Utilisateur:Leonard Fibonacci/Double procès de Jésus

B Sanhédrin 43a

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Selon Jean-Pierre Osier

« On a appris: La veille de la pâque on a pendu Yeshu ha-Nostri. Quarante jours auparavant le héraut le précédait en annonçant (ou « le héraut est sorti pendant 40 jours[1] »):
-- On emmène Jésus le Nazaréen pour le lapider en châtiment des chefs suivant: sorcellerie, séduction, et égarement d'Israël. Quiconque a connaissance de quelque chose qui soit à sa décharge doit se présenter et plaider en sa faveur!
Mais on ne lui trouva rien qui soit à sa décharge et on le pendit la veille de la Pâque.
Ulla dit:
-- Croyez-vous que Jésus le Nazaréen (Yeshu ha-Nostri) était de ceux dont on recherche ce qui est à sa décharge? C'était un séducteur! Et la Torah dit: Tu ne l'épargneras pas et tu ne l'excuseras pas (Deutéronome 13,8), mais le cas est différent: Jésus était proche du gouvernement (littéralement « était proche de ceux qui dirigent[2] »)[3]. »

Deux arrestations de Jésus

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Selon Thierry Murcia « plusieurs critiques ont noté certaines similitudes entre B Sanhédrin 43a et les récits des Toledot Yeshu[4]. » Dans un texte nestorien retrouvé en Chine qui date de 641 « Jésus est capturé par les Juifs mais parvient à s'enfuir. Il est alors de nouveau capturé, cette fois par les Romains. Il comparait devant « le grand roi Pilotussu » (Pilate) qui cherche à le sauver mais qui finit par céder à la pression des Juifs[4]. » Marc Lods note que tant chez Celse, que dans la version slavone de Flavius Josèphe, ainsi que dans les Toledot Yeshu « deux fois de suite Jésus tombe aux mains de ses ennemis[5] » En effet Celse écrit « lorsque nous l'eûmes convaincu et condamné au supplice, fut réduit à se cacher honteusement, courant de lieu en lieu, pour s'empêcher d'être pris : ce qu'il ne put pourtant éviter (Voir Contre Celse 2, 9) » en citant le Juif qu'il a interrogé, ce qui implique au minimum qu'il y a eu une certaine période entre une première condamnation et l'arrestation qui conduit à son exécution. Mais comme il n'existe pas d'exemple de procès où un homme est condamné en son absence cela implique deux arrestations de Jésus.

Parabole de Rabbi Meïer

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T Sanhédrin 9, 7 - B Sanhédrin 46b

Selon Thierry Murcia, dans cette parabole « il est question de deux frères jumeaux dont le premier est dit « roi du monde entier » et le second simple brigand. Ce dernier est capturé et mis en croix. Frappés par la ressemblance entre les deux hommes les passants ont l'impression que c'est le roi lui même qui a été crucifié. La Tosefta cite ici à deux reprises Dt 21, 23: « car un pendu est une malédiction de Dieu », un verset appliqué à Jésus en Ga 3, 13. Il paraît assez clair que cette anecdote renvoie à Jésus:

  • Jésus meurt crucifié.
  • Pour les uns il est roi (par excellence), tandis que pour les autres ce n'est qu'un « brigand ».
  • On lui applique très tôt Dt 21, 23.
  • Une ancienne tradition orientale attribue un frère jumeau à Jésus [...]
  • Une autre tradition au moins aussi ancienne (Irénée, Contre les hérésies I, XXIV, 4, Deuxième partie du traité du grand Seth 56, 4-20; Apocalypse de Pierre 81-83) [...] et dont on trouve des traces jusque dans le Coran (4, 156/157) affirme que ce n'est pas Jésus qui a été mis en croix mais [...] une image de lui-même, voire Simon de Cyrène (Basilide), un homme du nom de Serge ou un certain Josué (Tabari)[6]. » Une liste de références à laquelle on peut ajouter Leuceus Carinus (IIe siècle) et de nombreux auteurs musulmans antiques.

A cette liste de coïncidences on peut ajouter que « les discussions devant la croix de Jésus renvoient aux moqueries des passants au pied de la croix (R. T. Herford)[7] ».

Sources

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Notes et références

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  1. Murcia 2014, p. 424.
  2. Murcia 2014, p. 435.
  3. Osier 1984, p. 148.
  4. a et b Murcia 2014, p. 439.
  5. Marc Lods, cité par Murcia 2014, p. 439 et note no 100.
  6. Murcia 2014, p. 225, note no 126.
  7. Murcia 2014, p. 226, note no 126.