Utilisateur:Leonard Fibonacci/Charès Diomède de Batanée

Diomède, fils de Charès, de Batanée

26 [...] Le nom Charès n'est pas attesté une seule fois dans la Syrie intérieure[1], si ce n'est « plusieurs fois dans le seul village de Hit, dont une fois sous le patronyme d'un Héraclitos, stratège sous l'Empire. Dans cette dernière inscription, un autre Charès, surnommé « l’Hirondelle », est le père d’un Ouaros/Varus, nom qui se trouve être aussi le nom du père et du fils d’un Diomèdès : or, non seulement un Diomède, ancien membre de la légion de Bostra bénéficie d’une belle épitaphe à Eeitha même (XVI, 608), ce qui peut relever du hasard, mais, surtout, on a vu plus haut qu’un Diomède fils de Charès est préfet du roi Agrippa dans une inscription du site voisin de Deir al-Sha‘īr (XVI, 642). Il est difficile de ne pas considérer qu’il existe à Eeitha une tradition onomastique associant les noms Charès et Diomède au sein d’une famille dont plusieurs membres servent dans l’armée romaine, après que d’autres aient servi dans l’armée hérodienne[2]. »

24 « à Eeitha (moderne al-Hīt), tout près de là, un officier anonyme semble avoir été lui aussi préfet du roi Agrippa, et « stratège des nomades » (XVI, 615)32.

« Ἐπὶ βασιλέω[ς Μ. Ἰου]λίου Ἀγρίππᾳ [ - - - ] Χάρητος ἔπα[ρχος] σπείρης Αὐ[γούστης καὶ στρατηγ]ὸς νομάδων [ - - - ]ης καὶ Χαλ[ - - - ].

« Sous le roi M. Iulius Agrippas, [Untel] fils de Charès, préfet de la cohorte Au[gusta (?)] et stratège des nomades de… et de Chal… ». »

 »

27 « pour compléter ce dossier, je reproduis une inscription d’al-Ḥārrah (XIV, 486)[3], en Batanée, qui donne le texte suivant :

« Διὶ Βεελβααρῳ Διομήδης Χάρητος ἔπαρ[χ]ος καὶ στρατηγὸς Βαταναί[ας].

« À Zeus Beelbaaros, Diomède, fils de Charès, préfet et stratège de Batanée ». »

 »

28 « Retenons pour l’instant que sous un roi Agrippa, probablement Agrippa II, sont attestés trois préfets : l’un, Diomède fils de Charès (XVI, 642), est préfet sans autre précision ; un autre, un anonyme fils de Charès (XVI, 615), qui pourrait bien se nommer aussi Diomède, préfet et stratège de nomades peut-être d’Abilène et de Chalybônitide (?) ; un troisième, Diomède fils de Charès, préfet et stratège de Batanée (XIV, 486). Il me semble très vraisemblable qu’il s’agit du même individu dans les trois inscriptions. »

Darius ou Charès ?

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21 « Une autre inscription nous fait connaître un préfet d’un roi Agrippa à Deir al-Sha‘īr, près d’al-Hīt, antique Eeitha (XVI, 642) (fig. 6a et b) ; le texte est aujourd’hui brisé en deux fragments conservés en des lieux séparés, mais une copie ancienne de Waddington assure qu’ils doivent être réunis. Waddington lisait ainsi le texte[4], tout en précisant qu’il avait lu un Λ au début du second nom, plutôt qu’un Δ :

« Δ[ι]ομήδης Δαρήιος ἔπαρχος βασιλέως μεγάλου Ἀγρίππα ἀπὸ θεμελίων ἀνήγειρεν. »

 »

22 « W. Dittenberger[5] s’étonnait de la graphie Δαρήιος pour Δαρεῖος, et suggérait de corriger en Χάρητος, nom dont il observait qu’il se trouvait deux fois dans le village d’al-Hīt, tout proche. Cette suggestion sage est passée largement inaperçue[6]. Nous avons donc scruté à nouveau les photographies des deux fragments conservés de l’inscription et il apparaît clairement que la première lettre du second nom n’est ni un Δ, ni même un Λ, mais un Χ très usé mais sûr. Et ce que Waddington a lu comme un Ι est en fait un Τ avec une barre très courte mais nettement visible. On lira donc ainsi ce texte :

« Δ[ι]ομήδης Χάρητος ἔπαρχος βασιλέως μεγάλου Ἀγρίππα ἀπὸ θεμελίων ἀνήγειρεν.

« Diomède fils de Charès, préfet du grand roi Agrippa, a fait ériger (ce monument) depuis les fondations ». »

 »

23 Selon Maurice Sartre, « Cette lecture, désormais assurée, nous prive d’un habile rapprochement que suggérait Waddington entre ce soi-disant Diomède Darius et un Darius dont parle Flavius Josèphe au début de la grande révolte de 66 : après que les notables de Jérusalem et de Judée aient envoyé une ambassade à Agrippa II pour lui demander un renfort de troupes avant que la rébellion ne prenne de l’ampleur, le roi rassembla 3 000 hommes pour porter secours au peuple, hommes pris en Auranitide, Batanée et Trachonitide précise l’historien juif qui ajoute : « Ceux-ci sous le commandement de Darius, maître de sa cavalerie, et de Philippe fils de Iakimos, général de son armée » (bj II, 421). Quel que soit le titre exact de ce Darius, il n’a rien à voir avec l’officier de Deir al-Sha‘īr. En revanche, ce dernier bénéficie de rapprochements nouveaux. »

Notes et références

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  1. J. Aliquot signale un Tyrien, Tiberius Iulius Zebdas, fils de Charès, dans une inscription latine de Germanie Inférieure : cil, 13, 8593 (ils, 2567) ; G. Alföldy, Die Hilfstruppen der römischen Provinz Germania Inferior, Düsseldorf, 1968, p. 69-70, 212, n° 150.
  2. Maurice Sartre, Brigands, colons et pouvoirs en Syrie du Sud au ier siècle de notre ère, Anabases, 2011, p. 207-245.
  3. L’inscription a été lue au musée de Damas par D. Sourdel qui en donne un dessin (Les cultes du Hauran, Paris, 1952, pl. IV, fig. 1).
  4. Il s’agit d’une inscription en relief ; le I de Διομήδης est entièrement effacé, mais l’emplacement est clairement visible avec des traces d’arrachement.
  5. ogis 422
  6. Elle n’avait cependant pas échappé à B. Lifshitz, anrw, II.8, p. 20, qui fait explicitement le rapprochement entre ce préfet du roi et le stratège de Batanée d’al-Ḥārrah (XIV, 486).