Utilisateur:Parmatus/Emergence du monothéisme

Selon l'historiographie biblique les Hébreux sont monothéistes dès leur traversée du désert et même avant avec Abraham. C'est de ce point de vue, dans la Bible, que les populations de Canaan représente une menace : leur "idolâtrie" constitue un anti-modèle à éviter par dessus tout. Ainsi l'historiographie deutéronomiste évalue les rois de Juda et d'Israël à l'aune de ce monothéisme. Pourtant les récents travaux historiques battent en brèche une telle interprétation. Autant le monothéisme est un phénomène caractéristique avéré à l'époque Perse autant il est maintenant connu que les israélites étaient d'abord polythéistes puis monolâtres avant cette période tardive. L'hypothèse de ce monothéisme tirant son origine d'une révélation faite à Abraham, puis renouvelée à Moïse vers le début du XIIIème siècle, est du domaine de la foi. Le processus de la recherche historique inverse donc l'historiographie biblique, le monothéisme n'est plus aux origines du peuple d'Israël, mais au terme d'un processus historique qui arrive à maturité à la fin du VIème siècle.


Hypothèse 1

modifier

Suite à la prise de Samarie, Juda voit sa population croître passant de quelques dizaines de milliers à plus de 120 000 personnes. Cela entraine une révolution économique, sociale et religieuse. Baruch Halpern avance qu'en quelques décennies à peine, entre la fin du VIIIe et le début du VIIe nait la tradition monothéiste de la civilisation judéo-chrétienne.
A un moment donné, vers la fin du VIIIe, une école de pensée vit le jour, qui se mit à proclamer haut et fort que les cultes des campagnes étaient impies, et que seul YHWH devait être honoré. (Voir Inquisition) Cette idée est présente dans le cycle des histoires d'Elie et d'Elisée (couchées par écrit bien après la chute de Omrides), mais on la trouve surtout dans les œuvres des prophètes Amos et Osée qui officiaient dans le Nord au VIIIe. C'est pourquoi quelques savants en attribuent l'origine à un mouvement dissident, apparu dans les dernières jours des royaume du Nord et groupant des prêtres et des prophètes consternés par l'idolâtrie et les injustices sociales de la période assyrienne.
D'autres savants songent plutôt à des groupes en relation avec le Temple de Jérusalem désireux d'exercer un contrôle religieux et économique sur les campagnes de plus en plus développées.
Quelles qu'en aient été les origines, ce nouveau mouvement religieux (surnommé par l'historien iconoclaste Morton Smith le mouvement du YHWH unique engagea un conflit acharné et continu contre les partisans des coutumes et des rites religieux plus anciens et traditionnels de Juda. Il est difficile d'évaluer leur pouvoir à l'intérieur du royaume. Initialement, ils paraissaient n'avoir représenté qu'une infime minorité, mais ce sont eux qui, plus tard, ont produit et influencé le plus gros de l'historiographie biblique qui a survécu. C'est ce courant qui tissa la trame de ce qui allait devenir les lois du Deutéronome et l'histoire deutéronomiste, la centralisation du royaume de Juda et l'exclusivité du culte de YHWH à Jérusalem fut réinterprétée dans l'histoire d'Israël, comme une réalité antique dont il n'aurait jamais fallu dévier. Il est probable que le 1er roi qui injecta ces nouvelles idées au cœur de l'Etat fut Ezéchias. Cela reste cependant en débat (Voir le bas relief de Lakish qui y montre des objets de culte emportés)

Hypothèse 2

modifier

Le monothéisme provient de la réforme d'Akhenaton en Egypte passé en Israël par Moïse. (Vu le polythéisme puis la monolâtrie de l'Israël Antique cela me parait faux) "Quoi qu'il en soit, le culte institué par Akhenaton (On situe son règne de -1355 / -1353 à -1338 / -1337) n'a pas survécu à la mort du roi. Un siècle plus tard, son souvenir était aboli et ses temples détruits. Moïse n'aurait pu entendre parler de lui ni surtout s'inspirer de sa réforme, puisque le prophète hébreu n'était pas monothéiste ! Le monothéisme véritable a été secrété bien plus tard, au sein du peuple juif, sans aucune influence directe venue d'une autre peuple, et c'est la Bible seule qui peut nous mettre sur la voie de ses raisons d'être[1]."

Hypothèse 3

modifier

Influencé par les conceptions perses de l'époque postexilique les rédacteurs ont introduit le monothéisme dans la Bible en la réécrivant. Pour des mentions claires de monothéisme voir le Deutéro-Isaïe, comtemporain de Nabonide et du roi perse Cyrus, c'est à dire rédigés vers 550-539 av JC. "Dans ces conditions, on peut à juste titre se demander s'il n'y a pas eu une certaine influence de la religion perse. En effet, selon Hérodote, les Perses "n'ont pas l'usage d'élever des statues de dieux ni des temples ni des autels ; tout au contraire, ils accusent de folie ceux qui le font ; la raison en est, à mon avis, qu'ils n'ont jamais pensé, comme les Grecs, que les dieux soient de même nature que les hommes." Une certaine similitude avec la tradition yahwiste aniconique parait évidente et pourrait expliquer une certaine connivence spirituelle. Bien plus, le rôle créateur d'Ahura Mazda est affirmé sur la statue de Darius trouvée à Suse : "Ahura-Mazda est le grand dieu qui a créé cette terre ici, qui a crée le ciel là-bas, qui a crée l'homme, qui a créé le bonheur pour l'homme, qui a fait Darius Roi"". Malheureusement les données sur les croyances perses à l'époque de Cyrus sont très fragmentaires. En particulier, on ne sait pas très bien si Cyrus était un partisan de Mithra ou, comme Darius plus tard, un zoroastrien, partisan du culte d'Ahura-Mazda[2]." Voir Monothéisme zoroastrien.
C'est l'hypothèse que défend aussi Jean Soler. Pour lui le premier noyau de la Bible est écrit sous le règne de Josias, il s'agit de la première version du Pentateuque. Ce noyau sera augmenté durant les cinquante ans de l'Exil, puis remodifier sur plusieurs générations après le retour d'exil et il y a passage d'une monolâtrie à un monothéisme, ce dernier ayant revisité les textes.

« Tous les textes rédigés jusqu'au début su IVème siècle parlent de Yahvé comme du dieu national des Israélites et font toujours mention d'une alliance exclusive conclue entre ce dieu et ce peuple. Il faut en déduire que les Juifs n'étaient pas encore monothéistes[3]. »

Selon cet auteur, le monothéisme nait authentiquement d'esprits juifs au IVe siècle avant notre ère (avec, cependant, des influences perses) Soler écrivant "cette évidence nouvelle, véritablement révolutionnaire, perçu par les Juifs et eux seuls etc[4]." Les raisons de cette mutation de la monolâtrie en monothéisme seraient dues à l'affaiblissement de Yahvé, incapable de donner la victoire à son peuple suite aux catastrophes de la Prise de Samarie, de Jérusalem, de l'Exil ou encore suite à l'attitude tolérante des Perses. Dans ce cadre, vers le Ve siècle avant J.C le monothéisme stricto sensu nait puis cette idée fait son chemin. C'est suite à cette nouvelle conception qu'on ne l'appellera plus "Yahvé" mais "Dieu" (Elohim) ou "Seigneur" (Adonaï). Lorsque la Torah est traduite ne grecque cette mutation est achevée, Yahvé a complètement disparu au profit de théos ("Dieu") et de kurios ("Seigneur").

« De ce fait , la Bible hébraïque que nous lisons aujourd'hui est presque entièrement antérieure à l'époque où la croyance en un Dieu unique est devenue un dogme dans la religion des Juifs - un millénaire environ après Moïse, si ce prophète à une réalité historique -, dogme qu'ils ont promu dans le but de tirer Yahvé, et de se tirer eux-mêmes avec lui, du gouffre où ils étaient descendus ensemble[5]. »

Bibliographie

modifier

Liens externes

modifier

Notes et Références

modifier
  1. Qui est Dieu, p. 36-37
  2. Lemaire, Naissance du monothéisme, p. 129-134
  3. Qui est Dieu ?, p. 37
  4. Qui est Dieu ?, p. 37
  5. Qui est Dieu ?, p. 48