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Les Cartes de Zener furent utilisées au début de la recherche en parapsychologie pour essayer de mettre en évidence la télépathie.

La parapsychologie (du Grec : παρά para, "à côté de" et psychologie) est l'étude des phénomènes réputés paranormaux dont le psychisme pourrait être à l'origine. Les phénomènes étudiés incluent les perceptions extra-sensorielles, la psychokinèse, et la vie après la mort ; les parapsychologues les appellent phénomènes psi, un terme neutre qui ne suggère aucune explication de ce qui pourrait causer ces phénomènes et expériences.[1]

La recherche en parapsychologie recouvre différentes méthodes, qui vont du travail de laboratoire jusqu'au travail de terrain. Elle est conduite par diverses universités et laboratoires privés dans le monde.[2] Ces travaux sont généralement publiés dans des revues spécialisées telles que le Journal of Parapsychology et le European Journal of Parapsychology, même si certains articles de recherche sur des sujets liés à la parapsychologie sont parus dans des revues comme le Psychological Bulletin, le Foundations of Physics, et le British Journal of Psychology. Les expériences conduites par les parapsychologues comprennent l'utilisation de générateurs de nombres aléatoires pour tenter de mettre en évidence la psychokinèse, des expériences Ganzfeld d'isolation sensorielle afin de tester la perception extra-sensorielle, et des recherches exploratoires réalisées par le gouvernement américain autour de la vision à distance. Les parapsychologues sont à l'origine d'un certain nombre de méta-analyses qui combinent les données de précédentes expériences dans un ensemble plus important. Plusieurs de ces analyses statistiques ont été soumises à la communauté scientifique dans les pages de revues scientifiques reconnues [3] [4] [5] et ont généré débats et discussions.

La parapsychologie est considérée comme une protoscience par les parapsychologues, parce qu'elle intègre des recherches qui ne correspondent pas au modèles théoriques standards reconnus par les autres chercheurs. Des scientifiques, comme les psychologues Ray Hyman et James Alcock, entre autres, portent un regard critique, autant sur la méthodologie utilisée que sur les résultats obtenus en parapsychologie. Les chercheurs sceptiques pensent que les résultats positifs s'expliquent par des biais expérimentaux plutôt que par une réelle anomalie mise en évidence par les parapsychologues. Certains considèrent aussi qu'il s'agit d'une pseudo-science.[6] À ce jour, aucune conclusion n'a été validée par la communauté scientifique comme établissant l'existence d'un phénomène paranormal.

Histoire

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Le terme parapsychologie a été inventé en 1889 par le psychologue Max Dessoir. Il a ensuite été adopté par Joseph Banks Rhine dans les années 30 en remplacement du terme recherche psychique, pour entériner un changement significatif dans les méthodes de recherche appliquées à l'étude des phénomènes psychiques.[7]

Les débuts de la recherche psychique

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Le psychologue et philosophe américain William James (1842-1910) fut un des pionniers de la recherche psychique.

La Société pour la Recherche Psychique (SPR) est née à Londres en 1882. La formation de la SPR fut la première tentative d'une fédération des scientifiques et étudiants travaillant sur l'investigation critique et systématique des phénomènes paranormaux. Les premiers membres de la SPR étaient des philosophes, des étudiants, des scientifiques, des éducateurs et des hommes politiques. Parmi eux, Henry Sidgwick, Arthur Balfour, William Crookes et Charles Richet.[8]

La SPR mit en place une classification de ses sujets d'études en plusieurs domaines : télépathie, hypnose, phénomènes de Reichenbach, apparitions, hantises, et manifestations physiques du spiritisme telles que les tables tournantes et les apparitions de matière d'origine inconnue (qu'on nomme parfois « matérialisations »). Un des premiers efforts collaboratifs de la SPR fut un recensement des hallucinations (Census of Hallucinations) qui intégrait aussi bien les expériences d'apparition que les phénomènes hallucinatoires chez des sujets sains d'esprit. Ce recensement représente la première tentative d'évaluation statistique des phénomènes paranormaux et la publication qui en découla en 1886, intitulée Phantasms of the Living, reste une référence classique de la littérature parapsychologique. La SPR servit de modèle pour la fondation d'associations du même type en Europe et aux États-Unis à la fin du XIXe siècle. Avec l'aide déterminante du psychologue William James, l'Association Américaine pour la Recherche Psychique (ASPR) ouvrit ses portes en 1885 dans la ville de New York.[9]

À ce jour, la SPR et l'ASPR poursuivent l'investigation du psi. L'objet de la SPR est énoncé dans chacun des numéros de sa revue : « examiner sans préjugé ni influence et dans un esprit scientifique ces facultés de l'homme, réelles ou supposées, qui semblent inexplicables en l'état actuel des connaissances. »[10]

L'ère Rhine

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En 1911, l'université de Stanford devint la première institution universitaire des États-Unis à étudier la perception extra-sensorielle (PES) et la psychokinèse (PK) en laboratoire. Les recherches étaient dirigées par le psychologue John Edgar Coover. En 1930, l'université Duke devint la seconde institution universitaire majeure aux États-Unis à s'engager dans l'étude critique de la PES et de la psychokinèse en laboratoire. Sous la direction du psychologue William McDougall et avec l'aide d'autres personnes du service —dont les psychologues Karl Zener, Joseph Banks Rhine, et Louisa E. Rhine—, des expériences de PES en laboratoire, utilisant comme sujets des étudiants volontaires, débutèrent. A l'opposée des approches de la recherche psychique, qui cherchaient généralement des preuves qualitatives des phénomènes paranormaux, les expériences de l'université Duke présentaient une approche statistique quantitative utilisant des cartes et des dés. Conséquence des expériences de PES de Duke, des procédures expérimentales standard se développèrent pour tester la PES et furent adoptées par des chercheurs intéressés par le sujet partout dans le monde.[9]

La publication du livre de J. B. Rhine, New Frontiers of the Mind (1937) rendit les résultats du laboratoire accessibles au grand public. Par ce livre, Rhine popularisa le terme "parapsychologie", que le psychologue Max Dessoir avait créé plus de 40 ans auparavant, pour décrire les recherches réalisées à Duke. Rhine fut aussi à l'origine de la fondation d'un laboratoire de parapsychologie autonome au sein de l'université de Duke et de la création du Journal of Parapsychology avec McDougall.

Les expériences de parapsychologie de Duke furent l'objet de nombreuses critiques de la part des psychologues universitaires qui contestèrent les concepts et preuves de la PES. Rhine et ses collègues tentèrent de répondre aux critiques par de nouvelles expériences, des articles et des livres, et résumèrent l'état de la critique et les réponses qu'ils y apportaient dans le livre Extra-Sensory Perception After Sixty Years.

L'administration de Duke se désolidarisa peu à peu de la parapsychologie et après le départ à la retraite de Rhine en 1965, les liens de la parapsychologie avec l'université furent rompus. Plus tard, Rhine créa la Foundation for Research on the Nature of Man (FRNM) et l'Institute for Parapsychology pour succéder au laboratoire de Duke.[9] En 1995, centenaire de la naissance de Rhine, le FRNM fut rebaptisé le Rhine Research Center. Aujourd'hui, le Rhine Research Center est une unité de recherche en parapsychologie dont l'objectif déclaré est « de participer à l'amélioration de la condition humaine par l'appréhension scientifique de ces capacités et sensibilités qui semblent transcender les limites ordinaires de l'espace et du temps »).[11][12]

Fondation de la Parapsychological Association

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La Parapsychological Association (PA) a été créée à Durham, en Caroline du Nord, le 19 juin 1957. Sa fondation a été proposée par J. B. Rhine lors d'un atelier sur la parapsychologie qui se déroulait au laboratoire de parapsychologie de l'université Duke. Rhine proposa que le groupe devienne le noyau d'une association professionnelle internationale de parapsychologie. La finalité de l'organisation, définie lors de sa constitution, devint « de faire avancer la parapsychologie en tant que science, de promouvoir la connaissance du champ, et d'intégrer les constatations dans celles des autres branches de la science ».[13]

Sous la direction de l'anthropologue Margaret Mead, la Parapsychological Association franchit une étape importante dans la promotion du champ de la parapsychologie quand, en 1969, elle devint affiliée de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS), la plus grande association scientifique du monde.[14] En 1979, le physicien John Wheeler affirma que la parapsychologie était pseudo-scientifique et que l'affiliation de la PA à l'AAAS devait être reconsidérée.[15] Sa remise en question de l'affiliation de la parapsychologie à l'AAAS ne rencontra pas le succès.[15] Aujourd'hui, la PA compte environ trois cent membres, membres associés et affiliés dans le monde et son affiliation à l'AAAS demeure.[16] La convention annuelle de l'AAAS est l'occasion d'un forum où les parapsychologues peuvent présenter leurs recherches aux scientifiques d'autres domaines et promouvoir la place de la parapsychologie dans le cadre du lobbying exercé par l'AAAS sur la politique scientifique américaine.[16]

Références

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  1. Thouless, R. H. (1942). "Experiments on paranormal guessing". British Journal of Psychology, 33, 15–27.
  2. « Parapsychological Association FAQ », Parapsychological Association, (consulté le )
  3. Bem, Daryl J.; Honorton, Charles (1995). "Does psi exist? Replicable evidence for an anomalous process of information transfer" (PDF). Psychological Bulletin 115 (1): 4–18.
  4. Bösch H, Steinkamp F, Boller E (2006). "Examining psychokinesis: the interaction of human intention with random number generators--a meta-analysis". Psychological bulletin 132 (4): 497–523.
  5. Schmidt, S.; Schneider, R.; Utts, J.; Walach, H. (2004). "Distant intentionality and the feeling of being stared at: two meta-analyses". British journal of psychology (London, England : 1953) 95 (Pt 2): 235–47.
  6. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Beyerstein
  7. (en) J. G. Melton, Parapsychology. In Encyclopedia of Occultism & Parapsychology, Thomson Gale, (ISBN 978-0810394872)
  8. (en) John Beloff, Handbook of parapsychology, Van Nostrand Reinhold, (ISBN 0442295766)
  9. a b et c (en) Arthur S. Berger, Berger, Joyce, The Encyclopedia of Parapsychology and Psychical Research, Paragon House Publishers, (ISBN 1557780439)
  10. (en) Robin Wooffitt, The Language of Mediums and Psychics: The Social Organization of Everyday Miracles, Ashgate, (ISBN 075464202X)
  11. Aims to improve the human condition by creating a scientific understanding of those abilities and sensitivities that appear to transcend the ordinary limits of space and time.
  12. « The History of the Rhine Research Center », Rhine Research Center (consulté le )
  13. « History of the Parapsychological Association », The Parapsychological Association (consulté le )
  14. (en) J. G. Melton, Parapsychological Association. In Encyclopedia of Occultism & Parapsychology, Thomson Gale, (ISBN 978-0810394872)
  15. a et b (en) John Archibald Wheeler, Geons, Black Holes, and Quantum Foam: A Life in Physics, W. W. Norton, (lire en ligne)
  16. a et b (en) Harvey J. Irwin, An Introduction to Parapsychology, Fourth Edition, McFarland & Company, (ISBN 0786418338, lire en ligne)