Utilisateur:Michel Abada/Article en cours d'écriture/Abgar V

Abgar V
Titre
Rois d'Osroène
Prédécesseur Ma'Nu III Saphul
Successeur Ma'Nu V
Biographie
Dynastie Abgar d'Édesse
Conjoint Shalmath (Salomé) fille de Mithridate

Abgar V Bar Ma'Nu ou Abgar Oukhama (Abgar le Noir) est un roi d'Osroène qui règne à Édesse (aujourd'hui Şanlıurfa ou Urfa en Turquie) pendant deux périodes, d'abord de 4 av. J.-C. à 7 ap. J.-C., moment où il est remplacé par son frère Ma'Nu IV Bar Ma'Nu (7 - 13). Il retrouve le trône d'Édesse et règne à nouveau jusqu'à sa mort vers 50.

Il a épousé Shalmath (Salomé) fille de Mithridate, puis selon Moïse de Khorène, la reine Hélène d'Adiabène après la mort de son premier mari Monobaze Ier.

Il est surtout connu dans la tradition chrétienne, pour être le roi qui accueille très favorablement la prédication de Judas Thaddée (un frère de Jésus, également appelé Addaï dans les traditions orientales). Il est un des héros d'un ensemble de textes chrétiens appelés aujourd'hui « Légende d'Abgar ».

Il est donné comme étant l'initiateur de la traduction de la Bible — ou tout au moins de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible) — en syriaque, le dialecte de l'araméen parlé en Osroène et en Adiabène. Cette traduction prendra par la suite le nom de Peshitta (la petite) par opposition avec l'Hexapla d'Origène, mettant en correspondance plusieurs versions de la Bible[1]. Toutefois, de nombreux historiens pensent que cette traduction de la Bible est plutôt à mettre au crédit de son parent Izatès II, plus puissant que lui.

Il meurt vers 50.

Origine, dynastie et alliance modifier

Les Abgar d'Édesse sont des rois d'origine nabatéenne qui comme plusieurs autres membres de la dynastie ont profité de l'affaiblissement des Séleucides pour, à la fin du IIe siècle av. J.-C., prendre possession de ce territoire et en faire leur royaume, appelé royaume d'Édesse ou royaume d'Osroène. Dans la littérature antique, les « nabatéens » sont souvent appelés « arabes ». C'est d'ailleurs sur le territoire de la Nabathée historique que sera créée, en 106, la province romaine d'Arabie, après l'annexion de ce royaume client de l'empire romain, souvent appelé « royaume de Pétra ».

L'Osroène a acquis son indépendance à la suite de l'effondrement de l'Empire séleucide. Elle fut de 132 av. J.-C. à 216 apr. J.-C. un petit royaume indépendant, dont les souverains portaient le plus souvent le nom d'Abgar ou de Manu[2],[3]. Ce royaume a souvent été appelé du nom de sa capitale, « royaume d'Édesse ». La langue parlée était le syriaque, un dialecte de l'araméen[4]. Toutefois, Abgar pourrait venir de l'arménien Apghar (= apagh), qui signifie « Prince »[3].

Selon Pline l'Ancien, à l’époque romaine, les habitants étaient des Arabes et leurs souverains auraient porté le titre de phylarque (chef d’une phylé) ou toparque (magistrat).

La famille Abgar d'Édesse était probablement fortement liée avec la dynastie Monobaze d'Adiabène. Abgar V semble suivre en tous points la politique étrangère de l'Adiabène, tant sous Izatès II que sous son frère Monobaze II.

Abgar V est le fils de Ma'Nu III Saphul[5] qui règne à Édesse de -23 à environ -10 ou -4. Il a épousé Shalmath (Salomé) fille de Mithridate[5]. Son surnom Oukhama (« le Noir »), pourrait lui avoir été donné à cause de la maladie de peau dont il souffrait et qui est même qualifiée de lèpre, dans la « Légende d'Abgar »[6]. Il pourrait aussi signifier qu'il était très brun de peau, comme le sont parfois certains arabe[6].

Traducteur de la Torah en syriaque ? modifier

La version syriaque de la Bible est bien plus ancienne que la dénomination « Peshitta », ainsi Méliton de Sardes, qui vivait au IIe siècle, parle d'une version syriaque de l'Ancien Testament. Méliton de Sardes s'était rendu en Palestine pour effectuer des recherches sur la Bible hébraïque, vers l'année 170[7]. La future Peshitta est aussi souvent mentionnée par les Pères de l'Église du IVe siècle, comme saint Augustin, saint Jean Chrysostome et d'autres. Il en est de même pour Éphrem le Syrien qui naquit à Nisibe et vécut à Édesse au IVe siècle[1].

Extrait d'une Peshitta, bible en syriaque oriental.

Pour différentes traditions juives ou chrétiennes, la Peshitta aurait été traduite sur l'ordre de Abgar V[8]. En fait, il s'agit plutôt de l'époque à laquelle les textes juifs qui constitueront la Bible par la suite, ont commencé à être traduits en syriaque (dialecte de l'araméen). Des recherches ont montré que la version syriaque, même celle de l'Ancien Testament, n'a été faite ni par un traducteur unique, ni à un moment donné, mais que la traduction de tous les textes s'est prolongée pendant plusieurs siècles[8].

Selon la Jewish Encyclopedia, « la tradition qui relie cette traduction avec Abgar, roi d'Édesse, est la plus probable[8]. » D'après l'historien jacobite Bar-Hebraeus, Abgar aurait envoyé des hommes en Palestine pour traduire la Bible en Syriaque[9],[8]. Les cinq premiers livres de la Bible (la Torah) pourraient avoir été traduits sous les ordres du roi Abgar.

Toutefois, cette attribution traditionnelle est contestée et l'initiative de cette traduction est alors mise au compte d'un autre roi faisant partie lui aussi de la dynastie Abgar: Izatès II d'Adiabène. Pour la Jewish Encyclopedia, Wichelhaus[10] fut le premier à identifier Abgarus (Abgar) avec Izatès, roi d'Adiabène. L'argumentation de Wichelhaus est fondé sur le compte rendu d'Abgarus (Abgar) donné par Moïse de Khorène, qui affirme que le père d'Abgar a été appelé Monobaze, et sa mère Hélène[11]. On trouve le même type d'affirmations chez Léroubna d'Édesse[12], toutefois cette identification est contestée. Des indications de ces deux historiens antiques, on peut retenir que les Monobaze étaient des Abgar, ce qui est confirmé par d'autres éléments.

Pour la Jewish Encyclopedia, ces deux sources sont en accord avec ce qu'écrit Flavius Josèphe lorsqu'il dit qu'Izatès a envoyé ses cinq fils à Jérusalem pour étudier la langue Hébraïque et recevoir une éducation Juive[13],[11].

Les Agbar et le « christianisme » modifier

La « légende d'Abgar » modifier

Notes et Références modifier

  1. a et b (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : Introduction
  2. (en) Alexander Roberts et James Donaldson (dir.), The Writings of the Fathers Down to AD 325: Ante-Nicene Fathers, vol. 8, Hendrickson Publishers, Peabody, 1994, p. 657-672 [lire en ligne (page consultée le 23 janvier 2011)].
  3. a et b (en) Adrian Fortescue, The Lesser Eastern Churches, Catholic Truth Society, 1913, p. 22 [lire en ligne (page consultée le 23 janvier 2011)].
  4. (en) Amir Harrak, « The Ancient Name of Edessa », dans Journal of Near Eastern Studies, vol. 51, no 3 (juillet 1992), p. 209-214 [lire en ligne (page consultée le 23 janvier 2011)].
  5. a et b Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité: études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, 1991, Paris, p. 80.
  6. a et b Alain Desreumaux, Histoire du roi Abgar et de Jésus, 1993, Brepols,p. 128.
  7. Robin Lane Fox, Paï̈ens et chrétiens: la religion et la vie religieuse dans l'Empire romain de la mort de Commode au concile de Nicée, éd. Presses Universitaires du Mirail, 1997, p.493 extrait en ligne
  8. a b c et d (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : "Traditional Ascription to Abgarus"
  9. Bar-Hebræus, commentaire du Psaume X. Cet auteur étant arabe et originaire des environs d'Édesse, son témoignage est d'autant plus important et semble être indépendant des autres sources.
  10. Wichelhaus, De Novi Testamenti Versione Syriaca Antiqua, pp.  97 et suiv.
  11. a et b (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshitta », sur Jewish Encyclopedia (consulté le ).
  12. Léroubna d'Édesse, « Histoire d'Abgar »
  13. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 3, § 4

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier