Utilisateur:Thib Phil/Bac à sable 17

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Croiseurs terrestres, chars de rupture et chars super-lourds modifier

Les «Land Ironclads » d'H.G. Wells modifier

Landships et croiseurs terrestres modifier

Char de rupture modifier

Chars multi-tourelles : les « forteresses mobiles » modifier

Seconde Guerre mondiale modifier

Chasseurs de chars lourds : ISU152 soviétique et « Jagdtiger » allemand modifier

Les projets allemands modifier

Les projets alliés modifier

Les « superlourds » de la Guerre froide modifier

« Conqueror tank » britannique modifier

US M103 modifier

Projets français modifier

Superlourds soviétiques : IS3 et T10 modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

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Notes modifier

Références modifier


Halftracks américains de la Seconde Guerre mondiale modifier

Genèse modifier

Le Half-track car M2 modifier

L'état-major américain demanda un véhicule blindé de transport, semi-chenillé, avec les caractéristiques de la Citroën Kégresse P107 française, dont quelques exemplaires furent aquis vers la fin des années 20.

En 1938, la société White motor company proposa un prototype basé sur un nouveau chassîs et une caisse de M3 Scout car, avec le train arrière du camion Half-track T9, ce qui donna le T7 Half-track car. Le prototype souffrait d'une sous-motorisation importante et d'un coût élevé. L'artillerie US demanda alors un véhicule avec de bonnes capacités tout-terraines pour transporter munitions et tracter les pièces. Il fut modifiée avec un meilleur moteur et de nouvelles pièces plus facile à produire : le Half-track prend alors la dénomination de T14.

La production fut lancée en septembre 1940, avec la dénomination M2 Half-track car. Les premières unités le recurent en 1941, et le M2 fit toutes les campagnes de la SGM de 42 à 45.

La version M2A1 présente un nouvel affût (M49) pour la calibre .50 de l'engin : un cercle métallique avec un rail remplacant un rail simple au dessus du siège passager. 3 affûts pour des calibre .30 sont installés sur les bords du véhicule.

800 M9 et M2 sont exportés vers l'URSS lors du "prêt-baille", et ceux restants sont renforcés et envoyés dans les pays d'amérique du Sud.

La version M4 était équipée du mortier de 81 mm M1, mais celui-ci devait être démontée du véhicule pour pouvoir être tiré, sauf en cas d'urgence grâce à un emplacement à l'arrière du véhicule. La version A1 du M4 permettait le tire dans l'engin.

Dans les versions AA, on trouve le T1E1, équipé de l'affût pour 2 calibre .50 Bendix, mais fut que construit en prototype. La version T1E2 avait l'affût Maxon avec le même armement, mais fut abandonné pour la T1E4 basé sur le M3 Half-track.

Quant au T1E3, il utilisait la tourelle Martin, identique à celles des B17, avec un plafond partiellement blindé. Le projet fut abandonné car extremement compliqué et par manque de place dans l'habitacle du M2.

Le T28 était équipé du canon AA de 37 mm M1A2 avec deux mitrailleuses M2 coaxiales, et avec des blindages latéraux amovibles pour permetre le tir.Le projet fut annulé en 42 au profit du T28E1, basé sur le M3 Half-track.

Le T10 devait être équipé du Hispano-Suiza type 404 (version construite aux USA) sur affût Maxon modifié, mais fut annulé au profit du T10E1, sur le chassîs du M3.

On peut également citer le M2 équipé du canon de 37 mm M3, à l'origine installé sur le M6 Gun motor carriage, mais installé sur le M2 par la suite à cause de la médiocrité du M6. 13 500 M2 furent produits, ainsi que 3 500 M9.

Des M9 sont encore utilisés par l'armée bolivienne et l'était jusqu'en 2006 par l'armée argentine. Caractéristiques du M2 :

poids : 9 tonnes Largeur : 2.2 m Longueur : 5.96 m hauteur : 2.26 m

équipage de 2 hommes plus 7 passagers quand il servait de véhicule de reconnaissance "scout car". Le blindage allait de 6 à 12 mm et un M2 calibre .50 servait d'armement principal. Le M2 a une 320 KM et peut aller jusqu'à 70 Km/h. Son moteur est un White 6 cylindres de 174 CV version 160 AX

Le Half-track car M3 modifier

révision de l'architecture et de l'aménagement du compartiment de transport de troupes. fiche technique

Half-tracks M5 et M9 modifier

Bibliographie modifier

Ouvrages techniques
  • (en) Terry Gander :US Half-track M2 M3 M5 M9, Ian Allan Publishing collection Military Vehicles in Detail n° 3 (December 2004) (ISBN 0711030472) (ISBN 9780711030473).
Ouvrages historiques
  • Henri Demaret : Le Half Track en service à la Force Terrestre Belge, Uitgeverij De Krijger collection La Belgique sous les armes n° 4 (ISBN 9072547535)

Annexes modifier

Liens externes modifier

Catégorie:Véhicule militaire américain

Guerre des tranchées 1914-1918 modifier

{{ébauche|Première guerre mondiale}}

En 1914, l'armée d'invasion allemande se heurte à une résistance supérieure à ses attentes, mais elle est trop puissante et préparée pour que les alliés puissent la faire reculer. Les armées rivales (franco-britannique d'une part et allemande d'autre part) se figent donc dans une guerre de positions en Europe de l'ouest. L'emploi des tranchées prend une nouvelle ampleur avec un front presque totalement continu qui s'étend sur 750 kilomètres de la Mer du Nord aux Vosges[1]. Les conditions de vie dans ces tranchées sont épouvantables, bien que les tranchées allemandes soient les mieux aménagées[1].

The regular armies which marched off to war in 1914 were composed of massed riflemen, screened by cavalry and supported by artillery; their leaders expected a quick and decisive outcome, achieved by sweeping manoeuvre, bold leadership and skill at arms. Following the early battles of 1914 along the Marne and in the Ypres salient, World War I rapidly changed from a war of movement into one of attrition, with the opposing sides entrenching themselves in a line of fortified positions from the Flanders coastline to the Swiss border. Eighteen months after the first clashes of august 1914, the whole nature of field armies and their tactics had changed utterly. In sophisticated trench systems forming a battlefield a few miles wide and 400 miles long, conscript armies sheltered from massive long-range bombardment, wielding new weapons according to new tactical doctrines.

Organisation des réseaux modifier

Les tranchées sont d'abord destinées à protéger les soldats des tirs horizontaux et de la vision de l'ennemi. Un système typique de tranchée était à l'époque triple :

  1. Une tranchée de première ligne était creusée en zig zag, ou en ligne droite entrecoupée de redents et ou de créneaux pour éviter les tirs en enfilade.
    Elle a 3 fonctions principales : on y fait feu contre l'ennemi, c'est le tremplin pour les attaques de fantassins, et en cas d'attaque c'est la première ligne de défense pour repousser l'assaut ennemi. On y trouve donc de nombreux postes de tir et de guet, des nids de mitrailleuse et quelques abris (souvent très sommaires car c'est la plus exposée et les soldats y étaient (théoriquement) régulièrement relevés).
  2. Un peu plus en arrière (70 à 100 m derrière la première ligne), une tranchée de seconde ligne sert de repli et d'appui ou de base pour une contre-attaque. On y trouve des abris, parfois profonds (dits « muches » chez les français picards), des postes de guet et de soins sommaires.
  3. Encore plus en arrière (de 150 m à parfois 2 km de la première ligne, une troisième ligne (tranchée de réserve) était en théorie plus sûre, servant de chemin de ravitaillement, ou le cas échéant de chemin de retraite. Cette zone était néanmoins souvent exposée à l'artillerie ennemie à longue portée. Fréquemment, il ne s'agissait pas d'une vraie tranchée mais d'une zone de stockage de vivres, matériels et munitions, plus ou moins protégée ou fortifiée, où les soldats pouvaient aussi prendre un peu de repos.

Chaque ligne était reliée aux autres par des boyaux également creusés dans le sol, parfois aménagés en chicane pour être mieux défendus.

Linéaire, et superficie couverte par les aménagements de tranchées : Elle était considérable : cette triple ligne de défense s'étendait sur plus de 700 kilomètres de front (740 km ou 460 miles en ligne droite, de la mer du Nord aux abords de la Suisse). Les Français et les Britanniques ont conçu des systèmes de tranchées de 1200 m de large (non-compris les zones couvertes d'enchevêtrements de barbelés et pièges divers, parfois sur plusieurs centaines de mètres, et non-compris les 200 à 300 m de no man's land séparant les belligérants. En raison des conditions de terrain, ce no man's land ne faisait en Flandre généralement qu'environ 150 m de large en moyenne).
Hormis dans les Vosges, le terrain couvert par les tranchées des deux camps l'était donc généralement sur une largeur de 2 à 3 km.
Si l'on additionne les différents linéaires de tranchées, comme si on les mettait bout-à-bout, la longueur totale obtenue correspond à 80467 km (50 000 miles), soit plus de deux fois le tour de la Terre à l'équateur.

Les témoignages d'époques, comme l'observation des photographies d'archives laissent penser que les tranchées allemandes étaient plus complexes, plus profondes, plus sophistiqués, incluant des réservoirs d'eau, l'électricité, des cuisines et parfois des aménagements de confort (tapis, miroirs, photos sur les murs), et ces réseaux pourraient parfois atteindre dix tranchées sur la largeur de la partie allemande[2] [3] [1].

Techniques et matériaux de constructions modifier

Volume de terre déplacée : Si l'on retient une valeur moyenne de 12 km de large (8 miles) pour la ligne de front et les aménagements des deux belligérants, une estimation[4] a conclu qu'environ deux cent soixante-cinq millions de mètres cubes de terre, sable et pierres déplacés et/ou terrassées lors du creusement des tranchées en France.

Le no man's land modifier

Littéralement « Le lieu où il y a aucun homme », le no man's land est l'espace qui sépare deux tranchées ennemies. Il est large d'environ 50 à 200 m. C'est la zone où se font les attaques, où de très nombreux soldats mouraient, parfois après une longue agonie. Il était donc constamment surveillé par des observateurs parfois équipés de périscopes. En Flandre, sur terrain argileux les tranchées ennemies étaient parfois très proches l'une de l'autre, au point que les soldats pouvaient se parler (ce qui a été l'occasion de quelques rapprochements non belliqueux, notamment évoqués dans le film « Joyeux Noël »).

Guerre de tranchées modifier

Évolutions : Rapidement les belligérants des deux blocs ont utilisé l'avion et des munitions de type shrapnell, alors que les artilleurs amélioraient leurs instruments balistiques et bénéficiaient de canons plus rapides et précis, ce qui a rendu la tranchée moins sûre. On y a donc construit des abris plus solides et diverses protections de type galerie couverte. Elles sont en outre protégées de l'ennemi par de denses réseaux de barbelés et d'autres obstacles ou pièges. Pour ces raisons, la largeur de la « ligne » de front tendait à s'élargir au fur et à mesure que la guerre progressait[5].

La protection qu'offraient les tranchées est devenue encore plus relative avec les « progrès » techniques des armes et moyens d'observation :

  • modifications apportées sur les armes blanches (barbelures, lestage, ...) ainsi que sur les munitions (taillage de la balle en croix, ...), afin d'apporter plus d'efficacité en espace réduit (où les mouvements amples et le rechargement étaient difficiles).
  • invention et l'utilisation conjointe des ballons et avions d'observation,
  • utilisation massive d'obus shrapnel dotés d'un système individuel de minuterie, programmable par l'artilleur de manière à ce que l'obus explose au-dessus de la tranchée en y dispersant de 300 sous-munitions (balles de plomb durcies à l'antimoine) propulsées par une charge interne de mélinite, avec les éclats vulnérants de la coque de l'obus lui-même.
  • utilisation de bombes aéroportées,
  • armes chimiques (produites industriellement et utilisées à grande échelle),
  • invention du fusil lance-grenade ou encore du lance-flamme
  • ...puis - dès 1917, lors de la Bataille de Cambrai - utilisation en masse de chars d'assaut.

Par ailleurs, des compagnies de sapeurs ont dès le début de cette guerre de tranchée perfectionné l'art de creuser des galeries sous les positions ennemies pour y poser des explosifs directement sous les tranchées adverses. C'est l'origine des énormes cratères (parfois surnommées « marmites »), dont certaines peuvent encore être observées dans l'ancienne Zone rouge.

  • Sapes et mines
  • gaz
  • Mortiers de tranchées
  • Casques : le rôle grandissant de l'artillerie dans la guerre des tranchées a conduit à la multiplication des blessures à la tête exigeant un renforcement de la protection individuelle du combattant. De part et d'autres des essais et prototypes de protection céphaliques ( calottes en acier insérées dans les képis, casque von Gaede, casque Élisabeth en Belgique, ...) ont finalement aboutien 1916 à l'adoption de casques d'acier : casque Adrian en France, « Plat à barbe » britannique dérivé du « chapel de fer » médiéval et « Stahlhelm » allemand.
  • Équipements spéciaux : périscopes, snipering, lance-flammes
  • Troupes d'assaut
  • Apparition du char d'assaut

La vie dans les tranchées modifier

La première ligne est battue par le feu des mitrailleuses et des tireurs de l'autre camp. Le danger de mort ou blessure est permanent, même en période de calme quand l’activité du front est faible, Une balle survient ou une mine explose n’importe quand ; lors d’une patrouille, d'un repos, d’une corvée, d’une relève ou d’un bombardement d’artillerie. Les tranchées portaient souvent des noms ou des numéros, et malgré une signalétique sommaire, les soldats eux-mêmes se perdaient parfois dans le labyrinthe de certains réseaux sans cesse bouleversés par les tirs ennemis, certains se retrouvant même involontairement dans une tranchée adverse, par exemple lors de déplacements nocturnes. Avant et pendant les attaques, ou de manière aléatoire, les obus pleuvent de jour comme de nuit sur les tranchées : Rien que pour l'année 1918 et rien qu'en France, environ 250 millions d'obus auraient été tirés sur le front[6]. Les soldats ne sont en sécurité qu’à une dizaine de kilomètres derrière les lignes, hors de portée de l’artillerie lourde.


Sauf exception, durant 3 ans, le front s'est peu déplacé, au gré des attaques et des replis successif, dans un système de tranchées et parfois d'entonnoirs aménagés beaucoup plus large, les lignes de chaque adversaire pouvant s'étendre sur 10 à 20 km.

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessous, et à cause de la boue, des rats, des poux, des mouches, des excréments, de la proximité des cadavres ou des amis et ennemis qui agonisaient parfois durant des jours à quelques mètres des tranchées, air vicié des abris ou pollué par les gaz chimiques, la fumée et les vapeurs émises par les armes et munitions, les incendies.. la (sur)vie dans les tranchées de 1914-1918 a été particulièrement difficile, étant en partie à l'origine de nombreuses séquelles psychologiques et sanitaires pour les soldats de la « Grande Guerre ». De très nombreux écrits et carnets de guerre en témoignent.

Les cadavres modifier

Le nombre des morts est difficile à appréhender tant il dépasse nos références. Rien qu'à Verdun, un million d'hommes sont morts ou portés disparus. 700 000 combattants environ n'ont pas été retrouvés, soit qu'ils aient littéralement été désintégrés dans les explosions, soit qu'ils aient été enfouis par les retombées de terres soulevées par les explosions. Le front était également jonché de dizaines de milliers de cadavres d'animaux (chevaux, mulets, baudets, vaches..). Dans les tranchées et le no-man's-land qui les séparait, 8000 soldats en moyenne tombaient chaque jour et leurs corps venaient s'ajouter à ceux des jours et semaines précédents, qu'on ne pouvait enterrer immédiatement, quand on les retrouvait.
Les déplacements des soldats, la continuité et linéarité du front et les conditions sanitaires déplorables des tranchées ont favorisé les épidémies (les médecins avaient à soigner 3 malades pour 2 blessés en moyenne[7]). Les tranchées ont peut-être contribué à l'expansion de la pandémie de grippe espagnole ; la plus virulente et mortelle que l'humanité ait historiquement connu).

  • Pathologies de la guerre de tranchée
Séquelles physiques.

Front de l'Est modifier

Balkans et Italie modifier

Les fronts proche-orientaux ( Péninsule arabique et Palestine ) modifier

Bibliographie modifier

  • Stephen Bull & Adam Hook :
    • World War I Trench Warfare (1) : 1914-16 Osprey Publishing, Série Elite n° 78, 2002 (ISBN 9781841761978).
    • World War I Trench Warfare (2) : 1916–18 Osprey Publishing, Série Elite n° 84, 2002 (ISBN 9781841761985).
  • Ian Drury & Gerry Embleton : German Stormtrooper 1914–18, Osprey Publishing, Série Warrior n° 12, 1995 (ISBN 9781855323728).
  • Paddy Griffith & Peter Dennis : Fortifications of the Western Front 1914–18 Osprey Publishing, Série Fortress n° 24, 2004 (ISBN 9781841767604).
  • Simon Jones & Richard Hook : World War I Gas Warfare Tactics and Equipment Osprey Publishing, Série Elite n° 150, 2007 (ISBN 9781846031519).

La guerre des tranchées dans la mémoire collective occidentale modifier

Le double réseau de tranchées du front ouest : équivalent d'une mégapole enterrée ? modifier

Quelques auteurs ont cherchés des comparaisons ou métaphores appropriées pour donner une idée de l'importance quantitative des impacts et pressions environnementales du front-ouest, et du caractère nouveau de ces impacts.

Cowley a par exemple comparé le réseau enterré des tranchées, bunkers et caches à une immense métropole… dont l'activité tout entière aurait été vouée ... « à la destruction ». De 1914 à 1918 c'est en effet l'équivalent de la plus grande ville du monde qui a vécu dans les tranchées et juste en arrière du front. En juillet 1916 la population active sur le front-ouest (allemands + alliés) était d'environ six millions cent mille personnes. À titre d'exemple, la seule population anglaise combattant en Flandre belge et en France était (en nombre d'habitants) l'équivalent de toute la population londonienne de l'époque.

Si comme Cowley, on compare ce front à une grande ville habitée, on peut y voir une structure et une géographie et sociologique (de classe) reproduisant ici la hiérarchie militaire, qui modulait le confort et l'exposition de chacun selon son grade ; les quartiers généraux étaient les mieux protégés (plus à l'arrière) des balles, obus mais aussi du froid, de la faim, des poux, etc. Les responsables et gestionnaires de l'intendance et de la logistique (matériel, nourriture) étant dans une situation intermédiaire (MR Mulford les assimile aux administratifs et aux bureaucrates urbains) alors que les fantassins souvent issus du milieu agricole (les ouvriers étant nécessaires dans les usines) étaient au front "logés" dans l'équivalent de taudis et exposés aux plus grands risques avec les moindres récompenses et les plus petites soldes.

Cette équivalent-militaire d'une mégapole semi-enterrée disposait d'une administration et de modes de communication efficaces, mais manquait cependant de réseaux d'assainissement et de gestion des déchets nécessaires à toute ville de cette taille. Elle n'a pas connu la pollution d'origine automobile de nos villes, mais les soldats étaient fortement exposés à de nombreux toxiques, poussières, gaz et autres fumées, sans même évoquer les pathogèness qui se développaient sur la nourriture avariée, les cadavres et à partir des excréments.
Une autre différence avec la vraie ville, c'est qu'ici la "population" des premières lignes devait régulièrement être renouvelée, reposée ou remplacée, mais si les soldats changeaient, les tranchées où l'on ne vivait pas mieux et plus dangereusement que dans un bidonville, elles, restaient.

Cette mégapole "en tranchées" a développé certaines des caractéristiques propres aux villes linéaires qu'on trouve par exemple le long des cours d'eau ou de certaines routes ou dans des vallées encaissées, si ce n'est que c'est le contexte militaire du front qui en décidait la taille et la configuration, et non la nature du sol et peu celle du relief. Il ne s'agissait pas d'une ville agréable ; ceux qui y ont vécu (jusqu'à 4 ans durant) l'ont tous décrit comme un enfer sur terre, de nuit comme de jour : un environnement "lunaire", torturé et dégradé à l'extrême. Les chroniqueurs des tranchées les ont décrites comme recouverte d'un brouillard perpétuel, brun-gris (acre et verdâtre après les attaques chimiques au chlore). Localement toute forme de vie végétale et animale (hormis mouches, rats et poux) semblait avoir disparu. Ce brouillard peut être rétrospectivement interprété comme un indice de pollution permanente de l'air, mais les sols l'étaient aussi, par les munitions chimiques notamment. Là où le chlore (plus lourd que l'air) oxydait de la matière organique avant d'être exposé au feu ou à de hautes températures, il était inévitablement source de dioxines, furanes et PCB toxiques (Idem pour l'ypérite et d'autres gaz à base de chlore). Les tranchées fortement exposées aux gaz pouvaient être "inhabitables" jusqu'à 1 mois après leur exposition aux gaz sans mesure de protection. Le gaz moutarde est connu pour laisser des composés persistants qui contaminent la terre jusqu'à plusieurs semaines durant, voire des organochlorés stables pour des dizaines d'années s'il y a combustion de la matière contaminée, alors que le chlore pur se dilue plus rapidement dans l'environnement. Une certaine "persistante" des agents est une caractéristique qui a été recherchée par les chimistes œuvrant pour les militaires.

Séquelles environnementales.

Au vu des chiffres précédemment cités, Martin R. Mulford[8] a conclu qu'environ trois mille sept cent soixante miles carrés (soit plus de 6050 km2) ont été directement affectés, rien que par le creusement des tranchées et leurs installations annexes sur la ligne du front Ouest ; À titre de comparaison, c'est à peu près l'équivalent de la surface totale du département du Pas-de-Calais. Onze départements français et le sud-ouest de la Belgique ont été bouleversés et fortement pollués par les combats. L'ampleur du bouleversement pédologique et de la végétation, l'ampleur de l'introduction de composés toxiques dans l'eau, l'air et les sols, la violence et le caractère incessant des opérations de combat, et l'ampleur des pertes de vie pour nombre d'espèces, ne semblent pouvoir être rapportée qu'aux dégâts physiques induits par la bombe atomique (sans comparaison "qualitative" directe possible : les superficies rasées à Hiroshima et Nagazaki étaient bien moindres, mais l'avaient été en quelques instants, avec vitrification et irradiation).

Après la guerre, de nombreuses tranchées et casemates attenantes ont été trop rapidement comblées ou mal nettoyées, et parfois en y enfouissant des déchets dangereux (munitions non explosées), armes chimiques, terres polluées, ou en laissant des cavités qui provoquent encore, des décennies après, des effondrements (dont lors de la construction du TGV Nord) et restant des sources graves de risques humains et environnementaux. Dans les champs, 90 ans après, on en voit encore les traces de certaines tranchées, notamment vue d'avion, malgré plus de 80 ans de labour annuel.

Littérature
Cinéma
Bande dessinée
Mémoire

Annexes modifier

Articles connexes modifier

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Notes et références modifier

Notes

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Références
  1. a b et c Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, op. cit., p.30.
  2. Cowley, Robert. « The Unreal City ». MHQ: The Quarterly Journal of Military History. 6, #2, 1994: 12-16
  3. Mottram, RH Journey to the Western Front: Twenty Years After. London: G. Bell & Son, Ltd., 1936: 4
  4. Mottram, RH Journey to the Western Front: Twenty Years After. London: G. Bell & Son, Ltd., 1936: 4.
  5. Cheyne, GY The Last Great Battle of the Somme; Beaumont Hamel, 1916. Edinburgh: John Donald Publishers, Ltd., 1988: 32, 35
  6. Jean Ruhlmann, Histoire de l'Europe au XXe siècle, Bruxelles, p.320.
  7. Webster, Donovan. Aftermath: The Remnants of War. NY: Pantheon Books, 1996: 25.
  8. page de M R Mulford sur les séquelles environnementales de la 1ère guerre mondiale

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Photothèque modifier

Matos modifier

Guerre de positions pendant la Première Guerre mondiale modifier

Les forts modifier

Les « Positions fortifiées » belges modifier

Les forts français modifier

Les forts allemands modifier

Les tranchées modifier

La prise des places fortes belges (1914) modifier

La position de Liège.
La position de Namur.
La défense d'Anvers.

Le siège de Tsingtao (1914) modifier

Gallipoli (1915) modifier

La bataille de Verdun (1916) modifier

La guerre de siège pendant les campagnes du Moyen-Orient (Arabie et Palestine) modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Paddy Griffith & Peter Dennis : Fortifications of the Western Front 1914–18 Osprey Publishing, Série Fortress n° 24, 2004 (ISBN 9781841767604).

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