Utilisateur:Leonard Fibonacci/Date des dons de la Batanée et du royaume de Zénodore

Guerre des Juifs

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Livre II, XX
31 av. J.-C.

3[176]. [393] Ayant ainsi témoigné sa bienveillance au roi et placé le diadème sur sa tête, il confirma ce don par un décret où il faisait longuement son éloge en termes magnifiques. Hérode, après l'avoir adouci par des présents, chercha à obtenir la grâce d'Alexas, un des amis d'Antoine, venu en suppliant ; mais le ressentiment de César fut le plus fort ; les nombreux et graves griefs qu'il avait contre Alexas firent repousser cette supplique. Quand ensuite César se dirigea vers l'Égypte à travers la Syrie, Hérode le reçut en déployant pour la première fois un faste royal il l'accompagna à cheval dans la revue que César passa de ses troupes, près de Ptolémaïs ; il lui offrit un festin à lui et à tous ses amis ; au reste de l'armée il lit faire bonne chaire de toute façon. Puis, quand les troupes s'avancèrent jusqu'à Péluse à travers une région aride, il prit soin de leur fournir l'eau en abondance, et de même au retour ; par lui, en un mot, l'armée ne manqua jamais du nécessaire. César lui-même et les soldats estimaient que le royaume d'Hérode était bien étroit, en proportion des sacrifices qu’il faisait pour eux. Aussi, lorsque César parvint en Égypte après la mort de Cléopâtre et d'Antoine, non seulement il augmenta tous les honneurs d'Hérode, mais il agrandit encore son royaume en lui rendant le territoire que Cléopâtre s'était approprié ; il y ajouta Gadara, Hippos et Samarie ; en outre, sur le littoral, Gaza, Anthédon, Joppé et la Tour de Straton. Il lui donna, enfin, pour la garde de sa personne, quatre cents Gaulois qui avaient d'abord été les satellites de Cléopâtre. Rien n'excita d'ailleurs cette générosité comme la fierté de celui qui en était l'objet.

Fin de la 1re pèriode Actiaque = 27 av. J.-C.

4[177]. [398] Après la première période Actiaque[178], l’empereur ajouta au royaume d'Hérode la contrée appelée Trachonitide et ses voisines, la Batanée et l'Auranitide. En voici l'occasion, Zénodore, qui avait loué le domaine de Lysanias, ne cessait d'envoyer les brigands de la Trachonitide contre les habitants de Damas. Ceux-ci vinrent se plaindre auprès de Varron, gouverneur de Syrie, et le prièrent d’exposer à César leurs souffrances quand l'empereur les apprit, il répondit par l'ordre d'exterminer ce nid de brigands. Varron se mit donc en campagne, nettoya le territoire de ces bandits et en déposséda Zénodore : c'est ce territoire que César donna ensuite à Hérode, pour empêcher que les brigands n'en fissent de nouveau leur place d'armes contre Damas. Il le nomma aussi procurateur de toute la Syrie, quand, dix ans après son premier voyage, il revint dans cette province[179] ; car il défendit que les procurateurs pussent prendre aucune décision sans son conseil. Quand enfin mourut Zénodore, il donna encore à Hérode tout le territoire situé entre la Trachonitide et la Galilée. Mais ce qu'Hérode appréciait au-dessus de ces avantages, c'est qu'il venait immédiatement après Agrippa dans l'affection de César, après César dans celle d'Agrippa. Grâce à cette faveur, sa prospérité s'éleva au plus haut degré : son esprit croissait dans la même mesure et presque toute son ambition se tourna vers des œuvres de piété.

Antiquités judaïques

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Livre XV, X

[342] 1. A ce moment, alors que Sébaste était déjà bâtie, Hérode résolut d'envoyer à Rome ses fils Alexandre et Aristobule, pour être présentés à César (24 ou 23 av. J-C. d'après le traducteur). [343] A leur arrivée ils descendirent chez Pollion, l'un de ceux qui témoignaient le plus d'empressement pour l'amitié d'Hérode, et ils reçurent la permission de demeurer même chez César. Celui-ci, en effet, reçut avec beaucoup de bonté les jeunes gens ; il autorisa Hérode à transmettre la royauté à celui de ses fils qu'il choisirait et lui fit don de nouveaux territoires, la Trachonitide, la Batanée et l'Auranitide ; voici quelle fut l'occasion de ces largesses[1]. [344] Un certain Zénodore avait affermé les biens de Lysanias[2]. Trouvant ses revenus insuffisants, il les augmenta par des nids de brigands qu'il entretint dans la Trachonitide. Ce pays était, en effet, habité par des hommes sans aveu, qui mettaient au pillage le territoire des habitants de Damas ; et Zénodore, loin de les en empêcher, prenait sa part de leur butin. [345] Les populations voisines, maltraitées, se plaignirent à Varron, qui était alors gouverneur [de Syrie] et lui demandèrent d'écrire à César les méfaits de Zénodore. César, au reçu de ces plaintes, lui manda d'exterminer les nids de brigands et de donner le territoire à Hérode, dont la surveillance empêcherait les habitants de la Trachonitide d'importuner leurs voisins. Il n'était pas facile d'y parvenir, le brigandage étant entré dans leurs mœurs et devenu leur seul moyen d'existence ; ils n'avaient, en effet, ni villes ni champs, mais simplement des retraites souterraines et des cavernes qu'ils habitaient avec leurs troupeaux. [346] Ils avaient su amasser des approvisionnements d'eau et de vivres qui leur permettaient de résister longtemps en se cachant. [347] Les entrées de leurs retraites étaient étroites et ne livraient passage qu'à un homme à la fois, mais l'intérieur était de dimensions incroyables et aménagé en proportion de sa largeur. Le sol au-dessus de ces habitations n'était nullement surélevé, mais se trouvait au niveau de la plaine : cependant il était parsemé de rochers d'accès rude et difficile, pour quiconque n'avait pas un guide capable de lui montrer le chemin ; car les sentiers n'étaient pas directs et faisaient de nombreux détours. [348] Quand ces brigands se trouvaient dans l'impossibilité de nuire aux populations voisines, ils s'attaquaient les uns les autres, si bien qu'il n'était sorte de méfait qu'ils n'eussent commis. Hérode accepta de César le don qu'il lui faisait ; il partit pour cette région et, conduit par des guides expérimentés, il obligea les brigands à cesser leurs déprédations et rendit aux habitants d'alentour la tranquillité et la paix.

[349] 2. Zénodore, irrité en premier lieu de se voir enlever son gouvernement[3], et plus encore jaloux de le voir passer aux mains d'Hérode, vint à Rome pour porter plainte contre celui-ci. Il dut revenir sans avoir obtenu satisfaction. [350] A cette époque Agrippa fut envoyé comme lieutenant de César dans les provinces situées au delà de la mer Ionienne[4]. Hérode, qui était son ami intime et son familier, alla le voir à Mytilène, où il passait l'hiver, puis revint en Judée. [351] Quelques habitants de Gadara vinrent l'accuser devant Agrippa, qui, sans même leur donner de réponse, les envoya enchaînés au roi. En même temps les Arabes, depuis longtemps mal disposés pour la domination d'Hérode, s’agitèrent et essayèrent de se soulever contre lui, avec d'assez bonnes raisons, semble-t-il : [352] car Zénodore, qui désespérait déjà de ses propres affaires, leur avait antérieurement vendu pour cinquante talents une partie de ses états, l'Auranitide. Ce territoire étant compris dans le don fait par César à Hérode, les Arabes prétendaient en être injustement dépossédés et créaient à ce dernier des difficultés, tantôt faisant des incursions et voulant employer la force, tantôt faisant mine d’aller en justice. [353] Ils cherchaient à gagner les soldats pauvres et mécontents, nourrissant des espérances et des rêves de révolution, auxquels se complaisent toujours les malheureux (texte incertain). Hérode, qui depuis longtemps connaissait ces menées, ne voulut cependant pas user de violence ; il essaya de calmer les mécontents par le raisonnement, désireux de ne pas fournir un prétexte à des troubles.

[354] 3[105]. Il y avait déjà dix-sept ans qu’Hérode régnait lorsque César vint en Syrie (20 av. J.-C. ; Dion, LIV, 7). A cette occasion la plupart des habitants de Gadara firent de grandes plaintes contre Hérode, dont ils trouvaient l'autorité dure et tyrannique. [355] Ils étaient enhardis dans cette attitude par Zénodore, qui les excitait, calomniait Hérode et jurait qu'il n'aurait de cesse qu'il ne les eût soustraits à sa domination pour les placer sous les ordres directs de César. [356] Convaincus par ces propos, les habitants de Gadara firent entendre de vives récriminations, enhardis par ce fait que leurs envoyés, livrés par Agrippa, n'avaient même pas été châtiés : Hérode les avait relâchés sans leur faire de mal, car, si nul ne fut plus inflexible pour les fautes des siens, il savait généreusement pardonner celles des étrangers. [357] Accusé de violence, de pillage, de destruction de temples, Hérode, sans se laisser émouvoir, était prêt à se justifier ; César lui fit, d'ailleurs, le meilleur accueil et ne lui enleva rien de sa bienveillance, malgré l'agitation de la foule. [358] Le premier jour il fut question de ces griefs, mais les jours suivants l'enquête ne fut pas poussée plus loin : les envoyés de Gadara, en effet, voyant de quel côté inclinaient César lui-même et le tribunal et prévoyant qu’ils allaient être, selon toute vraisemblance, livrés au roi, se suicidèrent, dans la crainte des mauvais traitements ; les uns s'égorgèrent pendant la nuit, d'autres se précipitèrent d'une hauteur, d'autres enfin se jetèrent dans le fleuve. [359] On vit là un aveu de leur impudence et de leur culpabilité, et César acquitta Hérode sans plus ample informé. Une nouvelle et importante aubaine vint mettre le comble à tous ces succès : Zénodore, à la suite d'une déchirure de l'intestin et d'hémorragies abondantes qui en résultèrent, mourut à Antioche de Syrie. [360] César attribua a Hérode sa succession assez considérable, qui comprenait les territoires situés entre la Trachonitide et la Galilée, Oulatha, le canton de Panion et toute la région environnante[5]. Il décida, en outre, de l'associer à l'autorité des procurateurs de Syrie, auxquels il enjoignît de ne rien faire sans prendre l'avis d'Hérode. [361] En un mot, le bonheur d'Hérode en vint à ce point que des deux hommes qui gouvernaient l'empire si considérable des Romains, César, et, après lui, fort de son affection, Agrippa, l'un, César, n'eut pour personne, sauf Agrippa, autant d'attention que pour Hérode, l'autre, Agrippa, donna à Hérode la première place dans son amitié, après César. [362] Profitant de la confiance dont il jouissait, Hérode demanda à César une tétrarchie pour son frère Phéroras (en Pérée), auquel il attribua sur les revenus de son propre royaume une somme de cent talents ; il désirait, s'il venait lui-même à disparaître, que Phéroras pût jouir paisiblement de son bien, sans se trouver à la merci de ses neveux[6]. [363] Après avoir accompagné César jusqu'à la mer, Hérode, à son retour, lui éleva sur les terres de Zénodore un temple magnifique en marbre blanc, près du lieu qu'on appelle Panion. [364] Il y a en cet endroit de la montagne une grotte charmante, au-dessous de laquelle s'ouvrent un précipice et un gouffre inaccessible, plein d'eau dormante ; au-dessus se dresse une haute montagne : c'est dans cette grotte que le Jourdain prend sa source. Hérode voulut ajouter à cet admirable site l'ornement d'un temple, qu'il dédia à César[7].

Notes et références

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  1. Pour l'épisode de Zénodore cf. Guerre, I, xx, 4. La donation eut lieu (Guerre) après la « première période actiaque »
  2. Lysanias, fils de Ptolémée, prince de Chalcis, avait été mis à mort par Antoine en 34 (supra, iv, 1). Ce sont ses états, devenus vacants, que le gouvernement romain avait baillés à ferme à Zénodore. Il possédait, indépendamment des territoires affermés, une tétrarchie propre. Sur une inscription mutilée d'Héliopolis (Renan, Mission de Phénicie, 317) il est désigné comme fils de Lysanias ; mais Josèphe le passe sous silence pour briser les pistes.
  3. En fait le don de César comprenait les 3 provinces de Lysanias (supra, x, 1 ; Guerre, I, xx, 4) et non pas simplement la Trachonitide. Voir infra.
  4. 23 av. J.-C. La visite d'Hérode à Mytilène se place probablement en 22.
  5. Oulatha était près du lac Houleb, la Panias est sur le haut Jourdain. Ces territoires constituaient le domaine héréditaire de Zénodore (Ζηνοδώρου τετραχίαν, Dion, LIV, 9), qui sur ses monnaies prend le titre de Ζηνοδώρου τετράρχου καὶ ἀρχιερέως. Ils sont distincts, malgré les doutes de Schürer (I3, 715), des territoires de Lysanias, pris à ferme par Zénodore. La date 87 inscrite sur les monnaies (Wroth, Galatia, etc., p. 281) indique une ère commençant vers 115 av. J.-C. : c'est l'époque où ces territoires auront secoué le joug des Séleucides.
  6. Le vœu d'Hérode est exaucé (Guerre, I, xxiv, 5) ; la tétrarchie de Phéroras comprenait la Pérée ou une partie de cette région (ibid., xxx, 3).
  7. C'est le temple figuré sur les monnaies du tétrarque Philippe, fils d'Hérode (Madden, Coins of the Jews, p. 123 suiv.).