Le vert anglais est un nom commercial recouvrant plusieurs teintes de vert et plusieurs pigments et préparations.

Fauteuil réalisé par Georges Jacob (1739-†1814, Maître en 1765)[1]. Ce siège est recouvert de velours de soie vert anglais, galonné d’or.

Actuellement, il semble que le vert anglais évoque, en ce qui concerne les peintures d'automobiles, le British Racing Green des voitures de course d'autrefois ; pour les beaux-arts et la décoration, deux verts assez soutenus, l'un dit clair et tendant vers le jaune, et l'autre dit foncé et tendant vers le bleu.

Historique modifier

« Le vert anglais est la couleur verte qui existe dans le commerce sous le plus grand nombre de variétés ; c'est un produit complexe formé d'arseniate de cuivre (vert de Scheele) et de plusieurs matières blanches comme le sulfate de baryte et le sulfate de chaux. (...) Le plus beau possède une teinte vert-pomme, et la qualité inférieure est feuille-morte. »

— Jules Lefort, Chimie des couleurs, 1855[2].

La teinte de la meilleure qualité et la composition sont très similaires à celle du vert Véronèse.

La dénomination vert anglais est attestée, comme couleur du commerce, dans l'Encyclopédie Panckoucke en 1784[3], peu de temps après l'invention de Scheele, en 1775[4]. Le vert anglais se classe dans les verts clairs[5]. Selon une autre source, le vert anglais est un « mélange de chromate de plomb et de bleu de Prusse avec une proportion variable de sulfate de baryte » et se trouve aussi au milieu du XIXe siècle sous le nom de Cinabre vert, tandis que parfois le même nom désigne du vert de Scheele ou une autre composition avec ce dernier appelée vert minéral[6]. On appelle aussi parfois vert anglais le vert Milory, dont son inventeur tient la recette secrète[7].

Le nom de vert anglais s'emploie rapidement et constamment dans la mode, signifiant un vert quelquefois clair[8] et souvent foncé[9]. Ce vert est fabriqué par mélange de pigments bleus et jaunes.

La toxicité du vert anglais le fait d'abord interdire, en France, dans la préparation des bonbons, pastilles, dragées et liqueurs[10], avant de le faire remplacer, dans les nuanciers de marchands de couleurs, par des mélanges d'autre pigments, formant les nuances désirées de vert. En revanche, on trouve, pour l'horticulture, des préparations dites de vert anglais utilisées comme pesticide.

Au milieu du XIXe siècle, le chimiste Leclaire propose aux artistes deux verts anglais : le vert anglais clair et le vert anglais foncé, l'un et l'autre à base de zinc[11]. Avant la fin du siècle, la dénomination vert anglais ne renvoie plus à un pigment ou à une teinte bien définie. De 1876 à 1930 Lefranc vend six couleurs vert anglais[12].

Actualité modifier

On retrouve deux nuances au moins de vert anglais dans les catalogues des marchands de couleur[13] jusqu'à aujourd'hui. Le nuancier Sennelier comprend le vert anglais clair et tirant sur le jaune, et le vert anglais foncé et tirant sur le bleu. Chez Winsor & Newton, le numéro 147 est désigné en anglais « chrome green deep (hue) » (teinte de vert oxyde de chrome), et en français vert anglais[14].

Pour Roelofs et Petillion 2012, p. 142, le vert anglais foncé est le vert de Hooker, à l'origine un mélange de bleu de Prusse et de gomme-gutte[15], deux pigments aujourd'hui généralement remplacés ; mais dans le nuancier aquarelle Sennelier, vert de Hooker et vert anglais foncé sont deux nuances et deux compositions de pigments distinctes.

La BRP BRM P25 de Stirling Moss peinte dans sa propre nuance de British racing green, entourée de deux autres, peintes dans un autre vert d'équipe britannique de course automobile.

Ce nom de couleur peut désigner le vert, variable, des automobiles de course britanniques (British Racing Green), à l'époque où les couleurs nationales étaient obligatoires. Pour la peinture automobile de série, le nom vert anglais renvoie à des nuances de vert sombre assez intense.

C'est aussi, en général, le cas dans le contexte de la mode.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. pour l'ameublement du Cabinet doré de Marie-Antoinette. Établissement public du musée et du domaine national du Château de Versailles, Conférence de presse du 9 février 2010, § « L’agencement des appartements », p. 22.
  2. Jules Lefort, Chimie des couleurs pour la peinture à l'eau et à l'huile : comprenant l'historique, la synonymie, les propriétés physiques et chimiques, la préparation, les variétés, les falsifications, l'action toxique et l'emploi des couleurs anciennes et nouvelles, Paris, Masson, (lire en ligne), p. 326-327 ; voir aussi le Manuel du fabricant de couleurs, t. 2, 1884, pp. 224-225 cité par le Trésor de la langue française, et le Dictionnaire de chimie industrielle, 1898.
  3. G.T. Douin, « Dictionnaire des teinturiers », dans Jean-Marie Roland de La Platière, Encyclopédie Méthodique — Manufactures, arts et métiers, t. 4, Paris, Panckoucke, (lire en ligne), p. 195.
  4. Philip Ball (trad. Jacques Bonnet), Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments [« Bright Earth: The Invention of Colour »], Paris, Hazan, , p. 227.
  5. R.-L. Brégeaut et Édouard Knecht, Manuel de l'imprimeur lithographe, (lire en ligne).
  6. Nouveau Dictionnaire lexico graphique et descriptif des sciences médicales et vétérinaires, Paris, 1851.
  7. Lefort 1855, p. 325.
  8. « le cachemire a eu le bon esprit de prendre, pour l'été, la forme légère de l'écharpe, et de choisir le bleu de ciel, le vert anglais, le jaune turc et autres nuances tendres pour ses fonds », Le Cocher, 4 avril 1846 lire en ligne.
  9. « le vert sombre, vernissé, le vert anglais de la jungle africaine », Revue des deux mondes, 1900
  10. Instruction du Conseil d'hygiène et de salubrité publique de la Seine, 1862.
  11. Dictionnaire des inventions, 1852 ; La vérité sur le blanc de zinc, 1852.
  12. Kate Stonor et Rachel Morrison, « Adolphe Monticelli: The Materials and Techniques of an Unfashionable Artist », National Gallery Technical Bulletin, vol. 33,‎ (lire en ligne) ; Anne Robbins et Kate Stonor, « Past, Present, Memories: Analysing Edouard Vuillard’s ‘La Terrasse at Vasouy’ », National Gallery Technical Bulletin, vol. 33,‎ (lire en ligne)
  13. La science française, 21 juillet 1896.
  14. Dans ce catalogue, le mot hue signifie qu'il s'agit d'une imitation.
  15. Philip Ball (trad. Jacques Bonnet), Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments [« Bright Earth: The Invention of Colour »], Paris, Hazan, , p. 207