Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modificationI

Previous, Next, Up

Dion Cassius - « HISTOIRE ROMAINE », LIVRE XLIX

modifier

23. L'année suivante, les Romains ne firent en Syrie rien qui mérite d'être rapporté. Antoine perdit l'année tout entière à se rendre en Italie et à revenir en Syrie; Sossius, comme c'était la gloire d'Antoine et non la sienne qu'il aurait augmentée, et que pour ce motif il redoutait sa jalousie et sa colère, passa tout son temps à chercher non les moyens de déplaire à son général par des succès, mais ceux de lui être agréable en ne taisant rien. Chez les Parthes, les affaires prirent une face toute nouvelle par suite de l'événement que voici. Orode, leur roi, fatigué par l'âge et la douleur de la perte de Pacorus, abdiqua son autorité en faveur de Phraatès, l'aîné des enfants qui lui restaient. Celui-ci, devenu maître du pouvoir, se montra le plus impie des hommes : il mit à mort par ruse ses frères nés de la fille d'Antiochus, parce qu'ils lui étaient supérieurs en mérite, ainsi qu'en noblesse du côté maternel; il tua aussi de sa propre main Orode, qui voyait ces meurtres avec douleur, et fit ensuite périr les plus nobles de ses sujets; il commit aussi beaucoup d'autres crimes qui décidèrent un grand nombre de gens du premier rang à l'abandonner, pour passer, les uns autre part , les autres à Antoine ; parmi ces derniers était Monæsès. Ce fait eut lieu sous le consulat d'Agrippa[1] et de Gallus (Pollion)[2].

24. Pendant le reste de l'hiver, sous les consuls Gellius et Nerva, Publius Canidius Crassus, ayant marché contre les Ibères de ces contrées (en -38, partie méridionale et occidentale de l'actuelle Géorgie (pays)), défit dans une bataille leur roi Pharnabaze et l'amena à une alliance; puis, étant entré avec lui dans l'Albanie (Aghbanie), pays limitrophe, il battit les habitants et leur roi Zober, qu'il attira également à son parti. Enflé de ses succès et surtout fondant de grandes espérances sur Monaesès (Monaesès lui avait promis de se mettre à la tête d'une expédition et de soumettre sans coup férir la plus grande partie du pays des Parthes), Antoine lui donna la conduite de la guerre contre les Parthes, lui concéda, entre autres faveurs, la possession jusqu'à la fin de la guerre de trois villes appartenant aux Romains, et, de plus, lui promit le royaume des Parthes. Pendant qu'ils faisaient ces choses, [Phraatès IV]], saisi de crainte, surtout parce que les Parthes étaient irrités de l'exil de Monaesès, traita avec lui en lui faisant toutes les offres possibles et le persuada de revenir. Antoine, quand il connut cette défection, s'en irrita, comme il était juste; néanmoins il ne fit pas mourir Monaesès, bien qu'il fût encore en son pouvoir, car il pensa que, s'il le faisait, aucun autre parmi les Barbares ne s'attacherait à lui: mais il tendit un piège au roi et à Monaesês. En conséquence, il le laissa partir, comme s'il devait lui soumettre les Parthes, et envoya avec lui des ambassadeurs à Phraatès. En apparence, il faisait la paix à la condition que les enseignes et les captifs pris lors de la déroute de Crassus seraient rendus, afin de saisir le roi au dépourvu, en lui donnant l'espérance d'un traité, tandis qu'en réalité il faisait tous ses préparatifs pour la guerre.

25. Il s'avança ainsi jusqu'à l'Euphrate, qu'il ne croyait pas défendu; mais, ayant trouvé toutes les positions gardées avec soin, il s'en détourna pour marcher contre Artavasde, roi des Mèdes, à la persuasion du roi de la Grande Arménie, son homonyme et son ennemi. Là, ayant appris que le Mède était allé bien loin de chez lui porter secours au Parthe, il laissa en arrière ses bagages et une partie de son armée sous le commandement d'Oppius Statianus, avec ordre de le suivre. Lui-même, avec sa cavalerie et l'élite de son infanterie, il précipita sa marche, dans l'espoir d'emporter d'emblée toutes les possessions des ennemis ; puis, quand il fut arrivé devant Proaspi, résidence habituelle du roi, il éleva des retranchements et commença l'attaque. Le Parthe et le Mède, informés de cette agression, le laissèrent s'épuiser en vain (les remparts de la ville étaient solides et défendus par une garnison nombreuse), et, fondant à l'improviste sur Statianus, qui était fatigué par la marche, ils massacrèrent tout, à l'exception de Polémon, roi de Pont, qui alors combattait dans les rangs de Statianus; celui-là fut pris vivant, et il obtint la liberté, moyennant rançon. Or, s'ils purent accomplir cette action, c'est que l'Arménien ne prit point part au combat; que, bien qu'il eût pu, au rapport de quelques historiens, secourir les Romains, il n'en fit rien, et qu'au lieu de rejoindre Antoine, il se retira dans ses États.

Notes et références

modifier
  1. Marcus Agrippa a été consul en -37, -28 et -27, nous sommes donc probablement en -38.
  2. Consul en 40 av. J.-C. en compagnie de Gnaeus Domitius Calvinus (cf. Flavius Josèphe, Antiquités juives, livre XIV, 14, 5)

Dion Cassius - « HISTOIRE ROMAINE », LIVRE LIX

modifier

(sous Claude (début de son règne))

[11] Une grande famine étant survenue, Claude avisa aux moyens d'avoir, non seulement dans le présent, mais aussi toujours dans l'avenir, des vivres en abondance. Presque tout le blé, en effet, que consomment les Romains étant apporté du dehors, et le pays situé à l'embouchure du Tibre, n'offrant ni rades sûres ni ports convenables, rendait inutile aux Romains l'empire de la mer; car, excepté celui qui arrivait dans la belle saison et qu'on portait dans les greniers, il n'en venait point l'hiver, et, si quelqu'un essayait d'en amener, la tentative réussissait mal. Claude, comprenant ces difficultés, entreprit de construire un port, sans se laisser détourner de son projet par les architectes,..

Flavius Josèphe Esséens au temps d'Hérode

modifier

Furent également exemptés de cette obligation ceux qu'on appelle chez nous Esséens : c'est une secte qui mène une vie conforme aux préceptes qu'enseigna Pythagore chez les Grecs. [372] Je parlerai d'eux ailleurs avec plus de détails[113], mais il est bon de dire pour quelle raison il les tenait en haute estime et leur témoignait plus de considération que n'en mériteraient de simples mortels ; cette explication ne paraîtra pas déplacée dans un livre d'histoire et fera comprendre l'opinion qu’on avait sur leur compte.

[373] 5. Il y avait parmi les Esséniens un certain Manahem, d'une honnêteté éprouvée dans la conduite de sa vie, et qui tenait de Dieu le don de prévoir l'avenir. Un jour qu'Hérode, alors enfant, allait à l'école, cet homme le regarda attentivement et le salua du titre de roi des Juifs. [374] Hérode crut que c'était ignorance ou moquerie et lui rappela qu'il n'était qu'un simple particulier. Mais Manahem sourit tranquillement et lui donnant une tape familière[114] : « Tu seras pourtant roi, lui dit-il, et tu régneras heureusement, car Dieu t'en a jugé digne. Et souviens-toi des coups de Manahem, et que ce soit pour toi comme un symbole des revirements de la fortune. [375] Ce te serait, en effet, un excellent sujet de réflexions, si tu aimais la justice, la piété envers Dieu, l'équité à l'égard des citoyens ; mais, moi qui sais tout, je sais que tu ne seras pas tel. [376] Tu seras heureux comme personne ne l'a été, tu acquerras une gloire immortelle, mais tu oublieras la piété et la justice, et cet oubli ne saurait échapper à Dieu ; sa colère s'en souviendra à la fin de ta vie. » [377] Sur le moment Hérode ne fit pas grande attention à ces prédictions, n'ayant aucun espoir de les voir se réaliser ; mais quand il se fut élevé peu à peu jusqu'au trône et à la prospérité, dans tout l'éclat du pouvoir, il fit venir Manahem et l'interrogea sur la durée de son règne.[378] Manahem ne lui en dit pas le total ; comme il se taisait, Hérode lui demanda s'il régnerait dix ans. Manahem répondit oui, et même vingt, et trente, mais n'assigna aucune date à l'échéance finale. Hérode se déclara cependant satisfait, renvoya Manahem après lui avoir donné la main, et depuis ce temps honora particulièrement tous les Esséniens. [379] J'ai pensé que, quelque invraisemblance qu'il y ait dans ce récit, je devais le faire à mes lecteurs et rendre ce témoignage public à mes compatriotes, car nombre d'hommes de cette espèce doivent au privilège de leur vertu d'être honorés de la connaissance des choses divines[115].

Notes et références

modifier