Vol spatial habité

type de vol spatial

Un vol spatial habité est un vol spatial emportant un équipage humain à bord d'un véhicule spatial. Il se différencie des sondes spatiales — vaisseaux non habités — ou des satellites artificiels contrôlés à distance.

Edward White durant une sortie extravéhiculaire lors de la mission Gemini 4.

À ce jour, seuls trois pays (l'URSS puis la Russie, les États-Unis et la Chine) sont capables d'envoyer des hommes dans l'espace.

Histoire modifier

L'idée d'envoyer un homme dans l'espace, voire sur une autre planète, est très ancienne. En 125 environ, par exemple, le Syrien Lucien de Samosate écrivit en grec Une histoire vraie (Ἀληθῆ διηγήματα)[Note 1], un récit relatant le voyage d'Ulysse jusqu'à la Lune. De nombreux autres récits suivirent, mais tous avaient en commun de ne pas parler du vol spatial sous un angle technique, mais plutôt comme un support pour des récits philosophiques. Il fallut la fin du XIXe siècle pour que ces récits deviennent plus lucides, malgré de très nombreuses erreurs encore présentes.

Même si le voyage dans l'espace laissait insensibles de grandes parts de la population, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, certains passionnés se regroupèrent dans des « sociétés d'astronautique » dans différents pays.

La Seconde Guerre mondiale et l'apparition des missiles V2 allemands poussèrent les pays à mettre en place leurs propres agences nationales : la possibilité d'utiliser les fusées comme vecteur d'explosifs ou de bombes nucléaires rendait stratégique la recherche en astronautique. La guerre froide qui commençait fut la principale cause de la course à l'espace[1], et en 1950 encore, envoyer un homme dans l'espace n'était pas pris très au sérieux en général[C 1].

Au début de la nouvelle course à l'espace entre les États-Unis et l'URSS, ce sont les Soviétiques qui prirent de l'avance : ils mirent en orbite le premier satellite artificiel, Spoutnik 1, le [C 2], puis envoyèrent le premier homme dans l'espace, Youri Gagarine, le . Les programmes spatiaux changèrent pour tenter de mieux comprendre l'influence de l'homme dans l'espace : au cours des vols, les astronautes passèrent de plus en plus de temps en orbite, battant record après record, et réalisèrent même les sorties extra-véhiculaires.

Ce qui est souvent considéré comme l'apothéose des vols habités[S 1] eut lieu le à 4h17 (heure du centre Kennedy)[S 2], lorsque le module lunaire Eagle de la mission Apollo 11 se pose avec succès sur la Lune. Quelques heures plus tard eut lieu le premier pas d'un homme sur un sol autre que celui de la Terre.

Ce coup d'éclat fut suivi par une réduction des coûteux programmes et une rationalisation des moyens : les États-Unis lancèrent le projet de navette spatiale réutilisable, et l'URSS lança des projets de stations spatiales. Suivit la série des stations Saliout, qui permit à l'homme de commencer à réellement vivre dans l'espace : alors que le record de durée de vie était de 14 jours dans une capsule Gemini[2], puis de 84 jours dans la station américaine Skylab, les missions Saliout repoussèrent très loin les limites, jusqu'à 237 jours pour un équipage en 1985[2]

La station Mir fut lancée en 1986 par l'URSS, c'était la première station modulaire, conçue pour être assemblée en orbite, et qui pesa finalement 140 tonnes. Durant 15 ans, de nombreux équipages de nationalités diverses s'y relayèrent. Le plus long séjour d'un être humain dans l'espace fut de 437 jours[2].

Après la destruction intentionnelle de Mir, la Station spatiale internationale (ISS) prit la relève.

Aujourd'hui l'ISS est constamment habitée par des humains depuis 2000[3]. De l’arrêt en du programme américain de navette spatiale, les Russes étaient les seuls à permettre d'atteindre la Station spatiale internationale grâce au Soyouz. Depuis , SpaceX lance des vols habités vers la Station Spatiale Internationale à bord de la capsule Crew Dragon. Les Chinois envoient des humains dans l’espace grâce au programme Shenzhou.

Des programmes sont développés dans la plupart des pays impliqués dans les vols habités pour établir des avant-postes sur et autour de la Lune. Les États-Unis et la Chine sont les moteurs de ce nouvel élan vers notre satellite naturel[4],[5], même si l'Europe, la Russie, le Japon, le Canada et l'Inde s'y intéressent aussi[6].

Les missions habitées modifier

Lancement du Soyouz TMA-5 depuis Baïkonour
Timothy CreamerOleg KotovMaksim SurayevJeffrey WilliamsNicole StottRobert ThirskRoman RomanenkoFrank De WinneTimothy KopraMichael R. BarrattGennady PadalkaKoichi WakataSandra MagnusYuri LonchakovMichael FinckeGregory ChamitoffOleg KononenkoSergey VolkovGarrett ReismanLéopold EyhartsDaniel TaniYuri MalenchenkoPeggy WhitsonClayton AndersonOleg KotovFyodor YurchikhinSunita WilliamsMikhail TyurinMichael Lopez-AlegriaThomas ReiterJeffrey WilliamsPavel VinogradovValery TokarevWilliam McArthurJohn PhilipsSergei KrikalevSalizhan SharipovLeroy ChiaoMichael FinckeGennady PadalkaAlexander KaleriMichael FoaleEdward LuYuri MalenchenkoDonald PettitNikolai BudarinKenneth BowersoxSergei TreshchevPeggy WhitsonValery KorzunCarl WalzDaniel BurschYury OnufrienkoVladimir DezhurovMikhail TyurinFrank CulbertsonJames VossSusan HelmsYuri UsachevYuri GidzenkoSergei KrikalevWilliam ShepherdAleksandr KaleriSergei ZalyotinJean-Pierre HaigneréViktor AfanasyevSergei AvdeyevGennady PadalkaNikolai BudarinTalgat MusabayevAndrew ThomasDavid WolfPavel VinogradovAnatoly SolovyevMichael FoaleAleksandr LazutkinVasili TsibliyevJerry LinengerJohn BlahaAleksandr KaleriValery KorzunShannon LucidYury UsachevYuri OnufrienkoThomas ReiterSergei AvdeyevYuri GidzenkoNikolai BudarinAnatoly SolovyevNorman ThagardGennady StrekalovVladimir DezhurovYelena KondakovaAleksandr ViktorenkoTalgat MusabayevYuri MalenchenkoValeri PolyakovYury UsachevViktor AfanasyevAleksandr SerebrovVasili TsibliyevAleksandr PoleshchukGennadi ManakovSergei AvdeyevAnatoly SolovyevAleksandr KaleriAleksandr ViktorenkoAleksandr VolkovSergei KrikalevAnatoly ArtsebarskyMusa ManarovViktor AfanasyevGennady StrekalovGennadi ManakovAleksandr BalandinAnatoly SolovyevAleksandr SerebrovAleksandr ViktorenkoSergei KrikalevAleksandr VolkovValeri PolyakovMusa ManarovVladimir TitovAleksandr AleksandrovYuri RomanenkoAleksandr LaveykinVladimir SolovyovLeonid KizimVladimir SolovyovLeonid KizimAlexander VolkovVladimir VasyutinVladimir DzhanibekovViktor SavinykhOleg AtkovVladimir SolovyovLeonid KizimAleksandr Pavlovich AleksandrovVladimir LyakhovValentin LebedevAnatoli BerezovoyViktor SavinykhVladimir KovalyonokValery RyuminLeonid PopovValery RyuminVladimir LyankhovAleksandr IvanchenkovVladimir KovalyonokGerogi GrenchoYuri RomanenkoYuri GlazkovViktor GorbatkoVitali ZholobovBoris VolynovVitali SevastyanovPyotr KlimukAleksei GubarevGeorgi GrechkoPavel PopovichYuri ArtyukhinEdward GibsonWilliam PogueGerald CarrOwen GarriotJack LousmaAlan BeanJoeseph KerwinPaul WeitzPete ConradVladislav VolkovViktor PatsayevGeorgi DobrovolskiStation spatiale chinoiseTiangong-2ISSTiangong-1SkylabMirSaliout 7Saliout 6Saliout 5Saliout 4Saliout 3Saliout 1SpaceShipOneSpaceShipOne flight 17PSpaceShipOne flight 16PSpaceShipOne flight 15PProgramme ShenzhouShenzhou 10Shenzhou 9Shenzhou 7Shenzhou 6Shenzhou 5Navette spatiale AtlantisSTS-135STS-132STS-129STS-125STS-122STS-117STS-115STS-112STS-110STS-104STS-98STS-106STS-101STS-86STS-84STS-81STS-79STS-76STS-74STS-71STS-66STS-46STS-45STS-44STS-43STS-37STS-38STS-36STS-34STS-30STS-27STS-61-BSTS-51-JX-15X-15 vol 91X-15 vol 90Navette spatiale DiscoverySTS-133STS-131STS-128STS-119STS-124STS-120STS-116STS-121STS-114STS-105STS-102STS-92STS-103STS-96STS-95STS-91STS-85STS-82STS-70STS-63STS-64STS-60STS-51STS-56STS-53STS-42STS-48STS-39STS-41STS-31STS-33STS-29STS-26STS-51-ISTS-51-GSTS-51-DSTS-51-CSTS-51-ASTS-41-DProgramme ApolloApollo-SoyouzApollo 17Apollo 16Apollo 15Apollo 14Apollo 13Apollo 12Apollo 11Apollo 10Apollo 9Apollo 8Apollo 7Navette spatiale EndeavourSTS-134STS-130STS-127STS-126STS-123STS-118STS-113STS-111STS-108STS-100STS-97STS-99STS-88STS-89STS-77STS-72STS-69STS-67STS-68STS-59STS-61STS-57STS-54STS-47STS-49Navette spatiale ChallengerSTS-51-LSTS-61-ASTS-51-FSTS-51-BSTS-41-GSTS-41-CSTS-41-BSTS-8STS-7STS-6Programme GeminiGemini XIIGemini XIGemini XGemini IX-AGemini VIIIGemini VI-AGemini VIIGemini VGemini IVGemini IIIGemini 2Gemini 1Navette spatiale ColumbiaSTS-107STS-109STS-93STS-90STS-87STS-94STS-83STS-80STS-78STS-75STS-73STS-65STS-62STS-58STS-55STS-52STS-50STS-40STS-35STS-32STS-28STS-61-CSTS-9STS-5STS-4STS-3STS-2STS-1SkylabSkylab 4Skylab 3Skylab 2Programme MercuryMercury-Atlas 9Mercury-Atlas 8Mercury-Atlas 7Mercury-Atlas 6Mercury-Redstone 4Mercury-Redstone 3Programme SoyouzSoyuz TMA-12MSoyuz TMA-11MSoyuz TMA-10MSoyuz TMA-09MSoyuz TMA-08MSoyuz TMA-07MSoyouz TMA-06MSoyouz TMA-05MSoyouz TMA-04MSoyouz TMA-03MSoyouz TMA-22Soyouz TMA-02MSoyouz TMA-21Soyouz TMA-20Soyouz TMA-01MSoyouz TMA-19Soyouz TMA-18Soyouz TMA-17Soyouz TMA-16Soyouz TMA-15Soyouz TMA-14Soyouz TMA-13Soyouz TMA-12Soyouz TMA-11Soyouz TMA-10Soyouz TMA-9Soyouz TMA-8Soyouz TMA-7Soyouz TMA-6Soyouz TMA-5Soyouz TMA-4Soyouz TMA-3Soyouz TMA-2Soyouz TMA-1Soyouz TM-34Soyouz TM-33Soyouz TM-32Soyouz TM-31Soyouz TM-30Soyouz TM-29Soyouz TM-28Soyouz TM-27Soyouz TM-26Soyouz TM-25Soyouz TM-24Soyouz TM-23Soyouz TM-22Soyouz TM-21Soyouz TM-20Soyouz TM-19Soyouz TM-18Soyouz TM-17Soyouz TM-16Soyouz TM-15Soyouz TM-14Soyouz TM-13Soyouz TM-12Soyouz TM-11Soyouz TM-10Soyouz TM-9Soyouz TM-8Soyouz TM-7Soyouz TM-6Soyouz TM-5Soyouz TM-4Soyouz TM-3Soyouz TM-2Soyouz T-15Soyouz T-14Soyouz T-13Soyouz T-12Soyouz T-11Soyouz T-10Soyouz T-10-1Soyouz T-9Soyouz T-8Soyouz T-7Soyouz T-6Soyouz T-5Soyouz 40Soyouz 39Soyouz T-4Soyouz T-3Soyouz 38Soyouz 37Soyouz T-2Soyouz 36Soyouz 35Soyouz 34Soyouz 33Soyouz 32Soyouz 31Soyouz 30Soyouz 29Soyouz 28Soyouz 27Soyouz 26Soyouz 25Soyouz 24Soyouz 23Soyouz 22Soyouz 21Soyouz 19Soyouz 18Soyouz 18aSoyouz 17Soyouz 16Soyouz 15Soyouz 14Soyouz 13Soyouz 12Soyouz 11Soyouz 10Soyouz 9Soyouz 8Soyouz 7Soyouz 6Soyouz 5Soyouz 4Soyouz 3Soyouz 1programme VoskhodProgramme Vostok

Intérêt du vol habité dans l'espace modifier

Retombées scientifiques modifier

Un vol habité coûte 20 à 30 fois plus cher qu'une mission automatique[7]. Des auteurs ont donc critiqué les faibles retombés scientifiques des programmes spatiaux habités, voire recommandé leur abandon pur et simple[8].

En 2011, Vladimir Popovkine directeur de l'agence russe Roskosmos, avait publiquement demandé à réorienter une partie des ressources accordées aux vols habités[9].

Les vols habités dans la Station spatiale internationale (ISS) permettent d'étudier l'effet de la vie en micro-gravité sur plusieurs domaines. En effet, la NASA a mené une étude de l'évolution du génome humain pendant un vol dans l'espace[10]. L'ISS permet d'étudier la pousse de différentes plantes en microgravité avec le programme VEGGIE[11]. La NASA, en partenariat avec l'ESA et les autres agences nationales mènent d'autres projets scientifiques comme le développement de dosimètres[12].

Prestige modifier

La course à l'espace est liée à la rivalité entre Soviétiques et États-Unis. Mais de nos jours encore, envoyer un citoyen dans l'espace est souvent perçu comme une prouesse technologique et scientifique, que cela soit avec l'aide d'un autre pays (Émirats arabes unis[13]…) ou par ses propres moyens (Inde[14], Iran[15]). Le , la fusée Space x est lancée pour emmener 4 astronautes vers l'ISS (une vraie mission habitée).

Réception par le grand public modifier

Pendant la course à l'espace, le public fut fasciné par les lancements et les exploits des agences. En effet, près de 650 millions de personnes dans le monde ont regardé l'alunissage du module lunaire d'Apollo 11 en 1969[16].

La journée internationale du vol spatial habité est célébrée le [17].

Dans la culture populaire modifier

Spectacle vivant modifier

Alexandre Astier traite dans un spectacle intitulé L'Exoconférence[18] de la probabilité de la vie extraterrestre, mais également de la faisabilité d'entrer en contact avec eux au moyen des vols spatiaux habités. Il adopte un angle de vulgarisation scientifique par l'intermédiaire de l’humour, prestation saluée par la communauté scientifique. Il a reçu en 2016 le Prix science et société de la Société Française des Spécialistes d’Astronomie (SFSA)[19].

Filmographie modifier

Plusieurs films traitent des vols spatiaux habités dans l'histoire (liste non exhaustive) :

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le texte de ce livre se trouve sur wikibooks.

Références modifier

  1. Alain Dupas, Une autre histoire de l'espace : hommes et robots dans l'espace, Gallimard, coll. « découvertes », (ISBN 978-2-07-053482-1), p. 32.
  2. a b et c Jacques Villain, MIR, le voyage extraordinaire, Paris, Le cherche midi, , 140 p. (ISBN 978-2-86274-884-9), p. X
  3. (en) Mark Garcia, « Expedition 1 », sur NASA, (consulté le )
  4. Killian Temporel, « Lune 2024ː Artémis navigue entre politique et budget », Espace & Exploration, no 52,‎ , p. 74-77 (ISSN 2114-1320).
  5. Philippe Coué, « La Chine se dévoile de plus en plus », Espace & Exploration, no 53,‎ , p. 72-76 (ISSN 2114-1320).
  6. Espace & Exploration, n°50, mars 2020.
  7. Simon Rozé, « Quel avenir pour les vols spatiaux habités ? », sur rfi.fr, (consulté le ).
  8. « Pourquoi aller dans l’espace : les astronautes sont-ils inutiles ? », sur terrealalune.blogspot.fr (consulté le ).
  9. Serge Brunier, « Vols spatiaux habités : dur retour sur Terre pour les astronautes », sur vie.com, Science-et-vie, (consulté le ).
  10. (en) Kelli Mars, « Twins Study », sur NASA, (consulté le )
  11. (en) Linda Herridge, « Veggie Activated to Grow Fresh Plants on Space Station », sur NASA, (consulté le )
  12. (en) Michael Johnson, « Radiation », sur NASA, (consulté le ).
  13. (en) « Mission of first Emirati astronaut a national achievement, moment of pride: Mohammed Al Ahbabi », sur wam.ae (consulté le )
  14. (en-GB) « Is India ready to send someone to space? », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. (en-US) « Iran to send astronaut into space? », sur American Enterprise Institute - AEI (consulté le )
  16. (en) Sarah Loff, « Apollo 11 Mission Overview », sur NASA, (consulté le )
  17. « Journée internationale du vol spatial habité », sur un.org (consulté le ).
  18. Jean-Christophe Hembert, Alexandre Astier, Jean-Christophe Hembert et Seymour Laval, L'exoconférence, Universal pictures video France éd., distrib., (lire en ligne)
  19. « Lyon : un prix d’astronomie pour Alexandre Astier », sur Lyonmag.com, (consulté le )
  1. Dreer, p. 97.
  2. Dreer, p. 100.
  1. Sparrow, p. 38.
  2. Sparrow, p. 43.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier