Bénarès
Varanasi
Bénarès Varanasi | |||||
Administration | |||||
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Pays | Inde | ||||
État ou territoire | Uttar Pradesh | ||||
District | District de Vārānasī | ||||
Maire | Kaushalendra Singh | ||||
Fuseau horaire | IST (UTC+05:30) | ||||
Démographie | |||||
Population | 1 201 815 hab. (2011) | ||||
Densité | 10 706 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 25° 18′ 35″ nord, 82° 59′ 19″ est | ||||
Superficie | 11 226 ha = 112,26 km2 | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : Inde
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Géolocalisation sur la carte : Uttar Pradesh
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Bénarès[1] (en hindi : बनारस, banāras, /bən̪ɑːɾəs̪/, en ourdou : بنارس) ou Varanasi (en hindi : वाराणसी, vārāṇasī, /ʋɑrɑɳɐsiː/[n 1], en ourdou : وارانسی), située dans l'État indien de l'Uttar Pradesh est la ville la plus sacrée de l'hindouisme[2] et du jaïnisme. Située sur la rive gauche du Gange, la plus sainte des sept rivières sacrées de l'Inde, la ville est considérée comme l'une des plus anciennement habitées du monde[3]. Dédiée principalement à Shiva, elle est la cité qui accueille le plus de pèlerins en Inde[2].
Varanasi est également réputée pour sa production de soie et le benares gharana, un style de tabla. Elle était la capitale de la principauté de Bénarès jusqu'en 1947. Varanasi est aujourd'hui le chef-lieu de la division de Varanasi et du district de Vārānasī.
Toponymie
modifierLe nom « Varanasi » vient probablement de la contraction des noms de deux affluents du Gange[4], la Varuna, qui coule toujours dans la ville, et l'Assi, non visible si ce n'est un ruisseau près du ghat de l'Assi. Selon une autre hypothèse, le nom proviendrait directement de celui de la rivière Varuna, autrefois appelée Varanasi[5].
Dans le Rigveda, la ville est appelée Kasi ou Kâshî, « la Lumineuse » ou « la Resplendissante » (Ville resplendissante de toutes les lumières)[6], en référence à son statut de centre d'érudition, de littérature et de culture[7]. À travers l'histoire, Varanasi a été connue par d'autres noms, notamment Avimukta (« jamais oubliée », en référence à Shiva), Anandavana (« forêt de béatitude ») et Rudravasa (« là où Shiva (Rudra) réside »)[8].
Géographie
modifierÉtant située au centre de la vallée du Gange, la région autour de la ville est très fertile, grâce aux crues du fleuve qui humidifient la terre et permettent ainsi de pratiquer la riziculture. L'agglomération de Varanasi occupe une surface de 112,26 km2.
Climat
modifierLa ville est soumise à un climat tropical humide avec de grandes variations de température entre l'été et l'hiver. Les étés sont longs (d'avril à octobre) avec une saison des moussons de fin juin à mi-septembre. Les vents frais venant de l'Himalaya expliquent les faibles températures d'hiver, qui a lieu à Bénarès durant les mois de décembre à février. La température varie en été entre 32 °C et 46 °C et entre 5 °C et 15 °C durant l'hiver. En moyenne, les précipitations sont de 1 100 mm pour l'année.
Histoire
modifierBien que la tradition la fasse remonter à 3 000 ans avant notre ère, la ville de Varanasi a été probablement fondée au VIIe siècle av. J.-C., ce qui en fait l'un des plus anciens centres urbains continuellement occupé. Antique centre d'études religieuses, c'est dans sa périphérie, à Sarnath, localité située à dix kilomètres au nord, que le Bouddha fait son premier sermon après son Illumination. La ville est mentionnée dans les épopées hindoues du Mahabharata et du Ramayana.
Symbole emblématique de l'hindouisme, elle est pillée ou détruite plusieurs fois par différentes dynasties musulmanes, la première fois par l'armée des Ghaznévides en 1033, les matériaux des temples détruits étant réutilisés pour construire des mosquées. La dernière campagne de destruction est menée par l'empereur moghol Aurangzeb qui renomme la ville Mohammadabad. La ville passe sous contrôle britannique en 1775.
Cette histoire mouvementée explique les tensions constantes entre les communautés dans la ville[9] et la rareté de monuments anciens. La plupart des temples de Bénarès datent des XVIIe et XVIIIe siècles[10]. Cependant elle garde de façon permanente son caractère sacré et sa position de ville majeure de l'hindouisme.
Le poète et réformateur religieux Kabîr, le poète Tulsîdâs et l'acharya Râmeshvar Jhâ y passèrent la majeure partie de leur vie.
La vallée de Bénarès pratique historiquement la culture du pavot de grande qualité à partir duquel est produit l'opium, cette production est contrôlée par l'Empire britannique au XIXe siècle[11],[12].
Le , la ville de Varanasi connaît un triple attentat, revendiqué par le Lashkar-e-Qadar[13].
Démographie
modifierEn 1980, la ville compte 800 000 habitants[14].
Patrimoine
modifierLa ville de Varanasi est surtout célèbre pour ses dizaines de ghats[15], 84 au total, qui s'étirent sur 6,8 km le long de la rive gauche du Gange (qui épouse à Bénarès une forme de croissant[16]). Les ghats sont des escaliers de pierres qui permettent d'accéder au fleuve. Mourir à Varanasi est réputé effacer tous les péchés et mettre un terme au cycle des renaissances, raison pour laquelle des milliers d'hindous souhaitent rendre leur dernier souffle dans cette ville[15]. Deux ghats sont dédiés à la crémation des morts[15], le plus fameux étant Manikarnika. Il est l'un des plus anciens et des plus sacrés de tous les gaths de Varanasi[17].
En outre, vers 1740, Jai Singh II de Jaipur construit en surplomb du Man Mandir Ghat un de ses cinq observatoires astronomiques.
Des quelque 1500 temples que compte la ville[10],[18],[19], le plus important est le Kashi Vishwanath ou « temple d'or ». Construit au Xe siècle, il fut plusieurs fois détruit et remplacé par une mosquée. L'édifice actuel, construit de 1750 à 1777, grâce à Ahilya Bai d'Indore, remplace celui détruit par Aurangzeb. Son accès est interdit aux non hindous. Cependant, du fait des destructions lors des conquêtes musulmanes, la plupart des temples anciens ont disparu, et les édifices actuels remontent essentiellement aux XVIIe – XVIIIe siècles[10]. Le Bharat Kala Bhavan (en) un célèbre musée dont la collection de peintures indiennes, essentiellement des miniatures, est probablement la plus riche du monde[réf. nécessaire].
La ville est aussi renommée pour son artisanat : saris de soie brodés, instruments de musique, enluminures, joaillerie, bronzes. Le tourisme occupe également une place de choix dans l'économie locale. Selon le JNNURM, « l'économie globale de la région est dominée par le tourisme »[20]. Les chiffres du tourisme pour 2019 font état de sept millions et demi de touristes indiens et 400 000 touristes internationaux qui ont visité Varanasi - Sarnath[21].
La culture musicale de la ville et ses dynamiques ont permis à la ville de rejoindre le réseau des villes créatives de l'UNESCO en 2015, dans le domaine de la musique[22].
Année de la France en Inde
modifierBénarès fut une des villes indiennes inscrites par une commission mixte franco-indienne pour l'Année de la France en Inde en 1989. L'événement est lancé à Bombay par François Mitterrand le 3 février 1989[23]. À cette occasion furent organisées plusieurs expositions et manifestations sur le patrimoine, la culture, et le lancement de l'assistance française pour la dépollution du Gange.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Prononciation en hindi retranscrite phonétiquement selon la norme API.
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Varanasi » (voir la liste des auteurs).
- Nom usuel francophone selon la division francophone du Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques de l'ONU : Bénarès.
- (en) Constance Jones et James D. Ryan, Encyclopedia of Hinduism, New York, Checkmark Books, coll. « Encyclopedia of World Religions », , 552 p. (ISBN 978-0-8160-7336-8 et 0-8160-7336-8, EAN 9780816073368, OCLC 488721950, lire en ligne), p. 69-70.
- (en) Bénarès sur l’Encyclopædia Britannica
- Inde du Nord. Vallée du Gange, marches du Deccan. Paris, Hachette, coll. « Guides Bleus », 1998, p. 284.
- Stanislas Julien. Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l'Inde, Paris, 1853 (Lire en ligne - Consulté le 15 juillet 2020)
- Mireille-Joséphine Guézennec, Bénarès : Kâshî-Vârânasî : voyage initiatique dans la capitale spirituelle de l'Inde, L'àpart Éditions,
- (en) Shrikant G. Talageri, « The Geography of the Rigveda » [PDF], New Delhi, Aditya Prakashan, (consulté le ).
- (en) « Varanasi: About the city », Office du tourisme de l'Uttar Pradesh (consulté le ).
- « À la différence des violences ponctuelles opposant des hindous à des sikhs ou à des chrétiens, les émeutes entre hindous et musulmans constituent une donnée ancienne, voire structurelle de l'univers social et politique indien. Certains récits de voyageurs en apportent d'ailleurs le témoignage dès le XIVe siècle.[…] Un dernier exemple est fourni par Bénarès (une émeute un an sur deux au cours de la décennie) dont les musulmans (26 %) participèrent de plus en plus activement à l'industrie de la soie et au commerce (notamment pour les fameux saris de Bénarès). » Christophe Jaffrelot, « Les émeutes entre hindous et musulmans : essai de hiérarchisation des facteurs culturels, économiques et politiques (partie 1) », (consulté le )
- François Durand-Dastès, « Bénarès», Encyclopædia Universalis [en ligne] (Consulté le 15 juillet 2020).
- Christine Debue-Barazer, Geneviève Baudouin, François Tillequin, Le pavot, l'opium et les objets associés au Musée de matière médicale de la Faculté de pharmacie de Paris, Revue d'Histoire de la Pharmacie, Année 2002 n° 336, p. 562
- Julie Lerat et Christophe Bouquet, Arte France, Histoire du tafic de drogue I, Documentaire, 2020
- « La ville sainte de Bénarès frappée par une série d'explosions », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
- Claudine Vernier-Palliez, « Les bienheureux du Gange », Geo, no 16, , p. 38-60
- Catherine Clémentin-Ojha, « Bénarès, auj. Varanasi » in Collectif, Dictionnaire de l'Inde, Paris, Larousse, coll. « à présent », 2009, p. 128-129.
- JNNURM 2006, p. 48.
- JNNURM 2006, p. 49.
- Mathieu Impr. moderne de Bayeux), Quand le temple prend vie : athmosphère et dévotion à Bénarès, CNRS éd, (ISBN 2-271-06117-2 et 978-2-271-06117-1, OCLC 469380650, lire en ligne)
- Elizabeth Chalier-Visuvalingam, Bhairava : terreur et protection : mythes, rites et fêtes à Bénarès et à Katmandou, P.I.E.-Peter Lang, (ISBN 90-5201-173-7 et 978-90-5201-173-8, OCLC 54400649, lire en ligne)
- JNNURM 2006, p. 28.
- The Indian and Foreign tourist visits in important tourist places of Uttar Pradesh in year 2015 to 2019 (Consulté le 15 juillet 2020) Voir « 5. Varanasi ». Les chiffres donnés cumulent les données de Varanasi et Sarnath.
- « 47 villes rejoignent le Réseau des villes créatives de l’UNESCO », sur UNESCO, (consulté le )
- « 1er-3 février 1989 - France – Inde. Voyage du président François Mitterrand en Inde », Encyclopædia Universalis (en ligne, consulté le 16 juillet 2020)
Bibliographie
modifier- Xavier Armange, Bénarès : au-delà de l'éternité, Nantes, Éditions d'Orbestier, , 144 p., 23 × 30 cm (ISBN 978-2-84238-110-3 et 2-84238-110-6, EAN 978-2842381103).
- (fr + en) Bénarès. Un voyage d'architecture. An architectural voyage (Textes et documents réunis par Pierre-daniel (sic) Couté et Jean-Michel Léger), Paris, Editions Créaphis, , 250 p. (ISBN 2-907150-09-X, lire en ligne)
- Caterina Guenzi, Le discours du destin : la pratique de l'astrologie à Bénarès, Paris, CNRS, coll. « Bibliothèque de l'anthropologie », , 446 p. (ISBN 978-2-271-07713-4, OCLC 859752613).
- Mireille-Joséphine Guézennec, Bénarès : Kâshî-Vârânasî : voyage initiatique dans la capitale spirituelle de l'Inde, Turquant, L'àpart Éditions, , 441 p. (ISBN 978-2-36035-205-0 et 2-36035-205-9, EAN 978-2-36035-205-0). (Voir présentation et sommaire Consulté le 15 juillet 2020)
- Savitri Jalais et Pierre Clément (dir.), Développement des ghâts à Bénarès : dispositif architectural et espace urbain (thèse de doctorat en architecture), Paris, Université Paris Est, .
- Michel Onfray, Les Bûchers de Bénarès : Cosmos, Éros et Thanatos, Paris, Galilée, , 113 p. (ISBN 978-2-7186-0783-2).
- En anglais
- (en) Madhuri Desai, Banaras reconstructed : architecture and sacred space in a Hindu holy city, University of Washington Press, 2017, 292 p. (ISBN 978-0-295-74160-4) (texte remanié d'une thèse)
- [Eck 1982] (en) Diana L. Eck, Banares : City of light, New York, Knopf, , 427 p. (ISBN 978-0-7102-0236-9)
- (en) Jaya Jaitly, Woven textiles of Varanasi, Niyogi Books, New Delhi, 126 p. (ISBN 978-93-8309837-8).
- (en) Vidula Jayaswal et B.R. Mani, Early history of Varanasi : recent excavations at Rajghat, Aryan Books International, New Delhi, Jñāna-Pravāha, Varanasi, 2016, 166 p. (ISBN 978-81-7305-548-5).
- (en) Vidula Jayaswal, The Buddhist Landscape of Varanasi, Aryan Books International, New Delhi, 2015, 220 p. (ISBN 978-81-7305-541-6)
- [Schilder & Callewaert 2000] (en) Robert Schilder et Winand M. Callewaert, Banaras : Visions of a living ancient tradition, New Delhi, Hemkunt Publishers, , 128 p. (ISBN 81-7010-302-9)
- (en) Rana P.B. Singh, Banaras : Making of India's Heritage City, Cambridge, Cambridge Scholars Publishing, , 435 p. (ISBN 978-1-4438-1321-1)
- (en) Rana P. B. Singh & Pravin Rana, Banares Region : A Spiritual and Cultural Guide, Varnasi, Indica Books, , 404 p. (ISBN 978-81-86569-24-5)
- (en) JNNURM (Jawaharlal Nehru National Urban Renewal Mission), « City Development Plan for Varanasi », (consulté le )
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Stella Deetjen
- Principauté de Bénarès, ancienne principauté
- Munshi Premchand, écrivain né et mort à Bénarès
- Gare de Varanasi-Junction
- Gary Lee, qui a photographié beaucoup d'hommes de Varanasi
Liens externes
modifier- Le palais du Maharadjah de Bénarès
- Scènes des ghats de Bénarès du long métrage Jaya, fille du Gange de Vijay Singh
- Bénarès sur OpenStreetMap.