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Gilles Perrault né le 6 novembre 1953 à Champigny-sur-Marne, est un expert judiciaire, restaurateur d'œuvres d'art et auteur français, connu pour ses expertises, ses restaurations du patrimoine historique ainsi que ses ouvrages sur la sculpture sur bois ainsi que la dorure et la polychromie[1].
Biographie
modifierÉtudes et formation
modifierDiplômé de l’École Boulle, section sculpture, en juin 1974, Gilles Perrault commence sa carrière au Louvre l’année suivante, où il occupe le poste de responsable d’atelier de restauration[2]. Il poursuit ses études avec un spécialisation en dorure sur bois, indispensable pour la restauration de sculptures et mobiliers anciens. Il passe ensuite un concours interne afin de rejoindre définitivement le Château de Versailles en 1976[3]. Deux ans plus tard il réalise la copie d’une table à gibier ainsi que les tabourets manquants pour être exposés dans la Galerie des Glaces[4].
Il poursuit son cursus par des séjours à l'étranger, comme son passage à la Fondazione pro Venezia en 1980, où participe à la restauration de la cité. À Rome, c’est à l’institut de conservation et de restauration de l’UNESCO (ICCROM) qu’il suit une formation aux méthodes scientifiques modernes d’analyse des œuvres d’art. De 1982 à 1983 il complète son étude de la sculpture et notamment de la polychromie au sein de l’Institut Royal du Patrimoine Artistique à Bruxelles ainsi qu’à l’Institut Français de Restauration des Œuvres d’Art.
Les débuts en indépendant
modifierFin 1984, il se lance en tant que restaurateur indépendant. Il fonde alors son propre atelier et laboratoire. Ce laboratoire est doté d'équipements modernes[5], tels que des caméras UV et infrarouge, des rayons X, des microscopes optiques et électroniques à balayage couplé à une microsonde EDS[6]. Le laboratoire effectue des identifications des essences de bois, la datation par dendrochronologie avec Madame Yvonne Trenard[4], pionnière ayant établie les premiers référentiels en Ile-de-France. Avec l’arrivée de Madame Brigitte de Saxé, le laboratoire se développe dans la détection des pigments anciens en utilisant le microscope électronique à balayage[7]. En 1987, Gilles Perrault devient expert agréé près de la cour d’appel de Versailles. Dès la fin des années 1980, l’atelier de restauration participe à la réhabilitation de nombreux monuments historiques.
De grandes affaires judiciaires
modifierMais l’un des dossiers les plus marquants du cabinet est sans doute l’affaire Guy Hain. Missionné en 1997, il faudra deux années avec une équipe de cinq personnes pour identifier et expertiser les 2500 scellés. La contrefaçon de sculptures en bronze concernait près de 100 artistes parmi lesquels Rodin, Claudel, Barye, Renoir et Bourdelle. La mission était de qualifier la nature des sculptures et moules afin de fournir l’estimation et l’expertise la plus précise possible. À partir de l’étude des traces laissées sur les maître-modèles, il fut estimé que Guy Hain avait produit plus de 6 000[8] contrefaçons en bronze dont les deux tiers sont encore aujourd’hui dans des collections[9].
L’affaire Gary Snell, qui s’est étalée sur près de deux décennies, reste emblématique des enjeux juridiques liés à l’authenticité des œuvres posthumes[10]. Tout commence en 2001, quand le musée Rodin porte plainte pour escroquerie et contrefaçon après avoir découvert la fabrication et la vente à l’étranger de bronzes tirés des moules originaux d’Auguste Rodin, sans son autorisation. Gary Snell, avait obtenu ces plâtres auprès de la fonderie Rudier via le galeriste parisien Robert Crouzet[11]. 1700 tirages selon les estimations ont été produits à partir de 52 œuvres, parmi lesquelles Le Penseur et La Main de Dieu[12]. Ces bronzes, exposés à travers le monde ne portaient pas la mention « reproduction » et étaient donc présentés comme des originaux.
L’affaire Guy Ribes, la même année, constitue le plus gros dossier concernant la contrefaçon d’œuvres picturales sur lequel le cabinet a travaillé[13]. Le faussaire a produit des centaines de tableaux, de petites dimensions, de grands maîtres tel que Picasso, Chagall ou Dalí en pastichant les sujets. À cette période l’expert identifiait deux à quatre chefs-d’œuvres susceptibles d’être de la main de Guy Ribes passant sous le feu des enchères chaque semaine[14].
En 2006, Gilles Perrault est sollicité pour expertiser une sculpture en plâtre dont la mâchoire inférieure suscitait des interrogations par son aspect anormalement angulaire pour une œuvre d’Auguste Rodin. Mise à part la mâchoire du Lion, l'expert n’a relevé aucune autre anomalie ni dans l'œuvre ni dans les analyses initiales, il a préconisé une tomographie afin d’examiner en détail la matérialité du plâtre[15]. Les résultats ont révélé une composition différente pour la mâchoire par rapport au reste de la sculpture, confirmant l’hypothèse selon laquelle cette partie avait été cassée puis grossièrement restaurée. Malgré les réticences initiales, le Musée Rodin valide à son tour l’analyse de l'expert[16].
La réplique de la fontaine d'Apollon
modifierEn 2008, Gilles Perrault reçoit une commande de la Fondation Chi Mei à Taïwan[17], pour laquelle il réalise une réplique exacte de la fontaine d’Apollon du château de Versailles en marbre de Carrare[18] à l’échelle 1. Ce projet mobilise plus de 25 artisans, dont ceux de l’atelier Franco Cervietti de Pietrasanta en dessous de Carrare, pendant plusieurs années. La réplique est installée dans le parc du musée de la ville de Taïnan[4].
Un peu plus tard, le cabinet Gilles Perrault intervient dans l’affaire du galeriste Lothar Wilfried Senke en Allemagne[19]. Plus de 1200 contrefaçons de sculptures attribuées à Alberto et Diego Giacometti ont été saisies et furent examinées[4]. L’auteur de ces contrefaçons, qui revendiqua être « le plus grand faussaire du siècle » auprès du journal Der Spiegel[20], fut finalement arreté par la police en arrivant à l’aéroport d’Amsterdam quelques mois plus tard[21].
- « Gilles Perrault (II) », sur Babelio (consulté le )
- Cécile Michel, « Visite d'un laboratoire d'expertises d’œuvres d'art », Aladin n°313,
- « PERRAULT, Gilles – CEJOA-CAPARIS » (consulté le )
- Florie Cedolin, « Gilles Perrault, l'artiste expert international »,
- « Les technologies pour expertiser l’art, un atout à manipuler avec précaution », sur RFI, (consulté le )
- « Comment authentifier une œuvre d’art ? », sur Beaux Arts, (consulté le )
- « Entrée Libre sur France 5 le 01 mars 2016 : Le documentaire « Un vrai faussaire » »
- « Art : Le puit sans fond des contrefacons »
- « L'histoire vraie des faux Rodin » [PDF]
- « Rodin ne laisse pas le marché de marbre », sur Le Figaro, (consulté le )
- Vincent Noce, « Gary Snell, le faussaire présumé de Rodin », sur Libération (consulté le )
- Par Nicolas Jacquard Le 20 février 2019 à 06h11, « L’affaire des «vrais/faux» Rodin au tribunal », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Guy Ribes, l'art et l'arnaque », sur France Inter, (consulté le )
- « Les enjeux afférents au catalogue raisonné »
- « L'Objet d'Art L'Estampille n°386 Février 2011 pages 28 à 33 »
- « Camille, Rodin et le conte de Perrault - Histoire de l'art », sur Le Nouvel Obs, (consulté le )
- (en) « Chimei Museum », sur Ministry of Culture, (consulté le )
- « Leur business : traquer, décrypter, révéler », Expansion n°785,
- « Un faux air de Giacometti », sur Museum TV (consulté le )
- (en) Sven Röbel et Michael Sontheimer, « Sculptures in a Suitcase: The Fake Count who Flogged Giacometti Forgeries », Der Spiegel, (ISSN 2195-1349, lire en ligne, consulté le )
- Clara Ott, « Un faux air de Giacometti », sur France 5,