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Étude qui consiste à connaître l’origine et la portée historique du sens des mots, de leurs déplacement et glissement sémantique, et pour finir de leur réception lexicale. Définition qui élève au rang de science auxiliaire, l’histoire des mots.Ce néologisme est issu d'une communication originale du Professeur Jean-Pierre Deschodt, à l'occasion du XXIIIe Congrès international des sciences historiques (CISH) qui s'est déroulé du 21 au 27 août 2023. Dans ce cadre, un panel (L’histoire du mot dans le vocabulaire politique et social) a rassemblé plusieurs chercheurs de l'ICES (Institut catholique d'études supérieures). Dans ce panel spécialisé (ST12), le 23 août 2023, on a pu discuter et valider cette nouvelle méthode.

Définition et approche méthodologique modifier

Ce concept visant à l'histoire des mots puise ses racines dans l'Ecole des Annales où l'on considère que la sémantique n’est jamais le fruit du hasard.

« Croit-on, écrivait l'historien des Annales Lucien Febvre, qu’il soit sans profit de fixer la date de naissance exacte dans la langue du prolétaire, celle du capitaliste ou celle de l’ingénieur… ? Croit-on que soit sans portée une étude attentive de l’évolution du sens de pareils mots, et que la retracer en détail, ce ne soit pas écrire une vrai page d’histoire sociale »[1].

Cette approche historico-linguistique a été par la suite reprise en 1979 par Guillaume Bertier de Sauvigny, à l’occasion d’une publication dans la revue Commentaire[2], portant sur la généalogie du mot libéralisme. Pour ce faire, l’historien de la Restauration avait en amont réfléchi à l’application d’une méthode pratique et efficace pour retracer son itinéraire, convaincu au même titre que Lucien Febvre par l’étude du vocabulaire politique et social qui constitue une des clefs de l’histoire des idées. Car on pense avec des mots et la notion n’existe pas tant que le mot n’apparaît pour ainsi dire pas. Elle permet de saisir le moment où une idéologie sort de sa nébuleuse primitive et se cristallise pour constituer un socle sur lequel elle participe au développement des sociétés humaines.

Il faut s'attacher par priorité à repérer la naissance du terme lui-même en tant que nouvelle combinaison de syllabes et indépendamment de son contenu définitionnel. Sa création morphologique ayant été localisée, il s’agira de l'associer à un nouveau sens, association qui engendre une nouvelle expression. Cette deuxième étape, appelée innovation sémantique, est souvent la plus délicate et la plus difficile, car les mots peuvent changer souvent et insensiblement de sens, et de se métamorphoser par petites touches successives.

Toutes ces incertitudes affectent parfois la bonne compréhension du texte en rendant la simple lecture du vocabulaire équivoque. Elles soulèvent ainsi des questions heuristiques dont la réponse raisonnée intervient au moment où le mot pénètre dans l’usage commun et reçoit la consécration du dictionnaire qui se doit d’intégrer chaque nouveau terme ou chaque nouvelle acception. Morphologie, sémantique et lexicologie, tel est le triptyque, selon Bertier de Sauvigny qui jalonne la démarche de l’historien du mot complétant ainsi celle de Reinhart Koselleck, l’inventeur de l’histoire des concepts.

Le néologisme Ngramologie vient de l'historien Jean-Pierre Deschodt[3], à l'occasion du XXIIIe Congrès international des sciences historiques (CISH) qui s'est déroulé du 21 au 27 août 2023. Le 23 août 2023, à Poznan (Rubrique ST12), plusieurs chercheurs se sont réunis et ont représenté l'Institut catholique d'études supérieures (La Roche-sur-Yon - France) : John Laughland[4], Olivier Hanne[5], Jean-Marc Joubert[6], Emmanuel Dreyfus[7], Hélène de Lauzun[8], Clément Millon[9], David Teurtrie[10], Bernard Callebat[11], Christophe Réveillard[12]. La méthode Ngrammologie a pu être discutée et validée au cours de ce Congrès.

  1. Lucien Febvre, « Les mots et les choses en histoire économique », Annales d’histoire économique et sociale, vol. 2, no 6,‎ , p. 231–234 (ISSN 0003-441X, DOI 10.3406/ahess.1930.1195, lire en ligne, consulté le )
  2. Déjà en 1970, Bertier de Sauvigny s’était essayé dans le cadre de la Revue politique de l’Université Notre Dame (Indiana) à définir un procédé expliquant l’histoire des mots.
  3. Jean-Pierre Deschodt a fait une intervention sur "L’histoire des mots : une science auxiliaire de l’histoire".
  4. John Laughland est docteur, habilité à diriger des recherches, a fait une intervention à cette occasion sur Le mot « nationalisme » et l’impérialisme britannique.
  5. Olivier Hanne est chercheur associé à l'Université Aix-Marseille et professeur à l'ESM Saint-Cyr. Il est intervenu sur Le mot « nationalisme » dans les pays musulmans.
  6. Jean-Marc Joubert est Maître de Conférences à l'ICES. Il est intervenu sur le Sionisme, Etat d’Israël et « nationalisme »
  7. Emmanuel Dreyfus est chercheur Russie à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM). Il est intervenu sur Le mot « nationalisme » dans l’émergence de la puissance américaine.
  8. Hélène de Lauzun est docteur en histoire de la Sorbonne, 1er agrégé de France et chargé d'enseignement en histoire. Elle est intervenue sur Le mot « nationalisme » dans le monde germanique entre Autriche et Allemagne.
  9. Associé à titre principal du CRICES. Clément MILLON est chargé de conférences en Histoire à l'ICES. Il est intervenu sur Le mot « nationalisme » dans le IIe Reich.
  10. David Teurtrie est maître de conférence à l'ICES. Il est intervenu sur Le mot « nationalisme » dans la Russie des derniers Romanov.
  11. Professeur à la faculté de Droit canonique de Toulouse.
  12. Christophe Réveillard est responsable de recherches à l'UMR 8596 Centre Roland Mousnier (CNRS/Sorbonne. Université) en histoire contemporaine. Il a présidé cette journée.