Wikipédia:Lumière sur/Robert Browning

Ce « Lumière sur » a été ou sera publié sur la page d'accueil de l'encyclopédie le mardi 29 juin 2010.


Portrait de Robert Browning par Robert Wiedemann Browning (Pen) (1882) (Courtesy of the Armstrong Browning Library, Baylor University, Waco, Texas).
Portrait de Robert Browning par Robert Wiedemann Browning (Pen) (1882) (Courtesy of the Armstrong Browning Library, Baylor University, Waco, Texas).

Robert Browning, né à Camberwell, Surrey, le et mort à Venise le , est un poète et dramaturge britannique, reconnu comme l'un des deux plus grands créateurs poétiques de l'Angleterre victorienne, l'égal, quoique dans un style tout différent, de Tennyson.

Il passe son enfance et sa jeunesse dans une famille éprise des lettres et des arts. L'accès illimité à des ouvrages de haut niveau et sa grande curiosité intellectuelle lui permettent d'acquérir un immense savoir et de cultiver son goût pour la poésie. Comme il ne supporte pas d'être scolarisé, ses tentatives d'études secondaires puis supérieures laissent vite place à un parcours intellectuel éclectique.

Toutes ses œuvres sont ambitieuses, souvent longues et écrites en une langue parfois difficile. Le public, comme la critique, sont, à l'occasion, déroutés par son originalité, qui se manifeste aussi dans sa vie personnelle. Ébloui par la lecture de poèmes publiés par Elizabeth Barrett, cloîtrée en sa chambre, il lui écrit pour lui dire son admiration. Ainsi commence une correspondance amoureuse qui se termine en 1846 par un enlèvement, un mariage et une fuite en Italie où le couple voyage et publie pendant quinze ans jusqu'au décès d'Elizabeth en 1861. À son retour en Angleterre, Browning retrouve les cercles littéraires et les clubs où se réunit l'intelligentsia londonienne.

Ses œuvres les plus importantes sont les recueils Dramatic Lyrics, Dramatic Romances and Lyrics, Men and Women, selon Margaret Drabble, le chef d'œuvre de sa maturité (« his midlle life »), et Dramatis Personae, et le poème narratif The Ring and the Book. Robert Browning y utilise la technique du monologue dramatique, adressé à un auditeur (l'allocutaire) silencieux mais non inerte. La personnalité du locuteur se creuse peu à peu par son seul discours. Sa prise de parole fait apparaître une situation, parvenue à un état de crise présente ou passée, et un ou plusieurs protagonistes, leurs conflits et la résolution, souvent dramatique ou tragique.

Au cours de ses dernières années, Browning publie quinze nouveaux volumes, souvent très longs, quelquefois polémiques, et voyage en France et en Italie où réside son fils, critique, sculpteur et peintre, chez qui il décède à Venise en 1889. Il repose aux côtés d'Alfred, Lord Tennyson dans le Coin des poètes (« Poets' Corner ») de l'abbaye de Westminster.

Robert Browning tient une place à part dans la littérature victorienne, essentiellement parce qu'il a privilégié l'oralité, non pas de manière euphonique comme Tennyson, mais en restituant le grain de la voix et créant, « entre les différentes voix qui résonnent, un réseau signifiant ». Cette originalité marque et inspire la poésie de certains de ses jeunes contemporains et successeurs, en particulier Ezra Pound et T. S. Eliot.