Utilisateur:Michel Abada/Article en cours d'écriture/Ilaria Ramelli sur Abgar V
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modifier[5] Peu de temps avant la passion de Jésus, Abgar envoya deux de ses nobles, Maryahb et Shamashgram, 32 et son archiviste 33 Hannan (Ananias ?) à « Sabinus fils d'Eustorgius" (le gouverneur romain qui a régné en Syrie, Phénicie, Palestine et Mésopotamie) dans Eleutheropolis (Beth Guvrin, capitale de l'Idumée) en Palestine pour des affaires politiques. Il les reçut avec joie et honneur et a envoyé une lettre à Abgar. Sur le chemin du retour ils ont pris la route de Jérusalem, où ils ont vu Jésus et entendu parler de ses miracles; selon Thomas Ardzrouni, un historien arménien du X° siècle, les envoyés d'Abgar appartenaient au groupe des nations qui a demandé à Philippe de les présenter à Jésus selon Jean 12:20-22. González pense que Thomas Ardzrouni a sûrement dérivé ces données de sources anciennes: 34 Je suppose qu'il les reçu de Moïse, qui en PH 2,31 dit que les envoyés d'Abgar étaient les Gentils de l'épisode évangélique.
De retour à Édesse, ils ont informé Abgar, qui a déclaré: "Ces pouvoirs ne sont pas des hommes mais de Dieu. Car il n'y a personne qui peut revivifier les morts, que Dieu seul", c'est la première déclaration christologique dans la Doctrina. 35 Donc Abgar envoie ses envoyés en Palestine avec une lettre pour Jésus, écrite par Hannan: le roi, qui était malade, demanda à Jésus de venir à Édesse, afin de le guérir et trouver un refuge contre les Juifs, qui voulaient le tuer. Jésus a reçu et lu la lettre le 12 Nisan, dans la maison de Gamaliel, destiné (sic) à être enseignant de Saint-Paul, le rabbin qui a parlé au Sanhédrin en faveur des apôtres (Actes 5:34; 22:3) et qui, dans les apocryphes du Nouveau Testament est favorable à Jésus et ses disciples. 36 Jésus n'est pas allé à Edesse, mais il a envoyé un message à Abgar, écrit par Hannan, 37 dans lequel il a promis d'envoyer un de ses disciples à Edesse après son ascension. 38 (Ce récit a de nombreux points communs avec ceux de Moïse et d'Eusèbe: par exemple les noms des émissaires, leur voyage à Eleutheropolis, la figure de Sabinus le fils d'Eustorgius, qui devient Marinus le fils de Storog chez Moïse, avec les mêmes pouvoirs que Lucius Vitellius en Orient AD 35-37; la bonne réception donnée par le gouverneur romain aux envoyés d'Abgar, présent chez Moïse aussi; Hannan / Ananias comme intermédiaire entre Abgar et Jésus, chez Eusèbe aussi.)
Ainsi, Addai, "l'un des 72 apôtres," 39 alors appelé shlîhâ (shlîkha chez les Nestoriens), «apôtre», lui-même tout au long de la Doctrina, a été envoyé par Judas Thomas, l'un des Douze, 40 à Édesse, où il habitait «dans la maison de Tobias, le fils de Tobias le Juif, qui était de Palestine " 41 -Il apparaît également dans des passages parrallèle à Eusèbe comme Tobias, et, avec un nom légèrement différent, Tûbanâ, dans les Actes de Mari, 4 42 -, et il a prêché l'Evangile dans le royaume d'Abgar. En attendant, Hannan, l'archiviste qui a accompagné les émissaires du roi à Jésus, peint un portrait du Christ qu'il ramena à Abgar, qui l'installa dans un de ses palais; Moïse, II 32, affirme que Hannan ramena l'image du Sauveur à Edesse, tandis qu'Eusèbe ne le mentionne pas, probablement parce qu'il était hostile à des représentations de Dieu: ainsi, son silence n'est pas un argument valable contre la supposition que le motif du portrait de Jésus appartient à la version originale de la légende d'Abgar. 43 A Édesse, Addai guéri à la fois Abgar et Abdu, comme nous le lisons chez Eusèbe et aussi dans les Actes de Mari. L'image est connectée aux multiples légende du portrait de Jésus présentes plus tard à Édesse, le Mandylion ou achiropita (ici lié à la tradition d'Edesse comme " Citée heureuse (Blessed City)", « mdintâ mbarraktâ », un titre qui, selon la Doctrine, semble être due à la prière du Christ pour Edesse dans sa lettre à Abgar «Quant à votre ville, qu'elle soit bénie et qu'aucun ennemi ne règne plus jamais sur elle»), 44 qui est l'objet de la Narratio byzantine attribuée à Constantin Porphyrogénète (Porphyrogenitus) ( X cent.). Ce travail semble conserver des matériaux très anciens, comme l'information sur l'amitié entre Abgar, à juste titre appelé toparkhês (toparque) d'Edesse, et le préfet d'Égypte, à mon avis probablement A. Avillius Flaccus, qui régna sur l'Egypte AD 32 à 38, - juste l' année du mandat de Vitellius au Proche-Orient et de la correspondance entre Abgar et Tibère - et cela nous est bien connu grâce à Philon, dans Flaccum, 1-3, 25, 40, 116; 158. Il fut l'un des amis les plus intimes de Tibère: né et élevé à Rome avec les nièces d'Auguste, il a obtenu le gouvernement de l'Egypte, une possession directe de l'empereur, et a probablement facilité les bonnes relations entre Abgar et Tibère, qui se manifestent dans leur correspondance. 45 [6] En fait, le noyau de la légende d'Abgar-Jésus semble être commun à celui de la version donnée par Eusèbe, HE 1.13, qui affirme que sa source était un document syriaque conservé dans les archives d'Édesse. C'est la même source que la Doctrina, selon Jullien et d'autres spécialistes 46. Comme nous le verrons, selon Moïse de Khorène, ce sont les mêmes archives qu'Abgar lui-même, ou plus probablement un de ses prédécesseurs du même nom (?), a transmis à Édesse, et ces mêmes archives qui ont conservé le document syriaque qui était contrôlée par Hannan (le témoin), et sur laquelle est basée la Doctrina. Eusèbe dit qu'à son époque, il y avait toujours dans les archives d'Edesse, des documents relatifs à Abgar, et qu'il les a traduits du syriaque (ibid. 1.13.5). 47 Son rapport ne comprend pas la correspondance Abgar-Tibère, 48 et cela suggère que la source de ce matériel peut être différente. Avant de rapporter la mission de Thaddée, il dit que le roi Abgar, « qui régnait sur les peuples au-delà de l'Euphrate », était malade quand l'échange de lettres avec Jésus a eu lieu, et que Jésus a promis de lui envoyer un disciple: peu de temps après la Résurrection, Thomas, l'un des douze apôtres, envoya Thaddée (= Addaï), l'un des soixante-dix disciples, à Edessa (HE 1.13.4). Dans les prétendues lettres d'Abgar et de Jésus, « Abgaros Oukhama » est appelé « toparkhês », le bon titre, utilisé plus tard par Procope, qui d'ailleurs le justifie correctement. Avant de rapporter la mission de Thaddée, il dit que le roi Abgar, « qui régnait sur les peuples au-delà de l'Euphrate », était malade quand l'échange de lettres avec Jésus a eu lieu, et que Jésus a promis de lui envoyer un disciple: peu de temps après la Résurrection, Thomas, l'un des douze apôtres, envoya Thaddée (= Addaï), l'un des soixante-dix disciples, à Edessa (HE 1.13.4). Dans les prétendues lettres d'Abgar et de Jésus, « Abgaros Oukhama » est appelé « toparkhês », le bon titre, utilisé plus tard par Procope, qui d'ailleurs le justifie correctement. Dans la lettre syriaque d'Abgar il dit qu'il a déjà fait quelque chose et promet d'intervenir à nouveau dans ce sens. [7] Considérant (Whereas = Bien que) que la légende de la lettre d'Abgar à Jésus et la réponse de celui-ci est absolument non-historique - même la date donnée est incorrecte, 51 et Eleutheropolis n'avait pas ce nom au premier siècle. 52 -, la correspondance entre le roi d'Edesse et l'empereur romain pourrait contenir des traces historiques. La lettre d'Abgar à Tibère dans la Doctrina souligne les responsabilités présumées des Juifs dans la crucifixion de Jésus: car Abgar ne pouvait pas intenter lui-même une action contre les Juifs - comme nous le lisons dans la Doctrina -, il a écrit une lettre à Tibère, son« seigneur », et relaté pour lui la crucifixion, avec les ténèbres et le tremblement de terre qui l'ont accompagné, même s'il était conscient que ces faits étaient bien connus à Tibère ("même si rien n'est inconnu de Votre Majesté"). Il demande instamment à l'empereur de prendre des mesures contre les Juifs, qui, à son avis, ont été responsables de la mort d'un homme qui ne le méritait pas. Tibère, qui se montre heureux de la loyauté de ce roi vassal («J'ai reçu la lettre de votre totale fidélité envers moi et elle a été lue devant moi"), dans sa réponse dit que Pilate avait déjà informé son «gouverneur Aulbinus» de cela — en fait, Justin et Tertullien mentionne un rapport de Pilate sur la question —, et que lui, Tibère, avait déjà relevé Pilate avec infamie — comme il l'a vraiment par L. Vitellius —, parce qu'il avait laissé un homme tué, qui mérite plutôt vénération. Enfin, il promet des mesures punitives contre les responsables: "d'engager des procédures juridiques à l'égard de ceux qui ont agi contre la loi." Mais d'abord, Tibère dit qu'il a à régler « la guerre avec les enfants d'Espagne, qui se sont rebellés contre [lui] ». Il conclut sa lettre en se réjouissant à nouveau car Abgar lui a écrit en montrant sa « loyauté envers [lui] et la fidélité à l'alliance, la vôtre et celle de vos ancêtres. » Un autre passage, au cours du premier dialogue entre le roi et Addai, dans lequel Abgar professe sa fidélité (loyalty) envers l'empereur et celle de ses prédécesseurs, est parfaitement en accord avec ces mots. 53 La poursuite du document atteste que Tibère, après la guerre impliquant les « enfants d'Espagne », puni certains chefs juifs en Palestine: par l'intermédiaire de Vitellius, mentionnée ci-dessus, en fait, il a révoqué Caïphe, comme en témoigne Flavius Josèphe, A.J. 18.4.3. Moïse, nous le verrons, intègre ce même document avec un mouvement de Tibère devant le Sénat de reconnaître les chrétiens, un élément important pour la contextualisation de notre passage, et cite une deuxième lettre d'Abgar, une réponse à Tibère.