Utilisateur:Leonard Fibonacci/L'Adiabène selon Strabon

Strabon modifier

Strabon (en grec ancien Στράϐων / Strábôn, « qui louche », en latin Strabo), né à Amasée dans le Pont (actuelle Amasya en Turquie) vers 58 av. J.-C.[1], mort entre 21 et 25 après J.-C., est un géographe grec.

Géographie, livre XVI, 1 - « L'Assyrie, l'Adiabène et la Mésopotamie » modifier

Début
Carte de l'Empire parthe, avant le partage du royaume d'Hérode (4 av. J.-C.), montrant la situation de l'Arménie et l'Osroène, états tampon avec l'Empire romain. L'Adiabène jouant pour sa part le rôle d'état tampon entre l'Empire parthe et le royaume d'Arménie.
* 6) Sophène ? Commagène;
* 7) Adiabène ;
* 8) Atropatène ;
* 9) Characène, Mésène ;
* 10) Élymaïde ;
* 2) Royaume d'Hérode ;
* 3) Royaume d'Abilène ou de « Zénodorus, fils de Lysanias, roi d'Iturée » ;
* 4) Royaume de Chacis ou d'Émèse ? ;

1. « Le pays qui confine à la Perse et à la Susiane est l'Assyrie. On comprend sous ce nom la Babylonie et une grande partie de la contrée environnante, laquelle renferme, outre l'Aturie dont Ninive est le chef-lieu, l'Apolloniatide, l'Elymée, la Parittacène, le canton du Zagros (autrement dit la Chalonitide), les plaines de la Dolomène, celles de la Calachène, de la Chazène et de l'Adiabène autour de Ninive, deux des cantons de la Mésopotamie aussi qui s'étendent jusqu'au Zeugma de l'Euphrate et sont habités, l'un par les Gordyéens (Corduène), l'autre par les Mygdons (Mygdonie) de Nisibe, enfin, de l'autre côté de l'Euphrate, l'immense territoire que se partagent les Arabes et ceux d'entre les Syriens qu'on appelle aujourd'hui les Syriens proprement dits, territoire qui se prolonge jusqu'aux frontières de la Cilicie, de la Phénicie, de la Judée, et jusqu'aux rivages de la mer d'Egypte et du golfe d'Issus (Issos).

2. Il semble que la dénomination de Syriens, qui ne s'étend plus aujourd'hui que de la Babylonie au golfe d'Issus,... » [...]
[...]

3. « La ville de Ninive ne survécut pas un seul instant à la destruction de l'empire syrien. Beaucoup plus grande que Babylone, elle était située en Aturie dans une plaine. L'Aturie est limitrophe du canton d'Arbèles et le cours du Lycus forme la ligne de démarcation. Ainsi, d'un côté, Arbèles, province de la Babylonie, mais province autonome, séparée ; et, de l'autre côté, sur la rive ultérieure du Lycus, les plaines de l'Aturie qui entourent Ninive. Une des bourgades de l'Aturie, Gaugamèles, est le lieu où Darius livra et perdit la bataille qui lui coûta son trône. Par lui-même le lieu est donc assez remarquable, mais le nom qu'il porte ne l'est pas moins ; car, traduit en grec, il signifie « la Maison du chameau ». C'est Darius, fils d'Hystaspe, Darius lui-même, qui eut l'idée de ce nom le jour où, voulant assurer la subsistance de celui de ses chameaux qui avait eu le plus à souffrir dans l'expédition de Scythie, puisque, chargé des mêmes bagages que les autres, il avait porté en outre jusqu'au bout, dans toute l'étendue de ces immenses déserts, les provisions de bouche du roi, il lui avait attribué la propriété même de l'un des bourgs de l'Aturie. »
« Mais les Macédoniens, en voyant, d'un côté, une humble bourgade comme Gaugamèles, et, de l'autre, une ville aussi importante qu'Arbèles (soi-disant fondée par Arbélus l'Athmonéen) décorèrent hardiment du nom d'Arbèles le champ de bataille où ils avaient vaincu, et livrèrent ce mensonge à l'histoire.

Situation du Grand Zab (Grosser Zab) sur la carte.
Situation du Grand Zab (Grosser Zab) sur la carte.

4. Au delà d'Arbèles et du Nicatorium, montagne ainsi nommée par Alexandre lui-même au lendemain de la journée d'Arbèles, on rencontre, juste à la même distance qui sépare d'Arbèles le Lycus, un autre cours d'eau, le Caprus ; puis, dans le canton intermédiaire qui est ce qu'on appelle l'Artakène, on voit se succéder plusieurs lieux remarquables, une ville, Démétrias, très proche voisine d'Arbèles, la fameuse source de naphte, les puits de feu, le temple d'Anaea ?, le palais de Sadraques, résidence favorite de l'Hystaspide (Dareios fils d'Hystaspes), une localité du nom de Cyparissôn[2], et enfin le gué du Caprus, qui touche en quelque sorte à Séleucie et à Babylone. »

Le réseau urbain de la Syrie séleucide.

Commentaires modifier

[...]


11. ..... [...] Du reste, au dire d'Aristobule, ces travaux dans la pensée d'Alexandre avaient encore un autre but, il s'agissait surtout pour lui d'empêcher que l'Arabie, qui forme déjà quasi une île (tant est grande la quantité d'eau qui l'entoure), fût rendue complètement inaccessible, si on laissait les lacs et les marais s'étendre encore davantage, car il songeait sérieusement à conquérir aussi l'Arabie, sa flotte était tout équipée, les stations ou points de relâche étaient déjà désignés, les embarcations elles-mêmes avaient été construites, les unes en Phénicie et dans l'île de Cypre, d'où elles avaient été transportées démontées, mais munies de leurs chevilles, à Thapsaque, en sept stations pour descendre ensuite le fleuve jusqu'à Babylone, et les autres dans la Babylonie même, avec les cyprès des enceintes sacrées et des parcs royaux, les bois de construction étant, comme on sait, fort rares en Babylonie et n'étant guère plus abondants dans les montagnes des Cosséens et de leurs voisins. Le prétexte que donnait Alexandre pour justifier cette nouvelle guerre, c'est que les Arabes étaient le seul peuple qui ne lui eût pas envoyé d'ambassadeurs ; au fond, la vraie et l'unique raison était qu'il aspirait à devenir le maître de la terre entière ; et, comme il avait appris que les Arabes ne rendent hommage qu'à deux divinités seulement, à celles qui dispensent aux hommes les biens les plus indispensables à la vie, à savoir Zeus et Dionysos, il supposait qu'il pourrait aisément devenir leur troisième divinité, quand, après les avoir vaincus, il leur rendrait cette indépendance que leurs pères leur avaient transmise et dont ils avaient joui jusque-là. Tel fut l'ensemble des mesures prises par Alexandre au sujet des canaux de la Babylonie. Aristobule ajoute que le conquérant, par la même occasion, avait fait fouiller toutes les sépultures des anciens rois et dynastes, qui se trouvaient pour la plupart construites dans les lacs mêmes.

Notes et références modifier

  1. Concernant la date de naissance de Strabon : W. Aly, Strabonis geographica, iv. Strabon von Amaseia. Untersuchungen uber text, aufbau und quellen des geographie antiquas 1. Reihe v, Bonn, 1957, p. 11 (propose les dates 63-62). D. Dueck, Strabo of Amasia. A Greek Man of Letters in Augsutan, Rome, Londres et New-York, 2000, p. 2 (propose une période entre 64 et 50). S. Pothecary, “The expression ‘our times’ in Strabo’ Geography”, in CPh, 1997, 92, p. 235-246 (propose les dates de 65-63).
  2. Probablement du nom de la divinité Cyparissos qui a donné son nom aussi à la ville de Kyparissia en Grèce.