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Aperçu des lumières

Alexandre Millerand

Portrait officiel d'Alexandre Millerand (1920).
Portrait officiel d'Alexandre Millerand (1920).

Alexandre Millerand, né le à Paris et mort le à Versailles, est un homme d'État français. Il est président du Conseil du au , puis président de la République du au .

Avocat et journaliste au quotidien La Justice de Georges Clemenceau, il s’engage en politique au sein des radicaux. Il est élu conseiller municipal de Paris en 1884 et député de la Seine en 1885. Constamment réélu parlementaire, il siège pendant 35 ans à la Chambre des députés. Durant la crise boulangiste, il s'éloigne des radicaux, maintenant sa volonté de réviser les lois constitutionnelles de 1875 et ses préoccupations sociales.

Dans les années 1890, devenu la principale figure des socialistes indépendants, il prône un socialisme réformiste. De 1899 à 1902, dans le gouvernement Waldeck-Rousseau, il est ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes : premier ministre socialiste en France, il réglemente et réduit le temps de travail, garantit un repos hebdomadaire dans les établissements dépendants de l'État et fait voter un projet sur les retraites ouvrières. Jugé trop modéré, il est exclu du Parti socialiste français en 1904.

Nommé ministre des Travaux publics dans le premier cabinet Briand, il doit gérer les conséquences de la crue de la Seine de 1910 et une importante grève des cheminots. Il est ensuite ministre de la Guerre dans le premier gouvernement Poincaré (1912-1913) et dans le second gouvernement Viviani (1914-1915) : il revient alors sur les mesures libérales de ses prédécesseurs, soutient le général Joffre et adopte des vues résolument nationalistes, rompant ainsi définitivement avec la gauche. En 1919, nommé commissaire général de la République à Strasbourg, il administre le rattachement de l’Alsace-Lorraine à la France.

Après la victoire aux élections législatives de 1919 du Bloc national, qui regroupe les partis du centre et de droite souhaitant poursuivre l’Union sacrée, il devient président du Conseil et ministre des Affaires étrangères. Disposant d'une importante majorité parlementaire, il se montre ferme face aux grèves et à l’émergence du communisme tout en faisant voter des mesures sociales. Il gère le début de l'application du traité de Versailles, notamment la question des réparations, s’engage dans les guerres soviéto-polonaise et franco-syrienne, qui se soldent par une victoire française, et initie le rétablissement des relations avec le Vatican.

À la suite de la démission de Paul Deschanel quelques mois après son entrée en fonction, il est élu à la présidence de la République, pour un septennat, face au socialiste Gustave Delory. Défendant une application à la lettre des lois constitutionnelles, il s'implique activement dans les affaires du pays, contrairement à la pratique en vigueur sous la Troisième République, et continue d’appeler à une révision constitutionnelle visant à renforcer les pouvoirs de l’exécutif. À la suite des élections législatives de 1924, en raison de l’opposition du cartel des gauches à sa pratique du pouvoir, il est contraint de quitter l’Élysée, moins de quatre ans après son élection.

Par la suite, souhaitant contrer le cartel en unifiant les formations du centre et de la droite, y compris sa frange la plus nationaliste, il fonde la Ligue républicaine nationale (LRN), qui regroupe principalement le PRDS et la Fédération républicaine. Entre 1925 et 1940, il est sénateur (de la Seine puis de l’Orne), mais ne retrouve pas de fonctions de premier plan. Mettant en garde contre une volonté de revanche de l’Allemagne et un nouveau conflit, il s'oppose au pacifisme, notamment à Aristide Briand. Il se tient en retrait de la vie publique après le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, auquel il ne prend pas part.

Social-libéralisme

Leonard Trelawny Hobhouse, un des concepteurs du social-libéralisme à travers notamment de son livre Liberalism paru en 1911.
Leonard Trelawny Hobhouse, un des concepteurs du social-libéralisme à travers notamment de son livre Liberalism paru en 1911.

Le social-libéralisme ou nouveau libéralisme (son nom d'origine) ou haut libéralisme, ou libéralisme radical (radical liberalism) ou libéralisme moderne (modern liberalism), ou, souvent en Amérique du Nord, liberalism, est un courant du libéralisme qui, à la suite de John Stuart Mill, met au centre de sa pensée le développement tant intérieur que matériel des êtres humains pensés dans leur interaction sociale. Au plan politique, son éthique s'oppose à l'autoritarisme et cherche à impliquer les êtres humains dans le processus décisionnel d'où l'accent mis sur la démocratie. Au plan économique et social, il promeut des institutions cherchant à concilier liberté et égalité à travers notamment la mise en place de régulations ayant pour but d'établir une concurrence équilibrée et de politiques de redistribution visant à accroitre les capabilités des individus. Son épistémologie l'amène à traiter des problèmes économiques et sociaux en partant de l'étude des faits même s'ils sont déplaisants (notion de hard-facts). Ce les mène à être plus inductifs, à partir plus de l'analyse des données que les économistes libéraux classiques qui raisonnaient de façon plus déductive.

Sur nombre d'autres points, il se distingue également du libéralisme classique, l'autre grand courant du libéralisme et de fortes tensions entre eux sont perceptibles. Aux États-Unis, le social-libéralisme, généralement classé à gauche, constitue le courant le plus important du libéralisme. En Europe, où son influence est plus modeste, il est parfois présent dans les branches qualifiées de centristes de partis politiques non extrémistes. Le social-libéralisme commence à se constituer au milieu du XIXe siècle. Au niveau politique et social, il est alors très lié à l'université d'Oxford et émerge sous le nom de Nouveau Libéralisme. Au niveau économique, il est plutôt influencé par des chercheurs de l'université de Cambridge. Au plan international, avec des figures telles que Woodrow Wilson, Norman Angell et David Mitrany, il a fortement contribué à l'établissement des institutions internationales de régulation, tant au niveau politique (Société des Nations et Organisation des Nations unies) qu'économique, comme en témoigne le rôle de John Maynard Keynes dans l'établissement du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Le social-libéralisme en tant qu'idéologie au sens de Michael Freeden (c'est-à-dire en tant que favorisant certaines actions) a eu une influence notable sur la vie politique en France à travers le solidarisme et aux États-Unis, à travers le programme Nouvelle Liberté (New Freedom) de Woodrow Wilson. Toutefois, cette idéologie n'est dominante qu'après la Seconde Guerre mondiale. Elle sera très fortement contestée à la fin des Trente Glorieuses et perd l'essentiel de son influence au profit notamment d'autres courants libéraux. Il lui est notamment reproché de ne pas assez impliquer les êtres humains dans le processus décisionnel et d'avoir cédé à la tentation de l'expertise, particulièrement forte en économie.

Si le social-libéralisme perd alors son influence politique, il connaît parallèlement un renouveau intellectuel et, sous l'influence notamment de John Rawls, il opère un retour vers un plus grand respect des citoyens, en même temps qu'il esquisse une critique de son « économisme ». Par ailleurs, il développe une réflexion liée aux moyens de répondre aux nouveaux défis qui se posent aux sociétés du XXIe siècle : la justice sociale avec deux approches majeures pour partie concurrente et pour partie complémentaire, celle de John Rawls, très institutionnelle, et celle axée sur les capabilités (Amartya Sen et Martha Nussbaum) : les droits civiques, le multiculturalisme, les politiques du careetc.

Félix Milliet

Portrait de Félix Milliet, auteur inconnu.
Portrait de Félix Milliet, auteur inconnu.

Félix Milliet, né le à Valence et mort le dans le 5e arrondissement de Paris, est un officier puis militant républicain, poète et chansonnier français. Il milite aux côtés de son épouse Louise Milliet, née le au Mans et morte le à Paris.

Orphelin originaire de la Drôme, Félix Milliet développe ses idées républicaines dès la révolution de Juillet en 1830. Il suit une carrière militaire, qui le conduit dans le Maine, et s'exerce à l'art de la poésie. Là, il fait la connaissance de Louise Milliet, une adolescente originaire d'une famille noble et aisée. Ils se marient et emménagent au Mans.

C'est au Mans que la carrière politique de Félix Milliet connaît son apogée. Il côtoie d'importants républicains de la ville, comme Auguste Savardan, Marie Pape-Carpantier ou Jacques François Barbier. Après avoir quitté l'armée, il se fait connaître par ses chansons engagées qu'il publie dans des journaux régulièrement interdits, par la monarchie de Juillet puis par le régime républicain de Louis-Napoléon Bonaparte. Il se qualifie de socialiste, même s'il est en pratique très modéré, et partage les idées anticléricales et fouriéristes de ses amis. Il soutient l'insurrection parisienne des journées de Juin en 1848 puis se présente aux élections législatives l'année suivante parmi les candidats de la Montagne.

Après le coup d'État du 2 décembre 1851, il est impliqué dans une affaire de tentative d'insurrection dans la région mancelle et condamné à l'exil à Nice au début de l'année 1852. Il se réfugie à Genève, rapatrie sa famille auprès de lui et poursuit son engagement. Ainsi, il continue d'écrire et de publier des chansons, jusqu'à ce que l'une d'entre elles, Chansonnier impérial pour l'an de grâce 1853, le fasse condamner de nouveau à l'exil, cette fois-ci pour Londres.

Félix Milliet se réfugie en Savoie, alors rattachée au royaume de Sardaigne. Il cesse ses publications politiques et se consacre à la peinture et à sa famille. Toujours fouriériste, il envisage de rejoindre le projet phalanstérien de La Réunion au Texas, avant que le projet ne périclite ; il voit en ces petites communautés la possibilité d'une « harmonie mondiale » utopique. Il ne revient en France qu'en 1866, soit sept ans après la loi d'amnistie des condamnés politiques et quatorze ans après le début de son exil.

Il passe les vingt dernières années de sa vie retraité à Paris, puis à La Colonie, un phalanstère situé à Condé-sur-Vesgre (Seine-et-Oise). Sa femme Louise Milliet participe activement à l'organisation de la communauté, mais lui n'est que peu actif. Il meurt en 1888. Il doit sa notoriété en partie à son fils Paul Milliet, qui retrace sa vie dans une biographie familiale parue au sein des Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy en 1910.

Martin Luther King

Martin Luther King, Jr., en 1964.

Le révérend Martin Luther King, Jr., né à Atlanta, en 1929 et mort assassiné le 4 avril 1968 à Memphis, est un pasteur baptiste afro-américain, activiste pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis et militant politique américain.

Il est l'organisateur des marches pour le droit de vote, la déségrégation, l'emploi des minorités, et d'autres droits civiques élémentaires pour les Noirs-Américains. La plupart de ces droits ont été promus par la loi américaine « Civil Rights Act » et le « Voting Rights Act » sous la présidence de Lyndon B. Johnson. Il prononce l'un de ses plus célèbre discours le 28 août 1963 à Washington : « I have a dream » (J'ai un rêve).

Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix en 1964 pour sa lutte non violente contre la ségrégation raciale et pour la paix. Il commence alors une campagne contre la guerre du Viêt Nam et la pauvreté, qui prend fin en 1968 avec son assassinat par James Earl Ray, dont la culpabilité et la participation à un complot sont toujours débattues.

Il se voit décerner à titre posthume la médaille présidentielle de la Liberté par Jimmy Carter en 1977 et la médaille d'or du Congrès en 2004. Depuis 1986, le Martin Luther King Day est un jour férié aux États-Unis.

María Jesús San Segundo

María Jesús San Segundo en 2005.
María Jesús San Segundo en 2005.

María Jesús San Segundo Gómez de Cadiñanos est une universitaire et femme politique espagnole née le à Medina del Campo (province de Valladolid) et morte le à Madrid.

Après des diplômes en économie obtenus en Espagne et aux États-Unis, elle participe à la fondation de l'université Charles-III de Madrid, où elle devient une spécialiste en économie de l'éducation. Elle est vice-rectrice de l'établissement entre et , et s'engage sur le sujet du financement du système d'enseignement supérieur. En , elle est élue par le Congrès des députés membre du conseil de coordination universitaire, sur proposition du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

Elle intègre en le comité consultatif mis en place par le secrétaire général du PSOE José Luis Rodríguez Zapatero pour sa campagne des élections législatives et sénatoriales mais refuse d'occuper la deuxième place de sa liste dans la circonscription de Madrid. À la suite du scrutin, elle est nommée en ministre de l'Éducation et de la Science.

À ce poste, elle promeut une importante réforme du système éducatif, marquée par une opposition du Parti populaire (PP), de l'Église catholique et d'une partie des parents d'élèves, ces derniers organisant une manifestation géante à Madrid pour marquer leur rejet du projet de loi. Le texte est finalement adopté en avec le soutien des socialistes et des partis nationalistes, après des négociations menées principalement par le chef de file du PSOE au Congrès, Alfredo Pérez Rubalcaba.

Elle est remerciée du gouvernement au lendemain de l'adoption de la loi sur l'éducation, victime de son manque de présence dans les médias et de ses difficultés à mener à bien ses projets. Elle cède sa place à Mercedes Cabrera et devient en ambassadrice auprès de l'Unesco. Elle préside trois ans plus tard la 33e session du comité du patrimoine mondial à Séville.

Relevée de ses fonctions diplomatiques en , elle meurt un mois plus tard, à 52 ans. Elle est décorée à titre posthume de l'ordre d'Alphonse X le Sage par le ministre de l'Éducation d'alors, Ángel Gabilondo.

Philibert Tsiranana

Philibert Tsiranana
Philibert Tsiranana

Philibert Tsiranana (1910?-1978), fut le premier président de Madagascar de 1959 à 1972.

Pendant douze ans, la République de Tsiranana a connu une stabilité institutionnelle qui tranchait face aux troubles politiques qui secouaient l’Afrique francophone à la même époque. Cette particularité participa à la construction de sa popularité, attribuant à Philibert Tsiranana une réputation d'homme d’État remarquable.

En comparaison des autres pays en voie de développement, son bilan est honorable : Madagascar connaissait une démocratie restreinte, et l’économie progressait lentement en suivant la voie d'un socialisme pragmatique. Madagascar se vit ainsi attribuer le surnom d’« Ile heureuse ».

Usé sur le plan physique et politique, la fin de son mandat fut plus mitigée. L'image populaire d'un bienveillant maître d’école qu'il affichait publiquement, dissimulait aussi une grande fermeté, voire un penchant pour l’autoritarisme. Il demeure toutefois une figure politique malgache de premier plan et reste connu dans son pays comme le « Père de l’indépendance ».

Jean-Hilaire Aubame

Jean-Hilaire Aubame
Jean-Hilaire Aubame

Jean-Hilaire Aubame ( à Libreville à Libreville) fut un important homme politique gabonais.

Membre de la France libre et collaborateur du gouverneur-général de l’Afrique-Équatoriale française (AEF), Félix Éboué, Aubame est élu en 1946 député du Gabon à l’Assemblée nationale française. Il se consacre alors tout entièrement à la recherche de solutions concernant les problèmes des populations africaines.

Lors de l’indépendance du Gabon, en démocrate convaincu, Aubame prône l'instauration d’un régime parlementaire face au chef de l’État Léon Mba, tenant d’un régime présidentiel fort. Ce dernier l’emporte finalement et se laisse entraîner dans une dérive dictatoriale. Malgré son rôle de chef de l’opposition, Aubame accepte de devenir ministre des Affaires étrangères en 1961. Mais en 1963, Léon Mba, qui n’a plus besoin de lui, décide de l’éliminer. Porté au pouvoir en 1964 par un putsch qu’il n’a pas souhaité, Jean-Hilaire Aubame devient l'éphémère chef d'un gouvernement provisoire que les Français s'empressent de renverser militairement afin de rétablir Léon Mba.