Wikipédia:Lumière sur/Comparaison (rhétorique)

Ce « Lumière sur » a été ou sera publié sur la page d'accueil de l'encyclopédie le samedi 24 mars 2012.


Image illustrant le vers du poète français Paul Éluard : « La Terre est bleue comme une orange », célèbre comparaison surréaliste.
Image illustrant le vers du poète français Paul Éluard : « La Terre est bleue comme une orange », célèbre comparaison surréaliste.

La comparaison, mot provenant du latin comparatio désignant l'« action d'accoupler », est une figure de style consistant en une mise en relation, à l'aide d'un mot de comparaison appelé le « comparatif », de deux réalités appartenant à deux champs sémantiques différents mais partageant des points de similitudes. La comparaison est l'une des plus célèbres figures de style. Elle ne doit pas être confondue avec la comparaison grammaticale.

Ce vers de Charles Baudelaire : « La musique souvent me prend comme une mer ! » (La Musique, Les Fleurs du mal, 1840) constitue une comparaison, dans laquelle la musique et la mer sont dans un rapport d'analogie, au moyen du comparatif « comme ». Les deux réalités sont appelées le « comparant » (dans cet exemple : la mer) et le « comparé » (la musique) et elles partagent en effet au moins un sème : l'ondulation est ici le point commun entre la mer et la musique et toutes deux « bercent » le poète.

La comparaison est une figure très courante en littérature, en poésie ou encore au théâtre. Contrairement à la métaphore, elle exprime directement et explicitement le lien symbolique entre les deux réalités comparées, en utilisant un terme de comparaison, élément qui permet de la distinguer de cette autre figure d'analogie avec laquelle elle est souvent confondue. Ressource privilégiée du langage poétique, très utilisée par dérision ou ironie, elle permet aussi de faire progresser l'argumentation et de donner à voir des réalités difficiles à définir autrement qu'au moyen du langage figuré.

Figure au pouvoir suggestif puissant, la comparaison rhétorique participe d'une reconfiguration possible du monde en faisant apercevoir les correspondances émanant de la subjectivité du locuteur. Proche de la métaphore, elle « permet de défigurer momentanément, par l'entremise du comme, la réalité pour laisser entendre ses possibles au sein d'une petite fiction poétique ». Le mouvement surréaliste l'utilise préférentiellement, pour rompre l'intelligibilité inhérente au langage.