Utilisateur:Tiarella cordifolia/Laurence Anyways

Synopsis modifier

Dans les années 1990, Laurence annonce à Fred, sa petite amie, qu’elle est en réalité une femme transgenre. Envers et contre tous, et peut-être bien eux-mêmes, elles affrontent les préjugés de leur entourage, résistent à l’influence de leur famille, et bravent les phobies de la société qu’elles dérangent. Pendant dix ans, elles tentent de survivre à cette transition, et s’embarquent dans une aventure épique dont leur perte semble être la rançon.

Résumé modifier

Le film commence par un retour en arrière de dix ans… Laurence Alia est une prof de lettres qui a changé de sexe, très amoureuse de Frédérique (Fred) avec qui elle vit. Le jour de ses trente-cinq ans, elle avoue à Fred qu'elle considère que son corps "d'homme" ne correspond pas à ce qu'elle est: une femme. Elle va alors décider de vivre comme la femme qu'elle est, pour ne plus mentir ni souffrir. Fred ne comprend pas cette décision et lui dit qu'elle aurait dû la prévenir qu'elle était homosexuelle. Laurence répond avec force que cela n'a rien à voir avec de l'homosexualité, mais en avoir assez de se réveiller le matin dans un corps masculin qui ne lui plait pas.

Laurence commence à se maquiller et à assumer son identité ; ceci dans sa famille, son quartier, les rues et cafés de Montréal et jusque dans son milieu professionnel : envers et contre tous. Cependant, tout comme ses cheveux qui deviennent de plus en plus longs, Laurence passe petit à petit les étapes de son changement d'apparence… et continue d'éprouver de l'amour pour Fred, même après leur rupture, bien que Laurence ait une compagne et que Fred, qui s'est mariée, ait eu un enfant et se soit embourgeoisée.

Quelques années passent. Laurence publie un recueil de poèmes et, à cette occasion, retrouve Fred qui lui retombe dans les bras. Celle-ci annonce à son mari qu'elle part en tournage, alors qu'elles font une escapade sur l'Île au noir.

Leur séparation est définitive lorsque Laurence dit s'être attendue à ce que Fred abandonne toute sa vie (de femme mariée) pour leur amour, et que Fred apprend à Laurence qu'à l'époque de son coming out, elle était enceinte de Laurence et, par peur de l'avenir, avait préféré avorter.

Leur amour aura duré, avec des pauses, plus de neuf ans.

Laurence a choisi, à quarante ans, de « descendre la pente » en tant que femme ; c'est ce que Laurence déclare à une journaliste qui l'interviewe, à l'occasion de la sortie de son roman autobiographique.

Quelque temps après, depuis une terrasse voisine de la sienne, un tout jeune homme interpelle Laurence par un « Bonjour Madame » en lui faisant comprendre naïvement son attirance. Le visage de Laurence, pour la toute première fois du film, s'épanouit du bonheur (flatterie, amusement…) de plaire à un homme.

Fiche technique modifier

Production modifier

Melvil Poupaud tient le rôle principal.

Melvil Poupaud, qui tient le rôle principal, voit ce film comme un film important dans sa carrière : « Je crois que j'attendais ce grand rôle depuis longtemps en fait, ça m'a reboosté, ça m'a redonné de l'énergie pour tourner avec d'autres cinéastes[2]. »

Accueil modifier

Critiques modifier

Après la projection au festival de Cannes, le critique de cinéma Olivier Père juge le film enthousiasmant[3]. Sur Slate.fr, Jean-Michel Frodon regrette que le film n'ait pas été sélectionné en compétition officielle[4]. Julien Gester dans le journal Libération considère Laurence Anyways comme le plus beau film de Xavier Dolan[5].

Box office modifier

Laurence Anyways réalise 104 872 entrées en France après trois semaines d'exploitation en salles[6].

Controverse modifier

À l'occasion du Festival de Cannes 2012, Xavier Dolan s'est vu remettre la Queer Palm, un prix récompensant des films pour leur traitement des thématiques LGBTI+. Le jeune réalisateur a refusé cet honneur, la percevant comme un marqueur d'exclusion.

« Que de tels prix existent me dégoûte. Quel progrès y a-t-il à décerner des récompenses aussi “ghettoïsantes”, aussi “ostracisantes”, qui clament que les films tournés par des gays sont des films gays ? On divise avec ces catégories. On fragmente le monde en petites communautés étanches. La Queer Palm, je ne suis pas allé la chercher. Ils veulent toujours me la remettre. Jamais ! L’homosexualité, il peut y en avoir dans mes films comme il peut ne pas y en avoir[7]. »

Ces propos confiés à Télérama en 2014 ont déclenché une polémique dans plusieurs médias internationaux. Selon le réalisateur, cette récompense impose une étiquette à Laurence Anyways ; un film sur l'amour, la liberté et le progrès. « Certains prétendent que la transsexualité serait le dernier tabou. Mais le vrai sujet du film ne serait-il pas plutôt la réinvention de l'amour après la transformation du genre ? Car si la thématique identitaire est encore présente chez Dolan, ce n'est pas le cas de la question homosexuelle[8]. » En ce sens, ce film soulèverait le questionnement universel du flottement identitaire. Ce refus d'accepter la Queer Palm a pour but d'empêcher la catégorisation systématique des films gays et lesbiens.

En contrepartie, de nombreux membres de la communauté LGBT furent profondément choqués par les propos de Xavier Dolan. Selon Romain Vallet, rédacteur en chef du mensuel lyonnais Hétéroclite, l'opinion du réalisateur est très tranchée : « Est-il vraiment nécessaire de reprendre ainsi le vocabulaire des pires homophobes ? Qu'est-ce, au juste, qui justifierait une répulsion aussi viscérale ? »[9] Ce questionnement démontre la colère de certains membres de la communauté LGBT, qui ne comprennent pas ce rejet catégorique de la remise d'un prix, et encore moins cette répulsion « viscérale ».

En , Xavier Dolan se rend sur le plateau d’On n'est pas couché, une émission diffusée par France 2 pour la promotion de Mommy. Questionné sur la polémique, il explique son point de vue sur la culture queer :

« En 2014, après des décennies de combats pour l'égalité, pour avoir davantage de droits, davantage de visibilité, davantage de liberté individuelle, qu'on nous reconnaisse comme une communauté, qu'on écrase ces tabous-là, qu'on démystifie des a priori, qu'on éduque les gens sur ce qu'est l'homosexualité ; je pense que de souligner, à grand trait de marqueur épais, les cinéastes qui — surtout pour un film comme J'ai tué ma mère, où on parle d'un personnage homosexuel de la même manière dont on parle d'un personnage qui serait défini par une religion, une race, quelque chose donc que moi je considère, cinématographiquement parlant, de secondaire. On parle ici de l'amour maternel, de l'amour filial. Ce n'est pas un film sur ce sujet. Et le fait que la Queer Palm existe pour récompenser des films de la communauté homosexuelle, je n'ai aucun problème avec ça. Ce qui moi me gêne, c'est qu'une autre communauté, qui chercherait à accéder à ce cinéma-là, qui pourrait être tentée, qui pourrait se dire curieuse d'en savoir plus, d'en découvrir, puisse trouver rédhibitoire une enseigne comme ça, un libellé, qui rive encore le clou, et qui dit : “film gay”, ou “film LGBT”, ou “film queer”. […] J'aimerais comprendre en ce moment en quoi une récompense comme ça aujourd'hui est utile. Ça m'énerve car je m'attaque à une communauté bienveillante. [Ces récompenses] renforcent la muraille autour de la communauté gay, elle empêche la communauté hétérosexuelle et les autres communautés, et pourquoi même parler de communauté ? […] C'est ça qui m'énerve[10]. »

Cette explication permet de comprendre que l'attribution de certains prix tende à séculariser les œuvres dites « marginales ». La volonté esthétique de Xavier Dolan est de dénoncer un isolement de la communauté LGBT.

  1. Marc Cassivi, « Laurence Anyways: Dolan tourne », La Presse,‎ , CINEMA6 (lire en ligne)
  2. « Melvil Poupaud dans Laurence Anyways : « J'attendais ce grand rôle depuis longtemps » », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Olivier Père, « Cannes 2012 Day 4 : Paradies : Liebe d'Ulrich Seidl (Sélection officielle, en compétition) ; Laurence Anyways de Xavier Dolan (Sélection officielle, Un Certain Regard) », Blog d'Olivier Père,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Jean-Michel Frodon, « Cannes 2012: Beautés asiatiques et tornade québécoise », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Julien Gester, « Homme à femme », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Laurence Anyways » (consulté le ).
  7. Sandrine Marques, « Polémique autour des propos de Xavier Dolan, « dégoûté » par les prix récompensant les films gays », Le Monde,‎ , p.12.
  8. Zoé Protat, « Ecce Homo », Ciné-Bulles, no 30,‎ , p.16-17
  9. Romain Vallet, « Queer Palm: Les propos de Xavier Dolan sont consternants », sur www.yagg.fr, .
  10. Laurent Ruquier, « Xavier Dolan & Anne Dorval Mommy - On n'est pas couché 4 octobre 2014 #ONPC », sur www.youtube.com, France 2, .