Utilisateur:Mhtb05/classification à facettes


Une classification à facettes est un système de classification de bibliothèque analytico-synthétique et pragmatique, dont les critères de classification ne sont pas homogènes.

Fondements théoriques

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Outre la classification de Condorcet, la première classification à facettes, du nom de classification colon (CC), a été élaborée en 1924 par un mathématicien et bibliothécaire indien Shiyali Ramamrita Ranganathan. pour résoudre le problème posé par Jorge Luis Borges : « Comment ranger les livres dans une bibliothèque quand on sait qu'il y en a des grands et des petits, des livres d'histoire et des romans, des auteurs qui ont écrit les deux et des collections reliées qui traitent de tout et que l'on doit y ajouter les dossiers correspondant aux différents sujets ? ». L'objectif principal de cette classification était d'améliorer l’organisation physique des connaissances matérielles dans l’environnement où elles sont conservées, plus particulièrement pour classer les livres de bibliothèques. Les fondements conceptuels de sa théorie sont traités en profondeur dans son ouvrage Prolegomena to Library Classification (1967)[1]; Ranganathan y développe un concept de « facettes » et propose un premier niveau de division entre les grands domaines de la connaissance, connu sous le nom de facettes dont les fondements philosophiques et linguistiques sous-tendraient des primitifs sémantiques universaux et indépendants dans le langage naturel.

Selon Ranganathan, un document peut être décrit selon cinq facettes (PMEST) :

  1. Personnalité : le concept principal du document
  2. Matière : une substance ou une propriété
  3. Énergie : l'opération ou action subie par l'objet
  4. Espace : localisation géographique
  5. Temps : localisation chronologique et temporelle

Parallèlement aux développements de Ranganathan, une théorie similaire voit le jour au Royaume-Uni à la lumière des travaux du Classification Research Group (CRG), théorie qui s’oppose quelque peu aux conceptions de Ranganathan quant à la notion de catégorie fondamentale. Le CRG propose pour sa part un ensemble de 13 facettes interreliées (entité, type, partie, propriété, matériau, processus, opération, agent, patient, produit, produit dérivé, espace et temps), dont l’application semble cependant davantage restreinte aux domaines des sciences naturelles[2].

Notion de facette

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On parle donc d’une classification des concepts plutôt que des sujets, une facette représentant un critère de division non hiérarchique. Cette approche de classification viendrait remplacer les systèmes de classification hiérarchique, dont la rigidité de sa structure rend difficiles les modifications du schéma primitif surtout aux niveaux supérieurs. Chaque classe est divisée par un seul critère et si l'on divise une classe selon plusieurs critères, on ne peut le faire que par divisions successives à des niveaux différents. De plus, le seul type de relation sémantique pris en considération dans ce modèle de classification est la relation hiérarchique. La classification par facettes est une alternative venant répondre aux faiblesses des méthodes de recherche traditionnelle (hiérarchique).

Selon des approches récentes, « L’efficacité des classifications à facettes réside dans leur capacité à intégrer l’analyse des différentes dimensions d’un objet informationnel, facilitant la caractérisation et l’accès à cette information par le biais de multiplies perspectives. »  La recherche par facettes maximise la précision dans la recherche d’information, en se concentrant davantage sur l’établissement des liens fonctionnels et pragmatiques entre concepts et/ou sujets, plutôt que des relations strictement taxinomiques, ce qui permet ainsi de mieux gérer l’information institutionnelle à travers son cycle de vie et de répondre plus rapidement à un besoin.

Les concepts généraux, comme l'informatique ou la médecine, se déclinent en listes prédéterminées d'objets, d'actions, et de propriétés. L'espace et le temps sont communs à tous ces concepts. D'autres concepts peuvent être ajoutés, ce qui étend les possibilités de cette classification. L'obligation d'enchaîner les propriétés toujours dans le même ordre permet d'aboutir à une notation homogène afin de classer les livres. La notation utilise en outre des lettres, des chiffres, des caractères grecs et différents signes de ponctuation, qui lui donnent son nom de Classification Colon.

C'est une classification de ce genre qui a été adoptée par Yahoo! pour son annuaire.

Avantages des sytèmes à facettes

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Les modèles fondés sur l’approche de classification à facette sont à la fois souples, riches et précis (El Hadi, 2010, cité dans Beau, 2017; Côté-Lapointe et Mas, 2017) puisqu’ils permettent de multiples possibilités de représentations d’un même champ de connaissances selon qu’on le considère en fonction d’un tel point de vue, d’un tel public cible ou encore d’un tel objectif particulier (Beau, 2017).


La classification par facettes est une alternative venant répondre aux faiblesses des méthodes de recherche traditionnelle (hiérarchique).

Cette approche de classification viendrait remplacer les systèmes de classification hiérarchique, dont la rigidité de sa structure rend difficiles les modifications du schéma primitif surtout aux niveaux supérieurs.


Par opposition aux système traditionnels hiérarchiques, les modèles à facettes présentent la flexibilité d’admettre l’intégration de composantes mutuellement exclusives. Du point de vue de l’utilisateur, ces systèmes présentent en ce sens l’avantage d’un accès facilité à l’information en raison d’un plus grand nombre de voies de navigation possibles menant à un même document (Côté-Lapointe et Mas, 2017 ; Fagan 2010, cité dans Côté-Lapointe, 2016).

Applications courantes fondées sur cette approche

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Les systèmes de classification à facettes ont grandement gagné en popularité depuis l’avènement du numérique, particulièrement pour le déploiement d’interfaces de recherche web, incluant les sites web de commerce électronique (Broughton, 2017 ; Hudon et El Hadi, 2017 ; Côté-Lapointe et Mas, 2017). Ces systèmes ont également suscité le développement de nombreuses applications en sciences de l’information, plus spécifiquement en bibliothéconomie, notamment dans le domaine de l’indexation, de la recherche d’information ou encore du repérage de documents dans des systèmes spécialisés (Broughton, 2017), bien que certains développements récents aient aussi vu le jour dans le domaine de l’archivistique sous la forme d’outils d’indexation et de repérage de documents d’activités ou de fonds d’archives historiques. (Côté-Lapointe et Mas, 2017).


Les systèmes de classification à facettes sont par ailleurs largement exploités pour la conception des catalogues de recherche dans les bibliothèques universitaires, où les facettes se présentent sous la forme de mots-clés permettant de filtrer les résultats de recherche en fonction d’éléments issus des notices bibliographiques (support du document, auteur, date de publication, langue, sujet, etc.) (Broughton, 2017 ; Hudon et El Hadi, 2017).


Malgré ce succès apparent, les systèmes à facettes exploités au sein des interfaces existant à ce jour semblent cependant pour la plupart dépendre directement des données exploitées plutôt que d’un ensemble de catégories conceptuelles issues d’une véritable caractérisation intellectuelle de celles-ci (Broughton, 2017). Plus précisément, la nature de la plupart des termes utilisés en tant que facettes au sein de ces applications ne relèverait pas véritablement de propriétés sémantiques inhérentes aux objets concernés, ce qui n’en ferait pas des systèmes de classification à facettes à proprement parler (Hudon et El-Hadi, 2017; Côté-Lapointe et Mas, 2017). En outre, la plupart de ces applications ne tireraient que minimalement profit des potentialités qu’offre la classification à facette sur le plan de la recherche sémantique, en se limitant la plupart du temps à ne déployer qu’un ensemble de filtres de recherche concernant des aspects matériels des objets concernés, comme c’est le cas notamment des catalogues de recherche en bibliothèques ou encore des interfaces recherche sur des sites commerciaux (Côté-Lapointe et Mas, 2017). Plusieurs spécialistes documentaires, linguistes et informaticiens préfèrent d’ailleurs consciemment laisser de côté les préoccupations philosophiques et sémantiques qui sous-tendent la notion théorique de catégorie fondamentale pour prioriser l’efficacité d’aspects pratiques motivant l’utilisation des facettes pour leur système, qui n’en demeurent cependant pas moins appréciés de leurs utilisateurs (Hudon et El Hadi, 2017).

Lien externe

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  • Ranganathan Shiyali Ramamrita, «  » [archive], texte original [PDF], sur le site de l'Unesco, 30 juin 1950
  1. Vanda Broughton, « La classification à facettes comme théorie générale pour l’organisation des connaissances », Les Cahiers du numérique, 13(1),‎ , p. 28 (ISSN 1622-1494)
  2. Michèle Hudon et Widad Mustafa El Hadi, « Introduction. La classification à facettes revisitée De la théorie à la pratique », Les Cahiers du numérique 13(1),‎ , p. 10 (ISSN 1622-1494)