Utilisateur:Michel BUZE/tests/figures de style
1. Métaplasme : altérations dans le matériel d'un mot autorisées par l'usage 1.1. Génération de phonèmes 1.1.1. L'épenthèse (n.f.)
Etymologie : grec epenthesis : "action de surajouter"
Définition : Apparition à l'intérieur d'un mot d'un phonème que l'étymologie ne justifie pas. Elle se produit pour adoucir des articulations inhabituelles.
Voir aussi anaptyxe, paremptose, paragoge, prosthèse.
Exemples :
Epenthèse de l'r dans "chanvre" qui vient de "cannabis". Epenthèse du b dans "chambre" qui vient de "camera". Epenthèse du d dans "gendre" qui vient de "generum".
1.1.2. L'anaptyxe (n.f.)
Etymologie : grec anaptuxis : "développement") Vieilli, aujourd'hui inusité
Définition : Sorte d'épenthèse : développement d'une voyelle parasitaire qui facilite l'articulation d'un mot.
1.1.3. La paremptose
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : insertion dans un mot d'une consonne qui ne forme pas syllabe.
1.1.4. La paragoge==
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : addition à la fin d'un mot : dans jusques, l's est une paragoge qu'on se permet quand l'euphonie ou la mesure le demande, par exemple dans ce vers :
Exemple :
Sion jusques au ciel élevée autrefois (Racine, Esther)
1.1.5. La prosthèse
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : addition d'une lettre ou d'une syllabe au commencement d'un mot, sans en changer la valeur.
Exemple :
Latin sperare => français espérer espoir
1.1.6. La gémination
Définition : GL : Redoublement, dans l'émission ou l'écriture, d'une voyelle, d'une consonne ou d'une syllabe.
Exemple (de syllabes uniquement) :
Un bonbon
Le langage familier, les surnoms, utilisent abondamment la gémination : bébête pour bête, Gégène pour Eugène, Titine pour Martine, etc.
1.2. Déplacement de phonèmes 1.2.1. L'anticipation
Etymologie : latin anticipatio Définition : GL : Changement de position d'un phonème dans un mot, par suite d'une difficulté d'articulation de ce phonème à sa place première, l'amenant ainsi à être prononcé avant le ou les phonèmes qui le précédaient.
Exemple :
Ancien français cercher -> français moderne chercher. recherche
Vieux français
1.2.2. La métathèse
Etymologie : grec metathesis : "déplacement" Définition 1 : PR : Altération d'un mot ou d'un groupe de mots par déplacement, interversion d'un phonème, d'une syllabe, à l'intérieur de ce mot ou de ce groupe.
Définition 2 : Littré : transposition d'une lettre.
Définition 3 : GL : Déplacement des phonèmes (voyelle, consonne) à l'intérieur d'un mot, dû à une difficulté d'articulation (le phonème quitte sa place originaire pour en prendre une autre, soit à l'intérieur de la même syllabe, soit dans une syllabe différente).
Exemple :
"Formage" est devenu "fromage".
1.3. Disparition de phonèmes 1.3.1. L'aphérèse (n.f.)
Etymologie : grec aphaeresis Définition : Chute d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes au début d'un mot.
Exemples :
Pitaine pour Capitaine
Cipal pour Garde municipal.
Colas pour Nicolas.
1.3.2. La syncope
Etymologie : grec sugkopê : "défaillance" Définition : Suppression d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot.
Exemples :
Dénoûment (pour "dénouement").
Latin "periculum" : syncope de l'u -> periclum -> français "péril".
Dans la langue parlée, syncope des syllabes muettes.
1.3.3. L'apocope (n.f.)
Etymologie : grec apokopa, de apokopein : "retrancher" Définition : Chute d'un phonème ou d'une syllabe à la fin d'un mot.
Exemples :
Télé pour télévision. Prof pour professeur. Pneu pour pneumatique. Micro pour microphone ou micro-ordinateur. Sous-off pour sous-officier. Dactylo pour dactylographe. Cocon pour co-conscrit (= élève de l'X, école militaire, les élèves sont "conscrits" ensemble). Séropo pour séropositif.
etc.
1.3.4. La synérèse (n.f.)
Etymologie : grec sunairesis : "rapprochement" Définition : PR : Prononciation groupant en une seule syllabe deux voyelles contiguës d'un même mot.
Exemple :
Violon prononcé "vjo..." au lieu de "vijo..." Voir aussi crase. (La synérèse conserve le son des lettres. La crase donne un son tout autre)
Le phénomène contraire est la diérèse.
1.3.5. La crase
Définition : Littré : contraction de syllabes où le son des éléments disparaît. Exemple :
La figure qu'on appelle crase se fait lorsque, deux voyelle se confondant ensemble, il en résulte un nouveau son, par exemple lorsqu'au lieu de dire à la ou de le, nous disons au ou du. Voir aussi synérèse.
1.3.6. La synalèphe (n.f.)
Etymologie : grec sunaloiphê Définition : Fusion de deux ou de plusieurs syllabes en une seule, par élision, synérèse ou contraction.
Exemples :
Margis pour Maréchal des logis.
A noter que la langue anglaise a créé de nombreux néologismes de cette façon ("portfolio words") :
Motel (pour motorcar hotel)
Telethon (pour television marathon)
Edutainment (pour education and entertainment)
2. Figures de construction
modifier2.1. L'anacoluthe (n.f.)
Etymologie : grec anacoluthon : "absence de suite" Définition : Rupture ou discontinuité dans la construction d'une phrase.
Exemples :
"Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre" (La Fontaine) Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle (Racine) ! Définition 2 :Littré : tournure dans laquelle, commençant par une construction, on finit par une autre. Exemple :
Toutes les dignités que tu m'as demandées, Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées (Corneille, Cinna)
L'anacoluthe donne parfois plus de vigueur à la pensée, comme dans cette phrase de Pascal : Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé.
Définition 3 : Littré : ellipse qui consiste à employer un relatif sans son antécédent.
2.2. L'ellipse (n.f.)
Etymologie : grec elleipsis : "manque" Définition : Omission syntaxique ou stylistique de un ou plusieurs mots que l'esprit supplée de façon plus ou moins spontanée.
Exemples :
Ellipse du sujet :
Grand bien vous fasse (que cela vous fasse...) [Cela] Soit dit entre nous. [Nous] Arriverons demain (style "télégraphique"). Ellipse de l'agent dans une locution : La [fête de] Saint-Jean. Entrer en [classe de] cinquième. Il prit sur lui [la responsabilité] d'attaquer. Ellipse du verbe : Je pense comme vous [pensez]. A père avare, fils prodigue. Aux grands hommes la patrie [est] reconnaissante. Honneur [soit rendu] aux braves ! Chacun [doit agir à] son tour. Je t'aimais [quand tu étais] inconstant, qu'aurais-je fait [si tu avais été] fidèle (Racine) ! [J'ai] compris ! [Me voilà] enfin libre ! L'ellipse permet d'éviter la répétition lorsqu'on répond à une question, lorsqu'on coordonne ou compare deux termes. Voir aussi anacoluthe (deuxième sens).
2.3. La brachylogie
Etymologie : grec brachus : "court" et logos : "discours" Définition : GL : emploi d'une expression elliptique.
Définition : Grevisse : Variété d'ellipse consistant, au sens large, à s'exprimer de façon concise, avec le moins de mots possible.
Exemple :
[Quand on est] Loin des yeux, [on est] loin du coeur. En un sens plus spécial, elle consiste à ne pas répéter un élément précédemment exprimé. Définition 2 : Littré : vice d'élocution, qui consiste dans une brièveté excessive, et poussée assez loin pour rendre le style obscur.
Voir zeugma.
Exemple :
Donner cent francs, c'est une générosité ; [donner] mille [francs], c'est une largesse.
2.4. La tmèse
Etymologie : grec tmêsis : "coupure" Définition : GL : Disjonction, séparation de deux éléments phoniques habituellement liés dans un mot.
Définition 2 : Grevisse : Intercalation d'un ou de plusieurs mots dans l'assemblage qui constitue une locution conjonctive.
Exemples :
Avant donc que d'écrire Pendant donc que toute la troupe s'installait Les hommes parlent de manière, sur ce qui les regarde, qu'ils n'avouent d'eux-mêmes que de petits défauts (La Bruyère)
2.5. Le zeugma
Etymologie : grec zeugma : "lien" Définition : PR : Construction qui consiste à ne pas énoncer de nouveau, quand l'esprit peut les rétablir aisément, un mot ou un groupe de mots déjà exprimés dans une proposition immédiatement voisine.
Définition : GL : Construction qui consiste à rattacher grammaticalement deux ou plusieurs noms à un adjectif ou à un verbe qui, logiquement, ne se rapporte qu'à l'un des noms ou qui est pris dans des sens différents.
Exemple :
L'air était plein d'encens et les prés [pleins] de verdure (V. Hugo). Définition 3 : Littré : figure d'élocution plus connue sous le nom d'adjonction. Le zeugma a lieu quand un mot, déjà exprimé dans une proposition, est sous-entendu dans une autre proposition analogue à la première et attachée à celle-ci. Exemples :
Le zeugma est simple quand le mot sous-entendu est exactement celui qui a été exprimé :
Je renonce à la Grèce, [je renonce] à Sparte, [je renonce] à mon empire, [je renonce] A ma famille (Racine, Andromaque) Le zeugma est composé si le mot sous-entendu n'est pas absolument celui qu'on a déjà vu : Vous régnez, Londres est libre et vos lois [sont] florissantes (Voltaire, Henriade). Le zeugma peut être utilisé pour créer des effets comiques : Hier, j'ai sauté la bonne et le repas (P. Desproges). ... Pourquoi ne faites-vous pas un saut en haut, chez moi ? J'ai des verres en papier et l'après-midi libre (U. Eco, Le Pendule de Foucault). Buvons à nos femmes, à nos chevaux, et à ceux qui les montent... (tradition de la cavalerie). Tout nu dans la serviette qui me servait de pagne, J'avais le rouge au front et l'savon à la main (Jacques Brel, "Au suivant !"). Il tira son épée et des plans sur la comète.
2.6. L'asyndète (n.f.)
Etymologie : grec asyndeton Définition : Absence de liaison (par une conjonction, etc.) entre deux termes ou groupes de termes en rapport étroit.
Exemples :
Bon gré, mal gré.
Donnant donnant.
Bon an mal an.
Synonyme de disjonction.
Définition 2 : Littré : sorte d'ellipse par laquelle on retranche les conjonctions simplement copulatives qui doivent unir les parties d'une phrase.
Exemple :
Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble,
Avançaient, combattaient, frappaient, mouraient ensemble (Voltaire, Henri VI).
L'effet contraire est la polysyndète.
2.7. La syllepse
Etymologie : grec sullepsis : "action de prendre ensemble" Définition : Accord selon le sens et non selon les règles grammaticales.
Définition 2 : Littré : figure de grammaire qui règle l'accord des mots, non d'après les règles grammaticales, mais d'après les vues particulières de l'esprit.
Exemples :
Syllepse de nombre :
Minuit sonnèrent Jamais il n'eût tourmenté un chat : il les respectait Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge, Vous souvenant, mon fils, que caché sous ce lin, Comme eux vous fûtes pauvre, ... (Racine). La plupart se sentent écoeurés.
Syllepse de genre : C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète
Syllepse de personne : Est-ce que j'aime les gâteaux ? (pour "est-ce que tu aimes ?") A t'on été sage ? (pour "as-tu été sage ?") "Nous" de majesté Personne de politesse : Votre Altesse veut-elle ... Définition 3 : GL et Littré donnent un deuxième sens : Procédé par lequel on prend le même mot à la fois au propre et au figuré.
Exemple :
Galatée est pour Corydon plus douce que le miel du mont Hybla.
2.8. L'aposiopèse (n.f.)
Etymologie : grec aposiopesis : "silence brusque" Vieilli, aujourd'hui inusité
Définition : Interruption brusque d'une construction, traduisant une émotion, une hésitation, une menace.
Exemple :
Je pourrais vous dire encore... Mais à quoi bon insister ?
Voir réticence.
2.9. L'anastrophe (n.f.)
Etymologie : grec anastrophè : "renversement" Définition : GL : Renversement de l'ordre habituel des mots dans une phrase
Exemple :
Restait cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne (Bossuet)
2.10. La polysyndète (n.f.)
Etymologie : grec polusundeton : "liaison multiple" Définition : GL : Coordination multiple, réalisée par des conjonctions qui joignent des termes d'une même phrase
Exemple :
Soit moi, soit lui, soit même toute autre personne L'effet contraire est l'asyndète.
2.11. L'épanalepse (n.f.)
Etymologie : grec epanalepsis, "reprise" Définition : GL : Reprise d'un nom par un pronom dans la même proposition.
Exemple :
Pierre, je l'ai rencontré hier.
2.12. L'hendiadys (n.m.)
Etymologie : grec hen dia duoin, "une chose par deux noms" Définition : GL : Procédé qui consiste à remplacer un nom accompagné d'un adjectif ou d'un complément par deux noms unis au moyen d'une conjonction.
Exemple :
Boire dans des patères et de l'or au lieu de boire dans des patères d'or.
2.13. L'hyperbate (n.f.)
Etymologie : grec hyperbaton Définition : GL : Procédé par lequel on renverse l'ordre habituel des mots.
Exemple :
Là coule un clair ruisseau au lieu de Un clair ruisseau coule là.
Synonyme d'inversion.
3. Figures de mots (tropes) : extension ou détournement du sens propre des mots 3.1. La catachrèse
Etymologie : grec katachrêsis : "abus" Définition : Figure de rhétorique qui consiste à détourner un mot de son sens propre.
Exemples :
Aller à cheval sur un bâton
Les bras d'un fauteuil, les ailes d'un moulin, la chevelure d'une comète, ...
Une grille d'analyse
Un barème (souvenir de M. Barrême)
Une poubelle (souvenir du préfet Poubelle)
Définition 2 : Littré : trope par lequel un mot détourné de son sens propre est accepté dans le langage commun pour signifier une autre chose qui a quelque analogie avec l'objet qu'il exprimait d'abord :
Exemples :
Une langue (parce que la langue est le principal organe de la parole). Une glace (miroir : parce qu'elle est plane et luisante comme la glace d'un bassin). Le langage technique est un réservoir de catachrèses : Culotte (terme de chaudronnerie : goulotte en forme de culotte). Guillotine (terme de chaudronnerie : machine pour couper les tôles). Grue (machine de levage ressemblant à l'oiseau). Sauterelle (transporteur à bande qui adopte la position de l'insecte. L'un est en extension sur ses longues pattes, l'autre sur ses vérins de relevage). Souris (d'ordinateur). Manchon (cylindre protecteur autour d'un joint de câble). Jarretière (longueur de fil reliant deux équipements).
L'oubli de la raison d'être initiale de la catachrèse peut conduire à des juxtapositions insolites : Du rouge à lèvre rose. Un plat creux. Un frigidaire Arthur Martin. Un fil de fer en cuivre. Un verre en carton. A noter que ces exemples sont au départ des synecdoques (la couleur, la matière, la marque, ..., désignent un objet précis), puis des extensions (le mot vient à désigner tout objet remplissant la même fonction), et deviennent des catachrèses quand elles s'incrustent dans la pratique courante. Voir extension, restriction.
3.2. L'extension
Etymologie : latin extensio, de extendere : "étendre" Définition : Action de donner à quelque chose une portée plus générale, la possibilité d'englober un plus grand nombre de choses. Pour un mot : le fait de s'appliquer à plus d'objets.
Exemples :
Panier :
corbeille à pain corbeille quelconque. contenu de la corbeille : le prix du panier de la ménagère ensemble d'objets : l'Euro est constitué d'un panier de monnaies Bureau : tissu (sorte de bure) table de travail recouverte de ce tissu pièce contenant une table de travail
3.3. La restriction
Ce qui restreint le développement, la portée de quelque chose.
3.4. La métonymie
Etymologie : grec metonumia : "changement de nom" Définition : PR : Figure de rhétorique par laquelle on exprime un concept au moyen d'un terme désignant un autre concept qui lui est uni par une relation nécessaire :
la cause pour l'effet le contenant pour le contenu le signe pour la chose signifiée Définition 2 : Littré : figure de rhétorique par laquelle on met un mot à la place d'un autre dont il fait entendre la signification. En ce sens général la métonymie serait un nom commun à tous les tropes, mais on la restreint aux usages suivants : la cause pour l'effet (ou l'inverse) le contenant pour le contenu le nom du lieu où une chose se fait pour la chose elle-même le signe pour la chose signifiée le nom abstrait pour le concret les parties du corps regardées comme le siège des sentiments ou des passions, pour ces passions et ces sentiments. le nom du maître de la maison pour la maison même l'antécédent pour le conséquent. Voir hypallage, synecdoque. Définition 2 : BC : Figure qui consiste à désigner un objet par le nom d'un autre objet lié au premier par la logique ou la pratique.
Exemples :
Boire un verre (le contenu d'un verre). Ameuter la ville (les habitants de la ville). Avoir une belle main (écriture). L'aigle (l'Allemagne).
3.5. La synecdoque
Etymologie : grec sunekdokhê : "compréhension simultanée" Définition : PR : Figure de rhétorique qui consiste à prendre le plus pour le moins, la matière pour l'objet, l'espèce pour le genre, la partie pour le tout, le singulier pour le pluriel ou inversement.
Exemples :
Les mortels (pour "les hommes")
Un fer (pour "une épée") : matière pour l'objet
Une voile (pour "un navire") : partie pour le tout
Définition 2 : GL : Procédé qui donne à un terme un sens plus étendu que ne le comporte son emploi ordinaire.
Littré : la synecdoque est une espèce de métonymie. Dans la métonymie on prend un nom pour un autre, dans la synecdoque on prend le plus pour le moins ou le moins pour le plus.
3.6. L'hypallage (n.f.)
Etymologie : grec hupallagê : "échange, interversion" Définition : Figure de style/ de grammaire qui consiste à attribuer à certains mots d'une phrase ce qui convient à d'autres mots (de la même phrase).
Exemples :
Ce marchand accoudé sur son comptoir avide (V. Hugo).
Rendre quelqu'un à la vie (pour "rendre la vie à quelqu'un").
Définition 3 : Littré : figure par laquelle on paraît attribuer à certains mots d'une phrase ce qui appartient à d'autres mots de cette phrase, sans qu'il soit possible de se méprendre au sens :
Exemple :
Enfoncer son chapeau dans sa tête.
Une hypallage est vicieuse quand l'attribution ne peut se faire que de façon indirecte :
Blessés crâniens (c'est la blessure, et non la personne blessée, qui est "crânienne").
Aliéné mental (c'est l'aliénation, et non la personne aliénée, qui est "mentale").
Médaillé militaire (c'est la médaille, et non celui qui la reçoit, qui est "militaire").
3.7. L'antonomase
Etymologie : grec antonomasia Définition : PR : Figure de rhétorique consistant à remplacer un nom par l'énoncé d'une qualité propre à l'objet ou à l'être qu'il désigne.
Exemples :
Le Docteur angélique (Saint Thomas d'Aquin).
Définition 2 :GL : emploi d'un nom propre pour un nom commun ou réciproquement.
Exemples :
L'Empereur des Français (pour "Napoléon").
Définition 3 : Grevisse : figure de langage désignant un personnage par le caractère dont il est le type, ou un individu qui a un certain caractère, par le personnage qui en est le type.
Définition 3 : Littré : sorte de synecdoque qui consiste à prendre un nom commun pour un nom propre, ou l'inverse.
Exemples :
L'Orateur romain (Cicéron). La Vierge (Marie). C'est un vrai tartufe. Quel harpagon ! Un zoïle (un critique) Nota : une expression comme "l'auteur des Géorgiques" (Virgile) n'est pas une antonomase, mais une périphrase.
3.8. La paronomase
Etymologie : grec para, "à côté" et onoma, "nom" Définition : GL : Procédé de style qui consiste à employer à côté l'un de l'autre des mots dont le son est à peu près semblable, mais dont le sens est différent.
Exemples :
Traduttore, tradittore
Qui vivra verra
Qui se ressemble s'assemble
4. figure de pensée Figures de pensée : présentation de la pensée sous une forme plus vive 4.1. L'hypotypose
Etymologie : grec hupotupôsis)
Vieilli, aujourd'hui inusité
Définition : Littré : description animée, vive et frappante, qui met pour ainsi dire la chose sous les yeux.
4.2. La périphrase
Etymologie : grec periphrazein : "parler autour" Définition : Figure qui consiste à exprimer une notion, qu'un seul mot pourrait désigner, par un groupe de plusieurs mots.
Définition 2 : Littré : figure de style par laquelle, au lieu d'un seul mot, on en met plusieurs qui forment le même sens. Périphrase est littéraire et relatif seulement à la forme du discours, au lieu que circonlocution est de la langue commune et se rapporte au sens, aux idées. On se sert de périphrases pour embellir le discours, et de circonlocutions pour adoucir ce qui blesserait, pour écarter des idées désagréables, basses ou peu honnêtes. La périphrase ne fait que tenir la place d'un mot ou d'une expression ; au fond, elle ne dit pas davantage ; au lieu que la paraphrase ajoute d'autres pensées, elle explique, elle développe.
Exemples :
La Ville-Lumière (pour "Paris"). La Ville Eternelle (pour "Rome"). L'oiseau de Jupiter, de Junon (pour "l'aigle", "le paon") Voir circonlocution, détour. On peut user de périphrases pour toucher à un sujet délicat : voir euphémisme.
4.3. La circonlocution
Etymologie : latin circumlocutio : "parler autour" Définition : Manière d'exprimer sa pensée d'une façon indirecte (GL : et imprécise).
Voir ambage, périphrase.
4.4. L'apostrophe (n.f.)
Etymologie : grec apostrophê Définition : PR : Figure de rhétorique par laquelle un orateur interpelle tout à coup une personne ou même une chose qu'il personnifie.
Définition 2 : GL : Procédé par lequel on s'interrompt pour adresser la parole à des personnes présentes, absentes ou mortes, à des objets inanimés.
Exemples :
Ô Mort, éloigne-toi !
Ô Temps, suspend ton vol ! (Chateaubriant)
Soleil, je te viens voir pour la dernière fois (J. Racine, Phèdre).
4.5. La prosopopée
Etymologie : grec prosopopeia, de prosopon : "personne" Définition : Figure par laquelle on fait parler et agir une personne que l'on évoque, un absent, un mort, un animal, une chose personnifiée.
Définition 2 : Littré : figure de rhétorique qui prête de l'action et du mouvement aux choses insensibles, qui fait parler les personnes soit absentes, soit présentes, les choses inanimées, et quelquefois même, les morts.
Voir évocation.
Exemples :
Je vis cette faucheuse, elle était dans son champ (V. Hugo).
La camarde (..) me poursuit d'un zêle imbécile (G. Brassens, Supplique pour être enterré sur la plage de Sète).
4.6. L'interrogation
Etymologie : latin interrogatio Définition : PR : Type de phrase logiquement incomplète qui a pour objet de poser une question ou qui implique un doute.
Définition 2 : Grevisse : Interrogation oratoire : figure de rhétorique par laquelle on donne à entendre qu'il faut admettre comme évidente la proposition contradictoire à celle qu'on exprime fictivement sous la forme interrogative.
Exemples :
Est-il possible qu'il ait fait une telle faute ? (= Il n'est pas possible...). Ne vous avais-je pas averti ? (= Je vous avais averti). Définition 2 : Littré : figure de rhétorique par laquelle l'orateur adresse à son adversaire ou au public une ou plusieurs questions auxquelles il sait bien qu'on ne répondra pas.
4.7. L'interjection
Littré : figure de rhétorique qui consiste à interrompre le sens pour placer une exclamation, une réflexion plus ou moins prolongée.
4.8. L'exclamation
Etymologie : latin exclamatio Définition : PR : Cri, paroles brusques exprimant de manière spontanée une émotion, un sentiment.
Définition 2 : GL : Mot interjectif ou phrase réduite dans lesquels l'intonation exprime une émotion violente ou un jugement teinté d'affectivité.
Définition 3 : Littré : figure de rhétorique qui consiste à se livrer tout à coup dans le discours aux élans impétueux de la passion.
Voir interjection.
Exemple :
Quelle erreur !
Définition 2 : Grevisse distingue trois variétés :
La proposition exclamative proprement dite traduit, avec la force d'un cri, la joie, la douleur, l'admiration, la surprise, l'indignation, la pitié, la crainte, l'ironie, ou quelque autre sentiment du sujet parlant.
La proposition optative exprime un souhait, un désir : Que Dieu vous entende !
La proposition impérative exprime un ordre, un conseil, une prière : Partez !
Enfin, la proposition exclamative peut se présenter sous une forme interrogative : Moi, Seigneur, que je fuie ! (Racine)
4.9. L'ironie
Etymologie : grec eironeia : "action d'interroger en feignant l'ignorance" Définition : Manière de se moquer (de quelqu'un ou de quelque chose) en disant le contraire de ce qu'on veut faire entendre.
Voir humour, persiflage, raillerie, dérision, sarcasme.
4.10. Le charientisme
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : espèce de trope consistant dans une ironie où on laisse entendre, plutôt qu'on ne l'exprime, ce qu'il y a de piquant dans la pensée.
4.11. L'anticipation
Etymologie : latin anticipatio Définition : Mouvement de la pensée qui imagine ou vit d'avance un événement.
Définition 2 : Littré : réfutation anticipée d'objections prévues.
Synonyme de prolepse.
Exemple :
J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon (La Fontaine, Perrette et le pot au lait).
4.12. La prolepse
Etymologie : grec prolêpsis : "anticipation" Définition : PR : Figure de rhétorique par laquelle on prévient une objection, en la réfutant d'avance.
Définition 2 : GL : Procédé qui consiste à employer une épithète marquant un événement qui précède celui qui est indiqué par le substantif ou à placer un mot dans la proposition qui précède celle où il devrait être.
Exemple :
Le malheureux enfant, il ne sait pas ce qui l'attend.
4.13. La concession
Etymologie : latin concessio Définition : Littré : figure de rhétorique par laquelle on accorde à son adversaire ce qu'on pouvait lui disputer.
Définition 2 : L'Académie française donne un sens plus restrictif : figure par laquelle on feint d'accorder à son adversaire ce qu'en réalité on lui refuse.
Exemple :
Vous prétendez que vos intentions étaient honnêtes. Admettons ! Il n'en reste pas moins que...
4.14. La réfutation
Etymologie : latin refutatio, de refutare : "repousser" Définition : Partie du discours dans laquelle on répond aux objections exprimées ou prévues.
4.15. La métastase
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : figure de rhétorique consistant à rejeter sur le compte d'autrui les choses que l'orateur est forcé d'avouer.
4.16. L'épiphonème (n.m.)
Etymologie : grec epi, "sur", et phônêma, "voix" Définition : GL : Exclamation sentencieuse par laquelle on termine un récit, un discours.
Exemple :
Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévôts ! (Boileau, Le Lutrin)
4.17. La métalepse
Etymologie : grec metalêpsis, "transposition" Définition : GL : Figure de rhétorique par laquelle on fait entendre l'antécédent par le conséquent, ou l'inverse.
Exemples :
Antécédent par le conséquent : Hélas ! nous le pleurons au lieu de Hélas ! il est mort.
Conséquent par l'antécédent : Ils ont vécu au lieu de Ils sont morts.
5. Figures de comparaison 5.1. La comparaison
Définition : Rapport établi entre un objet et un autre terme. Définition 2 : Littré : figure de rhétorique par laquelle, pour éclaircir une idée ou pour orner le discours, on applique à un objet des traits de ressemblance empruntés à un objet différent.
Synonyme de similitude.
Exemple :
Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril (V. Hugo, Booz endormi)
5.2. Le cliché
PR : Idée ou expression trop souvent utilisée. Voir banalité, lieu commun, poncif.
5.3. Le poncif
Expression littéraire dénuée d'originalité
5.4. Le lieu commun
Fait de style qu'un emploi trop fréquent a affadi. Exemples :
Notre souverain (...) qui dirige à la fois d'une main si ferme et si sage le char de l'Etat parmi les périls incessants d'une mer orageuse... (Flaubert, Madame Bovary)
Le blanc manteau de la neige.
5.5. La métaphore
Etymologie : grec metaphora : "transposition" Définition : PR : Figure de rhétorique qui consiste dans un transfert de sens (terme concret dans un contexte abstrait) par substitution analogique.
Définition 2 : GL : Figure de rhétorique qui consiste à "transporter" un mot de l'objet qu'il désigne d'ordinaire à un autre objet auquel il ne convient que par une comparaison sous-entendue.
Voir comparaison, image.
Définition 3 : BC : Figure qui établit entre deux termes une relation d'analogie ou d'équivalence, tout en échappant à l'épreuve de vérité.
Définition 4 : Littré : figure de rhétorique par laquelle la signification naturelle d'un mot est changée en une autre. La métaphore est une figure par laquelle on transporte, pour ainsi dire, la signification propre d'un nom à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison qui est dans l'esprit.
Exemples :
La racine du mal ("racine" exprime l'idée abstraite de point d'attache)
Une source de chagrins ("source" exprime l'idée abstraite d'origine)
La lumière de l'esprit (pour "l'intelligence" : périphrase dans laquelle lumière est utilisée métaphoriquement)
L'hiver de la vie (pour "la vieillesse" : périphrase dans laquelle hiver est utilisé métaphoriquement)
Tête de Turc (objet sur lequel on frappe => personne sur laquelle on s'acharne)
Bouc émissaire (animal chargé des péchés d'Israël => personne rendue responsable d'une situation)
Expression :
Filer une métaphore : la développer longuement, progressivement.
Une métaphore est incohérente quand ses termes ne peuvent pas s'accorder :
Un torrent qui s'allume
Le char de l'Etat navigue sur un volcan
Gloire à ceux qui ont forgé silencieusement mais efficacement le fier levain qui demain ou après-demain au plus tard, fera germer le grain fécond du ciment victorieux, au sein duquel, enfin, sera ficelée, entre les deux mamelles de l'harmonie universelle, la prestigieuse clé de voûte qui ouvrira à deux battants, la porte cochère d'un avenir meilleur sur le péristyle d'un monde nouveau...(Pierre Dac)
5.6. L'antimétathèse
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : figure de grammaire par laquelle deux ou plusieurs lettres d'un mot se mettent l'une à la place de l'autre, comme utile et tuile.
Définition 2 : Littré : figure de mot par laquelle deux phrases font pour ainsi dire entre elles l'échange des mots qui les composent, de manière que chacun se trouve à son tour à la même place et dans le même rapport où était l'autre.
Exemple :
Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré (Saint Rémy, avant de baptiser Clovis)
Synonymes : renversement, antimétabole, antimétalyse.
5.7. L'analogie
Etymologie : latin analogia Définition : PR : Ressemblance établie par l'imagination (souvent consacrée dans le langage par les diverses acceptions d'un même mot) entre deux ou plusieurs objets de pensée essentiellement différents.
Définition : BC : Rapport de ressemblance fondé sur une proportion à quatre termes : a est à b ce que c est à d.
Exemple :
La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique (Clemenceau)
5.8. L'apologue (n.m.) apologie
Littré : exposé d'une vérité morale sous une forme allégorique, et dans lequel l'enseignement est presque toujours donné par une assimilation de l'espèce humaine aux êtres que l'on fait parler ou agir. Synonymes : fable, parabole
5.9. L'allégorie
Etymologie : grec allegoria Définition : PR : Suite d'éléments descriptifs ou narratifs dont chacun correspond aux divers détails de l'idée qu'ils prétendent exprimer. Peinture dont chaque élément évoque minutieusement les aspects d'une idée.
Définition 2 : GL : Expression d'une idée par une image, un tableau, un être vivant, etc. Oeuvre littéraire ou artistique utilisant cette forme d'expression.
Voir métaphore, symbole.
Définition 3 : BC : Mode de pensée et d'expression consistant à employer des personnifications à la place de notions abstraites, dans une structure narrative qui les fait agir et surtout parler.
Définition 4 : Littré : sorte de métaphore continuée, espèce de discours qui s'est d'abord présenté sous un sens propre, et qui ne sert que de comparaison pour donner l'intelligence d'un autre sens, qu'on n'exprime point.
5.10. La parabole
Etymologie : grec parabolê, "comparaison" Définition : GL : comparaison développée dans un récit, servant de voile à une vérité, à un enseignement. La parabole était une comparaison utilisée par le Christ dans sa prédication pour initier à son enseignement.
6. Figures d'opposition 6.1. L'antinomie
Etymologie : grec anti : "contre" et nomos : "loi" Définition : GL : Contradiction entre deux dispositions d'un même texte. Littré : contradiction entre deux lois.
6.2. L'antithèse
Etymologie : grec antithesis : "opposition" Définition : Figure de rhétorique : opposition de deux pensées, de deux expressions que l'on rapproche dans le discours pour en faire mieux ressortir le contraste.
Exemples :
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand (V. Hugo)
Puisqu'on ne peut être universel en sachant tout ce qui se peut savoir sur tout, il faut savoir un peu de tout (Pascal, Pensées)
On appelle ce jargon beauté poétique (...) qui consiste à dire de petites choses avec de grands mots (Pascal, Pensées)
Une rupture dans la logique de pensée peut créer un effet comique dans l'antithèse :
Ces messieurs hauts de forme et bas de plafond, ces messieurs parlent raison (Prévert, Grand bal du printemps / A Paris...).
6.3. L'antiphrase
Etymologie : grec antiphrasis Définition : Trope : manière d'employer un mot, une locution dans un sens contraire au sens véritable, par ironie ou euphémisme.
Définition : Littré : emploi d'un mot ou d'une proposition dans un sens contraire à son véritable sens. Une antiphrase est une contre-vérité réduite à un seul mot, à une seule dénomination.
Exemples :
Le nom de "boeuf" que le roitelet porte dans plusieurs provinces, lui est donné par antiphrase à cause de son extrême petitesse (Buffon). Celui-là chez eux [les courtisans] est sobre est modéré, qui ne s'enivre que de vin (La Bruyère, Les caractères)
6.4. Le paradoxe
Etymologie : grec paradoxos : "contraire à l'opinion commune" Définition : PR : Opinion qui va à l'encontre de l'opinion communément admise.
Exemple :
Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher (Pascal)
6.5. L'oxymore
Définition : BC : Figure de mots : alliance de mots de sens opposés. Exemples :
Heureux mal. Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille, Le Cid)
6.6. Le chiasme
Etymologie : grec chiasmos, "disposition en forme de croix" Définition : GL : Procédé qui consiste en une double antithèse dont les termes sont inversés.
Exemple :
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. Définition : PR : Figure de rhétorique formée d'un croisement des termes (là où le parallélisme serait normal). Exemple :
Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger (Molière, L'Avare).
7. Figures de répétition 7.1. L'antanaclase (n.f.)
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : figure de rhétorique, répétition d'un même mot en des sens différents.
Exemple :
Le coeur a ses raisons, que la raison ne connaît point (B. Pascal, Pensées).
7.2. L'antanagoge (n.f.)
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : récrimination, reproche qu'on oppose à un autre reproche, figure par laquelle on rétorque une accusation.
7.3. L'antapodose (n.f.)
Vieilli, aujourd'hui inusité)
Définition : Littré : seconde partie d'une similitude qui répond exactement à la première.
7.4. L'antilogie
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : contradiction de langage.
7.5. L'antiparastase (n.f.)
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : figure de rhétorique qui consiste en ce qu'un accusé maintient qu'il devrait être loué plutôt que blâmé, s'il avait fait ce qu'on lui impute.
7.6. L'allitération
Etymologie : anglais alliteration, du latin littera : "lettre" Définition : Répétition des mêmes sonorités produisant un effet harmonieux ou pittoresque.
Définition 2 : Littré : figure de diction qui consiste à répéter ou opposer plusieurs fois la même ou les mêmes lettres.
Synonyme : paragrammatisme.
Exemples :
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala (V. Hugo). Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire (Racine) Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes (Racine) Le riz tenta le rat, le rat tenté tâta le riz.
7.7. L'anaphore (n.f.)
Etymologie : grec anaphora : "reprise" Définition : Figure de rhétorique : répétition d'un mot en tête de plusieurs membres de phrase, pour obtenir un effet de renforcement ou de symétrie.
Exemple :
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire, Mon bras qui tant de fois a sauvé cet Empire... (Corneille).
Voir aussi symploque.
7.8. La symploque
Littré : répétition consistant à commencer plusieurs membres de phrases ou à les finir par le même mot.
7.9. L'anadiplose (n. f.)
Littré : espèce de répétition qui consiste à placer deux fois de suite le même mot à la fin de la phrase qui finit et au commencement de celle qui commence, pour donner plus de force à l'expression. Exemple :
Et les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le Roi lui-même tenaient Madame serrée ... (Bossuet, Oraison funèbre pour la Duchesse d'Orléans).
7.10. Le pléonasme
Etymologie : grec pleonasmos Définition : Terme ou expression qui ne fait qu'ajouter une répétition à ce qui vient d'être énoncé.
Définition 2 : Grevisse : Abondance d'expressions non exigée par l'énoncé strict de la pensée. Il peut servir à donner plus de force et de relief à tel ou tel élément de la proposition.
Définition : Littré : surabondance de termes, donnant plus de force à l'expression. Figure de syntaxe par laquelle on ajoute à une phrase des mots qui paraissent superflus par rapport à l'intégrité grammaticale, mais qui servent pourtant à y ajouter des idées accessoires, surabondantes, soit pour y jeter de la clarté, soit pour en augmenter l'énergie.
Voir redondance, tautologie.
Exemple :
Je l'ai vu de mes yeux. Le pléonasme est vicieux lorsqu'il n'ajoute rien à la force de l'expression :
Reculer en arrière.
7.10b. La périssologie
Etymologie : grec perissologia, "redondance", "superfluité" Définition : PR : pléonasme fautif - Procédé d'insistance par répétition.
7.11. La tautologie
Etymologie : grec tautologia Définition : PR : Vice logique consistant à présenter, comme ayant un sens, une proposition dont le prédicat ne dit rien de plus que le sujet.
Définition : GL : Négligence de style consistant à présenter comme des idées différentes ce qui, en réalité, n'est que la même idée sous plusieurs formes.
7.12. La battologie
Vieilli, aujourd'hui inusité Définition : Littré : répétition oiseuse, fastidieuse des mêmes pensées sous les mêmes termes.
7.13. Le paréchème
Définition : Littré : défaut de langage par lequel on place à côté l'une de l'autre des syllabes de même son. Exemple :
Il faut qu'entre nous nous nous nourrissions.
7.14. L'accumulation
Définition : Figure de rhétorique : action de mettre ensemble en grand nombre (des idées, des preuves, etc.). Définition 2 : GL : Procédé stylistique qui consiste à accumuler les mots pour rendre l'idée plus frappante.
7.15. L'énumération
Définition : Enumération des parties : figure de rhétorique.
7.16. L'imprécation
Etymologie : latin imprecatio, de precari : "prier" Définition : Figure de rhétorique : souhait de malheur contre quelqu'un.
Voir anathème, malédiction.
Définition : Littré : l'imprécation est une prière, la malédiction est une sentence prononcée au nom d'un sentiment religieux par une personne qui a le droit de la prononcer. L'anathème est une réprobation, un blâme solennel.
Expressions :
Proférer des imprécations. Se répandre en imprécations contre quelqu'un.
8. Figures d'amplification ou d'atténuation 8.1. L'hyperbole
Etymologie : grec huper et ballein : "lancer"
Définition : Figure de style qui consiste à mettre en relief une idée au moyen d'une expression qui la dépasse.
Définition : Littré : figure de rhétorique qui consiste à augmenter ou à diminuer excessivement la vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression.
Exemple :
Un géant (pour "un homme de haute taille"). Voir emphase, exagération. Le contraire de l'hyperbole est la litote.
8.2. La gradation
Etymologie : latin gradatio, de gradus : "degré"
Définition : PR : Figure de rhétorique qui consiste à disposer plusieurs mots ou expressions selon une progression de sens croissante et décroissante.
Définition 2 : GL : Disposition des termes d'une énumération dans un ordre de valeur croissant ou décroissant.
Définition 3 : Littré : figure par laquelle on accumule plusieurs termes ou plusieurs idées qui enchérissent l'une sur l'autre.
Exemples :
C'est un roc !... c'est un pic !... c'est un cap! Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule ! (Ed. Rostand, Cyrano de Bergerac) J'aime, que dis-je aimer ? J'idolâtre Junie (Racine, Britannicus)
8.3. La litote
Etymologie : grec litotes : "simplicité"
Définition : Figure de rhétorique qui consiste à atténuer l'expression de sa pensée pour faire entendre le plus en disant le moins. On se sert d'une litote quand on suggère une idée par la négation de son contraire.
Exemples :
Ce n'est pas mauvais (pour "c'est très bon"). Va, je ne te hais point (Corneille). Le contraire de la litote est l'hyperbole.
8.4. L'euphémisme (n.m.)
Etymologie : grec eu : "bien" et phêmê : "parole"
Définition : Figure de rhétorique : expression atténuée d'une notion dont l'expression directe aurait quelque chose de déplaisant.
Voir adoucissement.
Exemples :
Disparu (pour "mort"). Il n'est plus jeune (pour "il est vieux").
8.5. La prétérition
Etymologie : latin praeteritio : "omission"
Définition : PR : Figure par laquelle on attire l'attention sur une chose en déclarant n'en pas parler.
Définition 2 : GL : Procédé de style par lequel on déclare passer sous silence une chose dont on parle néanmoins par ce moyen indirect.
Définition 3 : Littré : figure de rhétorique par laquelle on feint d'omettre des circonstances sur lesquelles on insiste avec beaucoup de force.
Synonymes : prétermission, paralipse.
Exemples :
Je ne dirai rien de son dévouement, qui ... Dupont, pour ne pas le nommer. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers Harfleur (V. Hugo, A Villequier).
8.6. L'allusion
Etymologie : latin allusio
Définition : Manière d'éveiller l'idée d'une personne ou d'une chose sans en faire expressément mention.
Définition 2 : Littré : figure de rhétorique consistant à dire une chose qui fait penser à une autre.
Voir sous-entendu.
Expressions :
Faire allusion à un événement. L'allusion m'échappe.
8.7. La réticence
Etymologie : latin reticentia : "silence obstiné"
Définition : Voir interruption, silence.
Définition 2 : PR : Figure par laquelle on interromp brusquement la phrase, en laissant entendre ce qui suit.
Définition 3 : Littré : sorte de prétérition où, commençant l'expression de sa pensée, on s'arrête avant de l'avoir achevée. La réticence consiste à passer sous silence des pensées que l'on fait mieux connaître par ce silence, que si on parlait ouvertement.
Exemples :
Je devrais sur l'autel où ta main sacrifie Te... mais du prix qu'on m'offre il faut me contenter (Racine, Athalie)
9. La déprécation
Etymologie : latin deprecatio
Définition : PR : Prière faite avec soumission, pour détourner un malheur, pour obtenir le pardon d'une faute.
Définition 2 : GL : Prière instante adressée à la divinité, à une puissance quelconque, à un homme même, afin d'obtenir une protection ou une faveur spéciale, l'éloignement d'un danger.
Définition 3 : Littré : figure par laquelle on s'interromp au milieu d'un discours pour demander aux dieux d'écarter un malheur ou un danger.
Exemples :
Qu'on appelle mon fils, qu'il vienne se défendre Qu'il vienne me parler, je suis prêt de l'entendre. Ne précipite pas tes funestes bienfaits, Neptune... (Racine, Phèdre)
10. La pointe
BC : Trait brillant et surprenant amené à la fin de certaines formes poétiques, en particulier l'épigramme.