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Stéphane Gautier

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Né le 29 juin 1973, Stéphane Gautier est un de ces créateurs plasticiens "hors norme" que l’on rencontre en dehors des sentiers battus de l’art contemporain et qui possède cependant un langage singulier et direct. Son travail se situe à la frontière subtile du design et de l’art et nous étonne par sa pertinence et son efficacité plastiques. Au-delà de son caractère percutant, l’univers de cet artiste ouvre cependant des espaces de réflexion et de miroir sur notre propre enfance, sa dimension mémorielle et universelle, ses symboles, la sacralisation qu’elle suscite en nous. Designer, directeur de création de par sa formation comme à travers son métier, Stéphane Gautier imagine des concepts originaux [1] qui partent de ses idées et intuitions et dont il est tel un chef d’orchestre coordonnant les différents corps de métiers jusqu’à la finalisation. De cette pratique qui lui vaut une reconnaissance dans l’univers du design, il tire pour son art un talent unique à décrypter les symboles et les images et à les transformer en un alphabet universel, perceptible par chacun, dans un lien immédiat et direct avec l’œuvre. Stéphane réalise son premier tableau à l’âge de 13 ans, en décidant en guise de coller et de peindre ses jouets sur une toile. Premier geste provocateur et genèse artistique qui, retrouvé des années plus tard, suscite émotion et reconnaissance de la part de tous ceux qui découvrent les objets affectifs qui ont marqué leur passé. A la suite de cette impulsion fondatrice, Stéphane ne se départira jamais de l’intérêt qu’il porte à l’enfance, selon lui, le seul moment où les besoins primaires s’expriment de manière universelle. Inutile de chercher plus loin la raison de l’attachement que chacun porte à ces réalisations : c’est qu’elle les touche instinctivement. Et pourtant, si par leur caractère symbolique et mémoriel, les pièces de Stéphane suscitent immédiatement l’empathie, cette séduction porte bien en elle un programme plus ambitieux. Car il ne faut pas s’y tromper, si ce plasticien nous charme, c’est pour mieux nous faire réfléchir et ressentir le pouvoir de l’image : détournement de contextes comme ces Happy Bears [2], manipulation de l’enfance à travers ces médicaments qui reprennent la forme des bonbons, hiatus troublant entre le fond et la forme lorsque qu’un groupe de petits soldats en plastique s’agrège en grand cœur sur la toile… Les réalisations sont jubilatoires, certes, et l’on y perçoit tout autant son savoir-faire que son enthousiasme, passant d’un médium à l’autre, utilisant toutes les possibilités d’un "ready-made" pour les transfigurer en tableaux, sculptures, objets surréalistes ou précieux… Tout y passe ou presque. On le comprend cependant dans un second temps : l’art de Stéphane Gautier est en décalage permanent. Déplaçant l’objet d’un contexte à l’autre, réinjectant les symboles stéréotypés de l’enfance vers un environnement d’adultes, il détourne tous les codes de l’art traditionnel (tableaux, peintures, sculptures, dessins) pour se les réapproprier. Et c’est par cette distance ironique que ce créateur intuitif nous invite à un propos plus profond sur les moyens de la représentation, sur l’efficacité de la publicité et de la propagande et enfin sur la sacralisation et le détournement des nostalgies de l’enfance.