Utilisateur:Kozam/Historiographie

1er régiment de chevau-légers lanciers polonais de la Garde impériale modifier

Historiographie modifier

Somosierra modifier

Andrzej Niegolewski (1787-1857) conteste la véracité des écrits de l'historien Adolphe Thiers sur la charge polonaise de Somosierra. Illustration anonyme du XIXe siècle.

Entre 1845 et 1862, l'historien français Adolphe Thiers publie une Histoire du Consulat et l'Empire en vingt tomes et consacre notamment, à la page 365 du neuvième volume, un passage sur la charge des chevau-légers polonais à Somosierra :

« Le premier escadron essuya une décharge qui le mit en désordre en abattant trente ou quarante cavaliers dans ses rangs, mais les escadrons qui suivaient, passant par-dessus les blessés, arrivèrent jusqu'aux pièces, sabrèrent les canonniers et prirent les seize bouches à feu. »

— Adolphe Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, vol. IX, Paris, Paulin, [1].

Ce récit suscite le mécontentement du colonel Andrzej Niegolewski, vétéran du combat, qui expédie dès lors plusieurs lettres à l'auteur dans le but de rectifier la vérité historique, appuyé en cela par le général Krasiński, ancien commandant du régiment[2]. L'ex-lieutenant des chevau-légers souligne les nombreuses inexactitudes du texte de Thiers, notamment que la charge a été menée non pas par le 1er mais par le 3e escadron et que c'est ce dernier qui a réussit à s'emparer des canons, les 1er, 2e et 4e ayant seulement assurés la poursuite[3]. Il nie par ailleurs la présence du général Louis Pierre de Montbrun à la tête des Polonais, contrairement à ce qu'affirme le bulletin de l'armée, information reprise par Thiers[4]. Cette erreur est à nouveau commise par Jean Tranié dans son ouvrage Les Polonais de Napoléon (1982) où il écrit page 40 « Commandant de la cavalerie légère du 1er Corps (maréchal Victor) il charge avec les chevau-légers polonais à Somo-Sierra. ». Niegolewski accuse notamment l'écrivain français de vouloir « ternir l'éclat de nos grandes actions. »[5], ce à quoi Adolphe Thiers répond en promettant une réimpression du tome IX conforme aux dires de l'officier[6]. Cette correspondance est éditée en 1854 sous la forme d'un livre où le militaire polonais donne sa propre version des faits : Les Polonais à Somo-Sierra en 1808 en Espagne : Réfutations et rectifications relatives à l'attaque de Somo-Sierra décrite dans le IXe volume de l'« Histoire du Consulat et de l'Empire » par M. A. Thiers ; par le colonel Niegolewski.

Reichenbach modifier

Une autre querelle surgit à propos de la bataille de Reichenbach (22 mai 1813) après la publication de relations de l'affrontement par plusieurs officiers des lanciers rouges de la Garde impériale. Ces derniers notent que leur régiment a affronté une importante cavalerie russe et qu'au prix de lourdes pertes, il est parvenu à mettre en fuite ses adversaires, ces mêmes documents mentionnant un soutien du reste de la cavalerie de la Garde sans toutefois indiquer la présence des lanciers du 1er régiment[7]. Adolphe Thiers met lui aussi l'accent sur la charge des cavaliers de Colbert-Chabanais. Cet « oubli » engendre la réaction des anciens officiers polonais : le général Dezydery Chlapowski (chef d'escadron des lanciers polonais en 1813) relate à son tour sa propre version des faits où il insiste sur le rôle décisif de son régiment, sans parler d'une quelconque intervention des lanciers rouges[8]. Jósef Grabowski conteste dans ses Mémoires les écrits de Thiers et revendique la victoire pour le 1er lanciers[7],[9].

« M. Thiers (tome XVI, page 162) mentionne cette affaire, mais suivant son habitude de cacher les actions d'éclat des Polonais pour les attribuer aux Français, il dit que c'étaient les lanciers rouges de la garde impériale qui ont battu les Russes […]. »

— Jósef Grabowski, Mémoires militaires de Joseph Grabowski, Plon-Nourrit, p. 120[9].

Waterloo modifier

En 1999, le journaliste Jean-Claude Damamme publie aux éditions Perrin La bataille de Waterloo où il raconte notamment la déroute du Ier corps français et la destruction de la brigade de cavalerie anglaise de Ponsonby par une charge de flanc des lanciers polonais de la Garde impériale[10]. En réalité, cette attaque a été menée par les lanciers français du général Jacquinot et par les cuirassiers[11].

« Le général Travers et le général Farine […] s'ébranlèrent avec leurs quatre régiments de cuirassiers […]. À l'extrême droite de la ligne française, devant la Papelotte, le général Jacquinot avait assisté lui aussi, incrédule, à la catastrophe et avait tout aussitôt fait manœuvrer ses escadrons en vue d'intervenir. »

— Alessandro Barbero, Waterloo, Flammarion, , chap. 40 (« Les lanciers de Jacquinot »)[11].

Notes et références modifier

Bibliographie modifier

  • Andrzej Niegolewski, Les Polonais à Somo-Sierra en 1808 en Espagne : Réfutations et rectifications relatives à l'attaque de Somo-Sierra décrite dans le IXe volume de l'« Histoire du Consulat et de l'Empire » par M. A. Thiers ; par le colonel Niegolewski, , 95 p..
  • Adolphe Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, vol. IX, Paris, Paulin, .
  • Jósef Grabowski, Mémoires militaires de Joseph Grabowski : officier à l'état-major impérial de Napoléon Ier, 1812-1813-1814, Plon-Nourrit, , 311 p..
  • Dezydery Chłapowski, Mémoires sur les guerres de Napoléon, Paris, .
  • Jean-Claude Damamme, La bataille de Waterloo, Perrin, , 414 p. (ISBN 2262015287).
  • Alessandro Barbero, Waterloo, Flammarion, , 524 p. (ISBN 978-2-0812-5235-6).
  • (en) Ronald Pawly, Napoleon's Polish Lancers of the Imperial Guard, Osprey Publishing, (ISBN 978-1-84603-256-1).