Wikipédia:Lumière sur/Sainte Anne trinitaire

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Artiste inconnu, Sainte Anne trinitaire dite « Anna Selbdritt », vers 1500, Kronach, Fränkische Galerie.
Artiste inconnu, Sainte Anne trinitaire dite « Anna Selbdritt », vers 1500, Kronach, Fränkische Galerie.

La sainte Anne trinitaire, parfois appelée sainte-Anne-en-tierce ou sainte Anne ternaire, est un thème iconographique chrétien anciennement connu sous le nom de sainte Anne, la Vierge et l'Enfant. Il s'agit d'une image de dévotion associant la grand-mère Anne, la mère Marie et l'Enfant Jésus.

Le thème se développe dans le cadre du culte rendu à sainte Anne. Absentes des textes canoniques bibliques, la figure et l'histoire de la sainte proviennent du récit apocryphe grec du Protévangile de Jacques ainsi que de son adaptation latine, l'Évangile du Pseudo-Matthieu. En outre, la propagation des récits de La Légende dorée rédigée entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine en assied définitivement l'installation dans la culture populaire.

Le motif initial mettant en scène la figure de sainte Anne est un binôme issu de la tradition orientale où elle est associée à sa fille Marie. Parvenu en Europe à la suite des croisades, le motif se voit adjoindre la figure du Fils, dès la seconde moitié du XIIIe siècle dans le Saint-Empire romain germanique et à partir du XIVe siècle en Italie. La représentation de la sainte Anne Trinitaire prend son essor véritable dans l'Occident chrétien à partir du milieu du XIVe siècle et connaît son apogée entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, notamment en Italie ainsi que dans les pays de culture germanique où elle subsiste jusqu'au XVIIe siècle.

Le thème est présent sur tous les supports mais apparaît principalement sous forme de sculpture et de peinture. Bien qu'ayant évolué au cours du temps, ses caractéristiques iconographiques ont toujours pour but de signifier la dépendance physique et la subordination de Marie et Jésus envers Anne. Ainsi les œuvres adoptent parfois un caractère antinaturaliste, où Marie et sa mère peuvent avoir le même âge et la première être miniaturisée ; de même, il arrive que Marie soit représentée comme une petite fille à peine plus âgée que son fils. Deux types de composition cohabitent : une composition verticale directement issue de la tradition byzantine, où la sainte domine sa descendance et que l'on trouve plutôt en Italie, et une composition horizontale qui dérive de la première et a la faveur des pays du nord de l'Europe.

Dans la première moitié du XVIe siècle, le thème connaît un relatif reflux après les critiques de Martin Luther puis du concile de Trente, qui remettent en cause le rôle de sainte Anne et sa dévotion qui est alors considérée comme déplacée : sont incriminés l’épisode légendaire du triple mariage de la sainte, de même que l'impossibilité pour Marie, alors adulte, de côtoyer sa mère qui est morte lors de sa prime enfance ; certains chercheurs considèrent par ailleurs que ces critiques constitueraient également la remise en cause de ce qui est en fait vu comme la résurgence d'un culte païen antique d'autant plus grave qu'il concerne une figure féminine.