Wuyue
Wuyue s 吳越

907–978

Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la Chine au début de la Période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Capitale principale : Qiantang
Capitale de l'Est : Yuezhou
Langue(s) Chinois médiéval
Religion Bouddhisme, Taoïsme, Confucianisme, Religion traditionnelle chinoise
Monnaie Sapèque
Histoire et événements
907 Chute de la Dynastie Tang, fondation du royaume de Wuyue
978 Annexion par la Dynastie Song
Roi de Wuyue
907–932 Qian Liu (en)
932–941 Qian Yuanguan
941–947 Qian Hongzuo
947 Qian Hongzong
947–978 Qian Chu (Qian Hongchu)

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le Wuyue fut successivement un état vassal des Jin postérieurs, de la dynastie Liao, des Han postérieurs, des Zhou postérieurs et de la Dynastie Song

Le royaume de Wuyue (chinois simplifié : 吴越 ; chinois traditionnel : 吳越 ; pinyin : Wúyuè; shanghaïen: ɦuɦyɪʔ )(907–978) est un royaume côtier chinois fondé durant la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes (907–960). Il est dirigé par la famille Qian, dont les descendants restent très nombreux dans la région qui correspond à l'ancien territoire du royaume.

Histoire modifier

Temple du roi Qian à Hangzhou. C'est l'un des nombreux sanctuaires dédiés aux rois de Wuyue qui existent encore dans la région correspondant à l'ancien territoire du royaume.

Origines et fondation modifier

Tout commence en 887, date à laquelle la famille Qian se met au service de la dynastie Tang et commence à fournir des chefs militaires à la Cour Impériale. un de ces militaires, nommé Qian Liu (en) reçoit le titre de prince de Yue en 902, auquel se rajoute celui de prince de Wu deux ans plus tard. En 907, la dynastie Tang tombe et est remplacée au nord par le Liang postérieur. Si, dans un premier temps, les chefs militaires du nord se soumettent aux Liang, ceux du sud rejettent la nouvelle dynastie et fondent leurs propres royaumes. Qian Liu fait partie de ceux qui ne reconnaissent pas les Liang et profite de sa position géographique privilégiée[1] pour se proclamer Roi de Wuyue, un nom qui vient de la combinaison des noms des royaumes de Wu et de Yue, deux anciens États ayant dominé la région pendant la période des Printemps et Automnes, de 770 à 476 av . J.-C. Cette date marque le début de la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes qui va durer jusqu'à la fondation de la dynastie Song en 960.

Règne de Qian Liu modifier

Qian Liu (en), le fondateur du royaume de Wuyue.

Pendant le règne de Qian Liu, le royaume de Wuyue connaît une période de prospérité économique et développe une culture régionale qui continue toujours à exister à ce jour. Il développe l'agriculture du royaume côtier, construit des digues, agrandit la ville d'Hangzhou, drague les rivières et des lacs pour les rendre navigables et limiter les risques d'inondations, et encourage le transport maritime ainsi que le commerce. Sur son lit de mort, il recommande a son successeur de pratiquer wuwei dans la conduite des affaires de l'État, un conseil suivi par les quatre rois qui lui succèdent.

Politique étrangère modifier

En 935, le royaume de Wuyue établit des relations diplomatiques officielles avec le Japon. Le royaume profite également de sa position maritime pour maintenir des contacts diplomatiques avec les dynasties de la Chine du Nord, les Khitans, les royaumes coréen de Balhae, Baekje postérieur, Goryeo et Silla. Le bouddhisme a joué un grand rôle dans les relations diplomatiques avec le Japon et Goryeo, des moines japonais et coréens se rendant à Wuyue, tandis que des moines de Wuyue voyagent au Japon et en Corée. Les dirigeants de Wuyue essayent également de retrouver des sutras qui ont été perdus dans le chaos des dernières années de la dynastie Tang. Dans le cadre de ces recherches, Qian Zuo envoie en 947 des cadeaux au Japon et offre d'acheter des sutras, mais ses envoyés n'en trouvent aucun. En 961, Qian Chu envoie cinquante objets précieux et une lettre au roi du Goryeo, toujours pour essayer de retrouver ces sutras manquants. En réponse, le roi Gwangjong envoie le moine Jegwan (諦觀) au Wuyue avec un ensemble complet de sutras Tiantai[2].

Chute du royaume modifier

En 978,craignant d’être anéanti par les troupes des Song, qui sont alors en pleine réunification de la Chine, Qian Chu, le dernier roi de Wuyue, prête allégeance à son puissant voisin du nord pour éviter la dévastation de son royaume. Même si nominalement Qian Chu reste le roi de Wuyue, son pays est, de fait, absorbé par la dynastie Song. La mort de Chu en 988 met fin aux dernières bribes d'existence du Wuyue.

Territoire du Wuyue modifier

La capitale principale du royaume se situe à Hangzhou, également appelée "Xifu". Lors de sa fondation le territoire du Wuyue comprend l'actuelle province du Zhejiang, la ville de Shanghai, ainsi que la partie sud de l'actuelle province du Jiangsu. En 945, la chute du royaume de Min lui permet de s'étendre en annexant une partie du nord de l'actuelle province du Fujian. Malgré ce que pourrait laisser croire son nom, le territoire du Wuyue ne correspond, grosso modo, qu'à celui de l'ancien État de Yue et ne recouvre quasiment pas de terres ayant appartenu à l'ancien État de Wu. Le territoire du Wu correspond plutôt à celui du royaume des Wu du Sud (南 吳) ou Yang Wu (楊 吳), qui est le voisin direct du Wuyue. Le nom choisi par Qian Liu pour son royaume peut laisser penser qu'il a des vues sur les terres de son voisin, ce qui provoque de nombreuses tensions entre le Wuyue et le Yang Wu.

Au cours des premières décennies de son existence, le royaume de Wuyue a pour voisins le royaume de Min au sud et le royaume des Wu du Sud, qui sont remplacés par les Tang du Sud après 937, à l'ouest et au nord. Avec la rébellion du Yin et sa séparation du Min entre 943 et 945, le Wuyue a une troisième frontière pendant un bref laps de temps. Cependant le royaume se retrouve rapidement avec une seule et unique frontière terrestre, lorsque les Tang du Sud annexent le Yin et le Min, a l'exception de la petite portion annexée par le Wuyue.

La population est d'environ 550 700 foyers, dont une grande partie vivant dans les grandes villes/nœuds commerciaux et les principaux ports maritimes[3].

Divisions administratives modifier

Le lac de l'Ouest, à Hangzhou

Comparé aux autres royaumes du Sud de la Chine, le Wuyue est un pays plutôt petit. Lorsqu'il et fondé, il ne compte que 12 Zhou (州) et 86 Xian (縣). Fuzhou devient le 13e Zhou du pays, lorsque la Cour du royaume de Min fait allégeance au Wuyue, alors qu'ils sont assiégés par les Tang du Sud.

Zhou Xian
Hangzhou (Xifu)
(capitale principale ou capitale de l'ouest)
杭州
Qiantang 錢塘
Qianjiang 錢江
Yanguan 鹽官
Yuhang 餘杭
Fuchun 富春
Tonglu 桐廬
Yuqian 於潛
Xindeng 新登
Hengshan 橫山
Wukang 武康
Yuezhou
(capitale de l'est, correspond actuellement à la ville de Shaoxing)
越州
Kuaiji 會稽
Shanyin 山陰
Zhuji 諸暨
Yuyao 餘姚
Xiaoshan 蕭山
Shangyu 上虞
Xinchang 新昌
Zhan 瞻縣
Huzhou 湖州
Wucheng 烏程
Deqing 德清
Anji 安吉
Changxing 長興
Wenzhou 溫州
Yongjia 永嘉
Rui'an 瑞安
Pingyang 平陽
Yueqing 樂清
Taizhou 台州
Linhai 臨海
Huangyan 黃岩
Taixing 台興
Yong'an 永安
Ninghai 寧海
Mingzhou
(correspond actuellement aux villes de Ningbo et Zhoushan)
明州
Xian de Yin 鄞縣
Fenghua 奉化
Cixi 慈溪
Xiangshan 象山
Wanghai 望海
Wengshan 翁山
Chuzhou
(correspond à peu près à la ville de Lishui)
處州
Lishui 麗水
Longquan 龍泉
Suichang 遂昌
Jinyun 縉雲
Qingtian 青田
Bailong 白龍
Quzhou 衢州
Xi'an
(rien à voir avec Xi'an/Chang'an)
西安
Jiangshan 江山
Longyou 龍游
Changshan 常山
Wuzhou
(correspond à peu près à la ville de Jinhua)
婺州
Jinhua 金華
Dongyang 東陽
Yiwu 義烏
Lanxi 蘭溪
Yongkang 永康
Wuyi 武義
Pujiang 浦江
Muzhou
(correspond à peu près au nord-ouest du Zhejiang)
睦州
Jiande 建德
Shouchang 壽昌
Sui'an 遂安
Fenshui 分水
Qingxi 青溪
Xiuzhou
(correspond à peu près à la ville de Shanghai et sa région,
plus la ville-préfecture de Jiaxing, Zhejiang)
秀州
Jiaxing 嘉興
Haiyan 海鹽
Huating 華亭
Chongde 崇德
Suzhou 蘇州
Xian de Wu 吳縣
Jinzhou 晉洲
Kunshan 崑山
Changshu 常熟
Wujiang 吳江
Fuzhou
(annexé après la chute du royaume de Min)
福州
Xian de Min 閩縣
Houguan 侯官
Changle 長樂
Lianjiang 連江
Changxi 長溪
Fuqing 福清
Gutian 古田
Yongtai 永泰
Minqing 閩清
Yongzhen 永貞
Ningde 寧德
Zhou militaire d'Anguo Yijin
(anciennement nommé Zhou militaire d'Yijin)
安國衣錦軍
(衣錦軍)
Lin'an 臨安

Anciennes divisions administratives

  • Changzhou (常州) de 886 à 891, perdu au profit de Yang Xingmi, le fondateur du Yang Wu
  • Runzhou (潤州) de 886 à 891 CE, perdu au profit de Yang Xingmi, le fondateur du Yang Wu

Héritage modifier

Legs culturels modifier

Le lac de l'Ouest. Selon la tradition locale, le pavillon situé sur la gauche marquerait l'emplacement d'un champ de tir à l'arc qui existait à l'époque du royaume de Wuyue.

Le Royaume Wuyue a cimenté la domination culturelle et économique de la région de Wuyue en Chine pour les siècles suivants, tout en créant une tradition culturelle régionale durable et distincte du reste de la Chine. Les dirigeants du royaume étaient des mécènes célèbres du bouddhisme, de l'architecture, de la décoration des temples et des sculptures religieuses liées au bouddhisme. La particularité culturelle qui commence à se développer au cours de cette période persiste à ce jour, puisque la région de Wuyue parle un dialecte appelé Wu, dont la variante la plus célèbre est le shanghaïen, a une cuisine distinctive et d'autres traits culturels. La pagode Baochu, construite pendant le règne de Qian Chu, est l'un des nombreux édifices religieux construits sous son patronage, comme le feront également ses successeurs . Il est également connu pour avoir fait ériger de nombreux piliers dharani, notamment un au temple Zhaoxian (招賢 寺) et deux au temple Daqian (大錢 寺) en 911; un à l'ermitage Tianzhu Riguan an (天竺 日 觀 庵) en 913 et deux au Temple Haihui (海 會 寺) en 924[4].

Infrastructures modifier

Une partie de l'héritage « physique » du Royaume de Wuyue est la création du système de canaux et de digues qui a permis à ce secteur de devenir la région agricole la plus riche de Chine pendant de nombreux siècles. En conséquence, les populations locales ont érigé de nombreux sanctuaires dédiés à Qian Liu, dont beaucoup existent encore aujourd'hui.

Survivance du clan Quian modifier

Qian Liu était souvent surnommé par ses contemporains le «Roi Dragon» ou le «Roi des Dragons de la Mer», en raison de ses vastes projets d'hydro-ingénierie qui lui ont permis d'«apprivoiser» les mers. Les rois de Wuyue continuent de bénéficier d'un traitement positif dans les écrits des historiens chinois, principalement grâce à leurs travaux d'hydro-ingénierie, qui ont assuré la prospérité économique de la région, et parce qu'ils ont préféré se rendre à la dynastie Song, facilitant ainsi la réunification de la Chine, tout en évitant à la région d'être ravagée par la guerre. Un exemple bien vu par les dirigeants actuels de la RPC, qui cherchent eux aussi à réunifier la Chine.

Au début de la dynastie Song, la famille royale de Qian est traitée et considérée comme la seconde famille la plus importante du pays par le clan impérial Zhao qui tient le pouvoir. La meilleure preuve de cette considération est la présence en seconde position du nom de famille "Quian", dans la liste des noms cités dans le Bǎijiāxìng (en), un classique chinois. Après la chute du royaume, de nombreux sanctuaires sont érigés à travers la région de Wuyue, pour commémorer les rois de Wuyue, et parfois les vénérer comme des divinités commandant à la météo et à l'agriculture. Beaucoup de ces sanctuaires, connus sous le nom de "Sanctuaire du Roi Qian" ou "Temple du Roi Qian", existent toujours aujourd'hui, le plus visité d'entre eux étant celui situé près du lac de l'Ouest à Hangzhou.

Selon les chroniques historiques et les traditions locales, Qian Liu aurait eu plus d'une centaine de fils, nés de nombreuses épouses et concubines. Sa progéniture aurait vécu dans diverses parties du royaume et, même à l'heure actuelle, le nom de famille "Qian" reste très largement répandu dans toute la région correspondant au Wuyue. Plusieurs branches de la famille Qian sont considérées comme étant des «familles importantes» (望族) dans les régions où elles vivent[5].

Rois modifier

Noms Dates de règne Ères
Nom de temple Nom posthume Nom de famille et prénom[6]
Tài Zǔ
太祖
Tha Tsu
Wǔ Sù Wáng
武肅王
Vu Soh Waon
Qián Liú (en)
錢鏐
Zi Leu
907-932 907 : Tianyou (天祐)
908-912 : Tianbao (天寶)
913 : Fengli (鳳歷)
913-915 : Qianhua (乾化)
915-921 : Zhenming (貞明)
921-923 : Longde (龍德)
924-925 : Baoda (寶大)
926-931 : Baozheng (寶正)
Shì Zōng
世宗
Sy Tson
Wén Mù Wáng
文穆王
Ven Moh Waon
Qián Yuánguàn (en)
錢元瓘
Zi Nyoe Cioe
932-941 932-933 : Changxing (長興)
934 : Yingshun (應順)
934-936 : Qingtai (清泰)
936-941 : Tianfu (天福)
Chéng Zōng
成宗
Zen Tson
Zhōng Xiàn Wáng
忠獻王
Tson Shie Waon
Qián Zuǒ (en)
錢佐
Zi Tsu
941-947 941-944 : Tianfu (天福)
944-946 : Kaiyun (開運)
aucun Zhōng Xùn Wáng
忠遜王
Tson Sen Waon
Qián Zōng (en)
錢倧
Zi Tson
947 947 : Tianfu (天福)
aucun Zhōng Yì Wáng
忠懿王
Tson I Waon
Qián Chù (en)
錢俶
Zi Tsoh
947-978 948-950 : Qianyou (乾祐)
951-953 : Guangshun (廣順)
954-960 : Xiande (顯德)
960-963 : Jianlong (建隆)
963-968 : Qiande (乾德)
968-976 : Kaibao (開寶)
976-978 : Taiping Xingguo (太平興國)

Qian Chu se soumet à la dynastie Song en 978 et continua à régner nominalement; successivement en tant que roi de Huaihai, roi d'Hannan, roi de Hanyang et prince de Xu et finalement prince de Deng, jusqu'à sa mort en 988. Après sa mort il est également élevé à titre posthume au rang de roi de Qin.

Arbre généalogique des Rois de Wuyue modifier

 
 
 
 
 
 
Qian Liu
錢鏐 850-932
Taìzǔ (太祖)
r.907-9321
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Qian Yuanguan
錢元瓘 887-941
Shìzōng (世宗)
r.932-9412
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Qian Hongzun
錢弘僔
925-940
 
Qian Hongzuo
錢弘佐 928-947
Chéngzōng (成宗)
r.941-9473
 
Qián Zōng 錢倧
928-971
r.9474
 
Qian Chu
錢俶 929–988
Zhongyi (忠懿王)
r.947-9785


Voir également modifier

Notes et références modifier

  1. Son territoire se trouve au bord de la mer, complètement à l'est, et le royaume de Wu nouvellement fondé fait barrage entre lui et les terres de la dynastie des Liang postérieurs
  2. Worthy 1983, p. 36.
  3. Worthy 1983, p. 19.
  4. Yi-hsun Huang-2005, p. 22-24.
  5. Pan (1937)
  6. Suivant les conventions chinoises, le nom de famille précède le prénom.

Bibliographie modifier

  • Chavannes, Édouard. "Le royaume de Wou et de Yue", T'oung Pao 17: 129-264 (1916).
  • Mote, F.W., Imperial China (900-1800), Harvard University Press, , 11, 15, 22–23 (ISBN 0-674-01212-7)
  • Pan, Guangdan, Prominent Families of Jiaxing in the Ming and Qing Dynasties, Shanghai, The Commercial Press,
  • Edmund H. Worthy, China among Equals: the Middle Kingdom and its Neighbors, 10th-14th centuries, Berkeley, University of California Press, , 17–44 p., « Diplomacy for Survival: Domestic and Foreign Relations of Wü Yueh, 907-978 »
  • (en) Yi-hsun Huang, Integrating Chinese Buddhism: A Study of Yongming Yanshou's Guanxin Xuanshu, Taipei, Taïwan, Dharma Drum Publishing Corporation, , 438 p. (ISBN 9789575983437, lire en ligne)