Wilhelmine (reine des Pays-Bas)
Wilhelmine (Wilhelmina Helena Pauline Maria van Oranje-Nassau de son nom complet en néerlandais), née le à La Haye et morte le à Apeldoorn, est reine des Pays-Bas de 1890 à 1948. Fille de Guillaume III, née d'une union tardive, elle lui succède en demeurant sous la régence de sa mère Emma de Waldeck-Pyrmont jusqu'en 1898.
Wilhelmine | ||
La reine Wilhelmine en 1948. | ||
Titre | ||
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Reine des Pays-Bas | ||
– (57 ans, 9 mois et 12 jours) |
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Régent | Emma de Waldeck-Pyrmont (1890-1898) | |
Premier ministre | Willem Schermerhorn Louis Beel Willem Drees |
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Président du Conseil | Nicolaas Pierson Abraham Kuyper Theodor de Meester Theo Heemskerk Pieter Cort van der Linden Charles Ruijs de Beerenbrouck Hendrik Colijn Dirk Jan de Geer Charles Ruijs de Beerenbrouck Hendrik Colijn Dirk Jan de Geer Pieter Gerbrandy |
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Prédécesseur | Guillaume III | |
Successeur | Juliana | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison d'Orange-Nassau | |
Nom de naissance | Wilhelmina Helena Pauline Maria van Oranje-Nassau | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | La Haye (Pays-Bas) | |
Date de décès | (à 82 ans) | |
Lieu de décès | Apeldoorn (Pays-Bas) | |
Père | Guillaume III | |
Mère | Emma de Waldeck-Pyrmont | |
Conjoint | Henri de Mecklembourg-Schwerin | |
Enfants | Juliana | |
Résidence | Palais Noordeinde (1890-1948) Palais Het Loo (1948-1962) |
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Monarques des Pays-Bas | ||
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Impliquée dans la défense de son pays lors de la Seconde Guerre mondiale face à l'occupant allemand, bien qu'indifférente au sort des Juifs de son pays, Wilhelmine est l'un des plus grands personnages de l'histoire des Pays-Bas au XXe siècle.
Biographie
modifierFamille et dynastie
modifierWilhelmine des Pays-Bas appartient à la sixième branche (Nassau-Dietz), elle-même issue de la seconde ligne (Nassau-Dillenbourg) de la maison de Nassau. Cette branche de Nassau-Dietz, aujourd'hui d'Orange-Nassau, appartient à la tige ottonienne qui donna des stathouders à la Hollande, la Frise, la Zélande, la Gueldre et les Provinces-Unies, un roi à l'Angleterre et l'Écosse en la personne de Guillaume III d'Orange-Nassau, et des rois et reines aux Pays-Bas.
Naissance et enfance
modifierWilhelmine, appelée Paulientje pendant les premières semaines de son existence, est le seul enfant du roi Guillaume III et de sa seconde épouse, Emma de Waldeck-Pyrmont ; elle naît le à 18 heures au palais Noordeinde à La Haye. Trois demi-frères plus âgés sont nés du premier mariage de son père avec Sophie de Wurtemberg : Guillaume des Pays-Bas (1840-1879), Maurice des Pays-Bas (1843-1850) et Alexandre des Pays-Bas (1851-1884).
Reine des Pays-Bas
modifierAccession au trône
modifierÀ la mort de Guillaume III le , Wilhelmine devient reine à l’âge de dix ans. Cependant, jusqu'à ses dix-huit ans, c’est sa mère Emma qui assure la régence du royaume. Pour le grand-duché de Luxembourg, l’hérédité est exclusivement masculine. La couronne grand-ducale passe donc à un autre membre de la maison de Nassau, Adolphe, chef de la branche Walram de cette famille.
Visite en France en 1898
modifierToujours à l'époque de la régence, à l'occasion d'une visite officielle en France en 1898[1], la presse française[2] la surnomme affectueusement la petite reine et ce surnom aurait contribué[3], par un mécanisme de métonymie, à désigner ainsi la bicyclette, en ces temps de cyclisme naissant dont Wilhelmine est effectivement une pionnière[4],[5].
Début du règne personnel
modifierLe , Wilhelmine prête serment dans la Nouvelle église à Amsterdam (les souverains constitutionnels des Pays-Bas ne sont pas couronnés). Un an avant, elle a eu l'immense chagrin de perdre sa tante paternelle, la grande-duchesse Sophie de Saxe-Weimar. Dans son autobiographie, elle confie plus tard toute l'importance que sa tante a eue pour elle.
Mariage
modifierLe sont annoncées les fiançailles entre Wilhemine et le prince Henri de Mecklembourg-Schwerin, de la maison de Hohenzollern.
Le mariage a lieu le . Wilhemine fait quatre fausses couches lors des premières années de son mariage. Le 30 avril 1909 naît sa fille Juliana.
Avant la Première Guerre mondiale
modifierAlors qu'elle est encore une jeune fille de treize ans, Wilhelmine accompagne sa mère, la régente, chez l'empereur allemand Guillaume II. Celui-ci s'étant vanté devant la jeune reine de ses gardes du corps qui mesurent près de deux mètres, Wilhelmine sourit poliment et répond que dans son petit pays, si on ouvre les écluses, les eaux montent à deux mètres et demi. L'empereur reçoit de Wilhelmine la grand-croix de l'ordre militaire de Guillaume et la grand-croix de l'ordre d'Orange-Nassau. Le , après la Première Guerre mondiale, l'empereur demande l'asile politique que le gouvernement néerlandais lui accorde contre la volonté des puissances alliées, la France, le Royaume-Uni et surtout la Belgique. Wilhelmine évite cependant tout contact avec l'empereur déchu. Elle lui reproche d'avoir failli à son rôle de chef et même d'avoir abandonné son peuple. La révolution allemande aura des répercussions aux Pays-Bas, comme elle devra l'éprouver par la suite.
Wilhelmine tient à faire usage de tous ses pouvoirs. Même si elle en connaît les limites, elle les respecte à contrecœur. Elle n'avait pas non plus beaucoup d'affinités avec les hommes politiques de son temps, ce qui la met souvent en conflit avec ses ministres : en particulier, lorsque la presse fait savoir qu'elle a accru jusqu'à un milliard de dollars le capital de sa famille. La famille royale néerlandaise est en effet l'un des principaux actionnaires de la compagnie pétrolière royale. Elle se range dans le camp du Royaume-Uni et des États-Unis dans l'affaire de l'annexion du pétrole mexicain. Ses décisions mettent également les Pays-Bas en conflit avec le Venezuela sur la question des Antilles néerlandaises.
Wilhelmine est depuis Guillaume d'Orange un des monarques qui ont le plus d'influence. Après que les grandes puissances ont choisi La Haye pour se rencontrer, la jeune reine de dix-neuf ans offre un de ses palais comme lieu où les pays pourront tenter de régler pacifiquement leurs litiges en les soumettant à la Cour permanente d'arbitrage. Elle offre également un dîner de gala à l'issue de la première Conférence de la paix organisée à La Haye. Pourtant, elle n'attend pas beaucoup de ces initiatives, et même si les Pays-Bas sont un pays neutre, elle est soucieuse de garantir cette neutralité par une défense nationale forte.
Pendant la Première Guerre mondiale
modifierLes Pays-Bas restent donc neutres pendant la Première Guerre mondiale. L'Allemagne a fait des investissements considérables dans l'économie néerlandaise et les échanges commerciaux sont importants entre les deux pays. Pour affaiblir l'Empire allemand, le Royaume-Uni fait le blocus des ports néerlandais. En réponse, le gouvernement néerlandais fait d'autant plus de commerce avec l'Allemagne. Avant une attaque, on donne aux soldats allemands du fromage d'Edam pour leurs rations. Wilhelmine est une reine-soldat ; étant une femme, elle ne peut être le commandant en chef mais ne manque jamais une occasion d'aller inspecter ses forces. À de nombreuses reprises, elle vient dans les unités sans avoir averti, voulant se rendre compte de la réalité et non voir un spectacle préparé. Elle aime ses soldats, mais doit affronter la plupart de ses gouvernements, qui ne cessent de voir dans l'armée le chapitre de dépense où l'on peut pratiquer des coupes de budget. Wilhelmine souhaite une armée petite mais bien entraînée et bien équipée.
On en est à vrai dire bien loin. Durant la guerre, elle estime qu'elle doit être sur ses gardes et se méfie toujours d'une possible attaque allemande, surtout au début. Et pourtant, la violation de souveraineté néerlandaise vient à la fois du Royaume-Uni et des États-Unis, qui, en raison du blocus, capturent un grand nombre de navires de commerce néerlandais pour essayer de désorganiser l'effort de guerre allemand. Il en résulte un accroissement des tensions entre les Pays-Bas et les forces alliées. Au printemps 1918, des navires de commerce néerlandais sont arrêtés par les Britanniques, ce qui pousse les Pays-Bas à faire un geste fort de réaffirmation de sa souveraineté ; ainsi le un convoi marchand à destination des Indes orientales néerlandaises est escorté par la marine royale néerlandaise battant pavillon tricolore.
La révolution bolchévique de 1917 en Russie impériale provoque des troubles aux Pays-Bas après la guerre. Le chef des socialistes, Pieter Jelles Troelstra (nl), tente de renverser le gouvernement et la reine. Au lieu d'une révolution violente, il veut prendre le contrôle de la Tweede Kamer, la seconde chambre et organe législatif du Parlement, et espère atteindre ce but par les élections. Il est convaincu que la classe ouvrière le soutiendrait, mais la popularité de la jeune reine permet de rétablir la confiance dans le gouvernement. En paraissant avec sa fille dans une voiture à cheval découverte, Wilhelmine provoque dans la foule un fort mouvement en sa faveur, et on comprend que la révolution ne réussira pas.
Après l'armistice qui met fin à la guerre, l'empereur allemand Guillaume II se réfugie aux Pays-Bas, où le gouvernement néerlandais lui accorde l'asile politique, en partie en raison des liens de l'empereur avec la famille de Wilhelmine. En réponse aux demandes d'extradition du Kaiser, déposées par les Alliés, Wilhelmine convoque les ambassadeurs alliés et leur fait un véritable cours de droit sur les demandes d'asile.
L'entre-deux-guerres
modifierPendant les années 1920 et les années 1930, les Pays-Bas commencent à émerger comme puissance industrielle. Par leurs travaux du Zuiderzee, les ingénieurs reconquièrent sur l'eau de vastes territoires engloutis. En 1934, la mort du mari de Wilhelmine, le prince Henri, termine une année difficile qui voit aussi le décès de la reine-mère Emma.
En 1939, le cinquième et dernier gouvernement Colijn est renversé par un vote de défiance deux jours après sa formation. Elle arrange aussi le mariage en 1937 de sa fille Juliana et de Bernard de Lippe-Biesterfeld, un prince allemand.
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Wilhelmine, en présence de jeunes villageoises, peignant à Mittelbergheim (Bas-Rhin), en juillet 1936.
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Wilhelmine à bicyclette, dans les jardins du palais de Soestdijk, en 1938.
Seconde Guerre mondiale
modifierLe , dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande envahit les Pays-Bas sans déclaration de guerre préalable. L'armée néerlandaise résiste une semaine. Pendant ce temps, la reine affrète le destroyer britannique HMS Codrington pour exfiltrer (dans la nuit du 12 au [6]) sa famille, sa fille, la princesse héritière Juliana et son époux le prince Bernard ainsi que leurs filles (Beatrix et Irene), ainsi que les joyaux de la couronne, ayant eu vent d'une opération de l'armée allemande pour ne pas laisser s'échapper la famille royale[7]. Wilhelmine quitte le pays le [6] avec son gouvernement, à bord du HMS Hereward.
En mai 2020, le roi Willem-Alexander reconnaît l’indifférence de son arrière-grand-mère, la reine Wilhelmine, face au sort réservé aux Juifs du pays pendant la Shoah et l'occupation allemande[8].
Fin de règne et abdication
modifierDe Londres, elle anime les quelques foyers de résistance néerlandaise depuis la BBC et prend les rênes du pays : elle renvoie son Premier ministre Dirk Jan de Geer, en 1940, qui parlemente avec Adolf Hitler pour obtenir l'armistice ; elle déclare même : « On ne pactise pas avec le diable, l'ennemi de l'humanité »[9], nomme son gendre « commandant en chef des forces de la Résistance »[9] (malgré le refus du gouvernement britannique) et envoie sa fille Juliana et ses enfants à Ottawa (Canada). Elle finance une radio de Résistance, « Radio Oranje »[9] et empêche l'occupant allemand de s'emparer de l'entreprise pétrolière Dutch Shell en achetant les actions mises sur le marché, grâce à sa fortune. Dès la Libération, elle visite, en , quelques lieux libérés dans le sud des Pays-Bas dont Eindhoven le [10].
Elle abdique le , année des cinquante ans de son règne effectif, en faveur de sa fille Juliana. Lors de la crise politique provoquée par l'influence de la guérisseuse Greet Hofmans sur la souveraine, elle prend le parti de sa fille, contre son gendre et sa petite-fille, la princesse héritière. Il faut des élections anticipées, suivies de la convocation d'une commission parlementaire et l'influence du Premier ministre Willem Drees pour que Wilhelmine et Juliana consentent à se priver de l'influence de cette femme, astrologue et occultiste leur donnant des cours de théologie et dictant sa politique à Juliana[11].
Dernières années
modifierElle publie ses mémoires en 1959[12].
L'ancienne reine Wilhelmine meurt le 28 novembre 1962 à Apeldoorn, à l'âge de 82 ans.
Continuation de la dynastie d'Orange-Nassau
modifierBien que dernière reine à être fille d'un Orange-Nassau, cette dynastie se perpétue sous les règnes de sa fille Juliana, de sa petite-fille Béatrix et de son arrière-petit-fils Guillaume-Alexandre. Les membres actuels de la maison royale des Pays-Bas portent le nom néerlandisé van Oranje-Nassau.
Titulature et honneurs
modifierTitulature
modifier- – : Son Altesse Royale la princesse Pauline d'Orange-Nassau[13].
- – : Son Altesse Royale la princesse Wilhelmine d'Orange-Nassau[13].
- – : Sa Majesté la reine des Pays-Bas, princesse d'Orange-Nassau[13].
- – : Son Altesse Royale la princesse Wilhelmine des Pays-Bas[13].
Honneurs
modifier- Belgique : grand cordon de l'ordre de Léopold, en diamants[14].
- Royaume-Uni : dame de l'ordre de la Jarretière
Notes et références
modifier- Durant sa vie, Wilhelmine vient plusieurs fois en France. Lors d'une visite en 1912, elle est reçue par le président Armand Fallières.
- Première attestation dans un article intitulé « La Reine Wilhelmine », paru dans La France illustrée no 1521 du 23 avril 1898.
- L’expression petite reine est probablement le fruit d’un télescopage entre cette source et plusieurs autres. Elle est popularisée par le livre La Reine Bicyclette du journaliste Pierre Giffard en 1891 (la couverture représente une jeune femme portant à bout de bras une bicyclette au-dessus de sa tête). Le syntagme petite reine apparaît au début des années 1890 dans des périodiques spécialisés dans la vélocipédie et est d’abord employé pour qualifier la cycliste, et non la bicyclette.
- signification et origines de cette expression en vidéo sur le site netprof.fr
- Frédéric Héran, Le retour de la bicyclette. Une histoire des déplacements urbains en Europe, de 1817 à 2050, La Découverte, , p. 121
- Point de vue -Hors-série - Histoire, « Les rois dans la guerre 1939-1945 », no 5, octobre 2010, page 21.
- Cnaan Liphshiz, « Pays-Bas : le roi reconnaît l’indifférence de sa grand-mère à la Shoah », sur The Times of Israel,
- Point de vue -Hors-série - Histoire, « Les rois dans la guerre 1939-1945 », no 5, octobre 2010, page 23.
- photo
- Stéphane Bern, L'Europe des rois, Lieu commun, (lire en ligne)
- texte complet (8 MB) en ligne
- (nl) « H.M. koningin Wilhelmina , koningin der Nederlanden, prinses van Oranje-Nassau (koningin Wilhelmina) », sur parlement.com (consulté le ).
- « Ridders van Oranje Paleis Het Loo », sur DagjeWeg.NL (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la vie publique :
- Ressource relative à la recherche :
- Ressource relative aux militaires :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- 1914-1918-Online
- Biografisch Woordenboek van Nederland
- Biografisch Portaal van Nederland
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
- Den Store Danske Encyklopædi
- Deutsche Biographie
- Digitaal Vrouwenlexicon van Nederland
- Dizionario di Storia
- Enciclopedia De Agostini
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Nationalencyklopedin
- Munzinger
- Store norske leksikon
- Treccani