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L’arpentage est une proposition de méthode d’exploration, par un groupe de personnes, de documents porteurs d’un savoir référencé dans la catégorie du « savoir savant », qu’il est souvent difficile d’aborder seul, sans clés de lecture.

L'arpentage a comme enjeu de :

  • créer une dynamique collective d'enrichissement mutuel et d'autoformation
  • permettre à toute personne de "décomplexer face au savoir complexe"
  • participer à une meilleure compréhension du monde dans sa complexité
  • d'enrichir l'analyse collective d'une situation complexe vécue
  • de donner des pistes d'actions individuelles, collectives et de transformation sociale.

Origine de l'arpentage

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La méthode de l'arpentage a été développée au sein du mouvement d'éducation populaire Peuple et Culture par Jean-Claude Lucien, bénévole.

Objectifs

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L'arpentage a pour objectif de changer le rapport au livre, à la lecture et de faciliter la compréhension d'ouvrages et de documents dits compliqués. Selon Jean-Claude Lucien, cette méthode a été conçue pour traiter d'un ouvrage "assez touffu et complexe" pour justifier de son intérêt. Toutefois, d'aucuns, l'ont malgré tout développée pour favoriser la lecture auprès de personnes pour qui l'écrit et la lecture ne sont pas des pratiques familières. Il s'agit également d'encourager chacun à se permettre l'expression d'avis, de sensations au sujet d'ouvrages Jean-Claude Lucien parle d'"appropriation de la lecture" et non de lecture. L'idée est de faire en sorte que les participants s'autorisent une pensée, l'expression de points de vue et de questionnements sur le texte et non pas une pensée de l'auteur à laquelle on se raccroche. A cette fin, le déroulé pédagogique nécessite entre autres, de comparer des savoirs différents, de se les approprier et d'en débattre à partir de points de vue divers.

Enfin, dans la droite ligne de l'entraînement mental, l'arpentage vise à favoriser un processus d'autoformation et de travail collectif. Pour son initiateur et l'ensemble des membres de Peuple et Culture qui le pratique, il s'agit d'une approche qui doit permettre l'action et l'ouverture à d'autres groupes ou personnes, au travers d'un montage, d'une restitution ou d'une fiche de lecture par exemple.

Proposition de méthode

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L'arpentage est une méthode libre de droit et non figée, amenée à évoluer pour s'ancrer dans des réalités et des problématiques sociales, dans le respect des principes de l'éducation populaire. De nombreuses variations méthodologiques ont vu le jour depuis son développement au sein de Peuple et culture. La proposition de méthode développée ci-dessous vise à présenter celle qui est née à l'origine de l'arpentage, avec pour objectif d'alimenter les échanges entre les personnes qui pratiques l'arpentage et de contribuer à diffuser cette méthode d'appropriation collective de la lecture, qu'elle soit utilisée seule ou intégrée à d'autres activités culturelles et formatives.

La méthode proposée est centrée sur la lecture de documents, écrits, ouvrages... Pour autant, elle vise à s'adapter à la "lecture partagée" d'autres supports, images, vidéos, textes, vidéo-conférences, paysages...

'La méthode proposée décrit le déroule d'une séance-type de 3 heures d'arpentage[1].

D'autres méthodes sont possibles, notamment dans le cas d'un montage public.

Accueil, introduction, présentation

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Écrire le déroulé minuté de la séance au tableau peut faciliter le repérage des différences séquences de cet atelier.

Un tour de table de présentation n’est pas obligatoire et est laissé à la préférence des animateurs. Il est possible pour les participant·es de situer ce qu’il/elles font lors de la dernière séquence qui est l’occasion pour chacun de dire à quoi cette lecture peut lui servir.

Déroulé pédagogique

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Construction des hypothèses

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Première lecture visuelle / 10-15’ - 5 mn en individuel, puis 10 mn en grand groupe.

À partir de la simple image et présentation de la couverture (recommandation de ne pas regarder la 4ème de couverture qui présente le point de vue de l’éditeur), on se demande :

  • de quoi pensez-vous que ça parle ?
  • de quoi aimeriez-vous que ça parle ?

Pour Jean-Claude Lucien, l’arpentage est une démarche scientifique : elle permet la construction d’hypothèses que l’on va ensuite vérifier avec la lecture. Dans cette perspective, le paratexte doit être pris en compte, il est une source d’informations importante.

Sondage (deuxième lecture visuelle)

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Sur la base de la table des matières présentée en format « paysage » afin de disposer d’une vue d’ensemble des différents chapitres (on est toujours dans une approche visuelle de l’ouvrage), les participantes se répartissent les chapitres (si les personnes n’ont pas de préférence, procéder à un tirage au sort).

Lecture

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Des temps de lecture individuelle très variables sont proposés en fonction des animateurs et animatrices. Concernant les consignes, plusieurs options également : simplement retenir une idée force (lecture 1’) ou bien la/les noter sur un/des post-it (3 idées maximum, une par post-it, temps 45’) de la partie lue en précisant la page.

Attention, si la consigne est d’écrire, bien insister sur l’idée de mots-clés et non de phrases rédigées (on construit une carte qui doit être visible de quelques mètres...).

Restitution sur le contenu du livre et construction de la carte des idées (mots-clés et carte des idées)

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La construction de la carte des idées peut se fait sur un mur, tableau ou paperboard.

Chaque participante, à tour de rôle, lit l’idée force qu’il a retenue et ce qu’il/elle en a compris. Les différents post-it sont collés au fur et à mesure sur le mur en fonction de leur proximité de sens ou de thème jusqu'à la formation de plusieurs groupes de post-it. Se dessinent alors progressivement des « groupes thématiques » qu’il s'agira de nommer puis, plus tard, de relier entre eux, si possible en nommant les liens également. Peu à peu se dégagent donc les thèmes principaux donnant forme à la carte des idées. Celle-ci peut être mouvante, les post-it pouvant changer de place, des nouveaux groupes ou sous-groupes pouvant être créés.

Lors de cette séquence de restitution, il est possible de pointer les éléments et passages qui mériteraient d’être éclaircis et ceux que l’on n’est pas sûr d’avoir bien compris.

Ce qu’on pense du livre et ce à quoi il peut nous être utile

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Une fois qu’on a fait connaissance avec le contenu du livre, on peut commencer à entrer dans une analyse critique ; chaque participant est ainsi invité à :

  • faire part de ses points d’accords et de désaccords avec le propos de l’auteur
  • faire part de ses interrogations : est-ce que la découverte du livre crée chez moi un « déplacement du regard », une manière d’envisager le sujet, inédite pour moi, décalée, surprenante, nouvelle, me conduisant à me poser telle ou telle question ?
  • à quoi et en quoi ces réflexions peuvent-elles me servir, comment pourraient-elles orienter mon action ?

Puisqu’il s’agit de partager un regard subjectif, les participants peuvent situer d’où il/elles parlent (leurs pratiques professionnelles, militantes ou syndicales par exemple, leur métier, leurs expériences diverses, etc.). Cela peut aider à mieux comprendre leur point de vue et donner l’occasion de se présenter, de permettre la connaissance mutuelle au sein du groupe.

Il est possible à ce stade d’inviter les participants à formuler ce qu’ils auraient à dire à l’auteur s’il était en face d’eux.

Ce que l’on pense de la méthode

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Dernier temps pour recueillir les impressions, les motifs de satisfaction ou non, les idées pour aller plus loin et les questionnements qui permettraient peut-être d’améliorer une prochaine séance d’arpentage.

Positionnement de l'animateur

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Deux positionnements principaux :

  • Lire l’ouvrage avant la séance et disposer d’une culture suffisante sur l’auteur, le contexte et le thème pour pouvoir justement permettre l’expression de tout le monde. C’est la position de Jean-Claude Lucien qui considère que l’autonomisation des personnes est un processus qui nécessite un accompagnement qui n’est pas contradictoire avec le fait de partager des connaissances. Ce choix peut être associé à un temps de lecture très court lors de l’arpentage, car le carottage des parties de l’ouvrage à lire s’appuie sur une lecture préalable de l’ouvrage arpenté par l’animateur.
  • Ne pas le lire, se contenter d’être « dépositaire » de la méthode afin de ne pas influencer le groupe, d’être au même niveau que les participants, même si le simple fait de maîtriser la méthode induit une certaine forme d’inégalité. Ce choix est associé à un temps de lecture pendant l’arpentage suffisamment long afin de permettre une appropriation collective, puisque le carottage ne s’appuie pas sur une lecture préalable de la part de l’animateur.

Références

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