Utilisateur:Qhloé/Charlotte Charlaque

Charlotte Charlaque (14 septembre 1892 à Berlin – 6 février 1963 à Brooklyn, New York) était une actrice allemande et américaine. Elle fit partie des premières militantes trans et l'une des premières personnes à subir une opération de réassignation sexuelle.

Qhloé/Charlotte Charlaque
Nom de naissance Curt Scharlach
Alias
Carlotta Baronne von Curtius, Lotte Curtius
Naissance
Berlin
Décès (à 70 ans)
New York
Nationalité Etats-Unis, Allemagne
Activité principale
Actrice
Conjoint
Toni Ebel

Biographie

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Jeunesse et famille (1892-1922)

Charlotte Charlaque était le deuxième enfant d'une famille juive allemande de la région de Berlin-Schöneberg. Son véritable nom de famille était en fait Scharlach, et puisque ses parents, à sa naissance, partirent du principe qu'elle était un garçon, ils lui donnèrent le prénom de Curt. L'idée fausse selon laquelle Charlotte serait née à Mährisch Schönberg (Šumperk), dans l'actuelle République Tchèque, trouve son origine dans les tentatives répétées que fit Charlotte, après 1933, pour dissimuler ses origines, de sorte à éviter d'être envoyée au nazis en qualité de juive allemande ou de femme trans juive. Son certificat de naissance original fut redécouvert en 2023[1].

Charlaque grandit d'abord à Berlin; son père y dirigeait un magasin de produits manufacturés. Il émigra aux États-Unis en 1901, où sa femme et ses deux enfants le suivirent l'année suivante. La famille s'installa à San Francisco. Après le divorce des parents, la mère et son fils aîné retournèrent en Allemagne. Charlaque, quant à elle, se rendit d'abord à Chicago, puis à New York, où elle suivit une formation de violoniste. Cependant, au cours de l'été 1922, elle retourna elle aussi en Allemagne, avec pour but, selon son passeport américain, d'y poursuivre des études. [2]

Vie berlinoise (1922-1933)

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Au cours de ses premières années à Berlin, Charlaque se produisit comme chanteuse, danseuse et actrice, plus tard, elle travailla également comme professeure d'anglais et de français, traductrice et réceptionniste à l'Institut des sciences sexuelles de Magnus Hirschfeld. L'une de ses tâches au sein de cette institution était de conseiller les patients « travestis » sur le choix de leurs vêtements. En 1929, Charlaque accompagna Magnus Hirschfeld et son partenaire Karl Giese (l'archiviste de l'Institut) au troisième congrès international de la Ligue mondiale pour la réforme sexuelle (WLSR) à Londres. [2]

À cette époque – entre 1929 et 1931 – Charlaque subit une série d'opérations de réassignation sexuelle à Berlin; celles-ci constituait en une castration, une ablation du pénis et une vaginoplastie. Au moins une de ces opérations fut réalisée par le gynécologue Kurt Warkekros (1882 - 1949). Aux côtés de l'assistante de cuisine Dora Richter et de la peintre Toni Ebel, avec qui elle était amie, elle fut l'un des trois premiers cas connus d'opération de réassignation sexuelle dans le monde. En 1933, les trois femmes apparurent brièvement dans le film autrichien Mysterium des Geschlechts (Mystère du sexe) de Lothar Golte. [2] À peu près à la même époque, Charlaque et Ebel accordèrent une interview au journaliste suédois Ragnar Ahlstedt (1901 – 1982), dans laquelle elles donnèrent un aperçu de leur vie et de leurs situations à cette époque. [3]

La fuite en Tchécoslovaquie

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Charlaque entretenait une étroite amitié avec Ebel en particulier et les deux femmes vécurent ensemble vers 1932; leur relation était très probablement lesbienne. Comme Charlotte Charlaque était juive, que Toni Ebel s'est convertie au judaïsme au début des années 1930 et que les deux femmes étaient de ferventes opposantes au national-socialisme, elles fuirent ensemble en Tchécoslovaquie au printemps 1934, où elles se s'installèrent d'abord à Karlovy Vary, puis à Brno et Prague. Tandis qu'Ebel peignait des tableaux pour les patients en cure et d'autres clients, Charlaque enseignait l'anglais et le français, probablement aussi aux Juifs qui fuyaient les persécutions des nazis allemands et prévoyaient d'émigrer vers les Etats-Unis. [2]

Quelques mois avant l'invasion de la Tchécoslovaquie par la Wehrmacht le 15 mars 1939 et la création du « Protectorat de Bohême et Moravie », les événements s'aggravèrent pour Charlaque et Ebel. Leurs maisons furent perquisitionnées et Ebel en particulier fut bientôt considérée comme une « étrangère non invitée » en Tchécoslovaquie. [2] Le déménagement de Brno à Prague, à la fin de l'été 1934, ne fut qu'un soulagement temporaire pour les deux amis; la capitale était remplie d'émigré-es, les comités de soutien étaient dépassés, et les deux femmes retournèrent à Brno, où elles vécurent à différentes adresses jusqu'en 1939. Dans cette ville elles sont en lien avec Karl Giese, qui s'y est installé en 1936, un an après la mort de Magnus Hirschfeld à Nice. En mars 1939, Charlaque et Ebel retournèrent à Prague, maintenant devenue plus "tchèque" et moins "allemande" que Brno. Elles vivent ensemble, sous-louant une chambre chez Hugo Hostovsky et sa femme Gisela.

Charlaque fut arrêtée par la police de l'immigration de Prague le 19 mars 1942, après que les autorités eurent découvert qu'elle était juive. Elle devait initialement être internée à Theresienstadt et une carte d'identité avait déjà été créée pour elle. Cependant, Ebel a réussi à convaincre, par des moyens qui n'ont pas encore été pleinement clarifiés, le consul suisse à Prague que son amie était citoyenne américaine. La seule raison pour laquelle elle n'avait plus de papiers d'identité valides était qu'elle les avait remis au vice-consul américain à Vienne afin d'obtenir un nouveau passeport. Ce qu'Ebel omit de mentionner, c'est que le vice-consul à Vienne avait refusé de délivrer le passeport de Charlaque sous un nom féminin. [2]

Charlaque est ensuite transférée au camp d'internement de Liebenau. De là, elle fut envoyée aux États-Unis avec d'autres femmes et enfants non allemands destinés à être échangés contre des Américaines et des Britanniques d'origine allemande. [2] Son amie Ebel est restée seule à Prague; les deux échangèrent des lettres pendant les années suivantes, mais Ebel, quoique elle le souhaitait initialement, ne put jamais rejoindre Charlaque aux Etats-Unis.

À New York

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Charlaque arriva le 2 juillet 1942 à New York, où elle resta pour le reste de sa vie. [2] Elle dépendit des secours pour les pauvres pendant de longues périodes et souffrait d'une mauvaise santé. Néanmoins, elle réussit à se faire un nom en tant qu'actrice et à célébrer son succès sur scène. Faisant allusion à son nom de naissance, elle aimait désormais s'appeler Carlotta baronne von Curtius ; c'est sous ce nom qu'elle publia un texte dans la revue homophile One en 1955: "Reflections on the Christine Jorgensen Case". [4] Dans sa vie privée, elle fut en contact avec le médecin et endocrinologue germano-américain Harry Benjamin, la « travestie » Louise Lawrence (1912-1976) et Christine Jorgensen, qui a attiré beaucoup d'attention médiatique suite à son changement de sexe en 1952.

Charlaque mourut dans la pauvreté à New York le 6 février 1963. Lors d'un service funéraire organisé quelques jours plus tard, elle fut commémorée dans un discours commémoratif de William Glenesk (1926-2014), connu comme un ecclésiastique innovant et plus tard également comme un défenseur des personnes LGBTIQ. [2]

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  2. a b c d e f g h et i Raimund Wolfert: Charlotte Charlaque. Transfrau, Laienschauspielerin, "Königin der Brooklyn Heights Promenade". Hentrich & Hentrich, Berlin / Leipzig 2021, (ISBN 978-3-95565-475-7).
  3. Ragnar Ahlstedt: Män som blivit kvinnor. Två fall av könsväxling på operativ väg. En studie av transvestitismens väsen. Berg, Tranås 1933.
  4. Carlotta Baroness von Curtius: Reflections on the Christine Jorgenson Case. In: One. The Homosexual Magazine. Vol. 3, No. 3, 1955, pp. 27–28.

Lectures complémentaires

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[[Catégorie:Personnalité liée à Berlin]] [[Catégorie:Décès en février 1963]] [[Catégorie:Naissance en septembre 1892]]