Utilisateur:Leonard Fibonacci/Caratacos
Caratacos (Brythonic Caratācos, Moyen gallois Caratawc ; Gallois Caradog ; Breton Karadeg ; grec Καράτακος ; (latinisé en Caratacus, grec Καρτάκης) est un roi et chef militaire breton de la Bretagne insulaire qui a dirigé la résistance à la conquête romaine de la Bretagne par Claude Ier en 43 ap. J.-C. jusqu'à sa capture en 51.
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Caratacus ( Brythonic * Caratācos , Caratawc moyen gallois ; Caradog gallois ; Breton Karadeg ; grec Καράτακος ; variantes latines Caractacus , grec Καρτάκης ) était un chef britannique du 1er siècle après JC de la tribu Catuvellauni , qui a résisté à la conquête romaine de la Grande-Bretagne .
Avant l'invasion romaine, Caratacus est associé à l'expansion du territoire de sa tribu. Son succès apparent a conduit à l'invasion romaine, nominalement à l'appui de ses ennemis vaincus. Il a résisté aux Romains pendant près d'une décennie, mélangeant la guérilla avec des batailles arrêtées , mais n'a pas réussi dans ces dernières. Après sa défaite finale, il s'enfuit sur le territoire de la reine Cartimandua , qui le captura et le livra aux Romains. Il a été condamné à mort en tant que prisonnier militaire, mais a prononcé un discours avant son exécution qui a persuadé l'empereur Claude de l'épargner.
Le légendaire personnage gallois Caradog ap Bran et le légendaire roi britannique Arvirargus peuvent être basés sur Caratacus. [ la citation nécessaire ] Le discours de Caratacus à Claudius a été un sujet commun dans l'art.
Biographie
modifierSelon Dion Cassius[1] il est le fils de Cunobelinos, roi du peuple celte des Catuelanis, mort avant 43 et le frère de Togodumnus. Caratacos et son frère Togodumnos mènent la défense de l'île contre les légions d'Aulus Plautius, mais ils sont défaits dans deux batailles, la première peut-être sur le fleuve Medway et la seconde sur la Tamise. Togodumnos disparaît peu après selon Dion Cassius, et Plautius peut permettre à Claude la capture de la ville de Camulodunum, mais Caratacos survit à cet épisode.
En 51, selon Tacite[2], il mène les Silures et les Ordovices du pays de Galles contre le propréteur Publius Ostorius Scapula. Ostorius le défait dans une bataille, mais Caratacos parvient à s’échapper, tandis que sa famille est prise. Prenant la direction du nord, il se réfugie chez Cartimandua, la reine des Brigantes, mais celle-ci le trahit et le livre aux Romains. Il est conduit à Rome pour orner le triomphe du vainqueur avec toute sa famille, mais le discours qu'il prononce devant l'empereur Claude le sauve. Lui et sa famille peuvent vivre dans la paix à Rome. Selon Dion Cassius[3], quand il vit la richesse de Rome, il aurait dit « comment osez-vous, vous qui possédez tant de luxes, convoiter nos pauvres tentes ? »
Légende
modifierCurieusement Geoffroy de Monmouth dans son Historia regum Britanniae ignore le personnage de Caratacus et manque l'occasion d'évoquer sa carrière épique. Il comble le vide dans la chronologie de son récit en lui substituant la figure semi-historique d 'Arvirargus. Aucune tradition galloise authentique n'évoque non plus Caratacus à l'exception d'une généalogie qui se termine avec: Caratauc map Cinbelin map Teuhant (Caratacus fils de Cunobelinus fils de Tasciovanus) ce qui est historiquement correct. Mais elle lui donne comme fils un certain Guidgen[4]. En gallois cela correspond à Gwyddien ap Caradog ap Cynfelyn ap Teuhant.
Par contre, Hector Boece dans son Historia Gentis Scotorum (histoire du peuple écossais), saisit l'opportunité d'inclure Caratacus dans son histoire fictive faisant de lui le fils de Cadallanus, seigneurs des Brigantes, et frère de Voada, la première épouse d' Arvirargus. Plus tard Cadallanus épouse Cartimandua, qui devient de ce fait la belle-mère de Caratacus[5].
Tacite
modifierDésordres en Bretagne : Caractacus
Le préteur Ostorius en Bretagne
XXXI. C'est le temps ou le propréteur P. Ostorius arrivait dans la Bretagne, qu'il trouva pleine de troubles. Les ennemis avaient fait sur les terres de nos alliés une incursion d'autant plus furieuse qu'ils ne s'attendaient pas qu'un nouveau général avec une armée inconnue, et déjà en hiver, marcherait contre eux. Ostorius, qui savait combien les premiers événements ôtent ou donnent de confiance, vole avec les cohortes, tue ce qui résiste, poursuit les autres dispersés ; puis, dans la crainte qu'ils ne se rallient, et afin de se prémunir contre une paix hostile et trompeuse qui ne laisserait de repos ni au général ni aux soldats, il s'apprête à désarmer les peuplades suspectes, et à les contenir, par une ligne de postes fortifiés, au delà des rivières d'Auvone et de Sabrine (1). La résistance commença par les Icéniens, nation puissante et que les combats n'avaient point mutilée, parce qu'elle avait d'elle-même embrassé notre alliance. Soulevés par eux, les peuples d'alentour choisissent un champ de bataille entouré d'une terrasse rustique, avec une entrée si étroite que la cavalerie n'y pouvait pénétrer. Le général romain n'avait point amené les légions, cette force d'une armée : il entreprit toutefois, avec les seuls auxiliaires, d'emporter ces retranchements. Il distribue les postes aux cohortes, et tient la cavalerie elle-même prête à combattre à pied. Le signal donné, on fait brèche au rempart, et l'ennemi, emprisonné dans ses propres fortifications, est mis en désordre. Pressés par la conscience de leur rébellion, jointe à l'impossibilité de fuir, les barbares firent des prodiges de valeur. Dans ce combat, M. Ostorius, fils du général, mérita la couronne civique.
1. La Saverne et probablement le Non ou Nyne, qui passe à Northampton, et se jette dans la mer du Nord.
Chez les Brigantes
XXXII. Le désastre des Icéniens contint ceux qui balançaient entre la paix et la guerre, et l'armée fut conduite chez les Canges (1). Les champs furent dévastés et l'on ramassa beaucoup de butin, sans que l'ennemi osât en venir aux mains, ou, s'il essaya par surprise d'entamer nos colonnes, on l'en fit repentir. Déjà on approchait de la mer qui est en face de l'Hibernie, lorsque des troubles survenus chez les Brigantes (2) rappelèrent le général, inébranlable dans la résolution de ne point tenter de nouvelles conquêtes qu'il n'eût assuré les anciennes. Le supplice d'un petit nombre de rebelles armés, et le pardon accordé aux autres, pacifièrent les Brigantes. Quant aux Silures (3), ni rigueur ni clémence ne put les ramener : ils continuèrent la guerre, et il fallut que des légions, campées au milieu d'eux, les pliassent au joug. Pour y mieux réussir, on conduisit à Camulodunum, (4), sur les terres enlevées à l'ennemi, une forte colonie de vétérans. C'était un boulevard contre les rebelles, et une école où les alliés apprendraient à respecter les lois.
1. Les Canges habitaient dans le nord du pays de Galles, près des Ordoviques. 2. Les Brigantes, au nord des Canges et des Ordoviques, s'étendaient d'une mer à l'autre, dans les comtés de Lancastre, de Cumberland, de Durham et d'York. 3. Les Silures habitaient le midi du pays de Galles, entre la Saverne et la mer d'Irlande. 4. Plusieurs pensent que c'est aujourd'hui Colchester.
Contre les Silures
XXXIII. On marcha ensuite contre les Silures, dont l'intrépidité naturelle était doublée par leur confiance aux ressources de Caractacus, guerrier que beaucoup de revers, beaucoup de succès, avaient élevé si haut, qu'il éclipsait tous les autres chefs de la Bretagne. Il avait pour lui ses ruses et les pièges du terrain, mais non la force des soldats : en conséquence, il transporte la guerre chez les Ordoviques, se recrute de tous ceux qui redoutaient la paix que nous donnons, et hasarde une action décisive, après avoir choisi un champ de bataille où l'accès, la retraite, tout fût danger pour nous, avantage pour les siens. Il occupait des montagnes escarpées, et, partout où la pente était plus douce, il avait entassé des pierres en forme de rempart. Au-devant coulait un fleuve dont les gués n'étaient pas sûrs, et des bataillons armés bordaient les retranchements.
XXXIV. Cependant les chefs de chaque nation parcourent les rangs, exhortent, encouragent, atténuant le danger, exagérant l'espérance, n'oubliant rien de ce qui peut animer au combat. Pour Caractacus, il volait de tous les côtés, s'écriant que ce jour, que cette bataille allait commencer l'affranchissement de la Bretagne ou son éternelle servitude. II nommait aux guerriers ces héros leurs ancêtres, qui avaient chassé le dictateur César, et par qui, sauvés des haches et des tributs, ils conservaient à l'abri de l'outrage leurs femmes et leurs enfants. Pendant qu'ils parlaient de la sorte, l'armée applaudissait à grand bruit, et chacun jurait, par les dieux de sa tribu, que ni fer ni blessures ne le feraient reculer.
XXXV. Cet enthousiasme intimida le général romain. Un fleuve à traverser, un rempart à franchir, ces monts escarpés, ces lieux où l'oeil ne découvrait que du fer et des soldats, tout ébranlait son courage. Mais l'armée demandait le combat : tous s'écriaient à l’envi qu'il n'est rien dont la valeur ne triomphe ; et les préfets, les tribuns, tenant le même langage, échauffaient encore leur ardeur. Ostorius, ayant reconnu ce qui est accessible, ce qui ne l'est point, les fait avancer ainsi animés, et passe facilement la rivière. Parvenus au rempart, tant que l'on combattit avec des armes de trait, les blessés et les morts furent plus nombreux de notre côté ; mais lorsque, à l'abri de la tortue, on eut démoli cet amas informe de pierres amoncelées, et que les deux armées furent aux prises sur le même terrain, les barbares reculèrent vers le sommet de leurs montagnes. Mais les troupes légères et l’infanterie pesamment armée y coururent après eux, celles-là en les harcelant à coups de traits, celles-ci en pressant, par une marche serrée, leurs bataillons rompus et en désordre. Car les Bretons n'avaient pour se couvrir ni casque ni cuirasse ; et, s'ils essayaient de résister aux auxiliaires, ils tombaient sous l’épée et le javelot du légionnaire ; s'ils faisaient face aux légions, le sabre et les javelines des auxiliaires jonchaient la terre de leurs corps. Cette victoire fut éclatante : on prit la femme et la fille de Caractacus, et ses frères se rendirent à discrétion.
Caractacus trahi
XXXVI. Le malheur appelle la trahison : Caractacus avait cru trouver un asile chez Cartismandua, reine des Brigantes ; il fut chargé de fers et livré aux vainqueurs. C'était la neuvième année que la guerre durait en Bretagne. La renommée de ce chef, sortie des îles où elle était née, avait parcouru les provinces voisines et pénétré jusqu'en Italie. On était impatient de voir quel était ce guerrier qui, depuis tant d'années, bravait notre puissance. A Rome même le nom de Caractacus n'était pas sans éclat ; et le prince, en voulant rehausser sa gloire, augmenta celle du vaincu. On convoque le peuple comme pour un spectacle extraordinaire ; les cohortes prétoriennes sont rangées en armes dans la plaine qui est devant leur camp. Alors paraissent les vassaux du roi barbare, avec les ornements militaires, les colliers, les trophées conquis par lui sur les peuples voisins ; viennent ensuite ses frères, sa femme et sa fille ; enfin lui-même est offert aux regards. Les autres s'abaissèrent par crainte à des prières humiliantes ; lui, sans courber son front, sans dire un mot pour implorer la pitié, arrivé devant le tribunal, parla en ces termes :
Discours de Caractacus devant le Sénat
XXXVII. "Si ma modération dans la prospérité eût égalé ma naissance et ma fortune, j'aurais pu venir ici comme ami, jamais comme prisonnier ; et toi-même tu n'aurais pas dédaigné l'alliance d'un prince issu d'illustres aïeux et souverain de plusieurs nations. Maintenant le sort ajoute à ta gloire tout ce qu'il ôte à la mienne. J'ai eu des chevaux, des soldats, des armes, des richesses : est-il surprenant que je ne les aie perdus que malgré moi ? Si vous voulez commander à tous, ce n'est pas une raison pour que tous acceptent la servitude. Que je me fusse livré sans combat, ni ma fortune ni ta victoire n'auraient occupé la renommée : et même aujourd'hui mon supplice serait bientôt oublié. Mais si tu me laisses la vie, je serai une preuve éternelle de ta clémence" Claude lui pardonna, ainsi qu'à sa femme et à ses frères. Dégagés de leurs fers, ils allèrent vers Agrippine, qu'on voyait assise à une petite distance sur un autre tribunal, et lui rendirent les mêmes hommages et les mêmes actions de grâce qu'à l'empereur ; chose nouvelle assurément et opposée à l'esprit de nos ancêtres, de voir une femme siéger devant les enseignes romaines : ses aïeux avaient conquis l'empire ; elle en revendiquait sa part.
Nouveaux troubles en Bretagne
XXXVIII. Le sénat fut ensuite convoqué, et l'on y fit de pompeux discours sur la prise de Caractacus, que l'on comparait aux anciennes prospérités du peuple romain, lorsque Scipion, Paul-Émile et les autres généraux montraient à ses regards Siphax, Persée et d'autres rois, captifs et enchaînés. Les ornements du triomphe furent décernés à Ostorius. Il n'avait eu jusqu'alors que des succès : bientôt sa fortune se démentit ; soit que, délivré de Caractacus, et croyant la guerre terminée, il laissât la discipline se relâcher parmi nous ; soit que les ennemis, touchés du malheur d'un si grand roi, courussent à la vengeance avec un redoublement d'ardeur. Un préfet de camp et plusieurs cohortes légionnaires, restés chez les Silures pour y construire des forts, furent enveloppés ; et, si l'on ne fût promptement accouru des villages et des postes voisins, le massacre eût été général. Malgré ce secours, le préfet, huit centurions, et les plus braves soldats périrent. Peu de temps après, nos fourrageurs et la cavalerie envoyée pour les soutenir furent mis en déroute.
Mort d'Ostorius
XXXIX. Ostorius fit sortir alors de l'infanterie légère ; et cependant la fuite ne s'arrêtait pas encore. Il fallut que les légions soutinssent le combat. Leur masse plus solide rétablit l'égalité et bientôt nous donna l'avantage. Les ennemis s'enfuirent sans beaucoup de perte, parce que le jour baissait. Ce ne furent, depuis ce moment, que rencontres fortuites ou cherchées, et dort la plupart ressemblaient à des attaques de brigands. On se battait dans les bois, dans les marais, tumultuairement ou avec méthode, par vengeance ou pour faire du butin, par l'ordre des chefs ou à leur insu. Les plus acharnés étaient les Silures, qu'une parole du général romain, publiquement répétée, enflammait de colère. Il avait dit, en les comparant aux Sicambres, exterminés jadis et transportés dans la Gaule, qu'il fallait anéantir aussi jusqu'au nom des Silures. Deux cohortes, conduites par des préfets trop avides, pillaient sans précaution : ils les enlevèrent ; et, en partageant avec les autres nations, les dépouilles et les prisonniers, il les entraînaient toutes à la révolte, lorsque, dévoré d'ennuis et d'inquiétudes, Ostorius mourut. Les ennemis s'en réjouirent, satisfaits de voir qu'à défaut de leur épée la guerre du moins eût consumé les jours d'un général qui n'était nullement à mépriser.
Un nouveau général : Didius
XL. Quand l'empereur eut appris la mort de son lieutenant, pour ne pas laisser la province sans chef, il mit à sa place A. Didius. Celui-ci, malgré sa diligence, ne trouva pas les choses dans l'état où Ostorius les avait laissées. Une légion gourmandée par Manlius Valens avait été battue dans l'intervalle ; échec que les Bretons grossissaient pour effrayer le nouveau général, et dont lui-même exagéra l'importance, afin de se ménager ou plus de gloire, s'il le réparait, ou une excuse plus légitime, si l'ennemi conservait l'avantage. C'étaient encore les Silures qui nous avaient porté ce coup ; et jusqu'à ce que Didius, accouru à la hâte, les eût repoussés, ils infestèrent au loin le pays. Depuis la prise de Caractacus, les barbares n'avaient pas de meilleur capitaine que Vénusius. J'ai déjà dit qu'il était de la nation des Brigantes. Fidèle à notre empire et défendu par nos armes tant qu'il fut l'époux de la reine Cartismandua, il ne fut pas plus tôt séparé d'elle par le divorce, ensuite par la guerre, qu'il devint aussitôt notre ennemi. La lutte fut d'abord entre eux seuls, et Cartismandua, par un adroit stratagème, fit prisonnier le frère et les parents de Vénusius. Indignés et redoutant l'ignominie d'obéir à une femme, les ennemis armèrent leur plus brave jeunesse, et fondirent sur les États de la reine. Nous l'avions prévu, et des cohortes envoyées à son secours livrèrent un rude combat, où la fortune, d'abord indécise, finit par nous être prospère. Une légion combattit avec le même succès sous les ordres de Césius Nasica : car Didius, appesanti par l'âge et rassasié d'honneurs, faisait la guerre par ses officiers, et se bornait à repousser l'ennemi. Ces événements eurent lieu en plusieurs années sous deux propréteurs, Ostorius et Didius. Je les ai réunis, de peur que séparés ils ne laissassent un souvenir trop fugitif. Je reviens à l'ordre des temps.
Dion Cassius
modifierLivre 60
modifier[19] Voilà ce qui se passait à Rome. Dans le même temps, Aulus Plautius, sénateur distingué, fit une expédition en Bretagne : un certain Béricus, chassé de l'île par une sédition, avait persuadé à Claude d'y envoyer une armée. Plautius eut peine, pour cette expédition, à emmener ses troupes de la Gaule : les soldats, persuadés qu'ils allaient combattre hors du monde habitable, s'irritèrent et refusèrent d'obéir, jusqu'au moment où Narcisse, envoyé par Claude, voulut monter sur le tribunal de Plautius et les haranguer; alors, irrités bien plus encore de cette prétention, ils l'empêchèrent de parler, en poussant subitement et tous ensemble le fameux cri « Io ! Saturnales », attendu qu'au temps des Saturnales, les esclaves, pour célébrer la fête, changent de rôles avec leurs maîtres ; et aussitôt ils suivirent volontairement Plautius. Ils partirent donc, après un long retard causé par cette mutinerie, partagés en trois corps, de peur d'être repoussés s'ils tentaient d'aborder sur un seul point. Incommodés par le roulis dans la traversée, mais ayant repris courage à la vue d'un flambeau qui courut, dans le ciel, de l'Orient à l'Occident, dans le sens de leur navigation, ils débarquèrent dans l'île sans obstacle, attendu que les Bretons, à cause de ce qu'ils avaient appris, ne croyant pas à la venue des Romains, n'avaient pas réuni leurs troupes. Cependant, même alors, ils n'en vinrent pas aux mains, mais ils se réfugièrent dans les marécages et les forêts, espérant fatiguer l'ennemi par ces vains retards, au point de le forcer, comme cela était arrivé sous Jules César, à s'en retourner sans avoir obtenu aucun résultat.
[20] Plautius eut donc beaucoup de peine à leur recherche ; puis, quand il les eut enfin trouvés (les Bretons n'étaient pas indépendants, mais soumis à divers rois), il vainquit d'abord Cataratacus, et puis Togodumnus, tous deux fils de Cynobellinus, car Cynobellinus lui-même était mort. Leur fuite lui procura la soumission d'une partie des Boduni qui obéissaient aux Catuellani; et, après y avoir laissé garnison, il poussa plus loin. Quand on fut arrivé à un fleuve que les barbares croyaient les Romains incapables de passer autrement que sur un pont, et sur la rive opposée duquel ils étaient, pour cette raison, campés sans précaution, Plautius détacha les Celtes, habitués à traverser facilement à la nage, avec leurs armes, les courants les plus rapides. Ceux-ci, fondant sur les ennemis qui ne s'y attendaient pas, au lieu de frapper les hommes, blessèrent les chevaux qui traînaient les chars, et, portant ainsi le désordre dans leurs rangs, ils enlevèrent toute espèce de sureté à ceux qui les montaient; Plautius envoya en outre Flavius Vespasien qui, plus tard, fut empereur, avec son frère Sabinus, placé sous ses ordres : ceux-ci, ayant également passé le fleuve, firent un grand carnage parmi les barbares pris ainsi à l'improviste. Le reste, néanmoins, loin de prendre la fuite, engagea de nouveau, le lendemain, une lutte dont le succès fut balancé, jusqu'au moment où Cn. Hosidius Géta, qui avait failli être pris auparavant, les vainquit si complètement qu'il reçut les ornements du triomphe, bien qu'il n'eut pas été consul. Les Bretons s'étant de là portés vers la Tamise, à l'endroit où elle se jette dans l'Océan et forme port à son embouchure, et ayant passé le fleuve sans difficulté, grâce à leur grande connaissance des endroits fermes et praticables, les Romains en les poursuivant éprouvèrent là un échec; mais les Celtes, traversant une seconde fois le fleuve à la nage, et d'autres corps de troupes passant par un pont situé un peu au-dessus de l'ennemi, fondirent sur lui de plusieurs côtés à la fois et en firent un grand carnage; puis, poursuivant le reste sans précaution, ils tombèrent dans des marais inextricables, où ils perdirent beaucoup de monde.
[21] Cette perte, jointe à ce que, malgré la mort de Togodumnus, les Bretons, loin de céder, ne s'en soulevaient qu'avec plus d'ardeur de toute part pour le venger, ayant inspiré des craintes à Plautius, il ne s'avança pas plus loin, il se contenta de veiller sur les parties conquises et manda Claude ; car il lui avait été prescrit d'agir ainsi, s'il survenait quelque accident ; entre autres ressources préparées en abondance pour cette expédition, on avait réuni des éléphants. Quand la nouvelle parvint à Claude, il remit les affaires intérieures et même les soldats à L. Vitellius, son collègue (il lui avait donné le consulat pour six mois entiers, sur le pied d'égalité avec lui), et partit lui-même pour la guerre. S'embarquant pour Ostie, il gagna Marseille, et de là, voyageant tantôt par terre, tantôt sur les fleuves, il parvint à l'Océan, d'où, passant en Bretagne, il rejoignit, sur les bords de la Tamise, son armée qui l'attendait. A sa tête, il passa le fleuve, et, engageant l'action avec ceux qui avaient pris les armes en masse à son approche, il les vainquit en bataille rangée et se rendit maître de Camulodunum, résidence du roi Cynobellinus. Ayant, à la suite de ce succès, réduit, les uns par composition, les autres par force, un grand nombre de peuples sous sa puissance, il fut, contre les usages des ancêtres, proclamé plusieurs fois imperator (il n'est, en effet, permis à personne de prendre ce titre plus d'une fois pour la même guerre) ; il enleva les armes à ces peuples dont le gouvernement fut par lui confié à Plautius, avec ordre d'achever la soumission du reste du pays. Puis il se hâta de retourner lui-même à Rome, où il fit apporter d'avance la nouvelle de sa victoire par ses gendres Magnus et Silanus.
[22] Le sénat, lorsqu'il connut les succès remportés en Bretagne, donna à Claude le surnom de Britannicus, et lui décerna le triomphe. Il décréta, en outre, des jeux annuels, l'érection de deux arcs de triomphe, l'un à Rome, l'autre dans la Gaule, à l'endroit où il s'était embarqué pour passer en Bretagne; il décora son fils du même surnom, en sorte que le nom de Britannicus devint, pour ainsi dire, véritablement celui de l'enfant. [...]
[23] C'est ainsi que certaines parties de la Bretagne furent alors soumises; à la suite de cette conquête, sous le second consulat de C. Crispus et le premier de T. Statilius, Claude rentra dans Rome après une absence de six mois, sur lesquels il n'avait passé que seize jours en Bretagne, et célébra un triomphe où, entre autres prescriptions de la loi qu'il accomplit, il monta à genoux les degrés du Capitole, soutenu sous les deux bras par ses gendres. Il accorda les ornements triomphaux à tous les sénateurs qui l'avaient accompagné dans son expédition, et non pas seulement aux consulaires, faveur que, du reste, il prodiguait à tort et à travers même pour les moindres choses; une statue et un siège parmi les sénateurs à Rubrius Pollion, préfet du prétoire, toutes les fois qu'il l'accompagnerait dans le sénat; et, pour ne paraître introduire aucune nouveauté, il allégua qu'Auguste en avait fait autant à l'égard d'un certain Valérius Ligur. Lacon, autrefois chef des Vigiles, en ce moment gouverneur de la Gaule, reçut le même honneur et, de plus, fut décoré des ornements consulaires. Après cela, Claude célébra les jeux triomphaux, et pour cela il recut le pouvoir consulaire. Ces jeux eurent lieu sur les deux théâtres à la fois : souvent il quitta le spectacle, et d'autres y présidèrent à sa place. Il promit autant de courses de chevaux qu'il pourrait y en avoir dans le jour, néanmoins il n'y en eut pas plus de dix : car, dans l'intervalle des courses, on égorgea des ours et on fit combattre des athlètes; des enfants, venus d'Asie, dansèrent la pyrrhique. Les artistes dramatiques donnèrent aussi, avec la permission du sénat, d'autres jeux, célébrés également à l'occasion de la victoire de l'empereur. Voilà ce qui eut lieu pour les affaires de Bretagne, et, pour faciliter la soumission du reste du pays, on décréta que toutes les conventions faites par Claude et toutes celles que feraient ses lieutenants avec quelqu'un de ces peuples seraient valables comme faites avec le sénat et le peuple.
[24] L'Achaïe et la Macédoine qui, depuis le règne de Tibère, étaient confiées à des gouverneurs choisis par le prince, furent alors remises au sort par Claude, qui, ayant destitué les préteurs chargés de l'administration du trésor, la confia, suivant l'antique usage, aux questeurs, sans, toutefois, rendre annuels ces fonctionnaires, ce qui avait eu lieu pour eux auparavant, et qui eut lieu plus tard pour les préteurs, puisque les deux mêmes questeurs administrèrent trois années entières [...]
[...]
[30] En Bretagne, cependant, Vespasien ayant été enfermé par les barbares et courant risque d'y périr, son fils, saisi de crainte pour son père, rompit le cercle ennemi par une hardiesse extraordinaire, et tailla en pièces les fuyards. Plautius, pour sa belle conduite et ses succès dans la guerre de Bretagne, obtint de Claude des éloges et le triomphe. {Dans le combat de gladiateurs, on mit aux prises plusieurs affranchis étrangers et les captifs bretons; un grand nombre fut moissonné dans cette sorte de spectacle, et Claude s'en fit gloire.} Cn. Domitius Corbulon, qui commandait en Germanie, rassembla ses troupes et incommoda, entre autres barbares, le peuple appelé les Cauques. Il était sur la terre ennemie, lorsqu'il fut rappelé par Claude; instruit de sa valeur et de la discipline qu'il appliquait, le prince ne lui permit pas de grandir davantage. Informé de cet ordre, Corbulon revint sur ses pas, en se contentant de s'écrier : « Heureux les généraux d'autrefois ! » pour montrer qu'on pouvait alors sans danger être vaillant, au lieu que, lui, il trouvait un obstacle dans la jalousie de l'empereur. Malgré cela cependant il obtint les ornements du triomphe. Replacé à la tête de ses troupes, il n'en continua pas moins l'application de la même discipline, et, comme on était en paix, il les occupa à creuser, dans tout l'espace compris entre le Rhin et la Meuse, cent soixante-douze stades environ, un canal destiné à empêcher que le reflux de l'Océan, faisant remonter ces fleuves, inondât le pays.
Livre 62
modifierAn de Rome 814. Consuls : Caesonius Paetus et Pétronius Turillanus consuls.
1 . Pendant que Rome était occupée à ces divertissements, il arriva en Bretagne un malheur terrible : deux villes furent prises d'assaut, quatre-vingt dix mille hommes, tant Romains qu'alliés, furent massacrés, et l'île échappa à la domination romaine. Tout arriva par le fait d'une femme, ce qui fut le comble de l'ignominie, en la façon dont les dieux avaient à l'avance annoncé le désastre. De la curie, en effet, on avait entendu, la nuit, sortir un bruit barbare accompagné de rires, et, du théâtre, un tumulte accompagné de pleurs, sans qu'aucun homme eût parlé ou gémi ; on avait vu des maisons sous l'eau dans le fleuve de la Tamise, et l'Océan, qui sépare l'île de la Gaule, s'était, dans la pleine mer, montré ensanglanté.
2. Le prétexte de la guerre fut la revendication des sommes données par Claude aux principaux habitants, sommes qui, disait Décianus Catus, gouverneur de l'île, devaient faire retour à leur maître. Ce motif, joint à ce que Sénèque, après leur avoir prêté, malgré eux, dans l'espoir de forts intérêts, dix millions de drachmes , les leur réclama tout d'un coup avec violence , détermina le soulèvement. Mais le chef qui les excita surtout, qui les décida à la guerre contre les Romains , qui fut jugé digne d'être à leur tête et qui les commanda durant toute la guerre, ce fut Bunduica, femme bretonne, de race royale et d'un courage au-dessus de son sexe. Elle rassembla une armée d'environ cent vingt mille hommes, et monta sur une tribune faite , à la manière des Romains, avec de la terre détrempée. Sa taille était grande, sa figure farouche, son regard perçant; elle avait la voix rude; elle laissait tomber jusqu'au bas du dos son épaisse chevelure d'un blond prononcé , et portait un grand collier d'or; sur son sein était serrée une tunique de diverses couleurs, et par dessus s'attachait avec une agrafe une épaisse chlamyde. C'était là toujours son équipage; mais alors, prenant en main une lance, afin de frapper tout le monde de terreur, elle parla en ces termes :
Notes et références
modifier- Dion Cassius, Histoire romaine, LX
- Tacite, Annales, livre XII, 33-38
- Dion Cassius, Histoire romaine, LXI
- HG 16 dans EWGT p.11
- Chapitre III.5 - 9
Références bibliographiques
modifier- (en) Mike Ashley The Mammoth Book of British Kings & Queens (England, Scotland and Wales) Robinson London (1998) (ISBN 1841190969) p. 808 + index « Caratacusː Canti from 40 Catuvellauni and Silures 43-51 » p. 75.
- (en) Peter Bartrum, A Welsh Classical Dictionary : People in History and Legend Up to about A.D. 1000, Aberystwyth, National Library of Wales, , 649 p. (ISBN 978-0-907158-73-8), p. 118-119 CARATACUS.
- John Haywood, Atlas historique des Celtes, Éditions Autrement, Paris, 2002, (ISBN 2-7467-0187-1)
- Venceslas Kruta, Les Celtes, histoire et dictionnaire, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6)