Yann-Kel Kernaleguen

militant indépendantiste breton
Yann-Kel Kernaleguen
Dalc’hit soñj eus Yann-Kel
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 22 ans)
DinéaultVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Michel KernaleguenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Membre de

Yann-Kel Kernaleguen (Jean-Michel Kernaleguen en français, Yann-Mikael Kernalegenn en breton), né le à Quimper et mort le à Dinéault[1], était un militant breton, membre du Front de Libération de la Bretagne (FLB).

Biographie modifier

Il est connu dès le tout début des années 1970, vers l'âge de seize ans, comme militant nationaliste puis culturel (il enseignera à Skol an Emsav, cours du soir en breton) et syndicaliste. Après le bac, il suit une première année d'étude de droit. À la suite de la rédaction en breton de son examen de fin d'année, il ne peut pas passer en deuxième année. Il doit dès lors partir au service militaire, effectué en Allemagne. Malgré son niveau de formation, son appartenance à l'Emsav lui interdit de devenir officier. À son retour de l'armée, il devient auxiliaire à la Poste puis chauffeur dans une entreprise de transport. Sa participation à la mise en place d'un syndicat CFDT dans l'entreprise l'envoie au chômage à la mi-.

Il est tué à l'âge de 22 ans par l'explosion de sa bombe[2] alors qu'il s'apprêtait à commettre un attentat contre le site militaire de Ti-Voujeret (Finistère, Bretagne), dans la nuit du 29 au [3].

Le drame a marqué le Mouvement breton et plusieurs personnalités rendirent hommage à Yann-Kel Kernaleguen.

Lionel Henry écrit dans son livre FLB-ARB que l'« attentat contre la future caserne de Ti-Voujeret entre dans la logique du FLB. Celui-ci avait mis en garde, en juillet 1974, les municipalités susceptibles d'accueillir des bases militaires. A Ti-Voujeret, le projet porte sur 200 hectares et la base doit accueillir des militaires chargés d'assurer la défense du site de l'Île-Longue. Malgré les protestations, la construction commence à la mi-septembre 1976 »[4].

Selon Thierry Vareilles, l'auteur de l'Encyclopédie du terrorisme international, Kernaleguen « tentait de désamorcer la bombe qu'il venait de poser parce qu'une femme promenait son chien sur le lieu de l'attentat [...]. Selon la police, l'amateurisme et les fréquents ratages des artificiers de l'ARB s'expliqueraient par son recrutement fragile »[5].

Le , Yann-Kel est enterré à Quimper en présence de sympathisants[6].

Hommages modifier

Musique modifier

Plusieurs chansons furent écrites en son honneur :

  • « Gwerz Ti Voujeret » (La complainte de Ti Voujeret) par Youenn Gwernig en 1976,
  • « E dibenn miz Gwengolo » (Fin septembre) par Glenmor en 1977, chantée notamment par Andrea Ar Gouilh et Clarisse Lavanant (dans son album Je te souviens Glenmor)
  • « Maro evit e bobl » (Mort pour son peuple) par Alan Stivell en 1977
  • « Kernaleguen » par le groupe Brann Vor

Écrits modifier

Yann-Kel est présenté dans la publication Emgann du FLB () comme un militant de première importance : « Il prend part, sous le nom de Goulven, à la plupart des actions de commando des Forces Paysannes / Kevrenn Kerne, dont il était le responsable. Il appartenait au Kuzul meur du FLB... ».

L'écrivain Yann Brekilien le qualifia de héros dans le quotidien français Le Monde[7]. En , dans Armor Magazine, Per Denez désignait Yann-Kel Kernaleguen comme le « Breton du Trentenaire »[8].

Manifestations modifier

  • En 1977, un an après les faits, le FLB revendiquait cinq attentats en indiquant que ces actions entraient dans le cadre de l'anniversaire de la mort de leur camarade[9].
  • En , le comité « Dalc’hit soñj eus Yann-Kel » (en français : «Souvenez-vous de Yann-Kel »), a été créé pour célébrer le 30e anniversaire de sa mort[10].
  • En , un hommage lui est rendu au cimetière de Kerfeunteun (Quimper), 40 ans après sa disparition.

Notes et références modifier

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. « UN MILITANT BRETON EST TUÉ PAR L'EXPLOSION D'UNE BOMBE QU'IL S'APPRÊTAIT À DÉPOSER », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. YANN BRÉKILIEN, « MARO EVIT BREIZH (mort pour la Bretagne) », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Lionel Henry, coauteur du livre FLB-ARB, 1966-2005, Yoran Embanner, 2006, sur le site des Peuples en Lutte
  5. Thierry Vareilles, Encyclopédie du terrorisme international, L'Harmattan, 2001, p. 70, extrait en ligne
  6. « Les militants bretons organisent une manifestation à Quimper Attentat à l'académie de Rennes Bataille autour d'une caserne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. :« Yann Kel s'est conduit en héros, en chevalier. La Bretagne peut être fière de lui. Yann Kel, nous étions des centaines à pleurer quand ton cercueil recouvert du drapeau breton est descendu en terre, mais nous étions fiers de toi, nous le jurons, ton nom restera inscrit en lettre d'or dans l'histoire de ton pays »
  8. « Beaucoup de gens ont fait de grandes choses pendant cette période-là. Il serait possible de mentionner un grand nombre de noms. Celui auquel je pense le plus quant à moi est Jean-Michel Kernaleguen (Yann-Kêl Kernalegenn) même s'il n'a pas pu faire de grandes choses puisqu'il mourut dans sa prime jeunesse en Combattant pour la Bretagne ». Armor Magazine, mars 1999.
  9. Les attentats du FLB, Front de Libération de la Bretagne, journal télévisé du 24 octobre 1977, archives Ina.fr. [1]
  10. Hommage à Yann-Kêl Kernalegenn, communiqué du comité Dalc’hit soñj eus Yann-Kel sur le site de l'Agence Bretagne Presse, 15 septembre 2006. [2]

Bibliographie modifier

  • Lionel Henry et Annick Lagadec, FLB-ARB : l'Histoire, 1966-2005, éditions Yoran Embanner, 2006.
  • Alain Cabon et Erwan Chartier, Le dossier F.L.B., éditions Coop Breizh, 2006
  • Thierry Vareilles, Encyclopédie du terrorisme international, éditions l'Harmattan, 2001.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier