Viviane Hélias

brodeuse bretonne

Viviane Hélias, née le 2 août 1943 à Casablanca, a dédié son existence à la préservation et à la promotion du patrimoine culturel breton au sein des sphères associatives. Sa formation de brodeuse et son engagement dans le cercle Pont-l'Abbé à partir de 1962, l'ont sensibilisée à la diversité et à la vulnérabilité de la culture bretonne[1].

Viviane Hélias
Description de cette image, également commentée ci-après
Viviane Hélias
Alias
Mamm ar Sonerion
Naissance (80 ans)
Casablanca
Nationalité France
Profession
  • Brodeuse
  • Formatrice
  • Organisatrice d’évènements
  • Agent d’établissement hospitalier
Activité principale
  • 1962 - 2023 : Cercle de Pont-l’Abbé
  • 1968 - 2023 : War’l leur puis Kenleur Penn-Ar-Bed
  • 1969 - 2023 : La fête des brodeuses maintenant le Festival des brodeuses, Pont-l'Abbé
  • 1970 - 2000 : La fête des filets bleus, Concarneau
  • 1970 - 2008 : La fête des binious maintenant mondial folk, Plozévet
  • 1971 – 2019 : Festival Interceltique de Lorient
  • 1973 - 2019 : Kahn ar Bobl,
  • 1980 – 2023 : Festival de Cornouaille, Quimper
  • 1980 - 1984 : Concours de sonneurs de couple
  • 1995 – 2023 : Trophée Yann Kaourintin Ar Gall, Pont-l'Abbé
  • 2011 : Concours de broderie d'Îles en aiguilles, Vannes
Autres activités
  • Comité des fêtes de Concarneau
  • Comité des fêtes de Lorient
  • Comité des fêtes de Pont-l’Abbé
  • Comité des fêtes de Plozévet
  • Comité des fêtes de Quimper
  • Comité des fêtes de Vannes
Formation
École de broderie de Kerazan, Loctudy - Finistère
Ascendants
  • Corentin Hélias (1019 - 1975)
  • Marie Carnot (1921 – 1989)

Elle a consacré son énergie à la valorisation de la broderie, de la danse, de la musique et des chants bretons dans le milieu associatif[2],[3].

Elle a joué un rôle actif dans l'organisation d'événements majeurs, la rédaction d'ouvrages, la conception d'expositions, la collecte d'informations et la participation à des productions vidéo. Sa compétence en broderie a acquis une reconnaissance à l'échelle internationale. Viviane a œuvré pour transmettre et diffuser le message de la spécificité de la culture bretonne en Bretagne, en France et à l'étranger.

Surnommée « Mamm ar Sonerion », elle a consacré sa vie à la transmission bénévole, et à travers ses actions, elle incarne l'histoire de la renaissance culturelle de la Bretagne. Elle a collaboré avec les personnalités bretonnes de son époque, engagées de manière pacifique pour la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel breton. Son moteur, omniprésent depuis toujours, demeure le devoir de transmettre : « J'ai aimé transmettre mon savoir-faire, aussi bien aux adultes qu'aux enfants, tout au long de ces années »[3].

Biographie modifier

La famille de Viviane Hélias est originaire de Scaër en Pays d’Aven. Son père, Corentin Hélias, exerçait la profession de tailleur dans la Marine Nationale. Après l'obtention du certificat d'études en 1957, Viviane et sa sœur Josette partent étudier au manoir de Kerazan à Loctudy. À l’époque, elle a appris à broder sur ses genoux, technique très peu pratiquée aujourd'hui, et se spécialise dans la technique du neudé[3].

Le 25 juillet 1960, fraîchement diplômée, l'absence d'opportunités en tant que brodeuse l'amène à occuper divers emplois précaires jusqu’à son embauche dans les ateliers des Arts Populaires de Le Minor à Pont-L’abbé. Une entreprise textile iconique en pays Bigouden, reconnue pour le savoir-faire exceptionnel et la tradition de qualité qui ont toujours fait sa réputation En 1957, s’inspirant des vêtements du goémonier du XIXe siècle, Le Minor adapte le tissu de drap de laine pour en faire le fameux Kabig[4].

En 1980, l’atelier Le Minor de Pont-l'Abbé ferme ses portes, entraînant le licenciement des ouvrières. En , Viviane est recrutée à l'hôpital Laennec de Quimper en tant qu'agent des services hospitaliers. Pendant deux décennies, elle demeure active dans le domaine de la culture bretonne, tissant des liens et sollicitée de tous côtés pour son expertise et son réseau[source secondaire souhaitée].

En 2002, Viviane est opérée d’une tumeur au cerveau et met 15 mois à récupérer l’usage de la main, du bras et de la parole. Malgré cela, elle reprend la broderie en adaptant sa pratique à son handicap, continuant à apporter son soutien aux brodeurs[5][réf. incomplète]. En 2019, un accident vasculaire met fin à ses activités de danse et de broderie, mais elle persiste à travailler pour la fédération Kenleur, s'impliquant dans l'organisation du concours de sonneurs en couple et du trophée Yann Kaourintin Ar Gall[source secondaire souhaitée].

1962 – 2019, Danse traditionnelle modifier

Cercle de Pont-l’Abbé & la confédération War’l leur modifier

En mars 1962, Viviane intègre le Cercle de Pont-l'Abbé, un épisode marquant dans sa participation aux traditions culturelles bretonnes. À cette époque, les coutumes locales étaient en déclin, les femmes abandonnaient le port du costume traditionnel au profit de modes vestimentaires urbaines. Viviane, soucieuse de préserver ce patrimoine culturel, investit deux années de son temps à broder son propre costume, déclarant à ce sujet « Il faut dire que j'avais triché sur mon rang social, j'avais mis beaucoup plus de broderies sur les manches par rapport à la tradition des brodeurs »[6].

Entre les années 1963 et 1975, Viviane et le Cercle entreprennent des voyages afin de promouvoir la danse bretonne. Leurs déplacements les conduisent à travers la France, mais également à l'étranger, visitant l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Italie, l'Irlande, le Luxembourg et la Roumanie.

En 1967, une année qui va changer son regard sur la danse, elle découvre les danses du centre Bretagne, les différentes façons de danser la gavotte et le fisel[source secondaire souhaitée].

En 1969, Viviane adhère à la Confédération War'l Leur et assume le rôle de responsable des stages de danse. Sa participation active englobe la planification et le suivi des spectacles, offrant son expertise pendant des années aux comités des fêtes et festivals les plus significatifs de Bretagne[source secondaire souhaitée]. Entre 1968 et 1975, elle assume la présidence du Cercle de Pont-l'Abbé, après quoi elle demeure impliquée et attachée à cette entité qui lui a ouvert les portes du riche patrimoine culturel breton, soulignant ainsi l'importance de la transmission des traditions[source secondaire souhaitée].

Collectage modifier

Parallèlement, elle mène un travail de collectage audiovisuel, avec l’aide de Yann-Fañch Kemener, des frères Flageul, Lommig Donniou et Marcel Baloin et fait des enregistrements lors du Kan ar Bobl. En 1980, Viviane est au chômage et profite de ce temps pour faire du collectage. La réalisation de vidéo n'est pas répandue à l'époque, mais Viviane pense que c'était un bon support en complément des fiches techniques papier[3].

Lorsque Viviane commence à danser en 1962, chacun connait la danse de son terroir de façon cloisonnée. D’un terroir à l’autre, on[Qui ?] danse en trois et quatre, quatre et cinq ou cinq et six. Aujourd’hui, les Fest-Noz proposent toutes les danses bretonnes, ne laissant plus de place à l’oubli de la tradition.

1976 – 2002, Transmission du savoir de brodeur modifier

1977- 1981, création du Conservatoire de Soye modifier

En , Valéry Giscard d'Estaing lance à Ploërmel la charte culturelle bretonne en annonçant « L'unité française n'a aucune raison d'être l'uniformité française[7]».

La charte culturelle bretonne marque une reconnaissance publique de la culture bretonne et le droit à la différence, et contribue à changer le regard de nombreux hommes politiques bretons, maires et conseillers généraux notamment, à l'égard de la langue et de la culture bretonne[8]. Elle attribue des subventions aux associations culturelles bretonnes mais surtout elle participe à la construction du conservatoire de Soye de Ploemeur[source secondaire souhaitée], connu aujourd'hui sous le nom de Centre Amzer Nevez. « Pour montrer la nécessité de cette structure, il fallait organiser tous les mois, au minimum, une journée d’étude de la danse, dans un local que la mairie de Lorient avait mis à notre disposition. Comme j'étais responsable bénévole des stages et journées d'études, je faisais le trajet Loctudy-Lorient plusieurs fois par mois. Nous devions trouver un budget complémentaire pour la construction du centre. La solution que nous avons trouvée fut que chaque cercle et bagad achète une porte, une fenêtre, un lit... ». La souscription reste ouverte. une ardoise : 10 francs (participant), une pierre : 50 francs (souscripteur), une porte : 100 francs (membre d’honneur), une fenêtre : 250 francs (donateur), un lit : 1000 francs (Bienfaiteur).

Le , la première pierre du conservatoire régional de musique, chants, danses et sports traditionnels de Bretagne, à Ploemeur Morbihan, est posée. Le centre est inauguré en décembre 1981, la direction est confiée à Jean-Pierre Pichard du Festival Interceltique de Lorient. Fin 1982, le centre peut accueillir les premiers groupes mais la subvention de la Charte Culturelle s'arrête la même année comme le prévoyait l'accord de 1977[9].

1980 - 2019, formations, expositions et audiovisuel modifier

Chez Le Minor, Viviane rencontre Bernard de Parades[3], qui lui propose de réaliser des démonstrations de broderie les vendredis soir lors de la fête des vieux quartiers de Quimper, organisée pendant les Fêtes de Cornouaille. Les participants aux démonstrations expriment régulièrement le désir de suivre des cours de broderie. Confrontée à l'absence de réponse quant à la disponibilité de telles formations, Viviane et ses amis prennent conscience de l'importance d'initier des stages[3].

Les nouveaux horaires de travail de Viviane à l'hôpital lui permettent de consacrer tout son temps libre à l'association War'l leur et à l'enseignement de la broderie lors des stages organisés pour les adultes et les enfants[6]. Initialement axés sur les de conseils pour la confection des costumes de groupes, ces stages évoluent rapidement en sessions d'apprentissage et en journées d'études pour répondre à une demande croissante[10].

En 1980, à l'occasion du dixième anniversaire du Festival Interceltique de Lorient, Jean-Pierre Pichard sollicite Viviane pour broder une œuvre d'art destinée au fanion du championnat national des bagadoù. Polig Montjarret rédige les textes en breton, tandis que Viviane ajoute les motifs bigouden, notamment la chaîne de vie qu'elle reproduira par la suite sur tous les fanions (foi, espérance et charité). Viviane interprète ces éléments comme des maillons symboliques de la culture bretonne, englobant le langage, la danse, la musique, la géographie, l'histoire et le sport. Viviane continue à broder le fanion de 1980 à 2002, avant de passer le flambeau à Odile Le Guyader[11],[12],[3].

En 1980, Viviane crée une commission de broderie au sein de la confédération War'l leur, en collaboration avec Geneviève Jouanic, Raymonde Yaouank, Jean-Michel Pérennec, Marie Le Bec et Mimie Kerloc'h. Elle considère la broderie comme un art à part entière, comparable à la danse, la musique et le chant[13].

Dans les années 1980, Vivianne et ses amis multiplient les actions de formation à la broderie. Geneviève Jouanic et Viviane écrivent le manuel Broderie de Basse-Bretagne et organisent leurs premiers stages dans le tout nouveau conservatoire de Soye. À la demande des stagiaires du conservatoire, les cours sont délocalisés dans les département bretons et quelques de villes hors-Bretagne[3].

En 1984, les élèves de CAP couture du Lycée Marie le Franc de Lorient doivent inclure une broderie de leur création sur un gilet contemporain, Viviane et Geneviève proposent leur aide[3].

En 1985, après une journée de formation sur la culture bretonne à l'école des Carmes de Pont-l'Abbé, où 156 élèves de 6e s'inscrivent au cours de broderie, Viviane crée un stand d'apprentissage et de démonstration de la broderie et des vieux métiers du textile à la fête des brodeuses[pertinence contestée].

À la demande d'Erwan Le Bris Du Rest, conservateur du Musée Départemental Breton, Viviane et son équipe travaillent en 1988 sur l'exposition "Ils ont des chapeaux ronds". Viviane propose des stages de broderie le samedi une fois par mois, donnant ainsi naissance aux "Samedis des Brodeurs". « Le musée départemental avait l’avantage d’être un endroit ouvert à tout le monde car l’intérêt des cercles celtiques n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui »[13].

En 1989, avec Geneviève Jouanic, elle publie une monographie sur la broderie en Basse-Bretagne, financée en partie par le Conseil Général du Finistère et éditée par les éditions Jos. Cette monographie a eu beaucoup de succès puisque 30 ans après et plusieurs rééditions, elle est toujours en vente[14],[15],[3].

En 1989, Viviane et ses amis inaugurent la semaine de broderie dans le cadre du Festival de Cornouaille, proposant une technique par journée de stage. Les « Samedis des Brodeurs » sont animés par Geneviève Jouanic, Armelle Griffon, Maryvonne Tymen, Mimie Kerloc'h, Rosa Guichaoua, Delphine Guillamet et ceux qui sont devenus professionnels, Jean- Michel chez Le Minor, Pascal Jaouen, Joëlle Le Meur et Odile Le Guyader. Ces dernières ont été embauchées à la Fédération War’l leur 29[16].

En 1989, Marie Rioual et Viviane travaillent au Château de Kerjean à Saint-Vougay, sur la réalisation d'une vidéo avec FR3, d'une plaquette de présentation de l'exposition et au montage de celle-ci « De fil en Aiguille, la broderie En Bretagne ». Par la suite, une exposition « L’art de tirer l’aiguille » est présentée au public tout au long de l'été. Jean-Pierre Gonidec fabrique les vitrines pour présenter les œuvres en toute sécurité, 14 panneaux tournent pendant plus de 3 ans[3].

En novembre 1989, Vivianne intervient lors d'un séjour de découverte du patrimoine organisé par le collège Le Likès Saint Yves. Malgré la réticence initiale des garçons, elle parvient à susciter leur intérêt en soulignant que la broderie était autrefois un métier masculin et que même les plus grands couturiers contemporains sont des hommes[3].

En 1990, Viviane continue son travail d'animation pour l'exposition du Musée Départemental Breton dans le cadre des « Samedis des Brodeurs » sur une période de neuf mois avec plusieurs brodeurs. Avec les années 1990, le nombre de cours est en augmentation. Le travail de Viviane et de ses collègues brodeurs a contribué à réintégrer l'apprentissage de la broderie bretonne dans les foyers[source secondaire souhaitée], élevant cette forme artistique au statut d'art reconnu.

Viviane a enseigné aux enfants[17][réf. incomplète], enfants en difficultés, aux enfants malades, aux personnes âgées, aux détenues. En 1996, le Conseil d'Insertion et de Probation de la prison de Brest la sollicite pour donner des cours de broderie à des femmes incarcérées en maison d'arrêt de l'Hermitage. « Je dis souvent que pour moi la broderie est un moyen d'évasion, je pouvais difficilement utiliser cette expression dans ce lieu »[18],[19],[20],[21].

Viviane a formé des brodeurs qui, à leur tour, ont transmis leurs connaissances à d'autres. L'une de ses plus grandes fiertés[réf. souhaitée] réside dans le fait d'avoir transmis son savoir à Odile Le Guyader, qui a repris la broderie des fanions, et à Pascal Jaouen. En 1985, Pascal exprime le désir de broder une tenue de baptême pour sa fille aînée. Il rejoint les stages de broderie sur tulle et perlage du conservatoire de Soye. Rapidement initié, il commence à dispenser des cours lors des « samedis des brodeurs ». En 1994, il fonde, à Quimper, l'école de broderie d'art. En 2003, il inaugure une boutique de confection, suivie en 2011 par l'ouverture d'une boutique de prêt-à-porter à Brest. Ses créations vestimentaires brodées, portées notamment par Nolwenn Leroy sur scène, sont des œuvres d'art. Auteur d'ouvrages sur la broderie, son action est aujourd'hui une référence pour toute personne aspirant à apprendre l'art de la broderie bretonne, tant en France qu'à l'étranger[22].

Le travail de Viviane et de ses amis brodeurs a contribué à réintégrer l'apprentissage de la broderie bretonne dans les foyers, élevant cette forme artistique au statut d'art reconnu. Une partie de leur réussite est consignée dans la fiche d'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France, intitulée « Les savoirs-faire de la broderie et de la dentelle en Bretagne ».

Visibilité internationale modifier

Viviane Hélias s'est impliquée dans l'accompagnement de délégations représentant la culture bretonne à l'étranger, une initiative impulsée à la fois par Jean-Pierre Pichard et sollicitée par des municipalités étrangères ou des cercles culturels. Son engagement l'a conduite à promouvoir l'art de la broderie bretonne à l'international, avec plusieurs missions aux États-Unis d'Amérique, incluant des événements à l'ambassade de France à Washington, en Louisiane (notamment à La Nouvelle-Orléans), au Canada, au Brésil, au Mexique, et naturellement dans divers pays européens[23].

Ces voyages ont été marqués par la représentation et la diffusion de la richesse culturelle bretonne, notamment à travers l'exposition de la broderie. Cette démarche, coordonnée avec des partenaires locaux et des institutions, a contribué à renforcer les liens culturels et à sensibiliser un public international à l'héritage artistique et artisanal de la Bretagne. Viviane, en tant qu'ambassadrice de cette tradition séculaire, a ainsi contribué à élargir la visibilité et l'appréciation de la broderie bretonne au-delà des frontières nationales[3].

De la tradition en voie de disparition à l'art vivant modifier

En 2021, est publiée la fiche d'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France sur les savoir-faire la broderie et de la dentelle en Bretagne. Ce rapport officialise le succès de Viviane Hélias et ses amis : de tradition en voie de disparition, la broderie bretonne est une art vivant[24].

Le patrimoine culturel immatériel regroupe des pratiques et connaissances partagées, héritées collectivement et entretenues dans le but de les faire perdurer, revivre et transmettre. La Convention de l'UNESCO de 2003 s'est engagée pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par la France en 2006 et mise en application par le ministère de la Culture[25].

Une tradition en voie de disparition modifier

« À partir des années 60, la transmission des savoir-faire en broderie, principalement orale, a été menacée par le déclin de la profession de brodeurs. Cette situation résulte de l'arrêt de l'enseignement de la broderie à l'école, de la disparition du cours ménager, et de la fermeture de l'école de broderie du manoir de Kerazan à Loctudy »[24].

À son décès en 1928, Joseph Georges Astor lègue le manoir, sa collection, et sa fortune à l'Institut de France, avec pour mission principale la création d'une école d'art appliqué industriel destinée spécifiquement aux jeunes filles locales. Ainsi naît l'école de broderie de Kerazan en 1932, perdurant jusqu'en 1966. La formation, offerte gratuitement, sur trois ans, accessible aux jeunes filles dès l'âge de 13 ans. Deux ateliers sont mis en place au sein de l'école, l'un dédié au tissage de tapis avec sept élèves, et l'autre à la broderie de linge de maison accueillant une quinzaine d'élèves. Ces jeunes filles, issues de familles défavorisées du pays bigouden, assistent à des cours sous la supervision d'enseignantes. Le manoir devient ainsi leur lieu d'apprentissage, offrant également un repas chaud à midi[26],[13].

Entre 1965 et les années 1980, la broderie a connu une situation précaire, avec peu de brodeurs. Les passionnés ne trouvaient plus le matériel et la documentation pour broder. « Face à l'urgence de préserver ces savoir-faire menacés, quelques personnes ont pris l'initiative d'organiser des cours. Ces cours sont nés d'une nécessité pratique, car les costumes et parures anciens portés au sein de ces groupes se dégradaient, incitant les membres à se former pour restaurer les tenues ou en créer des reproductions »[24].

Un art vivant modifier

Tous ces savoir-faire sont désormais sauvegardés par des associations de brodeurs, notamment les cercles de la confédération Kenleur. La volonté de transmettre ces pratiques anciennes est l’œuvre de Viviane Hélias et ses amis brodeurs[6].

« Tous les acteurs de ce domaine constatent un renouveau de la pratique, accompagné d'un engouement populaire, inscrit dans la tendance plus large des loisirs créatifs et du mouvement en faveur du fait-main. Cette dynamique s'accompagne d'une remise en question du modèle industriel, avec une préférence grandissante pour des produits de qualité, durables, et uniques, respectant les savoir-faire artisanaux »[24].

« Viviane Hélias a fait sortir de l'oubli les secrets et les techniques du passé et en a diffusé la connaissance au plus grand nombre. (...) Chez Viviane rien ne se fait sans une exigence totale et sans un engagement complet » Jean-Pierre Gonidec dans la revue Micheriou Koz[3].

Brodeurs qui ont travaillé avec Viviane Hélias modifier

Griffon Armelle, brodeuse | Jouanic Geneviève, brodeuse et autrice | Kerloc'h Mimi, brodeuse | Le Meur Joëlle, brodeuse | Le Guyader Odile, brodeuse et autrice | Pérennec Jean-Michel, brodeur | Tymen Maryvonne, brodeuse | Yaouank Raymonde, brodeuse[24].

1970 – 2023, Mamm ar Sonerion modifier

Viviane s'engage dès 1970 dans tous les grands événements musicaux bretons : Fête des filets bleus à Concarneau (1970 - 2000), Festival Interceltique de Lorient (1971 - 2019), la fête des binious maintenant Mondial Folk de Plozévet (1978 - 2008), le Festival de Cornouaille de Quimper (1980 - 2023)[3]. Elle choisit de s'impliquer dans des actions plus ciblées comme le Kan ar Bobl (Chant du peuple), créé sur une idée de Polig Montjarret et lancé par Pierre Guergadic et Francine Guilbault, membres fondateurs du Festival Interceltique de Lorient. Le Kan ar Bobl est un concours de culture bretonne (chant, musique, danse et contes).

En 1980, les organisateurs du concours de la plume de paon, concours de sonneurs en couple, demandent à Viviane de remettre le trophée au vainqueur. Martial Pezennec de la Bodadeg ar Sonerion (BAS) appelle Viviane sur scène en la nommant « Mamm Ar Sonerion » (Mère des sonneurs)[27]. Ce surnom est toujours utilisé[3].

Depuis sa création en 1995, Viviane s’implique dans l’organisation du trophée Yan Kaourintin Ar Gall[réf. nécessaire], maître sonneur de Pont-l'Abbé, luthier, conteur et transmetteur du Pays Bigouden. Le concours est organisé par la fédération Kenleur Penn-Ar-Bed, dans le cadre du Festival des Brodeuses, il a pour objectif la valorisation de la musique des Pays Bigouden et Cap Sizun.

En 2022, Viviane et Jean-Yves Le Drian sont sollicités pour parrainer les 70 ans du bagad de Lann-Bihoué. Pendant 20 ans (1980-2002) elle a brodé les fanions d’anniversaire du bagad (tous les 5 ans). En 2022, le fanion des 70 ans, est brodé par Odile Le Guyader[28].

Décorations modifier

On ne peut pas[style à revoir] citer toutes les reconnaissances, voici les deux plus importantes :

Publications modifier

Fiche d'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France modifier

Ministère de la Culture : Les savoir-faire de la broderie et de la dentelle en Bretagne (novembre 2021) (pdf) Numéro de la fiche : 2021_67717_INV_PCI_FRANCE_00504 : https://www.culture.gouv.fr/Media/Les-savoir-faire-de-la-broderie-et-de-la-dentelle-en-Bretagne

Ouvrages modifier

  • 1989 : La broderie en basse Bretagne en collaboration avec Geneviève Jouannic, Préface de Pêr-Jakez Heliaz - Droits offerts à l’association War'l Leur 29
  • 2007 : Broderie en Bretagne en collaboration avec Hélène Cario - Droits offerts à Épilepsie France
  • 2008 : Dentelles en Bretagne en collaboration avec Hélène Cario - Droits offerts à la Fondation Française pour la Recherche sur l'Epilepsie (FFRE)

Reportages modifier

Catalogues d'expositions modifier

  • De fil en aiguille. La broderie en Bretagne, Château de Kerjean-Saint Vougay, juin-septembre 1989 - Association Animation Château de Kerjean
  • Ils ont des chapeaux ronds. Vêtements et costumes en Basse-Bretagne, Quimper, Musée départemental breton, 1989 - Erwan Le Bris du Rest.

Notes et références modifier

  1. Institut Culturel de Bretagne : Viviane Hélias - https://www.skoluhelarvro.bzh/liste-hermines/viviane-helias/
  2. Coiffes et costumes des bretons – 07/06/2005 -Jean-Pierre Gonidec | Éditions Coop Breizh
  3. a b c d e f g h i j k l m n o et p Micheriou Roz - Les vieux métiers de Bretagne, les tailleurs et les brodeurs de costumes bigoudens et glaziks - Automne 2010 - Sauvetage des costumes au XXème siècle, la fée des costumes
  4. Micheriou Koz – Les brodeurs et brodeuses du pays Bigouden, édition trimestrielle de mars – avril 2004 - Les ateliers Le Minor
  5. Toul ar Choat, septembre 2008 - Viviane Hélias, son combat contre l'épilepsie
  6. a b et c Micheriou Koz – Les brodeurs et brodeuses du pays Bigouden, édition trimestrielle de mars – avril 2004 - Viviane Hélias
  7. ICI par France Bleu et France 3 : Valéry Giscard d'Estaing : le Président qui a "démarginalisé" la culture bretonne - https://www.francebleu.fr/infos/politique/valerie-giscard-d-estaing-le-president-qui-a-demarginalise-la-culture-bretonne-1606976782
  8. BECEDIA - Signature de la charte culturelle bretonne en 1977 https://bcd.bzh/becedia/fr/signature-de-la-charte-culturelle-bretonne-en-1977
  9. Ouest-France #Lorient – 27/10/1982 – L’art de la broderie fait son entrée au conservatoire régional de Lorient
  10. War’l eur 20 ans de broderie - http://filetsbleus.free.fr/costume/20ansdebrod.htm
  11. Ouest-France #Arts et culture - 04/08/2001 - Le fanion de Viviane
  12. Ouest-France #Education – 06/08/2005 – Le fanion brodé du champion
  13. a b et c Micheriou Koz – Les brodeurs et brodeuses du pays Bigouden, édition trimestrielle de mars – avril 2004
  14. Lizher’Minig, n° 27 de juillet 2010 - d’Îles en aiguilles, Viviane Hélias, présidente du jury
  15. Ouest-France #Bretagne - 18/06/2016 - Broderie de Basse-Bretagne, une réédition moderne
  16. BECEDIA - Viviane Hélias, brodeuse engagée - https://bcd.bzh/becedia/fr/viviane-helias-brodeuse-engagee
  17. Tous les ouvrages broderie, trimestriel avril 1995 - La broderie bigoudène
  18. Le Télégramme, Femina hebdo n°186/2000 du 25 juin 2000 – Femmes côté Bretagne : Viviane Hélias dans le cercle des brodeuses
  19. Magazine Bonne Soirée n°4033 du 26 mai 1999 - Elles ont la Bretagne au cœur, les broderies de la fée Viviane
  20. Ouest-France #Education - 09/04/1999 - Saint-Gabriel à l'heure bretonne
  21. Ouest-France #Lorient - 25/02/2013 - Les enfants sensibilisés à la culture bretonne
  22. Le Télégramme #Quimper – 30/08/2022 - Ma prof à moi : Pascal Jaouen et Viviane Hélias, brodeurs de mémoire
  23. BECEDIA - Viviane Hélias, Exposition outre-Atlantique https://vimeo.com/484367896
  24. a b c d et e Ministère de la Culture : Les savoir-faire de la broderie et de la dentelle en Bretagne (novembre 2021) (pdf) Numéro de la fiche : 2021_67717_INV_PCI_FRANCE_00504 https://www.culture.gouv.fr/Media/Les-savoir-faire-de-la-broderie-et-de-la-dentelle-en-Bretagne
  25. « La broderie sera-t-elle bientôt classée au patrimoine immatériel de l’Unesco ? » Accès payant, sur Ouest-France #Loctudy,
  26. Ouest France #Loctudy - 12/12/2021 - Loctudy. "Elle veut redonner vie à l’ancienne école de broderie de Kerazan"
  27. Le Télégramme #Quimper – 23/07/1997 – Vivianne Hélias, la mère des sonneurs
  28. Ouest-France #Arts et culture - 04/08/2003 - Viviane passe le fil à Odile
  29. Ouest-France #Arts et culture - 26/11/2007 - Deux bénévoles récompensés par un Gradlon
  30. Institut culturel de Bretagne https://www.skoluhelarvro.bzh/liste-hermines/viviane-helias/