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Francesco di Marco Datini (1335-1410), né et mort à Prato, en Toscane, était négociant, banquier, producteur de laine et spéculateur. La société qu'il a fondée et entretenue pendant des décennies a surtout été active dans la Méditerranée occidentale mais également en Angleterre, dans les Flandres et en Crimée. Elle a dirigé de nombreuses autres sociétés dans une sorte de holding. Cette structure a été préférée surtout par les grossistes toscans mais seuls quelques-uns se sont aventurés dans le secteur bancaire ou la spéculation sur les devises.

Toutefois, Datini est devenu célèbre d'une part par une fondation pour les pauvres de Prato qui existe encore aujourd'hui et d'autre part du fait que quasiment toute sa correspondance a pu être conservée, soit au total environ cent-cinquante-mille lettres dont onze-mille privées. Elle est la base pour un des plus importants instituts scientifiques de l'histoire économique du moyen âge tardif et donne des aperçus très fins du quotidien de l'époque.

Statue de Francesco di Marco Datinis
devant le Palazzo Pretorio à Prato

Biographie

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Francesco di Marco Datini est né en 1335 à Prato en Toscane du tavernier Marco di Datino et de Monna Vermiglia dans une famille de quatre enfants. À peine âgé de treize ans, la grande peste fit de lui un orphelin. Avec son jeune frère Stefano, il fut d'abord pris pour treize mois chez un parent, Pietro di Giunta, avant d'aller en tant qu'apprenti à Florence, la ville voisine, où il a travaillé dans deux magasins.

Avignon

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Déjà âgé de quinze ans, il alla à Avignon et y travailla d'abord comme garçon de course, puis dirigea rapidement la filiale d'un comptoir. Datini fit de bonnes affaires avec des marchandises de luxe et des armes grâce à la présence d'une grande colonie de commerçants florentins beaucoup de laquelle lui est venue la reconnaissance lors du règlement. En 1358, il récupéra son jeune frère Stefano par qui il reçut cent-trente-huit Lires d'héritage de son père. À partir de 1361, il travailla avec Niccolò di Bernardo, un neveu de sa mère, et un autre toscan dans un négoce d'armes entre Milan et Avignon. Quelques années plus tard, il loua sa première bottega. Cinq ans plus tard, il était déjà actionnaire de différentes sociétés commerciales. En octobre 1367, il fonda avec le Florentin Toro di Berto une société qui s'est particulièrement expansée lorsque le pape était à Avignon. Elle a existé jusqu'en 1373. la Société Datini di Berto est la première société du moyen âge dont la comptabilité fut presque complètement tenue [1]. En mars 1373, il prit la direction de son entreprise sur ses fonds propres, sans autre apport de capital.

À partir de 1376, la situation devint extrêmement difficile à Avignon pour la colonie italienne comprenant un millier de commerçants. Ceci était lié à l'intention du pape résidant alors à Avignon de retourner à Rome, ce qui conduisit aux conflits en Italie dans lesquels Florence fut également impliquée. Bien que la colonie florentine d'Avignon se dissolvât en 1381, Datini hésita, vu la guerre en cours, à retourner à Prato. A elle seule, cette guerre a coûté aux Florentins deux millions de florins avec, en sus, leur excommuniation par Grégoire XI, une catastrophe pour le commerce de la ville qui en a été presque paralysé. Jusqu'au 31 août, les Ciompi ont dominé la Chambre de la laine ; en collaboration avec d'autres artisans de l'industrie textile, ils ont exigé de participer à la gestion et à la formation de nouvelles guildes à un quart du directoire. Les conditions de vie qui n'avaient pas subi d'amélioration directe, la production textile qui n'avait pas augmenté comme espéré et leur mouvement qui s'étaient désagrégé ont été les composants de la rébellion.

Datini, qui en 1376 avait épousé Margherita di Domenico Bandini, une Florentine de dix-neuf ans de la petite aristocratie, a forcément été touché par ces événements. Le père de Margherita, Domenico Bandini, avait été exécuté en 1360 comme chef de la rébellion. Ceci aussi pourrait avoir retardé le retour de Datini.

En 1382 à Avignon, Datini fonda et dirigea une nouvelle société commerciale qui existait encore en 1400. Dans ces sociétés, les profits et pertes étaient répartis suivant l'investissement en capital et le travail effectué. La longévité de cette société et d'autres unions devrait devenir typique de son activité commerciale, tout comme des sociétés toscanes dans leur ensemble.

Le Palazzo Datini à Prato,
siège de ses archives.

A Prato, possession de Florence où il était retourné en janvier 1383 après être devenu riche, Datini devint membre de l'Arte della Lana, la guilde de la laine. Ce n'est qu'avec cette affiliation qu'il pouvait gérer un commerce en rapport avec la laine et représenter en même temps ses intérêts dans le gouvernement urbain. Là, il s'engagea dans deux entreprises à Pise et Florence avec son ancien tuteur, le tisserand Piero di Giunta, et un parent éloigné. L'une était une société commerciale familiale, l'autre une entreprise unipersonnelle [2].

En 1384 à Prato, Datini fonda avec succès une société modeste pour la laine avec un maître teinturier, Piero di Giunta del Rosso, et Niccolò, fils de ce dernier, au sein de l'Arte della Tinta, la guilde des teinturiers. Suite au décès de Piero en 1394, il prit Agnolo, le fils de Niccolò, comme partenaire. Cette union entre relations et participants dans une coopération personnelle est restée typique des organisations commerciales de Datini. Ces organisations ont acheté à l'étranger, notamment en Angleterre, le tissu de laine à l'état brut pour le finir à Prato. Une entreprise de confection de voiles allait bientôt se joindre à cette société.

Pour avoir une représentaton appropriée à son statut dans la ville, Datini fit construire, entre 1383 et 1399, un palais urbain entre la Via Rinaldesca et la Via del Porcellatico. Des peintres célèbres de l'époque, comme Niccolò di Piero Gerini[3], Agnolo di Taddeo Gaddi et Bartolomeo di Bertozzo l'ont décoré.

Devant le bâtiment, on trouvait un jardin avec des roses et des viola. Devant l'entrée actuelle se trouvait un autre bâtiment de sorte que l'emprise du palais à l'époque dépassait de loin l'emprise du palais actuel [4]. Piero di Giunta del Rosso avait déjà acquis le terrain en 1354. Le premier bâtiment, encore très modeste, n'a coûté que soixante-trois lires six soldi. Petit à petit, d'autres bâtiments limitrophes furent achetés. En 1399, Datini avait calculé les dépenses totales à environ six-mille Florin [5].

Florence

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Comme son rayon d'action commercial avait fait exploser depuis longtemps le petit Prato, Datini déménagea à Florence et fonda une société avec Stoldo di Lorenzo et un autre homme d'affaire à Florence, puis une autre en 1388 avec Domenico di Cambio qui subsista jusqu'à son décès. Dans la même année, il devint membre de l'Arte della Seta, la guilde des fabricants de soie [6].

En 1392, la société florentine participa à une entreprise génoise dans laquelle les trois partenaires locaux devinrent directeurs : « Francesco di Marco, Andrea di Bonanno & CO » . En même temps, Datini faisait de son entreprise pisane une société dans laquelle la société florentine a également possédé la grande majorité des parts. Cette société pisane pouvait mettre son capital à la disposition d'autres entreprises : c'était une autre étape visant à une interdépendance plus étroite.

l'année suivante, l'entreprise génoise fonda des filiales à Barcelone, Valence et sur l'île de Majorque. Luca del Sera, qui allait compter parmi les exécuteurs testamentaires de Datini, alla alors à Barcelone. En 1394, la fondation de trois autres entreprises à Barcelone, Valence et sur Majorque eut lieu avec des agences sur Ibiza et à San Matteo, un village dans la Catalogne. Alors que San Matteo devenait le point de collecte important, Ibiza était célèbre pour son sel. La filiale en ce lieu a été dirigée par les Florentins. Datini ne s'est effectivement entouré presque que de Toscans, le plus possible des villes qui lui étaient connues, mieux encore issus de relations proches ou lointaines.

En 1395, Datini devint membre de la guilde des teinturiers florentine. Un an lus tard, il fonda la société commerciale catalane ayant comme siège Barcelone puis Valence. L'entreprise florentine fut encore majoritaire dans le capital, les trois filiales étant dirigées par les trois associés.

En outre, son entreprise unipersonnelle continuait à prospérer alors qu'elle avait pris un rôle principal dans son système d'entreprise. Une telle interdépendance de parts de capitaux devrait devenir typique de la société de Datini, société dont les fils remontaient à Florence. Les différentes sociétés ont simplement été reliées mutuellement à sa personne et/ou son capital, ce qui lui donnait le pouvoir de décision.

Margherita

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La femme de Datini, Margherita, est née en 1357 et épousa Francesco à l'âge de dix-neuf ans à Avignon. Leur union est resté stérile. En 1380, Monte Angiolini écrivit à Datini que ce fait représentait une grande charge après quatre ans. Il s'est excusé le 21 juin 1381 auprès de Margherita pour son interférence. La distance entre les époux augmenta clairement, ce qui fut une des causes de la vaste correspondance entre eux.

Elle suivit Francesco en 1383 à Prato et changeait pour Florence quand, de temps à autres, Francesco déplaçait ses affaires là-bas. De Florence, elle reçut cent-trente-deux des cent-quatre-vingt-deux lettres écrites par son mari. Elle en reçut quarante-quatre autres de Prato et six de Pise [7]. Margherita resta de plus en plus à Prato et veilla au développement de la maison et du domaine ainsi qu'au quotidien avec son énorme budget.

Dans leur échange de lettres, de nombreux principes de la correspondance commerciale ont été respectés comme, par exemple, l'indication de la date de délivrance, du messager mandaté, du rapport avec la dernière lettre, ainsi que la date de réception à l'heure près ou la note « répondu le ... ». Donc, nous savons qu'au moins soixante-et-une lettres de Francesco et vingt-quatre de Margherita [8] se sont perdues, desquelles nous en conaissons deux-cent-quarante-huit en tout. Des lacunes temporelles sont surtout nées du fait qu'ils habitaient sous le même toit, comme en 1393 quand ils ont fui à Pistoia avant la peste, ou en 1400-1401 quand ils sont allés à Bologne pour la même raison. La plupart des lettres datent des années 1394-95 et 1397-1399, une phase dans laquelle jusqu'à trois lettres par jour ont pu être écrites. Datini dictait occasionnellement ses lettres, les a même parfois fait écrire dans son sens. Margherita devait les dicter puisqu'elle ne savait pas écrire. En outre, les deux soulignent que, si ça devenait trop personnel, le reste devrait être dit « a bocca », c'est-à-dire oralement ; les deux se tutoyaient comme s'ils avaient personnellement dicté ou écrit. Des cent-quatre-vingt-deux lettres écrites par Francesco, il n'en a perceptiblement écrites que quarante-huit de sa propre main. Les autres lettres comportent dix-huit écritures différentes (Datini a écrit au total environ sept-mille lettres).

Pourtant Datini a passé des contrats innombrables, les a traités et donné des instructions, a examiné des projets avec Margherita - et cependant a crû petit à petit son rôle de confidente et de conseillère.

Cela n'était nullement évident car, en 1387, Datini eut un fils illégitime nommé Francesco de son esclave Ghirigora, un enfant qui décéda en 1388. Autour de 1375, il avait probablement déjà reconnué un fils qui est toutefois mort également tôt. La mère avait été mariée à la hâte, encore pendant la grossesse. Margherita en avait été horripilée et s'était sentie humiliée. En 1392 en outre, Ginevra naquit, également fille d'une esclave. Francesca, la soeur de Margherita qui avait été mère à plusieurs reprises, lui recommanda même de consulter un charlatan en 1393 pour pouvoir quand même avoir encore un enfant. En même temps, Margherita souffrait manifestement de saignements abondants et de règles douloureuses.

Après toutefois un refus initial, Margherita admit l'enfant et s'inquiéta bientôt affectueusement de Ginevra. Ainsi, elle s'occupa du choix d'une nourrice, de l'équipement, de l'éducation et de sa formation comme par exemple l'achat de jouets et d'instruments de musique appropriés. Elle l'avait acceptée presque comme sa propre fille. La mère, Lucia, fut affranchie et Datini la maria à un de ses collaborateurs. Elle vécut sur le budget de Margherita et les deux femmes se lièrent même d'amitié.

Francesco essayait constamment de contrôler et de diriger sa femme - ce qui constitue une partie considérable de leur correspondance - et a longtemps sous-estimé sa femme qui, pendant des décennies, a conduit un énorme chantier et une grande famille et a accueilli et servi de nombreux hôtes dont Francesco Gonzaga. Leurs nièces sont également venues à la maison et ont habité là encore et toujours plus longtemps, comme Tina, dont Margherita s'inquiéta de la formation - et elle devrait apprendre à lire. Certes Margherita ne pouvait que lire des lettres simples mais elle était en mesure de présenter des circonstances très compliquées et de les dicter - une capacité que Francesco ne reconnut qu'à partir de 1386. Margherita elle-même s'était essayée dans l'écriture - une première lettre à l'écriture incertaine vient de 1387 - et, en 1396, Ser Lapo Mazzei s'étonna de ses progrès. À partir de 1399, elle enseigna l'écriture à son fils. Cette année, elle écrivit aussi les lettres à Francesco principalement seule. Comme cela prouvait assez ses capacités, elle n'écrivait dès lors plus qu'une seule lettre de sa propre main.

A cette époque, Francesco et Margherita vécurent encore plus dissociés qu'auparavant. Quand Francesca, la soeur de Margherita décéda en 1401, les amis de Francesco durent lui demander d'urgence d'au moins réconforter sa femme.

Fondation bancaire et spéculation

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Le florin d'or vers 1340
Avers et revers

En 1399, Francesco Datini alla à Florence et risqua la fondation d'une banque avec un habitant de Prato. De telles banques existaient certes déjà, peu communémement cependant, avec les simples prêteurs sur gages, les Lombardi, mais qui prêtaient également de l'argent et ont ainsi été soupçonnés de pratiquer l'usure. Domenico di Cambio, l'associé de Datini, pensait : « Francesco di Marco veut perdre son image ... pour devenir un changeur d'argent qui ne pratique pas l'usure, ce que personne ne peut prétendre être ». Le 4 mars 1399, Datini devint membre de l'Arte del Cambio, la guilde des changeurs. Cependant, il évita de s'aventurer dans les opérations de crédit avec des " grands ", ecclésiastiques ou laïcs. Dans son enfance, des banques beaucoup plus grandes avaient ainsi fait faillite comme les banques florentines des Bardi et des Peruzzi.

Mais Datini s'était avancé depuis longtemps - aux yeux de ses contemporains - en terrain beaucoup plus risqué. Il avait commencé les affaires de spéculation dans lesquelles il avait au total cinq-mille opérations de change en cours sur les fluctuations de différentes monnaies, surtout entre les Flandres, Barcelone et l'Italie. Domenico di Cambio préférait gagner « plutôt 12 % à des affaires des commerce que 18 % à des affaires de change ».

Cet essor a été presque réduit à néant en 1400 par une catastrophe. Une vague de peste renouvelée tua presque tous ses partenaires de sorte qu'il dut fermer ses entreprises à Pise et à Gênes. Pour la même raison, la banque à Florence dut fermer et la production de laine et de tissu de soie être déplacée à Prato. Quand, après un an, Datini s'en revint de Bologne où il avait fui la peste, il se plaignit le 20 septembre 1401 de la perte de ses meilleurs collaborateurs comme les spécialistes bancaires Bartolomeo Cambioni, Niccolò di Piero, qui s'y entendait sur les techniques de production, Manno d'Albizzo et Andrea di Bonanno, qui avaient dirigé les filiales respectivement dans les secteurs pisan et génois.

Datini récupéra certes largement de cet impact lourd en peu d'années mais il réfléchit toutefois de plus en plus fréquemment à la fondation d'une oeuvre de bienfaisance, ce qu'il exprima dans des lettres à son ami Ser Lapo Mazzei de Florence. Cela devenait évident dans la mesure où les sociétés se virent contraintes de faire parvenir à Dieu une part de leur profit réalisé, oui : lui ouvrir son propre compte (« Messer Domeneddio »). C'était pour les pauvres et ça a été payé la première lors de la dissolution d'une société.

Essor dans le Calimala

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En 1404, âgé de presque soixante-dix ans, il réussit à se faire admettre dans la corporation florentine la plus importante : l'Arte di Calimala, la guilde des producteurs de tissu. Les commerçants de tissu qui commercaient avec les tissus de la qualité la plus élevée appartenaient à cette guilde. A partir de là, des contacts commerciaux le reliaient à plus de quarante villes italiennes et au moins dix villes françaises, à Bruges et à quelques autres endroits dans le Saint-Empire mais également au Maroc, à l'Algérie, à la Tunisie et au Levant, soit au total deux-cent-soixante-sept places. Par exemple, mille-six-cent-trente-quatre lettres de soixante-trois expéditeurs différents lui sont parvenues uniquement de Rome.

Testament

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Après le décès de Datini le 17 juillet 1410, son épouse Margherita [9], qui devait mourir dix ans plus tard, et son associé Luca del Sera furent établis en tant qu'exécuteurs testamentaires. Le total considérable compté précisément de soixante-douze-mille-trente-neuf florins, neuf sous et quatre deniers alla, suivant le désir de Datini, à une fondation pieuse. Ses biens immobiliers furent estimés à onze-mille-deux-cent-quarante-cinq florins. Sa femme s'occupa de tout le nécessaire, comme la commande d'une pierre tombale chez Niccolò di Piero Lamberti, visible encore aujourd'hui dans la cathédrale. Elle-même se contenta d'une faible part de la fortune qui lui permit néanmoins une vie satisfaisante dans la maison du défunt.

La fondation Ceppo de'poveri [10] célèbrera en 2010 sa six-centième année d'existence. La municipalité de Prato nomme aujourd'hui encore un comité de conduite de cinq membres ainsi que quatre membres honoraires, chacun de ces quatre membres représentant un quartier urbain. Cette fondation administre depuis lors non seulement la fortune de Datini en faveur des pauvres de Pratos mais aussi sa maison et sa correspondance complète. Déjà avant la fondation Datini, depuis 1282 en fait, existait un Ceppo vecchio, de sorte que la fondation Datini s'appela bientôt Ceppo nuovo. Suite au pillage de Prato en 1512, les institutions furent lourdement endettées et durent fermer en 1537. Toutefois Le 13 juin 1545, les deux fondations ont été réunies par Cosme Ier de Toscane et prirent leur fonction sous le nom de Casa Pia de' Ceppi. Depuis lors, elles s'occupent d'une part des pauvres de la ville et en particulier des enfants, d'autre part encouragent l'art et sa restauration, notamment en ce qui concerne l'église San Francesco qui tenait au coeur de Datini.

Datini n'aurait probablement pas organisé cette fondation si son ami Ser Lapo Mazzei ne l'avait pas convaincu. Ce succès est probablement aussi dû à Margherita Datini qui a veillé à ce que son oeuvre soit poursuivie dans ce sens. Elle a veillé à ce que des peintures rappelant la vie du défunt soient posées sur les façades de la maison. Une partie des maisons a servi à la fondation pendant longtemps comme hôpital. Déjà en 1399, Francesco avait participé au pèlerinage des Bianchi (les blancs) qui, pieds nus et habillés seulement de bure blanche, allaient de ville en ville, priaient et tentaient de réconcilier les ennemis. A part ça, Datini était propriétaire d'une copie de La Divine Comédie de Dante.

L'empire du commerce

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Le système d'entreprise de Datini [11] atteignit son expansion maximale en 1399. Il comprenait des sociétés commerciales, des banques et des entreprises de production, en particulier pour le traitement des tissus semi-finis. Bien qu'Il ait traité des affaires dans le bassin méditerranéen oriental, il concentrait toutefois, comme beaucoup de ses contemporains, largement ses entreprises du côté occidental. la possibilité de déplacer des fonds par virement a joué un rôle crucial dans ce choix pour l'ouest.

Dans le bassin méditerranéen occidental, Datini A fondé aussi bien des entreprises unipersonnelles que des sociétés. Soit lui-même était majoritaire dans le capital des différentes sociétés, comme à Avignon dans les deux entreprises de production et dans la banque, soit la société florentine était majoritaire, comme dans le cas des entreprises à Pise, à Gênes et en Catalogne. Comme ces sociétés n'investissaient qu'une partie de leur capital dans d'autres entreprises et n'étaient reliées que par une union personnelle, elles ne pouvaient plus se mettre mutuellement en faillite.

Datini a dirigé ce complexe sous la forme d'une holding dans laquellle la société à Florence, sans produire elle-même, détenait une grande part des capitaux des entreprises qu'elle dirigeait. Une forme d'organisation que les Medici développèrent pleinement au cours du XVe siècle. Datini a personnellement dirigé l'intégralité de l'entreprise en tant que Maggiore - c'est ainsi qu'il était appelé. Avec le soutien des collaborateurs de l'entreprise florentine, il réglait les plus insignifiantes questions de personnel, le choisissait, veillait à sa formation et à son contrôle, acceptait les rapports de n'importe qui et donnait lui-même continuellement des instructions écrites. Il se servait de sa plume cinquante fois par jours en moyenne.

Suivant cette forme d'organisation, Datini a dirigé seul deux entreprises, à savoir à Florence et Prato, plus des entreprises collectives à Avignon, Gênes, Barcelone avec ses filiales à Valence et sur Majorque, Pise, plus deux entreprises à Prato et deux à Florence. Au total, il s'agissait de six sociétés commerciales dont une qu'il dirigeait personnellement, deux entreprises de production (Compagnia della Lana pour la laine et Compagnia della Tinta pour la teinturerie), une banque, plus l'entreprise mixte qu'il dirigeait personnellement à Prato. Rien que ça a provoqué une correspondance étendue, laquelle a été complétée par d'autres destinataires dans de nombreuses lieux. En 1962, Federigo Melis a trié ce vaste travail de correspondance entre environ deux-cent-quatre-vingts adresses d'expéditeurs et de destinataires notées dans les lettres [12].

Dans toutes les sociétés, les partenaires accomplissaient, mais surtout Datini en personne, une grande partie des travaux. Malgré cela, chacune de ses entreprises avait des facteurs encore fermement employés : notaires, comptables ou caissiers, messagers et apprentis qui, contrairement aux Compagni, les associés, ne participaient pas au profit. Dans les archives de Datini se trouve un contrat avec Berto di Giovanni, un jeune homme de Prato qui travailla trois ans durant pour Datini ; il devait toucher quinze florins pour la première année, vingt pour la deuxième et vingt-cinq pour la troisième plus le remboursement de tous ses frais. Un reçu existe également pour le salaire d'un jeune comptable qui a reçu douze florins par an.

Les possessions de Datinis cmprennent environ six-cents livres de comptes (Libri contabili) de types tout à fait différents. Ils indiquent clairement la pratique commerciale de l'époque. Il y avait les Quadernacci di Ricordanze, qui ne sont pas plus larges que des carnets, dans lesquels les recettes et les dépenses étaient notées chaque jour telles qu'elles arrivaient. Toutes sortes de notes, même en quelques mots, avaient été rajoutées sur les dernières nouvelles du jour. Dans les Memoriali, les entrées des Ricordanze ont alors été systématiquement récapitulées. Enfin, les Libri grandi qui ont orienté chaque société, et ce (depuis 1382 dans la centrale et 1397 à Avignon) dans une comptabilité double, ont été pour Francesco magnifiquement reliés de parchemin ou de cuir, ont porté sa marque de commerce et ont été fournis de manière continue avec les lettres de l'alphabet. D'après l'usage de l'époque, la première page comportait presque toujours une maxime religieux comme : « Au nom de Dieu et de la sainte vierge Marie » ou « Au nom de Dieu et du profit » . A part ça, des livres des recettes et des dépenses (libri d'entrata e d'uscita) ont aussi été tenus, des livres des débiteurs et des créditeurs nommés libri dei debitori e creditori, dans lesquels les sorties et rentrées d'argent liquide ont été enregistrées et qui ont encore été récapitulés dans le Libri d'Entrata e d'Uscita della Cassa grande.

Dans la maison de commerce à Avignon se trouvaient des cassettes pour l'argent liquide qui étaient comptées chaque soir et vidées dans les Cassa grande. Francesco Datini en était l'unique possesseur des clés. Chaque boutique particulière tenait ses livres qui contenaient des listes d'inventaire, des reçus, des lettres de voiture etc. ; les partenaires et les facteurs à l'étranger tenaient également registre, il y avait en outre des registres de bien immobiliers, bordereaux de salaire, plus les douze livres opérationnels de l'entreprise de tissu de Prato.

Enfin, Datini tenait aussi registre privé et notait dans les livres de compte « di Francesco proprio » ses dépenses personnelles et les dépenses pour son budget, tandis que les contrats de partenariat, les déductions qui ont donné une explication sur l'état des capitaux respectifs de chaque associé ainsi que bilans avant tout étaient enregistrés dans un Libro segreto, un livre secret. Le droit du commerçant de fermer ces livres à l'examen public était ancré si solidement qu'un ami de Datini écrivit, quand en 1401 les employés des contributions de la municipalité urbaine de Florence ont exigé de connaître tous ces livres : « La situation d'urgence financière de la municipalité la force à commettre ces effronteries ».

Les archives de Datini

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Déjà à Avignon à partir de 1364, Datini commença à conserver ses documuents. La plupart des documents datent donc des années 1382 à 1410, la deuxième moitié de sa vie de commerçant.

Les archives de Datini sont de loin les plus vastes récupérées d'un commerçant du moyen âge. Elles comportent environ cent-cinquante-mille pièces dans cinq-cent-quatre-vingt-douze dossiers, plus de cent-vingt-cinq-mille lettres commerciales, environ onze-mille lettres privées et quinze-mille-huit-cent-deux autres documents de types différents. Rien que les 574 cinq-cent-soixante-quatorze livres de comptes y compris les livres principaux forment un fonds énorme. De plus, on y trouve environ trois-cents contrats de partenariat, généralement les contrats avec d'autres entreprises qui étaient dans une relation d'affaires avec les entreprises de Datini. Enfin à côté d'une multiplicité d'autres documents , les archives contiennent environ cinq-mille opérations de change. La transmission s'arrêta en 1422.

Tous ces documents se trouvent aujourd'hui encore dans la maison de Francesco et Margherita Datini à Prato dans la Via Lapo Mazzei - un nom qui eut pour Datini une grande importance, car il était un ami proche et un conseiller digne de confiance. L'étage se trouve encore largement dans l'état original. Peu après 1410, la fondation fit poser des peintures aujourd'hui fortement passées. Les fenêtres du rez-de-chaussée ne furent changées qu'au XVIIe siècle dans le cadre d'une rénovation. Lorsqu'au XVIIe siècle l'équipement complet de la maison fut évacué pour la rénover, on enleva aussi les « papiers » de Datinis des armoires et on les déposa sous un escalier de la maison. Là, ils restérent oubliés jusqu'en 1870.

Redécouverte

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Le réinventeur réel des papiers était Erzdiakon Don Martino Benelli, de Prato, qui, en 1870, tria les documents insérés dans des sacs cousus à l'aide de Don le Livio Livi. Pendant la restauration de la maison de Datini d'abord, les stocks furent déplaçes dans la résidence de l'évêque. En 1958 seulement, à l'occasion d'une exposition internationale avec la participation de scientifiques soviétiques - Datini avait établi des relations commerciales jusqu'à la Crimée - et le patronage du président de la république Luigi Einaudi, on en vint à remettre les stocks à leur place d'origine. Le ministère de l'intérieur, qui supervise en Italie toutes les archives, décréta qu'une dépendance des archives nationales à Florence devrait être organisée ; elle devint rapidement autonome.

Federigo Melis et Armando Sapori, qui étaient désunis sur l'importance de la "petite" holding de Datini, permirent que de nombreux scientifiques (surtout italiens d'abord) fouillèrent les archives en vue de faire progresser leurs secteurs de recherche respectif. Ainsi, les stocks ont émergé non seulement dans les études historiques de la ville mais aussi dans les travaux thématiquement plus fortement focalisés comme l'histoire de l'argent, de la banque et du crédit de de Roovers. Entre-temps, il y eut à peine encore une question sur l'histoire économique médiévale à laquelle les archives de Prato ne donnèrent pas une réponse. Les bornes furent dépassées sur des questions d'histoire des mentalités jusqu'à des études de détail minutieusen concernant le fonctionnement interne d'une telle entreprise. Mais les questions se sont entre-temps étendues loin à ce sujet, n'affectent pas non plus directement les zones de travail sur l'histoire du commerce, comme celles de l'écriture, de l'histoire des dynasties, de la retenue de l'organisation etc.

En outre, on prit la cause de l'accomplissement pour fonder un institut de recherche propre, l'Istituto storia economica "Francesco Datini" qui organise chaque année des semaines d'exposés et de discussion à thèmes variés et encourage généreusement des recherches pour l'accomplissement.

L'institut n'est pas seulement fortement ancré scientifiquement mais aussi dans la ville de Prato elle-même [13]. D'excellents travaux de vulgarisation scientifique, surtout ceux d'Iris Origo, ont aussi fait reconnaître Datini et l'esprit commerçant de son temps au-delà des milieux spécialisés.

Bibliographie

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  • Franz-Josef Arlinghaus: ‘Io’, ‘noi’ und ‘noi insieme’. Transpersonale Konzepte in den Verträgen einer italienischen Handelsgesellschaft des 14. Jahrhunderts (Online-RTF)
  • Franz-Josef Arlinghaus: Zwischen Notiz und Bilanz. Zur Eigendynamik des Schriftgebrauchs in der kaufmännischen Buchführung am Beispiel der Datini/di Berto-Handlungsgesellschaft in Avignon (1367–1373). Diss. masch. Münster 1996 (partiell online).
  • Enrico Bensa: Francesco di Marcho da Prato. 1928.
  • Robert Brun: A Fourteenth-Century Marchant of Italy: Francesco Datini of Prato, in: Journal of Economic Business History. 1930, S. 451–466.
  • Joseph Patrik Byrne: Francesco Datini, "father of many" : piety, charity and patronage in early modern Tuscany. 1995.
  • Joseph Patrik Byrne/Eleanor A. Congdon: Mothering in Casa Datini. In: Journal of Medieval History. Bd. 25/1, 1999, S. 35–56.
  • Michele Cassandro: Il Libro giallo di Ginevra della compagnia fiorentina di Antonio della Casa e Simone Guadagni. 1453–1454. Florenz 1976.
  • Elena Cecchi: Le lettere di Francesco Datini alla moglie Margherita (1385–1410). Prato 1990.
  • Elena Cecchi Aste: Il carteggio di Gaeta nell’archivio del mercante pratese Francesco di Marco Datini, 1387–1405. Gaeta 1997.
  • Gaetano Corsani: I fondaci e i banchi di un mercante pratese del Trecento. 1922.
  • Ann Crabb: Ne pas être mère: l’autodéfense d’une Florentine vers 1400. In: Clio. Histoire, Femmes et Sociétés. Bd. 21, 2005, publ. 1. Juni 2007 (Online, aufgesucht am 26. 11. 2007)
  • Markus A. Denzel: La Practica della Cambiatura. Europäischer Zahlungsverkehr vom 14. bis zum 17. Jahrhundert. Stuttgart 1998.
  • Bruno Dini: Una pratica di mercatura in formazione (1394–1395). Florenz 1980.
  • Luciana Frangioni: Milano fine Trecento. Il carteggio milanese dell’Archivio Datini di Prato. Opus libri, Florenz 1994.
  • Cesare Guasti: Ser Lapo Mazzei. Lettere di un notara a un mercante del secolo XIV. 1880.
  • Hans-Jürgen Hübner/Ludolf Kuchenbuch: Schrift, Geld und Zeit. Francesco Datinis Wechselbrief vom 18. 12. 1399 im Kontext seiner Buchhaltung. In: Alteuropäische Schriftkultur, Kurseinheit 5: Von der Bibel zur Bibliothek. Sieben Fallstudien zu Profil und Entwicklung der Schriftkultur im Mittelalter. FernUniversität Hagen 2004, S. 115–137.
  • Federigo Melis: Il problema Datini. Una necessaria messa a punto. In: Nuova Rivista Storica. 1966, S. 682–709.
  • Federigo Melis: L'archivio di un mercante e banchiere del Trecento: Francesco di Marco Datini da Prato. In: Moneta e Credito. 1954, S. 60–69.
  • Giampiero Nigro: Mercanti in Maiorca. Il carteggio datiniano dall'isola (1387–1396). Florenz 2003 ff.
  • Iris Origo: „Im Namen Gottes und des Geschäfts.“ Lebensbild eines toskanischen Kaufmanns der Renaissance, Francesco di Marco Datini. München 1993, (ISBN 3-406-30861-9).
  • Raymond De Roover: Money, Banking and Credit in Mediaeval Bruges. Italian Merchant-Bankers, Lombards, and Money Changers: A Study in the Origins of Banking. Cambridge/Mass. 1948.
  • Valeria Rosati (Hrsg.): Le lettere di Margherita Datini a Francesco di Marco (1384–1410). Cassa di risparmi e depositi, Prato 1977 (Biblioteca dell’Archivio Storico Pratese, 2).
  • Victor I. Rutenburg: Tre volumi sul Datini. Rassegna bibliografica sulle origini del capitalismo in Italia. In: Nuova Rivista Storica. 1966, S. 666–681.
  • Armando Sapori: Cambiamenti di mentalità del grande operatore economico tra la seconda metà del Trecento e i primi del Quattrocento. In: Studi di Storia economica. 1967, S. 357–485.
  • Diana Toccafondi/Giovanni Tartaglione (Hrsg.): Per la tua Margherita… Lettere di una donna del ’300 al marito mercante. Margherita Datini e Francesco di Marco 1384–1401. CD-ROM, Archivio di Stato di Prato, Prato 2002.
  • Christiane Villain-Gandossi: Les salins de Peccais au XIVe siècle, d'après les comptes du sel de Francensco Datini. In: Annales du Midi. Bd. 80, 1968, S. 328-336.

Références

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  1. cette existence est montrée principalement par le travail de Franz Arlinghaus de la note au bilan qui a été partiellement publiée entre d'autres titres (v. bibliographie).
  2. Une présentation des documents est donnée par les archives nationales de Pise.
  3. On lui attribue Hl. Christophorus et également « Speranza e Prudenza ».
  4. ici se trouve un croquis des bâtiments.
  5. En 1910, la reconstruction de l'aspct extérieure du palais a donné ce résultat.
  6. un tableau a été peint autour de 1390 par Tommaso di Piero del Trombetto. Il représente Datini.
  7. D'après Elena Cecchi, Le lettere, ainsi que ce qui suit.
  8. L'Institut Datini a placé la lettre du 16 janvier 1386 en ligne.
  9. Son portrait par Piero e Antonio Miniati.
  10. Ceppo a désigné un tronc dans lequel les fidèles jetaient leurs donations pour les pauvres.
  11. L'ampleur de son champ d'action est montrée par la répartition de sa correspondance sur une carte de l'Institut Datini, et la nomenclature des lieux.
  12. Federigo Melis, Aspetti della vita economica medievale (étude nell'Archivio Datini di Prato) Siena 1962, prospetto III, inzwischen digital : Correspondance de Datini - Localité expéditeurs et destinataires.
  13. Ainsi le 17 août 2007, la ville a commencé une grande célébration du cinq-cent-quatre-vingt-dix-septième anniversaire du décès de Datinis. Le Gonfalone del Comune a déposé une couronne au pied de son monument. Dans son testament, il avait déterminé que le jour après sa mort devrait se tenir une foire, en plus d'un honneur public.

Liens externes

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