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Don Quichotte chez la Duchesse, op. 97, est un opéra (ou opéra-ballet ou comédie-ballet) baroque du compositeur français Joseph Bodin de Boismortier sur un livret de Charles-Simon Favart, créé en 1743 à Paris. L'histoire s'inspire du roman homonyme de Miguel de Cervantes.

L'œuvre

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Contexte

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Le Don Quichotte de Joseph Bodin de Boismortier est joué pour la première fois deux ans avant Platée de Jean-Philippe Rameau, opéra comique par le rôle de son personnage principal homonyme burlesque. Dans le même temps, le librettiste Charles-Simon Favart donnait, un an auparavant et à l'Académie Royale de Musique, une parodie d'Hippolyte et Aricie toujours du même compositeur.

Les deux hommes se rencontrent à la Foire Saint-Laurent car le compositeur y est embauché comme sous-chef et le second comme metteur en scène. Ils décident de s'associer pour écrire un opéra-comique[1]. Don Quichotte est le premier ouvrage du genre de l'opéra écrit par le compositeur et le deuxième livret de Favart[2].

Description

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Composé pour le Carnaval de Paris de 1743 pour une commande royale[3],[2], l'ouvrage est un opéra-ballet comique en trois actes de moins de deux heures[4]. Il s'agit plus réellement d'un ballet comique plus que d'un opéra, de par sa nature proche de la farce mise en musique[5]. L'opéra-ballet ne nous ait pas parvenu complet : il manque en effet les scènes de comédie dans le livret. Cela oblige les nouvelles productions à à ignorer ou réinventer les passages perdus[6],[7].

L'histoire du livret reprend un passage du roman de Miguel de Cervantes dans lequel une farce diégétique mise en abîme est jouée par les personnages à l'intérieur de la pièce elle-même, dont l'histoire est entrecoupé d'intermèdes avec ballets[8],[9]. Don Quichotte est victime des facéties du Duc et de la Duchesse, le faisant croire qu'il est bien accueilli au château. Les épisodes, rôles et actions sont cependant détournés du récit originel, dans un arrangement fait par le librettiste : l'aventure se termine au Japon. En tant que comédie-ballet, chaque entrée, ou acte, de l'ouvrage développe son intrigue propre[8].

Création

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L'opéra est créé le 12 février 1743 à l'Académie Royale de Paris dans la Grande Salle du Théâtre du Palais-Royal[4]. Lors de cette première représentation, l'opéra ballet est suivi d'une reprise des Amours de Ragonde, de Mouret[10].

Postérité

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L'ouvrage a vraisemblablement joui d'une forte popularité après sa création. Il a offert au compositeur un de ses plus premiers et plus grands succès ainsi qu'une renommée qui lui permit de vivre de sa musique en indépendance[11]. L'ouvrage a notamment été interprété par les célèbres soprano et danseuse du XVIIIe siècle Marie Fel et Marie-Anne de Camargo.

Une parodie de l'ouvrage paraît peu après sous le nom de Don Quichotte Polichinelle, composée par Vallois d'Orville. Elle fut jouée en 1743 Théâtre de Marionnettes de la Foire St Germain[10].

Aujourd'hui

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Une version de concert est donnée à la BBC le 9 février 1973, avec Felicity Palmer, Christine Clarke, Philip Langridge, Neil Jenkins, Michael Rippon et dirigée par Roger Norrington[12].

Hervé Niquet et le Concert Spirituel

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L'opéra est redécouvert à la période actuelle notamment par le chef d'orchestre français Hervé Niquet dans les années 1980, qu'il fit sortir de l'ombre[11]. Il en ressort une production au Grand Palais à Paris en 1988 pour le début de son ensemble le Concert Spirituel. La première version scénique de cet œuvre à la période actuelle est en 1996[13]. Hervé Niquet y dirige alors Stephan Van Dyck en Don Quichotte, Richard Biren en Sancho Pança, Emily Hall et Paul Gay.

Depuis, Hervé Niquet dirige des représentations de cette ouvrage régulièrement sur beaucoup de scènes françaises et à l'étranger ainsi que des versions de concerts et des enregistrements[14]. Le Concert Spirituel s'est notamment doté des humoristes Shirley et Dino pour mettre en scène, voire participer sur scène, aux productions de cet opéra-ballet où le comique est prépondérant[15]. Il s'est également entouré du chorégraphe Philippe Lafeuille pour les scènes de ballet.

Les productions de cet ouvrage par Hervé Niquet et son ensemble se rapproche davantage de la farce sur scène, brisant régulièrement le quatrième mur pour jouer avec le public : sont joués des airs postérieurs à la date de composition de l'ouvrage, des saynètes burlesques sont intercalées autour de la pièce, etc. Le contexte de la mise en scène est conservée dans son époque et l'on assiste à ce que l'on pourrait nommer une comédie musicale baroque[9].

Rôle Voix Créateurs[10]
Chant
Don Quichotte ténor (ou haute-contre) Jean-Antoine Bérard
Sancho Pança baryton (ou taille) Louis-Antoine Cuvillier
La Duchesse Altisidore soprano Marie Fel
Paysanne soprano Mlle Bourbonnois
Japonaise soprano Marie Fel
Duc basse
Merlin basse Person
Montésinos basse Albert
Japonais basse Person
Amante enchantée 1 soprano Mlle Clairon
Amante enchantée 2 soprano Mlle Gondré
Danse
Ballerine Marie-Anne de Camargo

Argument

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Prologue

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Le Duc et la Duchesse, fervents lecteurs de Miguel de Cervantes reconnaissent Don Quichotte et Sancho qui entrent dans leurs terres et planifient une farce dans le théâtre du château déguisé en forêt pour moquer la naïveté du chevalier.

Une forêt : le duc appelle le héros au secours, lui faisant croire que la duchesse est attaqué par un monstre. Pour le faire rester, elle prétend l'aimer, mais celui-ci, amoureux de Dulcinée, refuse et s'en va. Sancho, qui veut quant à lui rester au château, lui fait croire à l'aide de la Duchesse que Dulcinée se cache dans la vallée, transformée en paysanne par un sort. Le Duc, déguisé en Merlin, vient lui annoncer qu'il doit se rendre chez Montésinos et donner mille coups de bâtons à Sancho pour qu'elle redevienne Dulcinée.

Acte II

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La caverne de Montésinos : Sancho revient et prétend s'être donné les coups, quand la Duchesse se présente en tant que reine du Japon. Elle tente de le séduire de nouveau mais, quand elle fait face à un nouveau refus, éclate de fureur. Don Quichotte s'élance alors pour combattre un géant qui garde l'entrée de la grotte de Montésinos. Ce dernier annonce la victoire du chevalier, mais le prévient que le charme de Dulcinée n'est pas encore rompu car Sancho n'a pas reçu les coups. C'est alors que la Duchesse, toujours en colère, fait changer le héros et son servant en ours et en singe.

Acte III

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Les jardins de la Duchesse : les domestiques de la Duchesse font semblant de prendre les deux pour ces animaux quand Sancho essaie de convaincre le chevalier d'accepter l'amour d'Altisidore, ainsi que ses richesses, mais il reste insensible. Merlin réapparaît et libère les deux héros du sortilège, puis offre Dulcinée au chevalier et l'Empire du Japon, et à l'écuyer, l'amour d'une infante. Les Japonais célèbrent le courage du héros.

Représentations

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Période actuelle

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  • En 1988 au Grand Palais dirigé par Hervé Niquet.
  • En 1996 à l'Opéra Comique puis repris à Metz dirigé par Hervé Niquet avec le Concert Spirituel, mis en scène par Vincent Tavernier.
  • En 1997 à l'Opéra de Bordeaux dirigé par Didier Bouture, mis en scène par Criqui.
  • En 2001 au Théâtre de Lucerne dirigé par Hervé Niquet et Didier Bouture, mis en scène par Béatrice Jaccard et Peter Schelling.
  • En 2004 à Montréal dirigé par Hervé Niquet avec La Nouvelle Sinfonie.
  • En 2005 en version concert à la Chapelle Sainte Anne de Toulouse, sous la direction de Jean-Marc Andrieu avec l'Orchestre baroque de Montauban.
  • En 2015 à l'Opéra Théâtre de Metz dirigé par Hervé Niquet avec le Concert Spirituel et mis en scène par Shirley et Dino[14]. François-Nicolas Geslot joue Don Quichotte, Marc Labonnette en Sancho Pança, Chantal Santon-Jeffery, Virgile Ancely, Marie-Pierre Wattiez, Agathe Boudet, Charles Barbier[13]. Reprise en 2016 et 2020 de la production l'Opéra Royal du Château de Versailles.
  • En 2016 au Festival de Radio-France à Montpellier[6]. Avec Emiliano Gonzalez-Toro, Marc Labonnette, Chantal Santon, João Fernandes. Repris en tournée en 2017 pour trente représentations dont à l'international à l'Opéra de Mexico et au Festival Cervantes à Guanajuato notamment[16],[17].
  • En 2017 au Festival de Sablé[18].

Enregistrements

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  • Boismortier. Don Quichotte chez la Duchesse, Naxos, 1997, dir. Hervé Niquet avec l'ensemble le Concert Spirituel, enregistré en 1996 à la Grande salle de l’Arsenal de Metz, 1 CD[19].

Notes et références

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  1. Michel Boesch, « Don Quichotte chez la Duchesse - Boismortier », sur Baroquiades, (consulté le )
  2. a et b Brochure du communiqué de presse de l'Opéra de Metz sur le compositeur et l'ouvrage Don Quichotte chez la Duchesse, pdf, à lire ici.
  3. Denis Peyrat, « Don Quichotte chez la Duchesse : Hervé Niquet fait son carnaval à l'Opera Royal », sur Bachtrack, (consulté le )
  4. a et b Gherardo Casaglia, « Don Quichotte chez la Duchesse », sur L'Almanacco di Gherardo Casaglia (consulté le )
  5. Jean-Stéphane Sourd Durand, « Au pays des moulins… (Bodin de Boismortier, Don Quichotte chez la Duchesse, Le Concert Spirituel - Opéra-théâtre de Metz Métropole, 18/01/2015) », sur Muse Baroque, (consulté le )
  6. a et b Yvan Beuvard, « Hervé Niquet, le farceur, récidive », sur Forum Opéra, (consulté le )
  7. Emmanuelle Giuliani, « Opéra-ballet : La réjouissante exubérance de « Don Quichotte chez la duchesse » », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Anne-Laure Faubert, « Don Quichotte à Versailles », sur Bachtrack, (consulté le )
  9. a et b Anne Heijboer, « Don Quichotte chez la Duchesse, une comédie musicale baroque », sur Olyrix, (consulté le )
  10. a b et c « Don Quichotte chez la duchesse », sur Opéra Baroque (consulté le )
  11. a et b Gérard Condé, « Don Quichotte chez la duchesse », sur Avant Scène Opéra, (consulté le )
  12. (en-US) Christopher Corwin, « La Duchesse s’amuse », sur Parterre Box, (consulté le )
  13. a et b Laurent Bury, « Toujours plus lourd », sur Forum Opéra, (consulté le )
  14. a et b « Boismortier : Don Quichotte chez la Duchesse », sur Château de Versailles Spectacles (consulté le )
  15. Catherine Jordy, « À la lance : Hervé Niquet… », sur Forum Opéra, (consulté le )
  16. Jean-Marcel Humbert, « Auberge espagnole », sur Forum Opéra, (consulté le )
  17. Damien Dutilleul et Hervé Niquet, « Hervé Niquet : « Faire le zouave, pourquoi pas ! » », sur Olyrix, (consulté le )
  18. Charlotte Saulneron, « A Sablé, le loufoque Don Quichotte chez la duchesse par les Benizio », sur ResMusica, (consulté le )
  19. « CD Don Quichotte », sur Opéra Baroque (consulté le )

Liens externes

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imslp https://viaf.org/viaf/181670411/ bnf 14014733s gallica parition ballet