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L'aponévrotomie percutanée à l’aiguille[1] est aussi désignée sous le nom de fasciotomie percutanée.

Guillaume Dupuytren
Astley Paston Cooper
Fig. 1 Coffret de Guillaume Dupuytren Instruments chirurgicaux utilisés au XIXéme siècle

La maladie de Dupuytren, décrite dans les années 1830 n'a eu, pendant 140 années, que la chirurgie pour seul recours. Bien que  les chirurgiens Astley Paston Cooper (1768-1841)   en Grande-Bretagne et Dupuytren (1777-1835)[2] en France aient pratiqué les premiers la  fasciotomie  percutanée,  cette  méthode fut abandonnée à la suite des  complications et du nombre élevé des  récidives imputables à l'emploi du matériel inadéquat de l'époque (Fig. 1).

Traitement sans opération modifier

Dans les années 1970, de nouvelles aiguilles sont apparues. Ces nouvelles aiguilles, à usage unique, fines (5/10ème de mm), siliconées, ont un biseau à deux pans tranchants. Un rhumatologue français, Jean-Luc Lermusiaux, a eu l’idée de mettre à profit cette innovation technique.[3] Introduites à travers la peau, ces aiguilles, utilisées comme de « mini scalpels », peuvent permettre, par des mouvements de va-et-vient, de sectionner les cordes fibreuses et de disséquer les nodules[4]. La même aiguille ayant d’abord servi à injecter le produit pour une anesthésie locale. En fin de séquence, une manœuvre ferme et contrôlée permet d'étendre le doigt traité et de rompre les fibres restantes[5].

Cette méthode est dénommée aponévrotomie percutanée à l'aiguille (APA). Ce traitement ambulatoire peu coûteux, réalisable en salle de soins, ne nécessite qu'un arrêt d'activité de quelques jours chez les travailleurs manuels. De surcroît, ce traitement, du fait de sa bénignité et de sa simplicité, peut être réitéré et se prête donc parfaitement au traitement des récidives[6].

D'abord considérée comme une possible alternative à la chirurgie, l'aponévrotomie percutanée à l'aiguille est devenue, au fil des décennies, le traitement initial et principal de la maladie de Dupuytren, c'est-à-dire le traitement à envisager en premier et applicable d'emblée à la majorité des cas - incluant les formes touchant les doigts.

Résultats et avantages modifier

L'étude de séries de patients traités par APA donne des résultats immédiats et à cinq ans tout a fait comparables à ceux obtenus par la chirurgie[7]. Les résultats immédiats[8] sont excellents (89-92%) pour les flexions digitales globales inférieures à 90° (stade I et II de Tubiana), bons (83%) pour les flexions digitales inférieures à 135° (stade III), (48%) seulement pour les flexions digitales supérieures à 135°(stade IV). A cinq ans, les très bons et bons résultats se maintiennent pour les trois premiers stades (respectivement 92, 74 et 57% des cas) et chutent à 38% des cas pour le stade IV. Les récidives, d'importances diverses sont en gros de 50% dans toutes les séries médicales et chirurgicales et c'est sur ce point que l'aponévrotomie percutanée à l'aiguille marque son avantage[9]. En effet, du fait de sa simplicité, de son faible coût et de son innocuité, elle peut facilement être répétée pour le traitement des récidives et des reprises même après chirurgie - sauf en cas de cicatrices rétractiles ou de rétractions capsulaires des articulations interphalangiennes proximales des doigts.

Complications modifier

Nerfs de la face palmaire de la main droite

Les incidents et les complications lors de l'aponévrotomie percutanée sont rares[10]


Dans moins de 1 cas sur 1000 une rupture de tendon fléchisseur peut être observée dans les suites d'une aponévrotomie (cette complication requiert une réparation rapide). Une blessure ou section du nerf collatéral a été observée dans environ 1 cas sur 1000. Quelques cas d'algodystrophies localisées ont été observés. La survenue d'une infection sévère à type de phlegmon s'est avérée exceptionnelle en 35 années d'expérience de l'aponévrotomie percutanée. Des incidents mineurs et sans conséquences durables ont pu être notés dans environ 1% des cas : petites ruptures cutanées, infections superficielles mineures, ecchymoses, hypoesthésie temporaire dans une partie d'un doigt. Elles doivent être comparées en fréquence et en gravité avec celles observées après chirurgie classique: sections de tendons 2%, section nerveuse 5,2%, section artérielle 1,8%, algoneurodystrophie régionale 1,8%, amputations 0,1%.

Conclusions modifier

L'avantage objectif de l'aponévrotomie percutanée est donc de connaître des complications bien moindres en fréquence et en gravité que celles observées après chirurgie classique. Toutefois, l'aponévrotomie percutanée à l'aiguille est une technique délicate qui doit être pratiquée par des médecins formés et entraînés, utilisant le matériel adéquat pour réduire la fréquence des incidents et complications.

Lien externe modifier

Notes et références modifier

  1. Avec son autorisation, cet article s'inspire largement des travaux et présentations du Docteur Marie-Pascale Manet, co-présidente de l'Association pour l’étude et le traitement non chirurgical de la maladie de Dupuytren.
  2. Baron Guillaume DUPUYTREN [1]
  3. Lermusiaux JL, Debeyre N. Le traitement médical de la maladie de Dupuytren. In: de Sèze S, Ryckewaert A, Kahn MF, Guérin CI, eds. L’actualité rhumatologique. Paris: Expansion Scientifique Française 1980 ; 338-43.
  4. JF Badois JL Lermusiaux JP Massé D Kuntz Traitement non chirurgical de la maladie de Dupuytren par aponévrotomie à l’aiguille. Rev Rhum 1993 (60).
  5. (en) Lermusiaux JL, Lellouche H, Badois JF, Kuntz D. How should Dupuytren's contracture be managed in 1997? Rev Rhum Engl Ed . 1997;64(12 ):775–6.
  6. (en) van Rijssen AL, Werker PM. Percutaneous needle fasciotomy in dupuytren's disease. Hand Surg Br. 2006;31(5 ):498–501.
  7. (en) van Rijssen AL, Gerbrandy FS, Ter LH, Klip H, Werker PM. A comparison of the direct outcomes of percutaneous needle fasciotomy and limited fasciectomy for Dupuytren's disease a 6- week follow-up study. J Hand Surg Am. 2006;31(5 ):717–25.
  8. Aponévrotomie à l’aiguille : technique utile ou dangereuse dans le traitement de la maladie de Dupuytren ? [2]
  9. (en) Rowley DI, Couch M, Chesney RB, Norris SH. Assessment of percutaneous fasciotomy in the management of Dupuytren's contracture. J Hand Surg Br. 1984;9(2 ):163–4.
  10. (en) Foucher G, Medina J, Navarro R. Percutaneous needle aponeurotomy: complications and results. J Hand Surg Br. 2003;28(5 ):427–31.