Utilisateur:Orlane21/Brouillon

Oméga, êta et /h/

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La lettre êta (Η, , à l'origine hêta) a deux fonctions différentes, dérivées du nom de son modèle phénicien hēth : la majorité des dialectes grecs l'utilisent pour la consonne /h/, similaire à sa valeur phénicienne ([ħ]). Toutefois, la consonne /h/ est progressivement perdue du langage parlé (un processus connu sous le nom de psilose) ; dans les dialectes où cette perte s'est produite tôt dans la période archaïque, Η est utilisé pour noter la voyelle longue /ɛː/, deuxième élément sonore de son nom et, pour les dialectes sans /h/, sa valeur acrophonique naturelle. Les dialectes psilotiques primitifs incluent l'ionien oriental, le dialecte éolien de Lesbos et les dialectes doriens de Crète et Élis.

La distribution de Η et E diffère ensuite suivant les dialectes, car la langue grecque archaïque possède trois phonèmes distincts pour « e » : une voyelle mi-ouverte /ɛː/ (écriture classique « η »), une voyelle mi-fermée longue // (fusionnée par la suite avec la diphthongue /ei/, écriture classique « ει ») et une voyelle courte /e/ (écriture classique « ε »). Dans les dialectes psilotiques d'Anatolie et des îles Égéennes adjacentes, ainsi qu'en Crète, le Η vocalique n'est utilisé que pour /ɛː/. Dans un certain nombre d'îles de la mer Égée, dont Rhodes, Milos, Santorin et Paros, il est utilisé à la fois pour /h/ et /ɛː/ sans distinction. À Cnide, une lettre additionnelle est inventée pour distinguer entre les deux fonctions : Η est utilisé pour /h/ et pour /ɛː/. Dans les colonies du sud de l'Italie, principalement Taras, après 400 av. J.-C., une distinction similaire est faite entre Η pour /ɛː/ et pour /h/. Les grammairiens d'Alexandrie transforment par la suite ce symbole en un signe diacritique, l'esprit rude.

À Naxos, le système est légèrement différent : la même lettre y est également utilisé pour /h/ et une voyelle longue, mais seulement si le son « e » provient de l'élévation d'un ancien //, non d'un ancien /ɛː/ hérité du proto-grec. Ceci signifie probablement que, tandis que dans les autres dialectes les « e » longs ancien et nouveau ont déjà fusionné en un phonème unique, le son élevé de Naxos est distinct de // et /ɛː/, soit probablement un son [æ].

Une autre distinction est faite dans les cités du nord-est du Péloponnèse, notablement Corinthe : ce n'est pas le /ɛː/ mi-ouvert qui y est mis en avant parmi les trois sons « e », mais le // mi-fermé. La lettre epsilon (Ε) y est utilisée exclusivement pour cette dernière, tandis que le symbole (ou, à Sicyone, ) est employé pour /e/ et /ɛː/. Une autre variante est utilisée à Tirynthe : elle emploie les formes de lettre du système corinthien, et E, mais avec les valeurs du système classique êta et epsilon.

Région /h/ /ɛː/ /e/ //
Ionie, Éolie, Crète Η E E
Rhodes, Mélos, Santorin, Paros Η Η Ε Ε
Cnide Η Ε Ε
Naxos Η Η (æː) Ε Ε Ε
Tirynthe Η Ε Ε
Corinthe, Mégara, Sicyone Η Ε
Autres Η Ε Ε Ε


Phénicien
Sud « vert » *
Ouest « rouge »
Est « bleu clair »
« bleu foncé »
Ionien classique
Son a b g d e w zd h ē i k l m n ks o p s k r s t u ks ps ō
Moderne Α Β Γ Δ Ε Ζ Η Θ Ι Κ Λ Μ Ν Ξ Ο Π Ρ Σ Τ Υ Φ Χ Ψ Ω


Tableau récapitulatif

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Le tableau suivant récapitule les formes caractéristiques de certains alphabets grecs locaux.

Région Α Β Γ Δ Ε Ϝ Ζ Η Ͱ Θ Ι Κ Λ Μ Ν Ξ Ο Π Ϻ Ϙ Ρ Σ Τ Υ Φ Χ Ψ Ω
Laconie (φσ)
Arcadie
Achaïe ?
Ithaque (ψϻ)
Rhodes
(χσ)
(?)
Thessalie (φσ)
Eubée (φσ)
Béotie (χσ) (φσ)
Attique (χσ) (φσ)
Égine (χσ) (φσ)
Naxos (hσ) (πσ)
Paros (χσ) (φσ)
Délos (?)
Ionie
Cnide (?) (?)
Mégare
Corinthe
Sicyone
Argos
Tirynthe ?
Milos
(κϻ)
h) h) (πϻ)
Crète




(κϻ)
h) h) (πϻ)
Santorin
(κϻ) h) h) (πϻ)