Utilisateur:PaulPetit67/Brouillon14

Gardes du corps du général de Gaulle

La protection personnelle de de Gaulle, enjeu politique majeur dans un régime où l’autorité est plus centralisée et personnifiée qu’avant, et dossier sensible avec les menaces croissantes de l’OAS, s’organise en trois cercles concentriques. Une première garde rapprochée est assurée par les quatre gorilles. Un deuxième cercle est composé d’une douzaine d’inspecteurs de la préfecture de police et des membres du groupe VO de la sûreté nationale. Un troisième cercle est constitué de policiers qui canalisent la foule, effectuent des fouilles et repèrent le terrain avant le passage présidentiel.


Les gardes du corps ou « Gorilles » du Général de Gaulle. Ce sont les « Mousquetaires » du Général. Baptisés « Gorilles » par Dominique Ponchardier, un ancien résistant, agent des services secrets, qui, devenu écrivain, inventa le personnage du Gorille dans la Série Noire. Dans l'histoire de l'Elysée, les Gorilles figurent en bonne place. Pendant dix ans, de 1959 à 1969, ils assurent la sécurité et la garde rapprochée de De Gaulle. Avec des périodes de grande tension et d'immense inquiétude, comme au moment de la guerre d'Algérie et des attentats de l'OAS. Ils sont donc quatre à ne pas quitter le Général d'une semelle, que ce soit à Paris, pendant les déplacements en province, ou encore les voyages officiels à l'étranger, sans parler de Colombey, le week-end et pour les vacances. Curieusement, ils ont été sélectionnés par André Malraux, car certains d'entre eux avaient assuré sa protection en 1958.

Le patron des Gorilles, c'est Paul Comiti, un ancien des commandos marine, grand résistant. Avec lui, un boxeur, Roger Tessier ; un combattant de la France Libre, d'origine kabyle, Henri Djouder ; et un parachutiste, René Auvray, remplacé en 1963, pour raisons de santé, par Raymond Sasia, un tireur d'élite formé au FBI. Des physiques à la Roger Hanin, à la Belmondo ou à la Ventura. Des célébrités, que l'on voit à la télévision, encadrant le Général, dès qu'il se déplace. Avec des faits d'armes, comme ce jour de 1964, lors d'un voyage à Mexico, où Comiti doit porter le Général sur plusieurs mètres pour lui éviter d'être étouffé par une foule d'étudiants enthousiastes. Les Gorilles connaissent parfaitement le Général. Entre eux, ils l'appellent « Pépère ». Il n'aime pas être surveillé, ou entravé, lorsqu'il prend un bain de foule. Mais ils ont, ses Gorilles et lui, leurs règles du jeu. Toujours présents, mais sans l'empêcher de prendre des risques, d'aller au contact. Il est myope, et déteste porter ses lunettes en public ? Ils l'aident à franchir les obstacles, à descendre les marches des escaliers. Il est sous la menace d'attentats ? Ils redoublent d'attention, durcissent la surveillance, comme ils le feront après l'attentat du Petit-Clamart, en 1962, et après l'assassinat de Kennedy, deux événements qui confirment la vulnérabilité des dispositifs de sécurité. Dans ces années 1960, les technologies sont balbutiantes. Pas de portables, pas d'oreillettes, pas de systèmes de surveillance sophistiqués. Les Gorilles, bien sûr, sont armés, mais ils ont surtout l'expérience, le physique, le tempérament, le courage aussi. Et la confiance du Général. Les anecdotes sont étonnantes, comme celles recueillies pour « De Gaulle et ses gorilles », un excellent documentaire de Renaud Fessaguet et Frédéric Decossas, produit par Tony Comiti, le propre fils de l'ancien patron des Gorilles. Un exemple parmi tant d'autres : en 1967 à Montréal, Roger Tessier repère par hasard un micro dans un coin du balcon où de Gaulle vient saluer les Québécois en liesse. Il va l'apporter au Général, qui demande précisément un micro car il veut prononcer quelques mots... Ce sera, sonorisé grâce à ce gorille, « Vive le Québec libre ! ».

En 2010, Raymond Sasia publie ses souvenirs dans un savoureux et émouvant ouvrage, « Le Mousquetaire du Général ». Le jour des obsèques du Général, Mme de Gaulle demande que les « quatre Mousquetaires » entourent la tombe au moment de la mise en terre. Raymond Sasia n'oubliera jamais : « Nous étions là, en larmes, nous avions perdu notre père. Nous qui avions juré de donner notre vie pour la sienne, nous étions comme des orphelins. »


  • Roger Tessier (5/03/1925 Paris-13 - 7/11/2017 Canet en roussilon)
  • Henri Djouder (8/05/1920 Algérie - 21/05/2014 - Hyères)
  • Paul Comiti (30/11/1921 Sotta - 05/03/1997 Paris-13)
  • Raymond Sasia (1928-) : engagé à l'âge de 15 ans dans la Résistance et héros de la Libération à 16 ans, Raymond Sasia devient membre de la garde d'honneur du général de Lattre à Coblence. Champion de judo et tireur d'élite formé par le FBI de John Edgar Hoover, il intègre le service du général de Gaulle en 1961. Après la mort du Général, le gouvernement français lui demande de devenir le conseiller du roi Hassan II et il parvient à lui sauver la vie. En 1988, en pleine vague d'attentats, il est chargé de la protection de Jean-Paul II lors de sa visite en France, contredisant ainsi les prédictions de Nostradamus qui annonçait la mort du Pape à Lyon cette même année ! Raymond Sasia est surnommé "le dernier aventurier" en raison de sa vie trépidante mêlée aux heures les plus glorieuses et dramatiques de l'histoire contemporaine. Ce témoin direct, souvent comparé à un James Bond français, raconte avec passion et humour cette épopée au père Philippe Verdin. Il dévoile les coulisses de la protection rapprochée du général de Gaulle, ainsi que ses propres aventures palpitantes au service de la France et de figures emblématiques. L'histoire de Raymond Sasia est une célébration de l'esprit d'aventure, de dévouement et de loyauté inébranlables, témoignant de son rôle essentiel au sein de l'équipe chargée de la protection du général de Gaulle et de nombreuses personnalités de premier plan.

Bibliographie

modifier

Ouvrages

modifier

Ouvrages généraux

modifier

Témoignages

modifier
  • Raymond Sasia, Le Mousquetaire du Général, préface de Philippe De Gaulle, Guéna, 2010
  • Roger Tessier, J'étais le gorille du général, Perrin, 2002

Articles

modifier

Documentaires

modifier