Victory ship

Classe de navires cargo

Les Victory ships formaient une classe de navires cargo polyvalents, produits en grande quantité dans les chantiers américains pendant la Seconde Guerre mondiale, pour remplacer les pertes dues aux U-Boote allemands. Conçus en tenant compte de l'expérience acquise avec leurs aînés les Liberty ships, ces navires furent construits en 543 exemplaires en un temps record.

Victory ships
illustration de Victory ship
Alignement de Victory et Liberty ships à la California Shipbuilding Corporation, avril 1944

Type Cargos polyvalents
Histoire
Chantier naval six chantiers aux États-Unis
Lancement 12 janvier 1944 (SS United Victory)
Mise en service Mars 1944 (SS United Victory)
Équipage
Équipage 62 civils, 28 militaires
Caractéristiques techniques
Longueur 139 m[1]
Maître-bau 19 m
Tirant d'eau 7,6 m
Déplacement 15 200 tonnes
Port en lourd 10 600 tpl
Tonnage 7 200 tjb, 4 300 net
Puissance 5 500 à 8 500 chevaux
Vitesse 15 à 17 nœuds

Conception

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Une des premières décisions de la War Shipping Administration américaine, à sa formation en , fut de commencer la conception de cette classe de navires, connue à l'époque sous le code de EC2-S-AP1 : EC pour Emergency Cargo, type 2 pour la longueur de flottaison comprise entre 400 et 450 pieds, S pour la propulsion à vapeur (Steam) à une hélice ; les Liberty ships avaient le code EC2-S-C1. Le code fut changé en VC2-S-AP1 lorsque ces navires furent officiellement nommés « Victory ships » le [1].

Par rapport aux Liberty ships, déjà construits en très grande quantité, les Victory représentaient une grande avancée, notamment une vitesse de 15 à 17 nœuds contre 11 pour les Liberty et un rayon d'action plus élevé. La vitesse accrue leur permettait de mieux échapper aux sous-marins allemands ; elle était atteinte en remplaçant la machine à vapeur à triple expansion des Liberty par des moteurs plus puissants, comme des machines à vapeur type Lenz, des turbines à vapeur ou des moteurs Diesel, pour une puissance comprise en 6 000 et 8 500 chevaux (4,5 à 6,3 MW). La plupart utilisaient du fioul lourd comme carburant, quoique certains navires canadiens purent utiliser à la fois du pétrole et du charbon.

Leur coque était également renforcée, en raison de fractures subies par certains Liberty. L'espacement des renforts longitudinaux fut porté à 914 mm (contre 762 mm) afin d'améliorer la flexibilité de la coque et sa ductilité. Les Victory étaient également plus grands[1]. Leur apparence était modifiée par leur étrave plus verticale et légèrement courbée et leur poupe « croiseur ».

Les modèles VC2-S-AP2, VC2-S-AP3 et VC2-M-AP4 étaient armés d'un canon arrière de 5 pouces contre les sous-marins, d'un canon avant anti-aérien de 3 pouces, et de huit canons de 20 mm anti-aériens. Les canons étaient manœuvrés par des marins de l'United States Navy. Les modèles VC2-S-AP5, plus connus sous le nom de navires d'assaut de classe Haskell, étaient armés d'un canon de 5 pouces à la poupe, un affut quadruple de canons Bofors de 40 mm, quatre affuts bitubes Bofors de 40 mm , et dix canons de 20 mm. Les Haskell étaient manœuvrés uniquement par les marins de l'US Navy.

Construction

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Des Victory alignés à un chantier américain.

Le premier navire construit est le SS United Victory, lancé aux chantiers Oregon Shipbuilding Corporation le et terminé le  ; il démarre son voyage inaugural un mois plus tard. Les navires américains avaient en général un nom incluant le mot Victory, tandis que les navires britanniques et canadiens utilisaient respectivement Fort et Park. Après le United Victory, les 34 navires suivants furent nommés d'après des pays alliés, puis 218 suivants d'après des villes américaines, puis 150 d'après des institutions éducatives, et le reste avec des noms divers. Les navires d'attaque de type AP5 furent nommés d'après des cantons des États-Unis, sans le mot Victory, à l'exception du USS Marvin H. McIntyre, nommé d'après le secrétaire personnel de Roosevelt.

Si les premières unités sont construites lentement (seules 15 sont finies en ), les 531 unités suivantes furent finies avant la fin de la guerre. 132 navires étaient encore en construction ou en commande à la fin de la guerre et furent décommandés ; 3 furent finis pour l'Alcoa Steamship Company, portant le total des navires construits aux États-Unis à 534, dont :

Type Nombre construit Notes
VC2-S-AP2 272 Moteur de 6 000 hp (4,5 MW)
VC2-S-AP3 141 Moteur de 8 500 hp (6,3 MW)
VC2-M-AP4 1 Moteur Diesel
VC2-S-AP5 117 Class Haskell
VC2-S-AP7 3 Finis après la guerre

Les 414 premiers navires étaient des cargos standard, tandis que 117 suivants étaient des navires d'attaque[1]. Seuls deux furent coulés par des U-Boote, mais la bataille de l'Atlantique était quasiment gagnée quand les premières unités commencèrent leurs voyages. Les navires coulés furent le Fort Bellingham and Fort St. Nicholas. Dans le Pacifique, les Kamikazes japonais coulèrent le Logan Victory, le Hobbs Victory et le Canada Victory en . Le Baton Rouge Victory coula dans le delta du Mékong à cause d'une mine Viet-Cong en , et bloqua temporairement le canal de Saigon[1].

Après la guerre, de nombreux Victory furent convertis pour d'autres utilisations que le transport maritime « conventionnel ». L'unique VC2-M-AP4, muni d'un moteur Diesel et nommée Emory Victory, fut affecté aux eaux de l'Alaska par le Bureau des affaires indiennes sous le nom de North Star III[1]. Les types AP3 South Bend Victory et Tuskegee Victory furent convertis en navires de recherche hydrographique, sous le nom de USNS Bowditch et USNS Dutton[1]. Le Dutton permit de retrouver une bombe à hydrogène perdue à la suite de l'accident nucléaire de Palomares[2].

À partir de 1959, plusieurs Victory furent enlevés de la flotte de réserve et utilisés par la NASA. Un de ces navires était le Kingsport Victory, renommé USNS Kingsport, converti pour devenir le premier navire de communication satellite au monde. Un autre était le Haiti Victory, qui récupéra le premier objet artificiel à revenir de l'espace, le nez du satellite Discoverer 13, le . Le USS Sherburne fut converti en 1969-70 pour devenir le USNS Range Sentinel, navire d'instrumentation servant à suivre les essais de missiles balistiques[1].

Dans les années 1960, deux Victory furent réarmés et convertis en navires de recherche technique par l'US Navy, avec le symbole de coque AGTR. L’Iran Victory devint le USS Belmont (AGTR-4), le Simmons Victory devint le USS Liberty (AGTR-5). Le Liberty fut attaqué et endommagé par les forces israéliennes en . Le Belmont fut rayé du service actif en 1970.

Chantiers

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La plupart des Victory ships furent construits dans six chantiers de la côte Ouest des États-Unis, ainsi qu'aux chantiers d'urgence de Baltimore qui émergèrent durant la Seconde Guerre mondiale pour construire les Liberty. Les Victory étaient conçus pour pouvoir être construits avec les plus petites grues de ces chantiers[1]. Quelques navires furent également construits dans des chantiers britanniques et canadiens.

Production américaine des Victory ships[3],[4]
Chantier Lieu Unités Type Unités Numéros de coque Notes
Bethlehem Fairfield Baltimore 94 VC2-S-AP2 93 602-653, 816-856 23 autres annulés
VC2-M-AP4 1 654 Moteur Diesel
California Shipbuilding Wilmington (Californie) 131 VC2-S-AP3 32 1-24, 27, 29, 31-33, 37, 41, 42
VC2-S-AP5 30 25, 26, 28, 30, 34-36, 38-40, 43-62 63-66 transférés à Vancouver (numéros 812-815)
VC2-S-AP2 69 67-84, 767-811, 885-890 10 autres annulés
Kaiser Shipbuilding Vancouver (Washington) 31 VC2-S-AP5 31 655-681, 812-815 17 autres annulés
Oregon Shipbuilding Portland 136 VC2-S-AP3 99 85-116, 147-189, 682-701, 872-875 19 autres annulés
VC2-S-AP5 34 117-146, 860-863 12 autres annulés
VC2-S-AP7 1 866 AP5 à l'origine
VC2-S1-AP7 2 876, 877 AP3 à l'origine
Permanente/Kaiser Yard #1 Richmond (Californie) 53 VC2-S-AP3 10 525-534
VC2-S-AP2 43 535-550, 581-596, 702-711
Permanente/Kaiser Yard #2 89 VC2-S-AP5 22 552-573
VC2-S-AP2 67 574-580, 597-601, 712-766

Les Victory survivants

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Plusieurs Victory sont maintenant des navires-musées :

Quelques-uns font partie de la flotte de réserve des États-Unis. D'après l'inventaire de la United States Maritime Administration du , cette flotte de réserve incluait :

Annexes

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Sources

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  1. a b c d e f g h et i John A. Culver, « A time for Victories », dans United States Naval Institute Proceedings, février 1977, pp. 50-56.
  2. Lewis B. Melson, « Contact 261 » dans United States Naval Institute Proceedings, juin 1967.
  3. WWII Construction Records - Private-Sector Shipyards that Built Ships for the U.S. Maritime Commission
  4. Victory Ships built by the United States Maritime Commission during World War II - Listed by Shipyard

Articles connexes

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Liens externes

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