Utilisateur:L.bussemey/Brouillon

Les vitraux

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Avant 1944

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Avant le bombardement de 1944, la cathédrale présente un ensemble vitré assez disparate et contrasté : le chevet roman est garni de vitraux du xixe siècle dans le goût néo-cistercien et la petite rose centrale reprend le thème des signes du zodiaque autour du monogramme du Christ. La crypte est pourvue de vitraux losangés verts. La haute nef possède une vitrerie géométrique en bâtons rompus dans des teintes vert bouteille et marronnasses. Les chapelles latérales au sud comportent des verres losangés dans des tonalités similaires à celles de la nef. Quelques vestiges de vitraux du XVIème siècle ornent ici et là les chapelles voisines au nord. Le chœur gothique comporte en partie haute des baies un réseau de quadrilobes présentant des saynètes colorées dans le goût du XIVème siècle. Enfin, les fenêtres des chapelles du déambulatoire sont ornées de larges frises géométriques enchâssant en partie haute le monogramme de saint Cyr et sainte Julitte.

Reconstruction

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Lors de la reconstruction, la question des vitraux s'est posée. Le projet d'une commande publique d'État est engagée sous le ministère d’André Malraux. La restitution des vitraux disparus et soufflés n'était pas concevable pour une partie des institutions publiques. Seuls les vitraux illustrant la vie de sainte Bernadette, isolés dans la chapelle dédiée au culte de l'Immaculée Conception, seront refait à l'identique par le peintre verrier Gilles Rousvoal. En 1960, à la demande de l'inspecteur général des Monuments Historiques Jacques Dupont, les peintres contemporains Jean Bazaine et Alfred Manessier élaborent un programme iconographique pour l'ensemble des 130 baies. Le projet ne se concrétisera pas à cause de conflits d'intérêts entre les institutions publiques, religieuses et les artistes. Seul reste du projet, l'artiste Raoul Ubac qui devait travailler aux côtés des deux peintres, réalise quatre vitraux à l'esthétique abstraite pour le chœur roman. Après de nombreux débats ils seront finalement installés en 1975. Dans les années 1980, le programme de restauration reprend avec le soutien de François Mitterand, Président de la République et ancien député de la Nièvre.

De nombreux artistes sont contactés, français comme étrangers, et plusieurs projets sont envisagés. La trame finalement retenue revient à répartir la création des nouveaux vitraux entre quatre artistes contemporains reconnus, aidés de maîtres-verriers. Toutefois, cette démarche a été quelque peu handicapée par la durée du chantier, un peu plus de trente ans (de 1976 à 2009), par son importance (130 baies à couvrir soit 1 052m² de verrières) et enfin, par la démission de Markus Lüpertz initialement prévu pour les baies des chapelles du choeur gothique. Il est remplacé au pied levé par Jean-Michel Alberola, déjà responsable du transept roman.

Les cinq artistes qui ont travaillé dans la cathédrale se rattachent, plus ou moins, au courant non figuratif et à l'abstraction qui se sont développés dans les années 1950. Dans cette conception de l'art, seule l'abstraction pouvait transcender le désastre de la guerre et la condition physique et spirituelle de l'Homme.

Les cinq artistes sont : Raoul Ubac - Jean-Michel Alberola- Claude Viallat - Gottfried Honegger - François Rouan

Travail des artistes contemporains

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Raoul Ubac
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Raoul Ubac, vitraux du chœur roman

Raoul Ubac travaille avec le maître-verrier Charles Marq à la réalisation de quatre vitraux pour le chœur roman, tourné vers l'ouest : trois baies longilignes et un oculus. Bien que similaires, les quatre compositions ne sont pas identiques. Sur un fond coloré dans les teintes primaires, des sillons blancs traversent la composition et filtrent la lumière. Ces sillons sont très présents dans l’œuvre de Raoul Ubac. Ils évoquent la terre, le travail de l'Homme pour dompter une Nature qui, dans les écrits bibliques, lui a été offerte par Dieu. Mais ce travail serait une punition. Les espaces blancs témoigneraient de la présence de Dieu dans l'édifice consacré.

Les vitraux abstraits furent mal accueillis par une partie des institutions et de l'opinion publique, qui aurait préférée des vitraux historiés pour l'espace roman. Si Raoul Ubac ne vit jamais ses œuvres installées, elles sont aujourd'hui acceptées par les publics et font pleinement partie de l'édifice.

Jean-Michel Alberola
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Jean-Michel Alberola, vitraux du bras nord du transept roman

Jean-Michel Alberola a travaillé en collaboration avec les ateliers de Pierre Defert pour la réalisation des verrières du transept roman. Pour répondre à la demande de la Commission diocésaine d'art sacré, l'artiste réalise un programme iconographique autour des récits bibliques de l'Apocalypse de saint Jean. Plusieurs symboles et évènements décrits de le livre sont visibles dans les compositions non-figuratives.

Le visiteur peut reconnaitre, en autre :

  • Le tau, symbolisant la croix du Christ.
  • Le nombre 144 000, une illustration de la totalité du peuple de Dieu appelé au salut : 12 000 membres des 12 tribus d’Israël seront marqués du sceau de Dieu et sauvés.
  • Saint Jean, tendant la main vers un espace blanc représentant la présence divine et le mystère du divin.
  • Des épées, utilisées par le Christ conquérant pour frapper les Nations (les païens, les non croyants).
  • Sept flèches, correspondant aux trompettes de l'Apocalypse, et des chevaux en référence aux quatre cavaliers de l'Apocalypse.
  • Une figure humaine mangeant un livre : la Parole divine est une nourriture pour l'Homme.
  • La main de Dieu sortant des vagues, montrant sa présence, sa puissance et son action.


Suite au départ de Markus Lüpertz, Alberola se voit confier la réalisation des baies des chapelles rayonnantes du chœur gothique. Il s'associe aux ateliers Duchemin, sous la direction de Dominique Duchemin et Gilles Rousvoal. Il développe un programme iconographique dans le même style que le transept roman, qui met en scène plusieurs scènes de l'histoire du Salut et de la vie du Christ.

Le visiteur peut reconnaitre :

Par les thèmes abordés et les couleurs vives de ses œuvres, Jean-Michel Alberola cherche à transmettre le message d'espoir cher à l'Église. La non-figuration des compositions n'empêche pas la compréhension grâce à l'introduction de symboles universels du culte catholique.

Jean-Michel Alberola, Chapelle Saint-Laurent, déambulatoire
Jean-Michel Alberola, Chapelle du Souvenir, déambulatoire
Jean-Michel Alberola, Chapelle de la Création, déambulatoire
Claude Viallat, chœur gothique, mur sud
Claude Viallat
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Claude Viallat, en partenariat avec le maitre verrier Bernard Dhonneur, a coloré les baies hautes du chœur gothique de teintes chaudes et froides, dans un style purement abstrait. Le chœur illustre sur terre la Jérusalem Céleste, vers laquelle toute l'humanité est appelée à marcher, baignée dans une lumière chaleureuse suite à la traversée de la nef. La forme d'osselet propre aux créations de l'artiste est ici dans les tons rosés, et se répète sur chaque baie. Les couleurs se font face et les tonalités s'opposent, mais elles n'ont pas de signification particulière. Seul un point rouge dans la partie supérieure de la baie centrale pourrait en avoir une : il s'agirait du cœur de la Vierge ou de l'entrée de la Jérusalem Céleste. Les osselets pourraient représenter des traces de pas ou des gênes précieuses constituant les murs de la cité céleste.

Gottfried Honegger
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Gottfried Honegger, baies hautes nord de la nef

Gottfried Honegger est intervenu pour les fenêtres hautes de la nef dans un style minimaliste, aidé du maître-verrier Jean Mauret. Les dix verrières ont un fond blanc opalescent, chacune traversée par un arc de couleur unique. Au nord, un dégradé de bleus s'éclaircit de l'entrée de la nef jusqu'au chœur gothique. Au sud, le même dégradé cette fois ci dans les tons rouges et roses. Dans la Bible, la forme de l'arc est symbole de l'alliance entre Dieu et les Hommes. Les formes évoquent le mouvement et accompagnent l'avancée de l'entrée de la nef jusqu'au chœur.

Honegger a aussi créé les verrières de la crypte, sous le chœur roman. Il utilise les trois couleurs primaires dans la composition faite d'un demi-cercle, d'un demi-carré et d'un demi-triangle. Ce sont les trois formes universelles qui se retrouvent dans toute chose du monde réel et virtuel. Les monde virtuel est un monde en devenir, comme l'est l'espace de la crypte qui accueille une mise au tombeau. La mort et la mise au tombeau sont des étapes nécessaires à la renaissance.


François Rouan
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François Rouan, Chapelle du Sacré Cœur

François Rouan réalise les verrières des huit chapelles latérales de la nef, les vitraux des deux grandes baies du transept pseudo-gothique et le vitrail situé au-dessus du portail sud, dit de la Loire. Il a collaboré avec le maître-verrier Benoît Marq, qui l'a guidé et lui a appris les usages du verre. Son travail se caractérise par la technique du tressage et de la superposition picturale, ainsi que l'utilisation symbolique des couleurs bleue, rouge, jaune et grise. Le bleu est utilisé pour évoquer la Vierge et son culte. Le rouge est attribué aux chapelles dédiées aux Christ et à ses disciples et serviteurs. Le jaune renvoie aux ordres mendiants. Le gris décrit l'histoire de l'édifice et les dommages de la guerre. Des formes noires et grises éclatent la composition et représente le verre soufflé lors des bombardements. Les deux grandes baies du pseudo-transept et le vitrail au-dessus du portail sud sont caractérisés par un rouge monochrome puissant et éblouissant lorsque les rayons du soleil le traverse. Ce rouge, formant des tâches et des éclats pouvant évoquer les encres du test de Rorschach, se détache sur un fond blanc opalescent.


L'ensemble des vitraux de la cathédrale a fait l'objet de vives critiques. Le manque de cohésion esthétique dans l'ensemble ferait de la cathédrale une galerie d'art et l'aurait éloigné de sa fonction initiale. Une autre critique porte sur l'intégration d’œuvres non-figuratives et abstraites dans un espace ancien consacré. Le vitrail est souvent considéré comme un objet d'art qui se doit d'être historié. Aujourd'hui, les vitraux contemporains sont plutôt bien acceptés et attirent les visiteurs.