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Barca Nostra ("Notre bateau") était le projet de l'artiste suisse-islandais Christoph Büchel, qui a exposé à la Biennale de Venise 2019 l'épave d'un bateau de pêche qui avait coulé avec près de 800 migrants à son bord. Ce navire de 50 tonnes et de 22,5 mètres de long avait à l’origine été conçu pour transporter une vingtaine de personnes. Cette histoire est l’une des plus célèbres de l'année dans le domaine de l'art.[1]
Description
modifierBarca Nostra est une épave présentée à la Biennale de Venise 2019. Censée être détruite après avoir été découverte, elle est récupérée par l’artiste Christoph Büchel qui rénove la coque du bateau dans le but de l’exposer en 2019 à la Biennale di Venezia. Au sortir de l’eau, la carcasse est tordue, éventrée, et sa coque, à l’origine de couleurs bleue et rouge, est aujourd’hui recouverte d’une couche de rouille.[2]
Le navire de pêche, qui avait une capacité de transport d’une vingtaine de personnes, avait à son bord entre 700 et 1 000 réfugiés originaires de nombreux pays d’Afrique comme du Soudan, de la Somalie, du Sénégal, du Mali, de la Côte d’Ivoire..., et se trouvait en détresse dans le canal de Sicile, à une centaine de kilomètres des côtes libyennes, quand il a appelé à l’aide le soir du 18 avril 2015. Barca nostra a coulé le 19 avril 2015, après avoir percuté un cargo portugais: “ le King-Jacob” venu à son secours.[3]
La marine italienne a repêché l’épave du chalutier de migrants, dont le naufrage aurait fait plus de 800 morts, piégés à l'intérieur de sa coque. Seulement vingt-huit personnes ont été sauvées. Quatre ans après ce naufrage tragique, une structure métallique a été fabriquée pour récupérer
l’épave à 370 mètres de fond. Le bateau a été sorti de l’eau le 18 avril 2019, et est aujourd’hui exposé dans l’arsenal de Venise.
Pendant la 58 ème édition du “Biennale di Venezia”, le navire a témoigné des milliers de morts pendant ses nombreuses traversées de la Méditerranée.
Réception de l'œuvre
modifierLorsque l’Europe prend conscience de l’ampleur de la catastrophe, l’émotion est immense. Le drame est considéré comme le plus important naufrage du XXIe siècle en Méditerranée.
Le premier ministre italien, Matteo Renzi, fait déséchouer l’épave, dans le but de l’envoyer à Bruxelles, pour l’exposer devant le siège de la Commission, afin de mettre l’Union européenne face à ses responsabilités.
"C'est un projet très important, ce bateau est le symbole à la fois de la tragédie humaine et de la crise politique que le flux de migrants provoque dans toute l'Europe", a déclaré Giovanni Angileri, chef de cabinet du département du patrimoine culturel sicilien, à CNN .[4]
Barca Nostra est aujourd’hui "un monument à la migration contemporaine" et un symbole de la tragédie humaine qui a eu lieu.
Carlotta Sami, porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés a déclaré après avoir visité le bateau : «Je pense que cela ne peut pas être considéré comme une relique du passé. Aujourd'hui, un nouveau naufrage nous dit que ce bateau est notre présent.”
L'œuvre d'art a incité les critiques à ne fournir aucun signalement. Matthew Collings a conclu que "le travail ne pouvait pas être plus précis" puisque "les gens qui ne savent pas ou ne se soucient pas de ce qui est juste devant eux, une chose sur laquelle ils pourraient en fait assez facilement enquêter, est sûrement tout le problème de la crise des migrants. C'est la raison pour laquelle cela reste une crise. “
Plus que toute œuvre d'art de l'exposition, en rendant visible ce qui est généralement caché au public, sa présence résume le danger, la tragédie et le traumatisme de la migration forcée.[5]
Suite des événements après le naufrage du bateau
modifierGiovanna Perotta ,spécialiste chargée d'identifier les corps de l'équipage en a découvert 528, ainsi que 325 crânes et 28,000 os. Après sa découverte, le bateau a été remorqué à la station Navale NATO à Melili en Sicile pour essayer d'identifier les centaines de corps de leur offrir un enterrement digne de ce nom. Seul un homme a survécu au naufrage du " barca nostra”: le capitaine du bateau, qui a été jugé responsable de la mort des migrants puis emprisonné pendant 18 ans .
"Le navire est devenu un objet symbolique, dédié non seulement aux victimes de l'événement tragique de 2015 et aux personnes impliquées dans sa récupération, mais à notre responsabilité mutuelle de représenter les politiques et politiques collectives qui créent de telles épaves", a dit christoph buchel
Origine des œuvres d’art
modifierChristophe Büchel a tendance à transformer des espaces, des objets ou des infrastructures, ayant chacuns un intérêt social ou politique important, en œuvres d’art, ceci dans le but de créer de la réflexion chez les spectateurs. Par exemple, à la dernière édition de la Biennale d’art de Venise, il a transformé une vieille église en mosquée, devenue ainsi la première de la ville. Il a aussi demandé à pouvoir garder les prototypes du mur séparant les Etats Unis du Mexique imaginé par Donald Trump, afin de garder une preuve du monde dans lequel nous vivons.
en plus
Pour les organisateurs de la Biennale de Venise, l’installation est « une invitation au silence », une sorte de convocation au recueillement, l’écho à une tragédie dont la relique d’acier rend hommage aux chairs dispersées non seulement en mer mais aussi dans la mémoire sélective d’un régime italien actuel hostile à des migrations jugées massives…
Propos directeur artistique Biennale Venise
modifierLe directeur artistique de la Biennale de Venise, Ralph Rugoff a expliqué sa décision d'inclure le bateau dans son exposition à Channel 4 News: «C'est une chose de voir une image dans un journal ou à la télévision mais quand on affronte le physique, on ressent d’autres sensations. Vous le ressentez d'une manière différente; vous traitez les informations d'une manière différente, j'espère que cela vous amènera à penser d'une manière différente. »
- « Arts : à la Biennale de Venise, « Barca nostra » en hommage aux migrants morts en mer », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Arts : à la Biennale de Venise, « Barca nostra » en hommage aux migrants morts en mer », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « L’épave « Barca Nostra », œuvre phare de la Biennale 2019, toujours en rade à Venise », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « 'Absolutely Vile' or 'Powerful'? Christoph Buchel's Migrant Boat Is the Most Divisive Work at the Venice Biennale », sur Artnet News, (consulté le )
- (en-US) « 'Absolutely Vile' or 'Powerful'? Christoph Buchel's Migrant Boat Is the Most Divisive Work at the Venice Biennale », sur Artnet News, (consulté le )