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ELEMENTS BIOGRAPHIQUES

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Agrégée de géographie, Maitre de conférences à l'Université Grenoble-I et Membre de l’IUF (Institut Universitaire de France). Elle travaille sur la question des frontières, de nos jours en perpétuels mouvements, en adoptant des approches de géographie politique et culturelle.
Ses recherches ont porté sur les dynamiques transfrontalières en Europe mais aussi beaucoup en Amérique latine. Actuellement, elle porte son attention sur les artistes et leurs productions, qui à travers l’art, investissent les frontières.

SA DEFINITION DE LA FRONTIERE

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Dans sa vision première de la frontière, Anne-Laure Amilhat Szary la définit comme « la limite du champ de compétence d’un pouvoir : depuis l’invention de l’Etat-Nation, celle-ci coïncide le plus souvent avec celle de l’extension de sa souveraineté. »[1] L’analyse de cette notion est centrale chez cette géographe, de ce fait elle examine également « Etymologiquement, le mot « frontière » (qui) est issu du vocabulaire militaire et de la notion de front, (…) exprime un rapport de forces »[1].

Anne-Laure Amilhat-Szary explique que tracer la frontière au temps de l’affirmation de l’ État-nation, reposait de manière générale sur des éléments topographiques, comme sorte de « convention » identifiable, qui permettait de montrer une légitimité en accord avec la nature. Elle dénonce, cet amalgame fait avec la frontière qui est encore très présent dans les esprits, malgré les remises en cause de la part des scientifiques. En effet, pour elle, les frontières constituent « des lignes arbitraires » [1] qui sont de moins en moins linéaires.
Très souvent elle met en avant le caractère conflictuel de la frontière, qui pour elle a aussi une dimension sacrée car liée au mythe de Romulus et Rémus, les fondateurs de Rome.

Un lieu de démarcation

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La frontière est une ligne de démarcation qui différencie l’autre et soi-même, de ce fait pour cette géographe, « elle matérialise l’altérité » [1]. Elle définit par conséquent un territoire comme étant un espace construit par et dans ses limites, cependant pour elle, celles-ci ne sont pas fixes car soumises aux désidératats des êtres humains.

Néanmoins elle considère que la frontière est censée assurer la sécurité d’un territoire, par l’établissement de règles communes à tous. Anne-Laure Amilhat-Szary dit que « Les chartes de nombreuses organisations régionales, dont La Ligue arabe (1945), l’Organisation des Etats arabes (1948), l’Organisation de l’Unité africaine (1963) remplacées en 2000 par l’Union africaine et l’Acte final d’Helsinki (1975) de l’Organisation pour la sécurité en Europe (OSCE), requièrent de la part de leurs Etats membres qu’ils aient déterminé leurs frontières extérieures, encourageant un éventuel recours à la Cour Internationale de Justice (57% des cas portés devant elle concernent l’Afrique). » [1]

En effet cette géographe montre que les frontières africaines sont celles les moins biens définies du globe, car comme elle l’explique, « Le monde connaît aujourd’hui une recrudescence des matérialisations frontalières qui questionne profondément la pensée géopolitique dans un monde de flux »[1].

La fin des frontières ?

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L’Europe est le continent où en 1815 un grand nombre de frontière ont été instaurées, c’est d’ailleurs ici que le concept de frontière a été créé. Cependant de nos jours, le vieux continent apparait paradoxalement comme le territoire où l’on est allé le plus loin dans la suppression des fonctions de celles-ci, comme le montre Anne Laure Amilhat-Szary. Le contexte géopolitique du XXI° siècle, depuis la chute du mur de Berlin et la dissolution du bloc soviétique, a rendu possible la proclamation de l’obsolescence des frontières.
Dans son analyse elle remet en cause cette idée d’un monde sans frontières évoqué par certains auteurs, pour elle, cette dernière est un objet territorial. Elle se traduit par une forme linéaire, elle est « une circonscription légale d’une entité collective structurée »[2]. De nos jours, elle s’est transformée en « intégrant l’histoire dans des territorialités qui se redéfinissent »[2].

L’institutionnalisation de zones frontières a permis de les individualiser tout en les requalifiant, leur donnant ainsi de l’importance comme étant des espaces charnières. De nos jours ces lieux de passages apparaissent plus comme des espaces de proximités, de passages, le côté répulsif ayant cédé la place aux échanges dans cette partie du monde.

Elle se demande alors finalement si les frontières ne se sont pas déplacées, si elles ne signifient pas aujourd’hui d'autres choses, si elles ne restent pas présentes dans la délimitation de nouvelles territorialités. En effet, selon Anne-Laure Amilhat-Szary, la zone transfrontlière est un espace où « les catégories se brouillent mais où s’inventent aussi des objets d’ententes et des objets de différenciations »[2].

Un lieu de confrontation

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La frontière impose donc d’après cette géographe, un ordre qui peut aussi amener le désordre. D’après Anne-Laure Amilhat-Szary, la frontière est le lieu « de confrontations à la norme »[1], car c’est l’endroit où il y a le plus de probabilité de faire l’objet d’un contrôle de quelque nature qu’il soit car elle marque le passage entre deux espaces. De ce fait elle explique qu’identifier la frontière sur le territoire est nécessaire, d’autant plus actuellement où la précision va de pair avec les nouvelles technologies. Cela est une transition nécessaire, car les cartes n’étant pas à taille réelle, elles créent des zones de flou sur le terrain.

Ces frontières sont donc des zones sensibles d’après Anne-Laure AmilhatSzary, elles sont les lieux d’ « échange illégal de marchandises de part et d’autre d’une frontière, soit pour éviter des taxes, soit parce que les produits transportés sont illicites »[1]. D’après elle, la frontière Etats-Unis/Mexique illustre le mieux cela, car elle est le lieu de grands trafics, surtout de drogue.

Anne laure Amilhat-Szary s’intéresse aux frontières conflictuelles en Amérique latine où un certain nombre d'entre elles restent très sensibles et leurs tracés continuent de faire problème. En effet, pour cette géographe, la reconnaissance récente de la multi culturalité des États latino-américain explique en partie la renégociation des pactes nationaux.

Le passage est donc un élément majeur dans la notion de frontière pour Anne Laure Amilhat-Szary. Pour elle, les plus sensibles sont ceux dans les aéroports, ils sont des portes d’entrées à l’intérieur d’un pays d’où leur caractère stratégique. Mais ces derniers ne sont pas les seuls responsables d’une nouvelle appréhension des frontières: les accords faits entre les pays, (elle prend l’exemple de l’espace Schengen), réorganisent juridiquement les frontières, de ce fait les migrants illégaux, comme elle nous l’explique, ne sont plus arrêtés à l’entrée du pays convoité mais à la porte de cette zone, ce qui amène de nouvelles logistiques.

Globalement, pour cette géographe le concept de frontière est inhérent au monde occidental et à sa construction. La frontière amène depuis quelques années à penser le monde à l’échelle régionale, les représentants comme des lieux de dynamiques importantes, qui peuvent être aussi des zones de conflit. De ce fait Anne-Laure Amilhat-Szary, démontre qu’en analysant la frontière on peut dire dans quel contexte elles ont été construites.

LA FRONTIERE ET L’ART

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Elle s’intéresse à l’art aux frontières, qu’elles soient « ouvertes » ou « fermées » [3]. D’après ces analyses l’artiste intervient alors sur place en tant qu’activiste, les œuvres peuvent être aussi commandées par les autorités afin de réinvestir les lieux. Il s’agit dans les deux cas de montrer que cette ligne existe.

D'après Anne-Laure Amilhat-Szary, la fermeture d’une frontière active la production artistique. Dans cette dynamique, elle s’attache à poser des questions sur le statut du visible en géographie. Pour elle, les arts plastiques interrogent la construction nationale, ils ont donc un enjeu dans la construction culturelle. L’art permet pour celle-ci de montrer une assignation territoriale de la frontière.

Anne-Laure Amilhat-Szary parle très souvent du mur comme « barrière fermée »[1], qui renvoie pour elle au mur de Berlin, qui annonçait lors de sa chute la fin de ce genre de matérialisation, cependant leurs constructions continuent. Ces principales réflexions autour des murs portent sur celui d’Israël qui comme elle le mentionne ne correspond pas à « une frontière, dans la mesure où son tracé est unilatéralement défini d’une part, et qu’il ne suit pas la Ligne verte de cessez-le-feu de 1967 d’autre part»[1]. Cette limite est d’autant plus conflictuelle qu'elle sépare deux espaces qui n’ont pas la même vision de celle-ci.

Cette géographe voit le mur comme support d’expression, elle remarque que les peintures inscrites sur les murs ont une portée internationale. Ainsi ces limites sont très souvent marquées par des performances artistiques.
Pour elle, il est aussi intéressant de voir comment on se représente les frontières à travers toutes les formes de l’art. Les murs sont investis par des artistes qui mettent en scène sur et par le mur, le passage et l’obstacle, la violence faite au paysage. Le trompe-l’œil permet également de reconstituer des panoramas, des représentations, comme c’est le cas pour la frontière israélo-palestinienne.

Dans ce nouveau contexte, d’après Anne Laure Amilhat-Szary, l’art est de plus en plus présent aux frontières, comme moyen d’expression, et comme matérialisation d’un état d’esprit. Pour cette géographe, il est plus utilisé dans les frontières qu’elle nomme « fermées »[3].
Pour elle c’est encore la frontière Etats-Unis/Mexique qui symbolise le mieux cette ferveur artistique aux frontières qui se crée dans les années 1980. En Europe elle note qu’il y a surtout, un désir de patrimonialisation de la frontière. Anciennement perçue comme « un vide »[2], pour Anne Laure Amilhat Szary, la frontière barrière est revalorisée, elle devient un objet esthétique qui marque dès lors « le cadre d’un inter-espace »Erreur de référence : Paramètre invalide dans la balise <ref>.

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i et j ,Anne-Laure Amilhat-Szary, "Frontières et conflits", in Géographie des conflits, (dir) Frank Tétart, Éditions Sedes/Cned, Paris, 2011,342p.
  2. a b c et d , Anne-Laure Amilhat-Szary, Après les frontières, avec la frontière, nouvelles dynamiques transfrontalières en Europe, Éditions de l’aube, 2006, 169p.
  3. a et b ,Anne-Laure Amilhat-Szary, Quand l'art subvertit les frontières, conférence Université de Genève dans le cadre du cycle de conférence enjeux sociaux enjeux spatiaux. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Quand l'art subvertit les frontières » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.

Bibliographie

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(Ouvrages de la géographe sur la notion de frontière)

  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Border art and the politics of art display, Journal of Borderland Studies.
  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Après les frontières, avec la frontière, nouvelles dynamiques transfrontalières en Europe, Éditions de l’aube, 2006, 169p.
  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Frontières et conflits, in Géographie des conflits, (dir) Frank Tétart, Éditions Sedes/Cned, Paris, 2011,342p.
  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Marie-Christine Fourny, L’art aux limites nationales. Petite lecture géopolitique et géosymbolique des productions artistiques des frontières, A paraitre dans Mirmanda, revista de cultura, Catalogne.
  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Quand l'art subvertit les frontières, conférence Université de Genève dans le cadre du cycle de conférence enjeux sociaux enjeux spatiaux.

Articles connexes

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