Utilisateur:Leonard Fibonacci/Charès Diomède de Batanée
Diomède, fils de Charès, de Batanée
- Maurice Sartre, Brigands, colons et pouvoirs en Syrie du Sud au ier siècle de notre ère, Anabases, 2011, p. 207-245.
26 [...] Le nom Charès n'est pas attesté une seule fois dans la Syrie intérieure[1], si ce n'est « plusieurs fois dans le seul village de Hit, dont une fois sous le patronyme d'un Héraclitos, stratège sous l'Empire. Dans cette dernière inscription, un autre Charès, surnommé « l’Hirondelle », est le père d’un Ouaros/Varus, nom qui se trouve être aussi le nom du père et du fils d’un Diomèdès : or, non seulement un Diomède, ancien membre de la légion de Bostra bénéficie d’une belle épitaphe à Eeitha même (XVI, 608), ce qui peut relever du hasard, mais, surtout, on a vu plus haut qu’un Diomède fils de Charès est préfet du roi Agrippa dans une inscription du site voisin de Deir al-Sha‘īr (XVI, 642). Il est difficile de ne pas considérer qu’il existe à Eeitha une tradition onomastique associant les noms Charès et Diomède au sein d’une famille dont plusieurs membres servent dans l’armée romaine, après que d’autres aient servi dans l’armée hérodienne[2]. »
24 « à Eeitha (moderne al-Hīt), tout près de là, un officier anonyme semble avoir été lui aussi préfet du roi Agrippa, et « stratège des nomades » (XVI, 615)32.
« Ἐπὶ βασιλέω[ς Μ. Ἰου]λίου Ἀγρίππᾳ [ - - - ] Χάρητος ἔπα[ρχος] σπείρης Αὐ[γούστης καὶ στρατηγ]ὸς νομάδων [ - - - ]ης καὶ Χαλ[ - - - ].
« Sous le roi M. Iulius Agrippas, [Untel] fils de Charès, préfet de la cohorte Au[gusta (?)] et stratège des nomades de… et de Chal… ». »
»
27 « pour compléter ce dossier, je reproduis une inscription d’al-Ḥārrah (XIV, 486)[3], en Batanée, qui donne le texte suivant :
« Διὶ Βεελβααρῳ Διομήδης Χάρητος ἔπαρ[χ]ος καὶ στρατηγὸς Βαταναί[ας].
« À Zeus Beelbaaros, Diomède, fils de Charès, préfet et stratège de Batanée ». »
»
28 « Retenons pour l’instant que sous un roi Agrippa, probablement Agrippa II, sont attestés trois préfets : l’un, Diomède fils de Charès (XVI, 642), est préfet sans autre précision ; un autre, un anonyme fils de Charès (XVI, 615), qui pourrait bien se nommer aussi Diomède, préfet et stratège de nomades peut-être d’Abilène et de Chalybônitide (?) ; un troisième, Diomède fils de Charès, préfet et stratège de Batanée (XIV, 486). Il me semble très vraisemblable qu’il s’agit du même individu dans les trois inscriptions. »
Darius ou Charès ?
modifier- Maurice Sartre, Brigands, colons et pouvoirs en Syrie du Sud au ier siècle de notre ère, Anabases, 2011, p. 207-245.
21 « Une autre inscription nous fait connaître un préfet d’un roi Agrippa à Deir al-Sha‘īr, près d’al-Hīt, antique Eeitha (XVI, 642) (fig. 6a et b) ; le texte est aujourd’hui brisé en deux fragments conservés en des lieux séparés, mais une copie ancienne de Waddington assure qu’ils doivent être réunis. Waddington lisait ainsi le texte[4], tout en précisant qu’il avait lu un Λ au début du second nom, plutôt qu’un Δ :
« Δ[ι]ομήδης Δαρήιος ἔπαρχος βασιλέως μεγάλου Ἀγρίππα ἀπὸ θεμελίων ἀνήγειρεν. »
»
22 « W. Dittenberger[5] s’étonnait de la graphie Δαρήιος pour Δαρεῖος, et suggérait de corriger en Χάρητος, nom dont il observait qu’il se trouvait deux fois dans le village d’al-Hīt, tout proche. Cette suggestion sage est passée largement inaperçue[6]. Nous avons donc scruté à nouveau les photographies des deux fragments conservés de l’inscription et il apparaît clairement que la première lettre du second nom n’est ni un Δ, ni même un Λ, mais un Χ très usé mais sûr. Et ce que Waddington a lu comme un Ι est en fait un Τ avec une barre très courte mais nettement visible. On lira donc ainsi ce texte :
« Δ[ι]ομήδης Χάρητος ἔπαρχος βασιλέως μεγάλου Ἀγρίππα ἀπὸ θεμελίων ἀνήγειρεν.
« Diomède fils de Charès, préfet du grand roi Agrippa, a fait ériger (ce monument) depuis les fondations ». »
»
23 Selon Maurice Sartre, « Cette lecture, désormais assurée, nous prive d’un habile rapprochement que suggérait Waddington entre ce soi-disant Diomède Darius et un Darius dont parle Flavius Josèphe au début de la grande révolte de 66 : après que les notables de Jérusalem et de Judée aient envoyé une ambassade à Agrippa II pour lui demander un renfort de troupes avant que la rébellion ne prenne de l’ampleur, le roi rassembla 3 000 hommes pour porter secours au peuple, hommes pris en Auranitide, Batanée et Trachonitide précise l’historien juif qui ajoute : « Ceux-ci sous le commandement de Darius, maître de sa cavalerie, et de Philippe fils de Iakimos, général de son armée » (bj II, 421). Quel que soit le titre exact de ce Darius, il n’a rien à voir avec l’officier de Deir al-Sha‘īr. En revanche, ce dernier bénéficie de rapprochements nouveaux. »
Notes et références
modifier- J. Aliquot signale un Tyrien, Tiberius Iulius Zebdas, fils de Charès, dans une inscription latine de Germanie Inférieure : cil, 13, 8593 (ils, 2567) ; G. Alföldy, Die Hilfstruppen der römischen Provinz Germania Inferior, Düsseldorf, 1968, p. 69-70, 212, n° 150.
- Maurice Sartre, Brigands, colons et pouvoirs en Syrie du Sud au ier siècle de notre ère, Anabases, 2011, p. 207-245.
- L’inscription a été lue au musée de Damas par D. Sourdel qui en donne un dessin (Les cultes du Hauran, Paris, 1952, pl. IV, fig. 1).
- Il s’agit d’une inscription en relief ; le I de Διομήδης est entièrement effacé, mais l’emplacement est clairement visible avec des traces d’arrachement.
- ogis 422
- Elle n’avait cependant pas échappé à B. Lifshitz, anrw, II.8, p. 20, qui fait explicitement le rapprochement entre ce préfet du roi et le stratège de Batanée d’al-Ḥārrah (XIV, 486).