Young Vivian

homme politique néo-zélandais
Young Vivian
Illustration.
Young Vivian en 2006
Fonctions
Premier ministre de Niue

(6 ans, 1 mois et 18 jours)
Monarque Élisabeth II
Prédécesseur Sani Lakatani
Successeur Toke Talagi

(2 mois et 25 jours)
Monarque Élisabeth II
Prédécesseur Robert Rex
Successeur Frank Lui
Biographie
Nom de naissance Mititaiagimene Youngman Vivian
Date de naissance
Lieu de naissance Niue
Nationalité Drapeau de Niue niuéenne
Parti politique Parti du peuple niuéen

Mititaigimimene Youngman Viviani, dit Young Vivian, né en 1935[1], est un homme politique niuéen. Il est notamment premier ministre entre 1992 et 1993 puis de nouveau entre 2002 et 2008.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Il naît sur l'île de Niue qui est alors un territoire administré par la Nouvelle-Zélande. L'aîné de dix-sept enfants, il est est le fils de Feuaki Viviani (née Galiki) et de Togia Viviani, homme politique également[2],[3]. Bien que son nom de famille de naissance soit ainsi « Viviani », il adopte le nom « Young Vivian »[4].

Sa famille s'installe en Nouvelle-Zélande lorsque Young a 11 ans. Il y effectue donc une partie de sa scolarité, aux côtés entre autres du futur ministre fidjien David Toganivalu, puis y suit une formation professionnelle au métier d'enseignant à Auckland[5]. Il retourne à Niue, y pratique le métier d'enseignant pendant près de dix ans, puis se rend en Nouvelle-Zélande pour compléter sa formation à l'enseignement de l'anglais à l'université Victoria de Wellington[5]. Il y rencontre des étudiants venus du Viêt Nam, de Malaisie et d'Ouganda venus grâce au plan de Colombo et qui l'initient aux idées de la décolonisation. De retour à Niue, il entre en politique et est élu en 1969 député du village de Hakupu à l'Assemblée de l'île. Il est alors chargé de l'éducation, de l'agriculture, du développement économique, de la culture, de la jeunesse et des sports au conseil exécutif de la colonie, sous la direction de Robert Rex[1],[4],[5].

Carrière politique modifier

En tant que membre du conseil exécutif, il prend part aux négociations qui amènent la Nouvelle-Zélande à accorder à Niue le statut d'État associé, pleinement indépendant sur le plan de la politique intérieure, en 1974. Robert Rex devient alors Premier ministre, tandis que Young Vivian est son ministre du Développement économique, de l'Éducation et de l'Agriculture. Le gouvernement Rex remporte les élections législatives de 1975, et Young Vivian y conserve ses portefeuilles ministériels[1],[6],[3].

Secrétaire-général de la Communauté du Pacifique de 1979 à 1982, il redevient ensuite membre du Parlement de Niue[1]. Bien qu'ayant joué un rôle de premier plan dans la négociation de l'indépendance de Niue, et dans les efforts du gouvernement pour persuader la population niuéenne réticente d'accepter l'indépendance[5], il prononce en 1984 un discours virulent au Parlement, accusant le Comité spécial de la décolonisation des Nations unies d'avoir menti aux Niuéens quant aux bienfaits qu'apporterait l'indépendance, n'ayant pas pris en compte la fragilité de l'économie de Niue. Il accuse le Comité d'avoir contraint la Nouvelle-Zélande à rendre Niue indépendante, et souligne qu'entre 1974 et 1984 plus de 2 000 Niuéens ont émigré en Nouvelle-Zélande pour un meilleur niveau de vie et pour fuir le chômage, ne laissant à Niue qu'une population de quelque 2 800 personnes et en déclin constant[7].

Il fonde le premier et seul parti politique de l'histoire du pays, le Parti du peuple niuéen, et le mène aux élections législatives de 1987 contre le gouvernement de Robert Rex. Quatre candidats du parti sont élus (Young Vivian, Morris Tafatau, Uluvili Tohovaka et Siona Talagi), faisant de Young Vivian le chef du groupe d'opposition parlementaire au gouvernement Rex pour la législature 1987-1990[5],[8]. Sous sa direction, le parti obtient douze sièges, soit la majorité absolue, aux élections de 1990. Robert Rex parvient toutefois à jouer sur les dissensions internes à l'opposition pour amener quatre députés à changer de camp et le rejoindre avant la première session parlementaire ; il est réélu Premier ministre pour la dernière fois[9]. Réconcilié avec Young Vivian, Robert Rex le nomme ministre des Finances peu après[10].

Premier ministre modifier

Atteint d'une longue maladie, Robert Rex meurt le à l'âge de 83 ans. Young Vivian, qui assurait déjà la direction du gouvernement en son absence, est élu Premier ministre à sa succession par le Parlement, assurant l'intérim avant les élections de 1993[11].

Dans l'opposition parlementaire de 1993 à 1999, et ayant cédé à Sani Lakatani la direction de son parti, il est nommé vice-Premier ministre et ministre de l'Éducation, de la Culture, de la Jeunesse et de l'Environnement dans le gouvernement de ce dernier lorsque le parti remporte les élections de 1999[12],[13].

À l'issue des élections de 2002, Young Vivian redevient chef du Parti du peuple niuéen et est élu Premier ministre par le Parlement, grâce aux six députés de son parti et à un groupe de huit députés sans étiquette menés par Toke Talagi. Il fait de Sani Lakatani son vice-Premier ministre et de Toke Talagi son ministre des Finances, de l'Éducation et de la Santé, complétant son gouvernement en nommant Bill Vakaafi-Motufou ministre des Travaux publics, de l'Agriculture et des Pêcheries[14],[15]. En janvier 2004 le cyclone Heta frappe le pays et provoque de très importants dégâts, notamment à Alofi, la capitale. Une grande partie des infrastructures du pays sont détruites, de même que l'unique hôpital du pays et les nouvelles cultures de vanille plantées par diversifier l'économie du pays. Young Vivian, qui se trouve alors à Auckland en Nouvelle-Zélande où son épouse vient de décéder, retourne précipitamment à Niue[16],[17],[18].

Le Parti du peuple niuéen se dissout en 2003 en raison de dissensions internes[19], mais Young Vivian est très largement réélu Premier ministre par le Parlement à l'issue des élections de 2005[20]. Il parvient cette même année à rétablir l'équilibre des comptes publics, déficitaires depuis de nombreuses années[21]. Il signe un accord avec Greenpeace pour aider le pays à remplacer ses importations coûteuses de diesel par un développement de l'énergie éolienne[22]. Face à un déficit à nouveau important des comptes publics en 2007, son gouvernement songe un temps à abolir la gratuité de certains soins médicaux, avant de recevoir finalement et d'accepter une offre d'aide au développement de la part de la république populaire de Chine, qui comble ce déficit[23],[24],[25].

Suites modifier

Reconduit sans adversaire dans sa circonscription aux élections de 2008[26], il brigue un nouveau mandat au poste de Premier ministre, mais les députés lui préfèrent Toke Talagi par quatorze voix contre cinq pour Vivian, et une abstention[27]. En 2008, bien que reconnaissant les difficultés économiques de l'île, il s'inquiète publiquement de la décision du gouvernement Talagi de réduire les aides financières aux familles, les pensions de retraites et les budgets des villages, craignant que ces coupes budgétaires n'aggravent l'émigration constante de Niuéens vers la Nouvelle-Zélande[28].

Aux élections de 2011, il conserve son siège de député du village de Hakupu en obtenant 53,2 % des voix face au journaliste Michael Jackson[29],[30]. Il ne brigue pas le poste de Premier ministre[31]. Réélu député en 2014, il perd son siège lors des élections de mai 2017, obtenant 46,2 % des voix face à Michael Jackson[32].

Très largement battu aux élections de 2020, auxquelles il se présente à l'âge de 84 ans[33],[34],[35], il est décoré en octobre de la Croix du Service distingué par le gouvernement de Dalton Tagelagi, en reconnaissance de ses décennies d'implication dans la vie publique du pays[36],[37]. En 2023, à l'âge de 87 ans, il est fait compagnon de l'ordre du Mérite de Nouvelle-Zélande[38],[39].

Notes et références modifier

  1. a b c et d (en) "Hon. M. Young Vivian (Niue)", Communauté du Pacifique, Un bon exemple de coopération régionale à l’Océanienne : 1967-1977
  2. (en) "Feuaki Viviani obituary", The New Zealand Herald, 29 mai 2012
  3. a et b (en) "No Rex dynasty for Niue", Pacific Islands Monthly, juin 1975, p.9
  4. a et b (en) "Yesterday Hon. Young Vivian was awarded Niue's highest honour of the Niue Distinguished Service Cross", Three-Star Nation, 21 octobre 2020
  5. a b c d et e (en) "Hon. Young Vivian - Premier", Radio New Zealand, 5 août 2011
  6. (en) "No election fuss", Pacific Islands Monthly, juin 1972, p.128
  7. (en) "'Decolonisation snare delusion' - Young Vivian", Pacific Islands Monthly, octobre 1984, p.61
  8. (en) "NZ Niueans more active role", Pacific Islands Monthly, juin 1987, p.38
  9. (en) "Rex beats the odds", Pacific Islands Monthly, mai 1990, p.19
  10. (en) "Challenge shakes Rex", Pacific Islands Monthly, octobre 1990, p.18
  11. (en) "New Premier", Pacific Islands Monthly, février 1993, p.9
  12. (en) "Lui loses his seat", Pacific Islands Monthly, juin 1999, p.39
  13. (en) Stephen Levine, "Niue", The Contemporary Pacific, printemps 2000, pp.232-233
  14. (en) "Niue elects Young Vivian as new premier", Radio New Zealand, 2 mai 2002
  15. (en) "Sani Lakatani remains near the centre of power in Niue", Radio New Zealand, 6 mai 2002
  16. (en) "Storm flattens tiny Pacific island", Reuters, 7 janvier 2004
  17. (en) "Cyclone Heta, 2004", Te Ara Encyclopedia of New Zealand
  18. (en) "Devastation from cyclone threatens future of Niue, the world's smallest nation", The Independent, 8 janvier 2004
  19. (en) "Niue's only party dissolved", Radio New Zealand, 21 juillet 2003
  20. (en) "Young Vivian re-elected to Niue premiership", Radio New Zealand, 12 mai 2005
  21. (en) "Niue assembly passes balanced budget", Radio New Zealand, 17 août 2005
  22. (en) "Niue to work with Greenpeace on developing renewable energy", Radio New Zealand, 15 décembre 2005
  23. (en) "Niue government looks to cut costs and overcome a funding shortfall", Radio New Zealand, 30 janvier 2007
  24. (en) "Niue's premier says he has got around 750 thousand US dollars in aid from China", Radio New Zealand, 18 juin 2007
  25. (en) "China an inspiration for Niue's leader", Radio New Zealand, 18 juin 2007
  26. (en) "Niue Premier and Cabinet returned un-opposed as nominations close", Radio New Zealand International, 23 mai 2008
  27. (en) "Talagi declared new Niue premier", ABC Radio Australia, 19 juin 2008
  28. (en) "Former Niue leader says Budget cuts will force more people off the island", 29 septembre 2008
  29. (en) "Four New Members In Assembly", Pacific Alliance of Development Journalists, 8 mai 2011
  30. (en) "Preliminary Results Niue Election 2011" « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), Niue News One, 8 mai 2011
  31. (en) « Niue », The World Factbook (consulté le )
  32. Résultats des élections de 2017 « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), Tala Niue, 7 mai 2017
  33. (en) "Young Vivian seeks comeback in Niue", Radio New Zealand, 8 mai 2020
  34. (en) "84 YEAR OLD FORMER PREMIER YOUNG VIVIAN AIMS FOR A RETURN TO POLITICS", TV Niue, 7 mai 2020
  35. (en) "General election 2020: Common roll results", Broadcasting Corporation of Niue, 31 mai 2020
  36. (en) "First Niue Awards recognise leadership, sporting achievement and service", Radio New Zealand, 21 octobre 2020
  37. (en) "Former Premier Vivian awarded Niue’s highest honor at the 46th celebrations of self-government", TV Niue, octobre 2020
  38. (en) "New Year Honours: New Zealanders recognised across fields from science to sport", Radio New Zealand, 31 décembre 2022
  39. (en) "‘This is for Niue’ Hon. Young Vivian on being awarded the Companion of the New Zealand Order of Merit for services to Niue", TV Niue, janvier 2023