Utilisateur:Pierre Charp/Brouillons

Propositions de plan pour l'article Surréalisme

modifier

1 Histoire du mouvement (avec renvoi vers la chronologie)

Introduction: n'est considéré ici que le groupe parisien. Pour les autres pays, voir plus bas)

1.1 Prémices (1919-1924) (y inclus: origine du mot)

1.2 La période intuitive (1924-1929)

1.3 La période raisonnante (1929-1940)

1.4 Exil et clandestinité (1940-1947)

1-5 Scissions et exclusions (1947-1952)

1-6 Le surréalisme même (1952-1966)

1-7 Après Breton (1966-…)


2 Principes du surréalisme

Introduction: Breton théoricien, qu'est-ce que le surréalisme?; etc..

2.1 L'imaginaire (Rêve)

2.2 L'amour (sexualité, érotisme)

2.3 La révolte (Liberté, révolution, humour noir) y inclus Changer l'homme)

2.4 Le hasard (pratiquer la poésie)


3 Origines du surréalisme

Voir les listes de prédécesseurs, fréquentes chez Breton.

3.1 La guerre

3.2 Le symbolisme

3.3 Le romantisme Nerval, Baudelaire, Hugo,

3.4 Les ancêtres: Apollinaire, Rimbaud, Lautréamont, Sade, Jarry, etc.


4 Surréalisme et arts (y inclus Evolution)

4.1 Littérature (y inclus l'écriture automatique)

4.2 Peinture

4.3 Objet

4.4 Cinéma

4.5 Musique

4.6 Influence du surréalisme


5 Confrontations

5.1 Positions politiques du surréalisme

5.2 Surréalisme et psychanalyse

5.3 Surréalisme et ésotérisme

5.4 Surréalisme et situationnisme


6 Le surréalisme hors de France

(y inclus Une aventure internationale)

6.1 Belgique

6.2 Tchécoslovaquie

6.3 Roumanie

6.4 États-Unis

6.5 Angleterre

6.6 Japon

6.7 Autres (Égypte, Italie, Suisse,Chili, Portugal, etc)


7 Controverses internes et externes

7.1 Qui est surréaliste?

7.2 Mouvement artistique ou non?

7.3 André Breton et le surréalisme

7.4 André Breton et l'homosexualité

7.5 Critiques féministes

7.6 Critiques révolutionnaires


Surréalisme en Belgique

modifier

Le surréalisme s’est manifesté dans l’entre-deux-guerres en Belgique francophone à travers deux groupes distincts, le groupe de Bruxelles, autour de Paul Nougé et René Magritte, et le groupe du Hainaut, autour d'Achille Chavée et de Francis Dumont. Dans l'immédiat après-deuxième guerre mondiale auront lieu deux expériences éphémères: le surréalisme révolutionnaire, que fondent le belge Christian Dotremont et le français Noël Arnaud, et le groupe Haute Nuit, qui tente de relancer l'activité surréaliste dans le Hainaut. Par la suite, les membres des anciens groupes se retrouveront dans divers regroupements ou publications collectives, plus ou moins proches de l'esprit surréaliste: Cobra, La carte d'après nature, Les lèvres nues, Phantomas, Temps mêlés, Daily-Bul, Edda, Le Vocatif, etc.[1]


Relations avec le Groupe de Paris

Le surréalisme en Belgique se singularise, par rapport aux autres pays où furent créés des groupes surréalistes, (Tchécoslovaquie, Roumanie, Angleterre, États-Unis, etc. )par les rapports souvent conflictuels entretenus avec le groupe de Breton. Alors qu'ailleurs, tout différend avec le groupe fondateur conduit à abandonner toute référence directe au surréalisme (Paalen, p. ex.) , en Belgique, la critique, ou les réserves envers le groupe parisien se feront souvent au non même du surréalisme, tel que les uns et les autres l'envisagent. Le contenu de ces différends variera avec le temps, mais certaines constances se retrouvent d'un groupe à l’autre: la méfiance vis-à-vis de l'inscription du surréalisme dans l'histoire littéraire, le doute vis-à-vis de l'automatisme (Nougé) ou au contraire le retour à un automatisme pur (Cobra). A cela s'ajoute une dimension souvent politique, l'engagement des nombreux surréalistes belges, particulièrement auprès du Parti Communiste Belge, sera source de frictions et de ruptures.

Permanence et instabilité du surréalisme en Belgique

Tôt implanté dans le pays, le surréalisme ne l'a jamais vraiment quitté, à travers une foison de revues et de tentatives de regroupement, souvent éphémères. Contrairement à Paris ou Prague, il n'a pas existé en Belgique d'aventure collective continue de longue durée, mais un morcellement et une grande variabilité de l'expression. Les conflits de personnes, de perspectives ou d'opinions rendent l’approche de l'histoire du surréalisme en Belgique d'autant plus malaisée que les traces laissées, -des revues souvent minimalistes, des œuvres marginales, etc- ont peu souvent retenu l'attention des historiens d'art et de littérature, ce qui d'ailleurs n'aurait pas déplu à la plupart.

Il en résulte l'impossibilité de dresser un portrait exhaustif et cohérent de l'activité surréaliste en Belgique, pas plus qu'il n'est envisageable d’espérer fixer des limites claires et objectives à ce qui, dans ce foisonnement inégal, relève ou non de l'aventure surréaliste.

Le surréalisme en Belgique et ses environs Le groupe de Bruxelles La série de tracts intitulée Correspondance, de Paul Nougé, Marcel Lecomte et Camille Goemans, dont la publication commence en novembre 1924, est généralement considérée comme la première manifestation du surréalisme en Belgique. C'est cependant dans les années qui suivent que commencent à s'installer des collaborations épisodiques entre surréalistes parisiens et bruxellois, alors que le groupe s'est élargi, avec l'entrée d'André Souris, de E. L. T. Mesens et René Magritte, puis de Louis Scutenaire et de la future épouse de celui-ci, Irène Hamoir .

Hormis les trois numéros de la revue "Distance", en 1928,le groupe surréaliste bruxellois ne publie pas de revue propre. Leur participation au surréalisme se signale par la signature de différents tracts issus du groupe de Paris (La révolution d'abord et toujours[2], L'affaire Aragon,Violette Nozières), par des numéros spéciaux de revues réunissant surréalistes belges et français (Variétés: Le surréalisme en 19294; Documents 34 (Rédacteur en chef: E. L. T. Mesens): Intervention surréaliste) et enfin par leur participation à la première exposition surréaliste d'envergure internationale, l'exposition "Minotaure" organisée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en mai et juin 1934, par E.L.T. Mesens, avec l'aide de Breton et Eluard, sous le patronage des éditions Skira. D'autre part, Camille Goemans part s'installer à Paris dès 1925, où le rejoint, de 1927 à 1930, René Magritte.

Malgré ces nombreuses collaborations, l'adhésion du groupe "Correspondance" au surréalisme n'est pas sans réserve. Avant de rejoindre Nougé et Goemans, Magritte et Mesens avait publié une revue, "Œsophage" d'esprit dadaïste, et provocante à l’égard des surréalistes parisiens[3]. L'esprit dadaïste n'a d’ailleurs jamais tout à fait quitté le surréalisme bruxellois, et c’est peut-être à lui qu'il faut attribuer cet "humour" propre à cette variante du surréalisme, humour dont se méfiait quelque peu André Breton.[4] Mais c'est surtout Nougé, qui fait peu à peu figure de théoricien du groupe, qui marque, au moins à cette époque, de sérieuses réticences vis-à-vis de l'écriture automatique, placée alors au centre du surréalisme par Breton, et qui s’inquiète de l'institutionnalisation grandissante du surréalisme.[5]

Après la guerre, Nougé et Magritte refuse de participer à la tentative de regroupement tentée par Achille Chavée, à cause de la présence de Christian Dotremont, auquel ils reprochent un article élogieux à l'égard de Jean Cocteau. Magritte, soutenu entre autres par Nougé, Joë Bousquet et Marcel Mariën qui a rejoint le groupe en 1937, ébauche dans un tract sa théorie du "Surréalisme en plein soleil", qui accentue le divorce avec les surréalistes parisiens. .

Le groupe de Bruxelles se retrouvera encore, presque complet, dans la revue "La carte d'après nature", dirigée par Magritte. La rupture progressive de Magritte avec ses anciens amis, Nougé et Mariën, met fin à l'existence du groupe proprement dit, bien que chacun de ses membres continueront à intervenir dans diverses publications.

Le groupe du Hainaut

Fondé par Achille Chavée, Albert Ludé, André Lorent et Marcel Parfondry, le groupe louviérois Rupture n'entend pas initialement intervenir sur le plan artistique et littéraire. C'est sous l'impulsion du poète montois Fernand Dumont qu'il va s'orienter plus nettement vers le surréalisme. Dumont, ancien condisciple de Chavée, a découvert les écrits surréalistes en 1931, rencontré en septembre 1933 à Paris Éluard et Breton, et est en contact avec les Bruxellois par l'intermédiaire de son ami Max Servais.

Le 13 avril 1935, sous l'impulsion de Dumont et E. L. T. Mesens venu en invité, le groupe adhère au surréalisme[6]. Il collabore ensuite avec le groupe de Bruxelles, cosignant le Bulletin international du surréalisme et l'exclusion d’André Souris.

Fin octobre, avec l'aide de Mesens, le groupe organise à La Louvière une exposition internationale du surréalisme qui rencontre peu d’écho. Dans la foulée paraît le cahier Mauvais temps 1935, destiné à être annuel, et qu'André Breton accueille très favorablement[7]. Mais en 1936, Achille Chavée part pour l’Espagne, s'engageant dans les brigades internationales. Son absence laisse le groupe à ses dissensions, entre "politiques" et "poètes", le rendant incapable de publier Mauvais temps 1936.

Au retour de Chavée, ce sont d’autres dissensions, plus nettement politiques, qui minent le groupe: en Espagne, il a siégé aux côtés des communistes dans les tribunaux révolutionnaires, et il est accusé d’avoir ainsi participer à l’exécution des militants non staliniens, anarchistes et trotskistes notamment. Les tensions ente trotskistes (Ludé, Lorent, Havrenne) et staliniens (Chavée, Dumont, Simon[8]) provoquent l'éclatement du groupe lorsqu'André Breton leur demande d’adhérer à la F.I.A.R.I. (Fédération Internationale de l'Art Révolutionnaire Indépendant) qu'il vient de fonder avec Léon Trotsky.

Le 1er juillet 1939, Dumont et Chavée, rejoint par Armand Simon, Pol Bury, Constant Malva, Marcel Lefrancq, Louis Van de Spiegele et Lucien André, fondent le Groupe Surréaliste du Hainaut, provoquant la réaction négative de E. L. T. Mesens , adhérent depuis 1938 à la F.I.A.R.I., et qui juge incompatible la qualité de surréaliste et l’engagement stalinien de Chavée. La guerre survient, qui met fin aux dissensions comme aux activités dans le Hainaut[9]

Pendant la guerre (1940-1945) Pendant la guerre, l'activité des surréalistes belges se partagent entre Paris, où plusieurs collaborent au groupe La main à plume[10] et Bruxelles, où René Magritte et Raoul Ubac publient la revue L’invention collective, qui n'aura que deux numéros, en février et avril 1940. Cette revue aura pour principaux collaborateurs E. L. T. Mesens, Marcel Mariën et les membres du groupe surréaliste en Hainaut.[11].

Sous l'occupation, deux expositions, l'une de Raoul Ubac en mai 1941, l'autre de René Magritte en 1944, toutes deux préfacées par Paul Nougé[12], sont dénoncées par la presse collaborationniste, entre autre sous la plume de Marc Eeemans, ancien membre éphémère du groupe de Bruxelles de 1927 à 1929[13].

Dans le Hainaut, après la participation à L'invention collective, toute activité est suspendue: Achille Chavée, recherché pour ses activités politiques, doit se cacher et Fernand Dumont, déporté en 1942, mourra en captivité en 1945.


Le surréalisme révolutionnaire Le poète et peintre Christian Dotremont a découvert le surréalisme durant la guerre et participé à la revue française La Main à plume. De retour à Bruxelles, il fonde la revue "Les deux sœurs", ouverte à une large participation. Dans le n°3, il signe un article "Le surréalisme révolutionnaire"[14]. Après plusieurs réunions, auxquelles participent de nombreux membres des anciens groupes du Hainaut et de Bruxelles, la naissance du nouveau mouvement est actée le 17 mai 1947, et un manifeste, écrit par Dotrement et Jean Seeger, incorpore les diverses remarques des participants [15]. En juin, le tract "Pas de quartiers dans la révolution!" signifie la rupture définitive avec le groupe de Breton.

[Nöel Arnaud]], l'un des animateurs de "La main à plume", ayant repris contact avec Dotremont, réunit plusieurs artistes, dont Yves Battistini et Edouard Jaguer. Ce dernier lit l'article de Dotremont. Les participants évitent néanmoins d'attaquer Breton, mais celui-ci estiment que les surréalistes-révolutionnaires et lui "n'ont pas la même conception de la révolution, de la vérité, de la droiture et de l'honneur". [16] La rupture avec Breton est consommée par le tract "La cause est entendue", signée par les surréalistes-révolutionnaires belges et français.

Si l'importance donnée à l’engagement politique est l'une des causes de cette rupture, le fait que, pour tous les surréalistes-révolutionnaires, cet engagement signifie l'alignement avec les thèses des partis communistes français et belge, constitue le véritable point de non-retour.

L'espoir de concilier surréalisme et partis communistes sera de courte durée. Le PCF, toujours attaché en art au "[[réalisme socialiste]" convoque Noël Arnaud et Edouard Jaguer, les sommant de mettre fin à leurs activités. Ceux-ci obtempèrent[17]. La fin de l'activité surréaliste-révolutionnaire en France ne signe pas immédiatement la fin du mouvement, officiellement dissous en 1950. Mais en réalité, il se fond peu à peu dans un nouveau mouvement, fondé par deux suréalistes-révolutionnaires, Asger Jörn et Christian Dotremont: Cobra.

Notes et références

modifier
  1. Xavier Canonne, Le surréalisme en Belgique, 1924-2000, Fonds Mercator, 2007.
  2. Nougé fait ajouter la phrase: Il importe de ne voir dans notre démarche que la confiance absolue que nous faisons à tel sentiment qui nous est commun, et proprement au sentiment de la révolte, sur quoi se fondent les seules choses valables. Paul Nougé, Fragments, Editions Labor-Fernand Nathan, 1983, p251
  3. Canonne, op. cité, p. 21
  4. Cette sorte d'humour très particulier - tout à la fois je m'en délecte et je m'en inquiète.[...] Je m'en inquiète, parce qu'il tend à subordonner tout le reste et, de ce fait, amenuise les chances de la poésie qui sont à coup sûr aussi du côté de la gravité. Lettre d'André Breton à René Magritte, in Canonne, op. cité, p 196.
  5. J'aimerais assez que ceux d'entre nous dont le nom commence à marquer un peu, l'effacent. Ils y gagneront une liberté dont on peut espérer beaucoup. Lettre à André Breton, cité partiellement par celui-ci dans le Second manifeste. André Breton, Œuvres complètes I, Pléiade, NRF Gallimard, 1988, pp 821 et 1619.
  6. Canonne, op? cité, p 32.
  7. Une revue comme "Mauvais Temps" répond vraiment, dans tous les domaines, à mon plus grand désir.[…] Il faut à tout prix que vous preniez la parole plus souvent.(André Breton, lettre à Fernand Dumont, cité in Xavier Canonne, op. cité p 35).
  8. Ces derniers plus par amitié pour Chavée que par véritable choix politique)Voir Le surréalisme à Mons et ses amis bruxellois, catalogue de l'exposition tenue au Musée des Beaux-Arts de Mons, 1986, p 31
  9. Xavier Canonne in Le surréalisme à Mons et ses amis bruxellois, pp. 21-37
  10. dont Raoul Ubac et un nouveau venu, Christian Dotremont (voir infra), qui s'installent provisoirement à Paris
  11. Adam Biro et René Passeron(sous la direction de) Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre S.A., Fribourg (Suisse),1982, p218
  12. la 2e sous le pseudonyme de Paul Lecharentais.
  13. Biro, op. cité, p 139
  14. Canonne, op. cité, p 52.
  15. Françoise Lalande, "Christian Dotremont, L'inventeur de Cobra",Éditions Stock, 1998, p 95.
  16. Françoise Lalande, op. cité, p 97.
  17. Canonne, op. cité, pp 54-56.