéralisme économique (et de l'intérêt bien compris) de ses sponsors tels que IBM, Sun Microsystems, Novell... et ne fait que rétablir une concurrence non faussée par le monopole de Microsoft.

Maigre bilan ?

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Comparé à la passion et à la radicalité mise dans la contestation et l'opposition à la mondialisation, ces quelques réalisations restent selon de nombreux critiques rares et limitées ; et les améliorations apportées aux populations qu'elle prétend défendre discutables.

Ainsi, dans son ouvrage La grande perturbation analysant la mondialisation, le politologue français Zaki Laïdi consacre des pages d'analyse aux résistances à la mondialisation et sur les contradictions et les limites de la mouvance altermondialiste et arrive à la conclusion que « La capacité de la mouvance altermondialiste à proposer des solutions alternatives reste extrêmement limitée »[1]

Pascal Bruckner affirme que Ce n’est pas être insultant que de souligner la grande faiblesse théorique de la mouvance altermondialiste qui peine à dépasser le stade de la simple invective au moment où le système a plus besoin que jamais pour se régénérer d’un adversaire à sa mesure. [2]

Des réponses partielles à cet échec relatif peuvent être cherchés dans les manques suivants :

  • insuffisances dans les recherches de propositions cohérentes (ce qui peut être due à la forte disparité des acteurs "alter")
  • les essais de collaboration avec les entités responsables dans les domaines politique, économique et social,
  • les coopérations concrètes améliorant sur le terrain le sort des populations concernées (fossé par exemple entre les ONG humanitaires et celles préférant le militantisme).

Sur le terrain, une réaction contraire en faveur de la mondialisation des échanges économiques a pu au contraire être observé, comme le montre l'exemple de Bangalore : cette ville où s'est tenue une grande manifestation anti OMC en 1993, est maintenant surnommée la Silicon Valley de l'Asie, car elle doit sa prospérité actuelle à s'être ouverte massivement aux multinationales du secteur technologique, aux capitaux étrangers et à la mondialisation des échanges.

En ce qui concerne l'Europe, les altermondialistes ne semblent pas vu de l'extérieur faire des efforts crédibles pour qu'un réel plan B voit le jour, ce qui signifierait qu'après avoir diabolisé la constitution européenne ils se satisferaient du status-quo de Maastricht-Nice. Au vu des principaux changements entre le traité de Rome de 2004 et le traité de Nice, certains comme Alain Lipietz en déduisent qu'une organisation comme Attac a des conceptions souverainistes, qu'elle serait plus préoccupée d'acquérir un poids politique pour peser à l'échelle de l'État-nation que de construire à l'heure de la mondialisation un espace politique européen où la souveraineté est partagée, et qui est dans l'intérêt du prolétariat européen selon Toni Négri[2].

Place et influence

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Par ailleurs, l'altermondialisme a eu peu d'influence sur l'évolution de la mondialisation économique, même si certains politiques on repris le discours de ce mouvement.

Cette absence d'effets concrets pose la question de la place et de l'influence de l'altermondialisme dans l'histoire des mouvements sociaux. Et aussi de l'avenir de ce mouvement, à la vie quasi uniquement ponctuée par la routine des manifestations de rue. Évolution vers la radicalisation ou vers l'indifférence (l'une n'excluant pas l'autre) ?

Voir aussi

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Références :