Variations sérieuses
Les Variations sérieuses opus 54, est un cycle de 17 variations pour piano de Felix Mendelssohn. Composées en 1841, elles sont publiées à Vienne en 1842. C'est une des œuvres les plus jouées du compositeur[1].
Variations sérieuses opus 54 | |
Genre | Variations pour piano |
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Nb. de mouvements | 17 |
Musique | Felix Mendelssohn |
Effectif | piano |
Durée approximative | environ 10 minutes |
Dates de composition | |
Commanditaire | Pietro Mecchetti |
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Historique
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Fichier audio | |
'Variations sérieuses' Op 54 Felix Mendelssohn |
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Jouées en public par Mark Gasser | |
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En , l'éditeur Pietro Mecchetti lance une récolte de fonds visant à ériger un monument en hommage à Ludwig van Beethoven à Bonn, sa ville natale. Mecchetti demande à Mendelssohn, ainsi qu'à Liszt, Chopin, Moscheles ou Czerny, de contribuer à une publication collective qui paraît en [2],[3]. La Fantaisie op. 17 de Robert Schumann est publiée à cette occasion.
Mendelssohn termine l'écriture de ses Variations sérieuses le [3]. C'est le seul contributeur à s'être astreint à une forme classique, les autres compositeurs préférant des impromptus ou nocturnes[3]. Mendelssohn a sans doute choisi cette forme en référence aux nombreux ensembles de variations écrits par Beethoven[3]. Le qualificatif de « sérieuses » lui sert à se différencier des « variations brillantes », souvent basées sur des airs célèbres, à la mode à cette époque[4].
Dans la foulée des Variations sérieuses, il écrit deux autres ensembles de variations : les Variations en mi bémol majeur opus 82 () et les Variations en si bémol majeur opus 83 ([3]. Les Variations sérieuses sont les seules variations publiées de son vivant[1].
Les Variations sérieuses sont bien reçus par leurs contemporains, s'attirant les éloges de revues comme Allgemeine musikalische Zeitung ou Neue Zeitschrift für Musik[5]. Ignaz Moscheles, ami de Mendelssohn, a déclaré « J'ai beau jouer les Variations sérieuses encore et encore, à chaque fois leur beauté me séduit »[réf. souhaitée]. Elles ont inspiré plusieurs compositeurs, comme Brahms, Franck, Reger, Busoni ou Bartók[5].
À propos de la musique
modifierFelix Mendelssohn choisit de structurer ses variations d'une façon assez rigoureuse et classique : même tonalité, groupement des variations par paires, évolution amplificatrice sur la mélodie, l'harmonie et le rythme[3]. On y trouve une fugue et un choral, comme dans les 32 variations en do mineur de Beethoven, qui pourraient être une des inspirations de Mendelssohn[3]. Dans l'ensemble, les variations conservent la structure métrique et harmonique du thème, même si elles s'en éloignent progressivement[3].
Plusieurs variations fonctionnent par paires : par exemple, les 8 et 9 amplifient le matériau utilisé ; les 16 et 17, inversent le rôle entre les mains droite et gauche[3].
Le thème original du compositeur en ré mineur, chromatique et pathétique, reflète l'esprit du choral et rappelle l'amour de Mendelssohn pour Bach[1],[6].
Les variations sont plutôt courtes, et sont très différentes dans leur style, même si le ton reste sérieux, comme n'annonce le titre : on y entend du Brahms, de la virtuosité, des canons, des lieder[1]… Le recueil se termine de façon dramatique, avant de brusquement arriver aux accords finaux, plus tranquilles et dans l'esprit du thème[1].
Structure
modifier- Thème : Andante sostenuto Le thème, d'une longueur de seize mesures, est construit en deux parties. L'harmonie, à quatre voix, est à la fois simple et très chromatique ; après une modulation en fa majeur à la 8e mesure, le thème se termine en ré mineur[4].
- Variation I Cette première variation, qui ressemble à une invention de Bach[1], suit la forme du thème, avec une voix intérieure en doubles croches, et des basses en octaves staccato[7].
- Variation II : Un poco più animato Les doubles croches laissent ici place à des sextuplets[7].
- Variation III : Più animato Des accords à la main droite répondent aux octaves à la main gauche[7]. Plus dense, elle possède une urgence qui rappelle Beethoven[1].
- Variation IV Sous forme d'un petit scherzo[1], cette variation utilise le principe de l'imitation, à la manière d'une invention de Bach[7].
- Variation V : Agitato Assez proche du thème, ce choral[1] a une main gauche syncopée et une pédale en ré[7].
- Variation VI Mendelssohn alterne les registres graves et aigus du piano[7].
- Variation VII Ici ce sont les textures qui alternent, entre accords et arpèges[8].
- Variation VIII : Allegro vivace Un flux continu de triolets de doubles croches nous éloigne du thème, même si l'harmonie reste la même[8].
- Variation IX Les deux mains jouent des triolets de doubles croches[8].
- Variation X : Moderato Cette variation marque une pause dans la progression dramatique, avec un fugato à quatre voisx[9].
- Variation XI Cette variation cantabile peut évoquer Schumann[9].
- Variation XII : Tempo di tema Des accords et octaves très rapides alternent aux deux mains[9].
- Variation XIII L'énergie rythmique reste, mais avec le thème joué à la main gauche[10].
- Variation XIV : Adagio Il s'agit de la seule variation en ré majeur[10].
- Variation XV De retour en ré mineur, cette variation introduit les deux dernières, avec des syncopes entre les deux mains[10].
- Variation XVI : Allegro vivace Cette variation marque le retour au tempo des variations 8 et 9, avec des triolets de doubles-croches. Les deux mains alternent pour jouer des accords brisés[10].
- Variation XVII Cette dernière variation continue sur le rythme de la suivante, avec une inversion du rôle des mains[10]. Après une cadence arrive une coda virtuose (Presto) de 38 mesures, qui commence par des accords alternés aux deux mains[5].
Notes et références
modifier- (en) James Reel, « Description des Variations sérieuses », sur allmusic.com (consulté le ).
- (en) R. Larry Todd, Mendelssohn – A Life in Music, Oxford - New York, Oxford University Press, , 683 p. (ISBN 0-19-511043-9).
- Antoine Bienenfeld, « Les Variations sérieuses opus 54 de Felix Mendelssohn : Entre héritage et modernité (Première partie) », L'Éducation musicale, (lire en ligne, consulté le ).
- Fogg 2015, p. 48.
- Fogg 2015, p. 53.
- (en) « Variations Sérieuses », sur pianosociety.com (consulté le ).
- Fogg 2015, p. 49.
- Fogg 2015, p. 50.
- Fogg 2015, p. 51.
- Fogg 2015, p. 52.
Bibliographie
modifier- François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 869 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083), p. 493–494.
- Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1859–1860 p. (ISBN 978-2-221-08566-0).
- (en) Ryan Fogg, « A Closer Look at Mendelssohn’s Variations sérieuses », Clavier Companion, , p. 48-53 (lire en ligne).
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :