Utilisateur:Léna/Brouillon

Costume pour femmes d'Yves Saint Laurent conservé au De Young Museum de San Francisco.

La mode LGBT, aussi appelée mode queer, correspond à l'ensemble des tenues vêtements portés par les personnes LGBT et reconnues par elles comme étant un signe culturel spécifique.

Périmètre

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L'historienne Eleanor Medhurst définit la mode lesbienne comme l'ensemble des tenues reconnues comme lesbiennes par les intéressées ; elle y inclut ainsi non seulement la moque les personnes bisexuelles proches de l'expérience lesbienne ou celles dont le style a servit d'inspiration ou résonne avec l'expérience lesbienne[o 1].

Pour Clare Lomas, Peter McNeil et Sally Gray, la mode LGBT se caractérise non pas uniquement par un ensemble de messages codés par le port de vêtement, mais aussi par une manière unique de lire et comprendre l'habillement[u 1].

L'appellation « mode queer » est polysémique : elle peut à la fois être utilisée comme synonyme de mode LGBT, ou avoir un sens plus restreint et signifier les tenues androgynes des personnes non-binaires et genderqueer[p 1].

Histoire

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Pour la conservatrice du Fashion Institute of Technology Valerie Steele, une mode LGBT ne peut exister que lorsque la sexualité est pensée comme une identité de l'individu qu'il partage avec une communauté et non plus uniquement comme un ensemble d'actes[o 2]. Elle fait ainsi remonter la mode LGBT à une double origine, celle des cultures où des personnes AMAB ont exclusivement des relations sexuelles avec des hommes en prenant le rôle passif, constituant ou pas un troisième genre, et les communautés d'hommes homosexuels existant dans des villes italiennes dès la Renaissance et dans les autres villes européennes dès le 18ème siècle[o 2].

Pour Eleanor Medhurst, adopter un point de vue queer et spécifiquement lesbien implique de dresser des parallèles entre les pratiques d'habillement du passé et celles de lesbiennes du 21ème siècle : pour elle, Christine de Suède, avec ses habits mêlant féminin et masculin d'une manière novatrice, fait partie de l'histoire de la mode lesbienne[o 3].

Pratiques populaires

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Mode lesbienne

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Mode gay

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Collection House of Pleasures de Jean-Paul Gaultier reprenant des codes de la marine et exposée au Kunsthal.

Le marcel, d'abord vêtement de travail ouvrier, devient symbole iconographique gay, en particulier sous l'influence de Jean Genet et Tom of Finland, pour ensuite devenir emblème de virilité tant hétérosexuelle qu'homosexuelle lorsque Bruce Willis pose en marcel dans une publicité Calvin Klein dans les années 1990[o 4]. Plus généralement, de nombreux symboles vestimentaires de la masculinité, sont détournés dans une optique érotique tout au long du XXe siècle : le tricot de marin rayé, signature de Jean-Paul Gaultier ; le Perfecto, la casquette de cuir et le chaps ; les tatouages de Hells Angels ; les tenue militaires ou le style baggy des rappeurs[o 4]. Ces détournements, qui ciblent souvent les groupes homophobes ou perçus comme tels, ne font pas toujours l'unanimité, en particulier lorsqu'il s'agit de reprises d'iconographies nazies[o 4].

Mode queer

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Haute-couture

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Créateurs

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Kenzō Takada en 2017.

L'industrie de la mode, en particulier de la haute-couture, est un domaine très fortement associé à l'homosexualité masculine en raison du grand nombre de couples d'hommes ou d'hommes gays : Giorgio Armani, Gianni Versace, le couple Dolce & Gabbana, Marc Jacobs, les jumeaux Caten, le couple Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, Karl Lagerfeld, John Galliano, Jean-Paul Gaultier, Tom Ford, Thierry Mugler, Claude Montana, Stefano Pilati, Alexander Mc Queen, Jean-Claude Jitrois, Azzedine Alaïa, ou Kenzo[o 5]. Pour le collectif français LGBTQ et féministe des Ailes sur un tracteur, cette prépondérance s'explique par la liberté associée à l'homosexualité : en se libérant des contraintes virilistes qui pèsent sur les hommes hétérosexuels, les créateurs homosexuels ont pu très tôt s'emparer des codes vestimentaires tant masculins et féminins, et ainsi avoir un plus grand panel de sources pour exprimer leur créativité[o 5]. Les journalistes de mode hétérosexuelles Anne Boulay et Marie Colmant avancent quant à elles un rapport particulier entre les créateurs gays et les femmes hétérosexuelles, empreint d'un rapport de séduction non-consommé qui amène les stylistes à avoir une compréhension fine de la féminité sensuelle et affirmée, souvent inspirée d'un rapport personnel avec une muse : Loulou de la Falaise pour Yves Saint Laurent, Farida Khelfa pour Azzedine Alaïa, Inès de la Fressange pour Karl Lagerfield ou Frédérique Lorca pour Jean-Paul Gauthier[o 4].

Ce jeu avec la féminité met parfois ces mêmes journalistes mal à l'aise, par exemple lorsque Thierry Mugler fait défiler des femmes trans et des hommes travestis pour sa collection de prêt-à-porter féminin du début des années 1990[o 4]. Elles avancent enfin qu'une autre des caractéristiques des créateurs de mode gays est le registre masculin-féminin et androgyne, citant pêle-mêle les costumes trois pièces d'Yves Saint Laurent des années 1960, la mode japonaise asexuée des années 2000, le style glam rock de Davie Bowie, le travail d'Hedi Slimane, ou les vêtements inspirés par le style de Marlène Dietrich ou de Leslie Winer (en)[o 4].

Mannequins

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La mannequin Andreja Pejić en 2013.

Plusieurs femmes trans comptent parmi les mannequins célèbres : la pionnière, April Ashley, qui est aussi intersexe, est outée à son insu en 1961, ce qui met fin à sa carrière dans la mode[p 2]. En 2014, la mannequin Andreja Pejić, qui s'était faite connaître en tant que mannequin homme au physique androgyne, annonce sa transition de genre, ce qui ne l'empêche pas de poursuivre sa carrière[p 3]. La présence de mannequins trans sur les podiums est beaucoup plus normalisée dans les années 2020, avec les carrières de Hunter Schafer, Teddy Quinlivan (en), Hari Nef, Nathan Westling (en), Juliana Huxtable, Lea T, Carmen Carrera ou Geena Rocero[p 4].

Références

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Ouvrages

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  1. (en) Eleanor Medhurst, « Introduction », dans Unsuitable: a history of lesbian fashion,
  2. a et b (en) Valerie Steele, « A queer history of fashion: from the closet to the catwalk », dans A queer history of fashion: from the closet to the catwalk,
  3. (en) Eleanor Medhurst, « Christina of Sweden, Girl King », dans Unsuitable: a history of lesbian fashion,
  4. a b c d e et f Anne Boulay et Marie Colmant, « Mode », dans Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, Larousse, (ISBN 2-03-505164-9 et 978-2-03-505164-6, OCLC 300482574).
  5. a et b « Tous les stylistes célèbres sont-ils homosexuels ? », dans Queer sais-je? (version lesbienne) : connaissez-vous bien la culture lesbienne, gay, trans, queer et féministe?, Des ailes sur un tracteur, (ISBN 978-1-326-20341-2 et 1-326-20341-X, OCLC 967876906).

Publications universitaires

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  1. (en) William J. F. Keenan, « Book Review: Giorgio Riello and Peter McNeil (eds) Shoes: A History from Sandals to Sneakers Berg, Oxford and New York, 2006 ISBN: 978—1—85420—443—3 », Cultural Sociology, vol. 1, no 3,‎ , p. 435–439 (ISSN 1749-9755 et 1749-9763, DOI 10.1177/17499755070010030705, lire en ligne, consulté le )
  1. (en) « Queer Fashion Is Not A Trend, 'It's A Social Movement' », sur HuffPost, (consulté le ).
  2. « April Ashley interview: Britain's first transsexual », sur www.telegraph.co.uk (consulté le ).
  3. (en) « Andrej Pejic Comes Out as Trans Woman », sur www.out.com (consulté le ).
  4. « 9 mannequins transgenres, véritable vent de fraîcheur dans l'industrie de la mode », sur www.lofficiel.be (consulté le ).

Autres références

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Bibliographie

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Voir aussi

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