Yamqui Yupanqui

Chef militaire ina
Yamqui Yupanqui
Représentation d’Inca Yupanqui, une figure similaire présente dans les œuvres de l’Inca Garcilaso de la Vega.
Biographie
Naissance
XVe siècle
Décès
XVe siècle
Nom dans la langue maternelle
Yamqi Yupanki
Activité
Père
Mère
Mama Anarwaki
Fratrie

Yamqui Yupanqui est un personnage semi-légendaire de la civilisation inca. Il est mentionné principalement par le chroniqueur colonial Juan de Betanzos dans son résumé et narratif des incas. Il est le fils du souverain Pachacútec, et un important chef militaire.

Yamqui Yupanqui exerce une grande influence sur le souverain inca, et participe à la gestion de l’empire. Il dirige des expéditions militaires au nord des Andes centrales, dans la région du Chinchay Suyu[1]. Dans la chronique de Betanzos, dédiée au règne de Pachacútec, il prend une place démesurée au sein de l’histoire impériale, remplaçant la figure d’Amaru Tupac, et dans une moindre mesure les figures de Tupac Yupanqui et de Capac Yupanqui[2].

La femme de Juan de Betanzos étant une noble inca descendante de Yamqui Yupanqui, le récit de Betanzos est censé prouver que le prince inca est le successeur légitime de Pachacutec[3],[4].

La cadre dans lequel il exerce son influence politique est incertain. Certains historiens pensent qu’il est un général de Pachacútec, tandis que d’autres estiment qu’il est un souverain (ou co-souverain) effacé postérieurement de la liste officielle (la capac cuna) des empereurs incas, comme les dirigeants de Cuzco Tarco Huamán et Inca Urco[5].

Biographie modifier

Yamqui Yupanqui est le fils du Sapa Inca IX, Pachacútec, et de sa femme principale, ou Qoya, Mama Anarwaki. Il naquit dans les premières années du règne de son père[6].

Il accompagne le souverain inca, ensemble avec ses frères Amaru Tupac et Apu Paucar Usnu, lors d’une campagne dans le Qulla Suyu, au sud de l’empire. Puis il participe à deux expéditions consécutifs au nord du Cuzco, dirigés par son frère Tupac Yupanqui et son oncle Capac Yupanqui[7]'[Note 1].

Selon Juan de Betanzos, Yamqui Yupanqui, qui co-règne déjà avec l’Inca suprême, est désigné successeur légitime au trône inca. Mais le prince héritier, étant trop âgé pour assumer le gouvernement, et son fils, également appelé Yamqui, étant trop jeune, recommande de nommer son frère, Tupac Yupanqui, héritier à la couronne. Pachacútec, vieillissant, accepte la proposition de Yamqui. Ce dernier garde une position importante dans l’administration impériale, déclarant sa loyauté envers Tupac Yupanqui, qui devient, à la mort de Pachacútec, le Sapa Inca X, et deuxième empereur historique[3]. Certains historiens estiment que Tupac Yupanqui est le petit-fils ou l’arrière-petit-fils de Pachacútec, notamment à cause de son jeune âge, mais cette hypothèse reste minoritaire[5].

Yamqui Yupanqui, qui co-règne, selon le chroniqueur colonial Pedro Cieza de León, avec le nouvel empereur, est chargé du gouvernement de Cuzco en l’absence de son frère, Tupac Yupanqui, dans le contexte d’une campagne militaire dans l’Anti Suyu. Durant cette campagne, les peuples des environs du lac Titicaca, dirigés par un soldat Qolla nommé Coaquiri, se révoltent contre l’empereur. La situation est aggravée par la mort soudaine de Yamqui Yupanqui[8].

Historicité modifier

Son existence est admise par les autres chroniqueurs de l’époque coloniale, qui ne lui accorde cependant pas une grande importance, et les origines de la confusion sont incertaines[3]. Comme l’Inca Yupanqui mentionné dans la chronique de l’Inca Garcilaso de la Vega, le Yamqui Yupanqui de Betanzos représente une incompréhension du système de succession incaïque (basé sur la co-souveraineté), et de la figure d’Amaru Tupac Inca[6],[4][Note 2]. Cependant l’existence du personnage de Yamqui Yupanqui dans le cadre des institutions diarchiques incas est plausible[6]. Selon l’ethno-historienne et archéologue María Rostworowski, il a possiblement été un double, c’est-à-dire co-gouvernant ou « yanapac », régnant sur la région amazonienne de l’Anti Suyu, de l’empereur Pachacútec, vers la fin du règne de ce dernier. À la mort de l’empereur, son âge avancé le rendant inapte à régner, il aurait donc confirmé le successeur désigné Tupac Yupanqui comme héritier au trône, et ainsi renoncé à un coup d’État[6].

Robert Barker, en considérant les multiples réécritures dont l’histoire inca a fait l’objet, et se basant sur l’existence potentielle d’un panaca (lignage) d’Amaru Tupac, estime que Pachacútec abdique du trône, et choisi comme son successeur Amaru Tupac, lequel meurt soudainement (selon l’historien Mariano Babtista Gumucio, qui soutient une thèse similaire, l’empereur est rapidement renversé à cause de son manque de capacités militaires[9]). Le pouvoir revient à Yamqui Yupanqui, lequel, trop âgé pour régner, et son fils manquant les capacités administratifs et militaires nécessaires, passe la couronne à son neveu, Tupac Inca Yupanqui[5].

Notes modifier

  1. Dans le texte de Betanzos, c’est Yamqui Yupanqui qui dirige les expéditions dans le nord de l’empire. Les autres chroniqueurs coloniaux accordent au prince un rôle secondaire.
  2. Le fils de Yamqui Yupanqui est chargé en 1533 de massacrer le lignage (« panaca ») de l’ancien souverain Tupac Yupanqui, auquel appartient Huascar, suivant la victoire d’Atahualpa (originaire du lignage de Pachacutec) dans la guerre de succession inca. De son vivant, Amaru Tupac, initialement désigné co-régent et successeur par Pachacútec, abdique et rejoint le lignage de Tupac, en signe de loyauté envers le nouveau prince héritier. Une réécriture de l’histoire est alors ordonnée par Atahualpa, et la figure d’Amaru Tupac est remplacée dans l’histoire officielle par celle de Yamqui Yupanqui, resté membre fidèle du lignage de Pachacútec.

Références modifier

  1. Reiner Tom Zuidema (trad. Marie-Claire Beauregart et Nathan Wachtel), « Problème de structure dans les Andes. De la parenté, de la polygamie et des moitiés à Cuzco. », Journal de la société des Américanistes, vol. 91, no 2,‎ , p. 31-49 (lire en ligne)
  2. (en) Terence N. D’Altroy, The Incas, Wiley-Blackwell, coll. « Peoples of America », , 2e éd. (1re éd. 2002), p. 98
  3. a b et c (en) Catherine Julien, Reading Inca History, University of Iowa Press, (lire en ligne), p. 119-123
  4. a et b (en) Susan A. Niles, The Shape of Inca History: Narrative and Architecture in an Andean Empire, University of Iowa Press, (lire en ligne), p. 17-20
  5. a b et c Robert Barker, An Analysis of the Creation of Chronology and Genealogy of the Inca Dynasty in a Selection of Early Peruvian Chronicles (thèse de doctorat) (lire en ligne Accès libre)
  6. a b c et d María Rostworowski Tovar de Diez Canseco (trad. de l'espagnol par Simon Duran), Le Grand Inca: Pachacútec Inca Yupanqui [« Pachacútec Inca Yupanqui »], Paris, Éditions Tallandier, , p. 283-285
  7. (en) Catherine Julien, Reading Inca History, University of Iowa Press, (lire en ligne), p. 115-118
  8. (en) Terence N. D’Altroy, The incas, Wiley-Blackwell, coll. « Peoples of America », , 2e éd. (1re éd. 2002), p. 100-102
  9. (es) Mariano Baptista Gumucio, Historia de Bolivia: para lectores de 9 a 90 años [« Histoire de Bolivie: Pour les lecteurs de 9 à 90 ans »], Empressa Editora,

Bibliographie modifier

Liens externes modifier